Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe
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ROME, 22 fév 2006 - Un membre de la Curie critique les peurs face à un islam "fermé" Mgr Velasio De Paolis, secrétaire au Vatican du Tribunal suprême de la signature apostolique, proche collaborateur du pape Benoît XVI, a reproché mercredi à l'Occident ses peurs face à un islam "
fermé au point de ne pas admettre la réciprocité", dans une interview au quotidien italien La Stampa.
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DOSSIER SPECIAL ISLAM:
1) l'islam est fermé au point de ne pas admettre la réciprocité, Mgr Velasio De Paolis
2) Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe
3) l'Europe a « vécu sous la menace constante [de l'islam] pendant près de mille ans,
Giuseppe de Rosa s.j.
1)
ROME, 22 fév 2006 -
Un membre de la Curie critique les peurs face à un islam "fermé"
Mgr Velasio De Paolis, secrétaire au Vatican du Tribunal suprême de la signature apostolique, proche collaborateur du pape Benoît XVI, a reproché mercredi à l'Occident ses peurs face à un islam "
fermé au point de ne pas admettre la réciprocité
", dans une interview au quotidien italien La Stampa.
"Si tendre l'autre joue signifie renoncer à être soi-même, il y a un danger", a estimé le prélat, qui critique la faiblesse des réactions européennes face aux manifestations de colère dans des pays du monde musulman, liées à la publication dans la presse occidentale de caricatures de Mahomet.
"L'autodéfense est un devoir", a poursuivi Mgr De Paolis, qui affirme aussi: "la vérité ne s'impose pas par la force (...) Mais si respecter l'autre signifie renoncer à être soi-même, cela n'a plus de sens de dialoguer."
"Le problème principal est que l'islam est fermé au point de ne pas admettre la réciprocité (...) En terre d'Islam, dès que l'Eglise se présente dans son authenticité, elle est accusée de prosélytisme", déplore-t-il.
"Le risque est que les musulmans dialoguent tant qu'ils restent une minorité en Occident. Après, qu'en sera-t-il des valeurs chrétiennes?", demande aussi Mgr De Paolis.
Secrétaire du Tribunal suprême de la signature apostolique, considéré comme la "Cour de cassation" du Vatican, Mgr Velasio De Paolis a travaillé comme théologien aux côtés du pape Benoît XVI quand celui-ci dirigeait la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Le Vatican a demandé lundi aux dirigeants européens de défendre le droit à la liberté religieuse lors des négociations et des déplacements dans les pays musulmans.
"Cela fait plus d'un demi-siècle que l'Occident a des relations avec les pays arabes, surtout pour le pétrole, et il n'a jamais été capable d'obtenir la moindre concession sur les droits humains", a ajouté mercredi Mgr De Paolis.
"
La limite de l'Occident est là: il parle toujours de valeurs, mais ensuite il a besoin du commerce avec la Chine et du pétrole islamique, donc il ferme les yeux sur des violations systématiques, comme il l'a déjà fait avec Hitler
", a-t-il résumé.
2)
Le Pape Benoît XVI face au défi de l'islamisation de l'Europe
La politique traditionnelle du Vatican vis-à-vis de l'islam repose depuis un demi-siècle sur deux piliers. Le premier est celui du dialogue interreligieux, qui exprime l'idée d'un front commun des religions monothéistes face à la sécularisation et au « vide spirituel » de la société de consommation. Le second était une attitude de pragmatisme politique, en vertu de laquelle l'islam était considéré comme un allié face à la menace communiste. C'est en faisant le même calcul géostratégique que les Etats-Unis ont soutenu pendant plusieurs décennies les régimes musulmans les plus rétrogrades et les mouvances islamistes les plus radicales, jusqu'à ce que les attentats du 11 septembre leur fassent faire une volte-face de 180 degrés.
