Le Fils de l'homme, explique Benoît XVI,
est le futur royaume du salut |
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Le 20 janvier 2008 -
(E.S.M.) -
Benoît XVI nous explique d'entrée que « Fils de l'homme » - cette
expression énigmatique est le titre que Jésus utilise le plus
fréquemment, quand il parle de lui-même. Dans le seul Évangile de Marc «
Fils de l'homme » apparaît 14 fois dans la bouche de Jésus.
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Crois-tu
au Fils de l’homme ?, Jean 9, 35-41 -
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C'est ici
Le Fils de l'homme, explique Benoît XVI, est le futur royaume du salut
Chapitre 10,
les affirmations de Jésus sur Lui-même (pages 347 à
383)
1) Les
titres attribués à Jésus ►
Benoît XVI
2) Le Fils de l'homme (1er partie)
Consacrons-nous maintenant aux deux « titres » que Jésus a utilisés pour
lui-même d'après les Évangiles.
1. Le Fils de l'homme
Benoît XVI nous explique d'entrée que
« Fils de l'homme » - cette expression énigmatique est le titre que Jésus
utilise le plus fréquemment, quand il parle de lui-même. Dans le seul
Évangile de Marc « Fils de l'homme » apparaît 14 fois dans la bouche de
Jésus. Et si l'on prend la totalité du Nouveau Testament, cette expression
ne se trouve que dans la bouche de Jésus, à la seule exception de la vision
d'Etienne mourant, à qui il est donné de voir les cieux ouverts : « Voici
que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l'homme est debout à la
droite de Dieu » (Ac 7, 56). À l'instant de sa
mort, Etienne voit ce que Jésus avait annoncé lors de son procès devant le
sanhédrin : « Vous verrez le Fils de l'homme siéger à la droite du
Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel » (Mc 14,
62). Ici, Etienne « cite » des paroles de Jésus, dont il a pu
voir la réalité à l'heure de son martyre.
Ce constat est essentiel. La christologie des auteurs du Nouveau Testament
comme des évangélistes eux-mêmes n'est pas fondée sur le titre de Fils de
l'homme, mais sur les titres en usage dès le début de la vie de Jésus : «
Messie » (Christ), Kyrios (« Seigneur »), «
Fils de Dieu ». L'emploi
du prédicat « Fils de l'homme » est caractéristique des propres paroles de
Jésus. Son contenu est transféré sur les autres titres dans la prédication
apostolique, sans que le titre lui-même soit repris. Il s'agit vraiment d'un
constat parfaitement clair. Or il a donné lieu à un énorme débat dans
l'exégèse moderne. Quiconque s'aventure sur ce terrain tombe sur un
cimetière d'hypothèses contradictoires. Les discuter n'entre pas dans les
intentions de ce livre. Il est néanmoins indispensable que nous considérions
leurs lignes maîtresses.
Les utilisations de l'expression « Fils de l'homme » sont généralement
subdivisées en trois groupes.
Le premier regrouperait les occurrences de
l'expression désignant le Fils de l'homme à venir, que Jésus utiliserait non
pour se qualifier lui-même, mais pour distinguer de lui-même cette figure à
venir. Le deuxième groupe serait constitué d'affirmations sur l'activité
terrestre du Fils de l'homme, tandis que le troisième parlerait de sa
Passion et de sa Résurrection. La tendance exégétique dominante est de
considérer que seul le premier groupe, si toutefois il y en a un, est celui
des paroles authentiques de Jésus. Ce point de vue correspond à
l'interprétation de la prédication de Jésus en termes d'imminence
eschatologique. Le deuxième groupe, dont fait partie ce qui est dit de la
toute-puissance du Fils de l'homme en matière de pardon des péchés, du fait
qu'il est le maître du sabbat et qu'il n'a ni bien ni patrie, se serait
constitué au sein de la tradition palestinienne, si on en croit une des
lignes directrices de ces théories. En ce sens, il serait d'origine très
ancienne, mais on ne saurait l'attribuer à Jésus lui-même. Le plus récent
regrouperait les affirmations sur la Passion et la Résurrection du Fils de
l'homme, qui rythment justement la montée de Jésus à Jérusalem dans
l'Évangile de Marc et qui pourraient donc avoir été créées - peut-être même
par l'évangéliste Marc en personne - après les événements eux-mêmes.