Le Vatican va-t-il lui aussi réviser sa politique étrangère ? Certains signes permettent de le penser. Ainsi, Benoît XVI a déclaré, lors de sa première audience générale sur la place Saint-Pierre, qu'il avait choisi le nom de Benoît en référence au saint patron de l'Europe, qui
«
représente un point de repère fondamental pour l'unité de l'Europe et un rappel puissant des incontournables racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation
».
Cette déclaration dénuée de toute ambiguïté pourrait inaugurer un changement de politique du Vatican, et une attitude plus ferme face à l'islamisation de l'Europe. Un premier signe annonciateur d'un possible changement de politique avait été donné il y a dix-huit mois, avec la parution d'un article très critique envers l'islam dans la revue
Civilta Cattolica,
qui passe pour être l'organe officieux du Saint-Siège. L'auteur de cet article, Giuseppe de Rosa, affirmait notamment que l'Europe avait « vécu sous la menace constante [de l'islam] pendant près de mille ans ».
Paul Landau
La célèbre revue Civilta cattolica a donc publié une analyse loyale de la condition des chrétiens en terres d'islam
. Lorsque l'on sait que tous les articles de cette revue jésuite passent systématiquement par la censure du Vatican, on comprend que cette approche critique prend une signification particulière
dans le contexte international actuel
.
Le17 FEV 2006 le pape Benoît XVI recevait les rédacteurs et collaborateurs de la revue des Jésuites italiens Civiltà Cattolica pour le 150e anniversaire de la revue. Benoît XVI a rappelé, à cette occasion, que la mission d'une revue culturelle comme Civiltà Cattolica est "
de prendre part au débat culturel, pour y proposer de manière sérieuse mais accessible les vérités de la foi chrétienne, tout en étant fidèle au Magistère de l'Eglise, défendant sans polémique la vérité souvent déformée y compris par le biais d'accusations sans fondement contre la communauté ecclésiale
". (Pour lire la suite:
Benoît XVI
)
Voici l'article de
Civilta Cattolica
:
3)
Chrétiens en pays islamiques, par Giuseppe de Rosa s.j.
Comment vivent les chrétiens dans les pays majoritairement musulmans? Il faut d'abord mettre en évidence un fait étonnant: avant l'invasion islamique, il y avait, dans tous les pays d'Afrique du Nord (Egypte, Lybie, Tunisie, Algérie, Maroc), et en dépit des incursions des Vandales, des communautés chrétiennes rayonnantes, qui ont donné à l'Eglise universelle des personnalités hors du commun: Tertullien, Cyprien, évêque de Carthage, martyr en 258, Augustin, évêque d'Hippone, Fulgence, évêque de Ruspe. Mais après la conquête arabe, la chrétienté locale fut absorbée par l'islam, au point qu'aujourd'hui, elle n'a de présence significative qu'en Egypte, avec l'Eglise copte orthodoxe et autres minorités chrétiennes représentant 7 à 10% seulement de la population égyptienne.
La même situation prévaut au Proche-Orient (Liban, Syrie, Palestine, Jordanie, Mésopotamie), où vivaient de florissantes populations chrétiennes avant l'invasion de l'islam, et où, aujourd'hui, ne subsistent que de minuscules communautés chrétiennes, à l'exception du Liban, où les chrétiens constituent encore une part importante de la société.
Il en est de même, de nos jours, avec la Turquie, qui, dans les premiers siècles chrétiens, apporta une extraordinaire contribution dans le domaine de la liturgie, de la théologie et de la vie monastique. L'invasion des Turcs seldjoukides et la conquête de Constantinople par Mehmet II (1453) conduisirent à la fondation de l'empire ottoman et à la destruction de la chrétienté d'Anatolie. Aujourd'hui, le nombre total des chrétiens en Turquie avoisine les 100.000, parmi lesquels un petit nombre d'orthodoxes qui vivent autour du Phanar, siège du Patriarcat œcuménique de Constantinople, lequel a la primauté d'honneur dans tout le monde orthodoxe, et se trouve en communion avec huit patriarches et de nombreuses Eglises autocéphales, en Orient et en Occident, et qui compte environ 180 millions de fidèles.
En conclusion, nous devons constater, en termes historiques, que partout où l'islam s'est imposé par une force militaire, sans équivalent en rapidité et en efficacité, la chrétienté - pourtant extrêmement vivante et enracinée là depuis des siècles - a pratiquement disparu ou a été réduite à d'insignifiants îlots, perdus dans un océan islamique.
Comment cela a-t-il pu se produire? En fait, la réduction des chrétiens autochtones à une minuscule minorité n'a pas été nécessairement le fruit d'une violente persécution, mais a souvent été le résultat des conditions dans lesquelles on les a forcés à survivre, au sein d'états islamiques.
Le visage guerrier de l'islam: le djihad
Selon la loi islamique, le monde est divisé en trois parties: dar al harb (domaine de la guerre), dar al islam (domaine de l'islam), et dar al ahd (domaine de la trève).
Avec les nations appartenant au domaine de la guerre, la loi islamique ne reconnaît pas d'autres relations que celles de la "guerre sainte" (djihad), terme qui signifie "effort sur le chemin d'Allah" et a deux significations, l'une et l'autre assez essentielles pour ne pas être dissociées, comme si l'une n'existait pas sans l'autre.
Dans son premier sens, le djihad connote donc l'effort que le musulman doit accomplir pour être fidèle aux préceptes du Coran et ainsi manifester sa "soumission" (islam) à Allah. Dans son second sens, le djihad connote l'effort que le musulman doit entreprendre pour "combattre sur le chemin d'Allah", ce qui implique de lutter contre les infidèles et de répandre l'islam dans le monde entier.
Le djihad est une obligation de la plus haute importance, à tel point qu'il est souvent répertorié parmi les préceptes fondamentaux de l'islam comme "sixième" pilier.
L'obéissance au précepte de la guerre sainte explique pourquoi l'histoire de l'islam est une interminable entreprise guerrière pour conquérir les territoires infidèles. En particulier, toute l'histoire islamique est dominée par l'idée de la conquête des pays chrétiens de l'Europe occidentale et de l'Empire romain d'Orient, dont la capitale était Constantinople. Ainsi, durant plusieurs siècles, islam et chrétienté se sont affrontés dans de terribles combats, à la suite desquels eut lieu, d'une part, la conquête de Constantinople (1453), de la Bulgarie et de la Grèce, et d'autre part la défaite de Lépante (1571).
Mais l'esprit conquérant de l'islam ne s'est pas éteint après la défaite de Lépante. La progression islamique en Europe ne fut vraiment stoppée qu'en 1683, lorsque Vienne, assiégée par les Ottomans, fut libérée par les armées chrétiennes sous le commandement de Jean II Sobieski, roi de Pologne. En réalité, pendant environ mille ans, l'Europe a été sous la menace permanente de l'islam et a vu sa survie constamment menacée.
Effectivement, durant toute son histoire, l'islam a montré un visage belliqueux et un esprit de conquête à la gloire d'Allah, à l'égard des idolâtres qui n'ont pour choix que la conversion ou la mort. C'est le cas des "peuples du livre" (Juifs, Chrétiens, Sabéens) que les musulmans doivent "combattre jusqu'à ce que leurs membres paient le tribut et soient humiliés" (Coran 9.29).
Le régime de la Dhimma
Selon la loi islamique, les Juifs et les Chrétiens qui vivent dans un Etat musulman sont d'un rang social inférieur, en dépit de leur éventuelle appartenance aux mêmes race, langue et origine. La loi islamique ne reconnaît pas le concept de nation et de citoyenneté, mais uniquement la [i"oumma", l'unique communauté islamique. C'est la raison pour laquelle tout musulman, en tant que partie de la oumma, peut vivre dans tout pays islamique comme il le ferait dans son pays natal, étant sujet des mêmes lois, usager des mêmes coutumes et bénéficiaire de la même considération.