Ce découpage des occurrences de l'expression « Fils de l'homme » procède
d'une logique distribuant très soigneusement les diverses acceptions d'un
prédicat, et cette logique correspond au modèle rigoureux d'une pensée
professorale, qui n'a rien à voir avec la diversité du vivant dans lequel
une totalité complexe se fait entendre. Or le critère fondamental pour ce
type d'exégèse est de savoir de quoi on estime Jésus capable, compte tenu de
ses conditions de vie et de son horizon culturel. Apparemment son crédit est
mince ! De vraies réflexions sur la gloire et la Passion ne s'accordent pas
avec lui. Une sorte d'attente apocalyptique tiède, comme elle circulait à
l'époque, peut être mise à son « crédit » - apparemment pas plus. Mais ce
n'est pas ainsi qu'on peut rendre justice à la puissance de l'événement
Jésus. Dans nos réflexions sur l'exégèse des paraboles que propose Jülicher,
nous avions été obligé de dire que personne ne saurait être condamné à la
croix pour des formulations moralisantes aussi modestes.
Pour qu'on en vienne à ce choc radical, note Benoît XVI, pour qu'on recoure
à l'extrémité qui consistait à livrer Jésus aux Romains, il avait bien fallu
que se produise et que se dise quelque chose de dramatique. Ce qu'il y a de
scandaleux et de grand se situe justement au commencement, et l'Église
naissante a dû faire un long chemin pour en mesurer toute la grandeur, pour
la saisir progressivement dans un processus de « remémoration » réflexive.
On crédite la communauté anonyme d'un génie théologique surprenant. Mais
quelles furent donc les grandes figures capables d'une telle inventivité ?
Non, ce qu'il y a de grand, de nouveau et de scandaleux est justement le
fait de Jésus. Tout cela se développe dans la foi et la vie de la
communauté, mais ce n'est pas là que cela est créé. Oui, la « communauté »
ne se serait pas d'abord constituée et n'aurait pas survécu, si une réalité
extraordinaire ne l'avait pas précédée.
L'expression « Fils de l'homme », utilisée par Jésus pour cacher son mystère
et en même temps le livrer progressivement, était nouvelle et surprenante.
Ce n'était pas un titre courant de l'espérance messianique. Elle convient
parfaitement au style de prédication de Jésus, qui parle par énigmes et
paraboles, essayant ainsi de rapprocher petit à petit ses auditeurs du
mystère qui ne peut être réellement déchiffré qu'après,
quand on le suit. En
gros, l'expression « Fils de l'homme » signifie d'abord simplement « homme »
dans l'usage linguistique hébreu et araméen. Le glissement entre le simple
mot « homme » et l'énigmatique évocation d'une nouvelle conscience
missionnaire dans l'expression « Fils de l'homme » apparaît dans une
réflexion sur le sabbat que nous rencontrons dans les synoptiques. Voici la
version de Marc : « Le sabbat a été fait pour l'homme, et non pas l'homme
pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l'homme est maître, même du sabbat
» (Mc 2, 27-28). Chez Matthieu et chez Luc, la
première phrase manque. Chez eux, Jésus dit simplement : « Le Fils de
l'homme est maître du sabbat » (Mt 12, 8 ; Le 6, 5).
Peut-être peut-on ajouter que Matthieu et Luc ont écarté la première phrase
parce qu'ils craignaient qu'elle soit détournée de son sens. Quoi qu'il en
soit, il est évident que chez Matthieu et chez Luc les deux phrases vont
ensemble et s'interprètent l'une par l'autre.