Mais les "peuples du Livre" (ahl al kitab) deviennent les "peuples sous protection" (ahl al dhimma). En échange de cette "protection", les peuples du Livre doivent payer un impôt (djizia) à l'Etat islamique.
Concernant la liberté de culte, les dhimmis se voient interdire toute manifestation religieuse extérieure, comme le fait de sonner les cloches, de faire des processions avec une croix,de solenniser les services funèbres, ou même de vendre des objets cultuels prohibés pour les musulmans. Ils ne peuvent construire de nouveaux lieux de culte, car cela signifierait occuper une terre islamique qui ne peut jamais être cédée à quiconque, étant devenue, de par la conquête islamique, territoire sacré d'Allah.
Dans la sourate 9.29, le Coran affirme que les "peuples du Livre", en plus du fait d'être contraints à payer les taxes, ont l'obligation de se vêtir d'une manière distinctive, et ne sont pas autorisés à porter des armes, ni à avoir une selle sur leur cheval. A plus forte raison, est-il impossible à des dhimmis de servir dans l'armée, d'être fonctionnaires de l'Etat, d'être témoins lors de procès impliquant des musulmans, de prendre pour épouses les filles de musulmans, d'avoir des domestiques musulmans et d'hériter de musulmans.
Les dispositions de la dhimma tombent lorsqu'il y a conversion à l'islam; mais, dans les premiers temps, les musulmans ne voyaient pas d'un bon oeil ces conversions à l'islam, car elles représentaient une sérieuse perte financière, le trésor islamique étant florissant pour autant que de nombreux dhimmis paient les taxes personnelles et territoriales.
Conséquence : érosion de la chrétienté
Il est évident que la condition de dhimmi, prolongée durant des siècles, a, lentement mais sûrement, conduit à l'extinction de la chrétienté dans de nombreux pays islamisés. La condition d'infériorité citoyenne, en empêchant les chrétiens d'obtenir des postes officiels - leur condition d'infériorité religieuse les condamnant à vivre en vase clos et leur interdisant tout développement -, a placé les chrétiens dans une position intenable qui les incitait à l'émigration ou à la conversion à l'islam.
Il y avait également le fait qu'un chrétien ne pouvait épouser une musulmane sans devenir lui-même musulman, en partie parce que les enfants devaient obligatoirement être éduqués dans cette religion. En revanche, les chrétiens devenus musulmans pouvaient divorcer très facilement alors que le christianisme refuse le divorce.
Plus grave encore, les chrétiens vivant en territoires islamisés étaient très divisés entre eux, parfois même ennemis, et appartenaient à des dénominations différentes (Eglises chalcédoniennes et non-chalcédoniennes), à des rites différents (syro-oriental, antiochien, maronite, copte, arménien, byzantin). L'assistance mutuelle était rendue pratiquement impossible.
Le régime de la dhimma a perduré plus de mille ans, même s'il n'a pas été appliqué, toujours et partout, dans les formes extrêmes dites du pacte d'Omar, selon lequel les chrétiens n'avaient pas le droit de construire de nouvelles églises, ni de réparer celles déjà existantes, même si elles risquaient de tomber en ruines (et, s'ils avaient l'autorisation de construire selon le bon vouloir du gouverneur musulman, elles ne devaient pas être de grandes dimensions: leur taille devait rester inférieure à celle des édifices religieux musulmans environnants); mais les plus grandes et les plus belles églises ont été transformées, de force, en mosquées. Cette transformation rendait donc impossible leur restitution aux chrétiens, puisqu'un lieu devenu mosquée ne peut plus être affecté à un autre usage.
La conséquence de ce régime de la dhimma fut l'érosion des communautés chrétiennes et la conversion à l'islam de nombreux chrétiens, pour des raisons économiques, sociales et politiques: pour trouver un emploi correct, pour jouir d'un meilleur statut social, pour participer à la vie administrative, politique et militaire et pour échapper à une condition de perpétuelle discrimination.
Dans les siècles récents, le système de la dhimma a connu quelques modifications, en partie à cause des idées de citoyenneté et d'égalité de tous les citoyens. Toutefois, en pratique, la conception traditionnelle est toujours en vigueur. Le chrétien, bon gré malgré, se retrouve ramené au statut de dhimmi, même si le terme n'apparaît plus comme tel dans les lois actuelles de nombreux pays à majorité musulmane.
Pour comprendre la condition présente de ces chrétiens, il faut faire référence à l'histoire des XIXe et XXe siècles. Dans l'empire ottoman du XIXe siècle, alors que le système des millet était omniprésent, des assouplissements de caractère libéral furent introduits.
De la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première Guerre Mondiale, un mouvement de réveil (nahda) eut lieu dans le monde arabe, sous l'influence de l'Occident, dans les domaines de la littérature, du langage et de la pensée. De nombreux intellectuels furent séduits par les idées libérales. Sur un autre front, les chrétiens créèrent des liens solides avec les puissances occidentales (France et Grande-Bretagne, en particulier) qui leur octroyèrent, après la défaite de l'empire ottoman, le protectorat sur ces pays ayant appartenu à ce dernier. Ce qui a permis aux chrétiens à la fois d'acquérir une plus grande liberté civile et religieuse, et de faire des progrès culturels.
C'est surtout dans la première moitié du XXe siècle qu'apparurent divers partis politiques de tendances nationaliste et socialiste, ainsi que laïques, tels que le Baath, le parti socialiste du Renouveau arabe, fondé à Damas, à la fin des années 30, par le professeur syrien Michel Aflak, grec-orthodoxe (converti à l'islam à la fin de sa vie, Note du Traducteur). En 1953, ce parti fusionna avec le parti populaire syrien, fondé en 1932 par Antoine Saada, un grec-orthodoxe du Liban. Cela veut dire que divers programmes politiques inspirés par les idées libérales et laïques de l'occident se développèrent dans différents pays islamiques.
L’apparition de l’Islam radical
Ces événements provoquèrent de fortes réactions dans le monde musulman, suscitant la crainte de voir les idées séculières et les coutumes "corrompues" de l'Occident - identifié avec le christianisme - altérer la pureté de l'islam et menacer son existence.
Cette réaction s'appuyait sur un fort ressentiment envers les puissances occidentales ayant cherché à imposer leur système à l'islam "la meilleure communauté jamais édifiée par Allah parmi les hommes" (Coran 3.110).
Ainsi s'est manifesté l'islam radical, présenté comme l'interprète des frustrations des masses musulmanes. Hassan el Banna, Sayyd Qutb, Abd el Kader Uda, en Egypte, avec les Frères musulmans : abu Al Mawdudi, au Pakistan, et l'ayatollah Khomeiny, en Iran, en sont les plus importants témoins, et leurs disciples ont essaimé partout, de Dakar à Kuala Lumpur…
La condition actuelle des chrétiens dans le monde islamique
L'islam radical, qui propose d'instaurer la sharia [Loi religieuse,NDLR] dans chaque Etat musulman, gagne du terrain dans de nombreux pays musulmans où sont présentes également des communautés chrétiennes. Il est évident que le régime de la sharia va rendre la vie des chrétiens extrêmement difficile, et que leur survie sera constamment menacée.
C'est bien là la cause de l'émigration massive des chrétiens des pays musulmans vers les pays occidentaux - Europe, Etats Unis, Canada et Australie. Il existe une estimation du nombre de chrétiens ayant émigré d'Egypte, Iraq, Jordanie, Syrie, Liban, Palestine, et d'Israël dans la dernière décennie: elle dépasse les trois millions, c'est à dire de 26.5 à 34 % du nombre global présumé des chrétiens vivant habituellement au Proche-Orient.