Que le sabbat soit fait pour l'homme et non pas l'homme pour le sabbat,
n'est pas simplement l'expression d'une position moderne et libérale, comme
nous le pensons spontanément à première lecture, explique Benoît XVI. En réfléchissant sur le
Sermon sur la montagne, nous avons vu que ce n'était sûrement pas la bonne
façon de comprendre l'enseignement de Jésus. Dans le « Fils de l'homme »,
l'homme se révèle comme il devrait être en réalité. A l'aune du «
Fils de
l'homme », à l'aune de Jésus, l'homme est libre et sait faire un bon usage
du sabbat en tant que jour de la liberté venant de Dieu et pour Dieu. «
Le
Fils de l'homme est maître du sabbat » - toute la grandeur de l'ambition de
Jésus, qui interprète la Loi de sa pleine autorité parce qu'il est lui-même
le Verbe originel de Dieu, cette grandeur transparaît ici. Ce qui révèle
aussi quel genre de liberté nouvelle est octroyée à l'homme en général, une
liberté qui n'a rien à voir avec la simple gratuité. L'essentiel de ce
commentaire du sabbat est l'interpénétration des deux, « homme » et « Fils
de l'homme ». Nous voyons comment le terme en soi générique devient
désormais l'expression de la dignité particulière de Jésus.
Le titre de « Fils de l'homme » n'existait pas en tant que titre à l'époque
de Jésus. Mais, précise Benoît XVI, on peut sans doute en voir l'esquisse dans la vision de
l'histoire universelle relatée par le Livre de Daniel avec les quatre bêtes
et le « Fils d'homme ». Le visionnaire voit la succession des grands empires
du monde dans l'image de quatre bêtes énormes sortant de la mer, venues «
d'en bas », elles représentent un pouvoir reposant avant tout sur la
violence, un pouvoir de nature « bestiale ». Daniel dresse donc un tableau
sombre et extrêmement inquiétant de l'histoire du monde. Certes, la vision
n'est pas seulement négative. La première bête est un lion avec des ailes
d'aigle, à qui l'on arrache les ailes. Puis « elle fut soulevée de terre et
dressée sur ses pieds, comme un homme, et un cœur d'homme lui fut donné »
(Dn 7, 4). L'humanisation du pouvoir est possible, même en notre
temps. Le pouvoir peut avoir un visage humain. Ce salut, pourtant, est
relatif, l'histoire, pour le reste, continue et elle deviendra par la suite
plus sombre encore.
Mais après ce pic extrême, qui voit culminer le pouvoir du mal, se produit
quelque chose de tout à fait différent. Le visionnaire aperçoit, comme de
loin, le vrai maître du monde sous la forme d'un vieillard qui met fin à
l'apparition : « Et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils
d'homme ; il parvint jusqu'au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.
« Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples,
toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une
domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne
sera pas détruite » (Dn 7, 13-14). Face aux
bêtes venues des profondeurs se dresse l'homme venu d'en haut. De même que
les bêtes des profondeurs incarnent les empires qui se sont succédé dans le
monde, de même l'image du « Fils d'homme » qui arrive « sur les nuées du
ciel » annonce un royaume absolument nouveau, un royaume d'« humanité », du
pouvoir véritable venant de Dieu lui-même. Par ce royaume se manifeste la
véritable universalité, la figure ultime de l'histoire, sa figure positive,
qui a toujours été désirée en secret. Le « Fils d'homme », qui vient d'en
haut, est ainsi celui qui se dresse en face des bêtes venues des profondeurs
de la mer. En tant que tel, il ne symbolise pas une figure individuelle,
mais il est la représentation du « royaume » dans lequel le monde parviendra
à son but.
Beaucoup d'exégètes supposent qu'il pourrait y avoir derrière ce texte une
version où le « Fils d'homme » était aussi une figure individuelle, mais,
quoi qu'il en soit, nous ne connaissons pas cette version et elle demeure
une hypothèse. Les textes souvent cités de IV Esdras 13 et de l'Éthiopien
Hénoch, dans lesquels le Fils de l'homme est représenté comme une figure
individuelle, sont plus récents que le Nouveau Testament et ne peuvent donc
être considérés comme une de ses sources. Il était naturellement facile de
relier la vision du Fils de l'homme avec l'espérance messianique et la
figure du Messie, mais nous ne disposons pas, pour ce faire, de texte
antérieur à l'activité de Jésus, En tout cas, c'est le futur royaume du
salut qui est représenté par cette image du Fils de l'homme, vision que
Jésus pouvait reprendre, mais à laquelle il a donné une nouvelle forme en
reliant cette attente à lui-même et à son activité. (à suivre ...)
( à suivre )
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"Jésus de Nazareth"
Sources:
www.vatican.va-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.01.2008 - BENOÎT XVI -
T/J.N. |