Il ne faudrait pas non plus sous-estimer de graves agressions contre les chrétiens, récemment perpétrées dans certains pays à majorité islamique. En Algérie, l'évêque d'Oran, Mgr Claverie, (1996) sept moines trappistes de Tibérine (1999) et six religieuses de diverses congrégations ont été brutalement assassinés par des islamistes, même si les meurtres ont été condamnés par un certain nombre d'autorités musulmanes. Au Pakistan, où vivent 3.800.000 chrétiens, parmi 156 millions de musulmans (96% de musulmans), des musulmans sont entrés, le 28 octobre 2001, dans l'église St Dominique à Bahawalpur et ont abattu 18 chrétiens. Le 6 mai 1998, l'évêque catholique, John Joseph, s'est tué en plein tribunal pour protester contre la loi du blasphème qui punit de mort toute offense envers Mahomet, même par simple allusion. Ainsi, dire que Jésus est Fils de Dieu est une offense envers Mahomet, qui a déclaré que Jésus n'est pas Fils de Dieu, mais son serviteur. Avec ce type de loi, les chrétiens sont en danger de mort permanent.
Au Nigéria, où 13 Etats ont introduit légalement la sharia, plusieurs milliers de chrétiens ont été victimes d'incidents. De sérieux conflits se sont produits au sud des Philippines et en Indonésie, où 212 millions d'habitants constituent la plus grande population musulmane du monde, au détriment des chrétiens de Java, du Timor oriental, et des Moluques. Mais la plus tragique situation – hélas ! oubliée par l'Occident - est celle du Soudan, où le nord est arabe et musulman et le sud, noir et chrétien, et en partie animiste. Depuis la période du président Nimeiri, la guerre civile fait rage entre le nord, qui a proclamé la sharia pour tenter de l'imposer partout, et le sud, qui aspire à préserver son identité chrétienne. Le nord fait usage de tout sa puissance militaire, financée par l'exportation de pétrole vers l'Occident, pour détruire les villages chrétiens; empêcher l'arrivée de l'aide humanitaire; tuer le bétail, qui est le seul moyen de subsistance pour la population; mener des raids contre les chrétiens, enlever des jeunes filles, qui sont ensuite vendues comme esclaves ou concubines à de riches soudanais. Selon le rapport 2001 d'Amnesty International, la guerre commencée en 1983 a fait plus de 2 millions de morts et 4 millions et demi de déportés. Dans la région du Nil supérieur, riche en pétrole, des dizaines de milliers de personnes ont été contraintes par la terreur à abandonner leurs maisons, après bombardements aériens, exécutions massives et usage de la torture.
Il faut enfin rappeler une situation de fait souvent oubliée: l'Arabie saoudite est le fournisseur de pétrole le plus important pour le monde occidental et certains ont intérêt à ne pas perturber les relations avec ce pays. En réalité, en Arabie saoudite, où règne le wahhabisme, non seulement il est impossible de construire une église ou d'aménager le moindre lieu de culte, mais tout acte de foi chrétienne est sévèrement interdit et réprimé par de rigoureuses sanctions. De ce fait, un million de chrétiens travaillant en Arabie saoudite sont violemment privés de toute pratique ou de tout signe extérieur lié à leur foi. Ils ne peuvent prendre part à la messe ni à un culte – avec le risque de perdre leur emploi - qu'à l'intérieur de périmètres appartenant à des compagnies étrangères. De plus, l'Arabie saoudite dépense des milliards de pétrodollars, non pas au bénéfice de ses citoyens pauvres ou de musulmans pauvres dans d'autres pays islamiques, mais pour construire des mosquées et des écoles coraniques en Europe, et payer des imams dans tous les pays occidentaux.
Rappelons que la mosquée romaine du Mont Antenne, construite sur un terrain offert par le gouvernement italien, a été principalement financée par l'Arabie saoudite et a été édifiée pour être la plus grande mosquée d'Europe, au cœur même de la chrétienté.
Giuseppe de Rosa s.j.
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 22.02.2006 -
INTERNATIONAL
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