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19 Avril 2005
 

L’œuvre de Louis Bouyer, une cathédrale de pensée, de vie, de louange

 

Le 22 janvier 2009  - (E.S.M.) - L’ouvrage que Davide Zordan a consacré au père Louis Bouyer n’est pas une biographie. Il est bien plus. Il nous fait pénétrer dans la pensée du théologien, sorte de Newman français par sa conversion, sa connaissance des Pères et sa conception de la Tradition.

L’œuvre de Louis Bouyer, une cathédrale de pensée, de vie, de louange

Le 22 janvier 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - L’ouvrage que Davide Zordan a consacré au père Louis Bouyer n’est pas une biographie. Il est bien plus. Il nous fait pénétrer dans la pensée du théologien, sorte de Newman français par sa conversion, sa connaissance des Pères et sa conception de la Tradition.

Voulant être sûr que sa grande trilogie soit bien comprise,Hans Urs von Balthasar la résuma en petits ouvrages de synthèse. Louis Bouyer (1913-2004) fut-il jamais tenté de faire de même pour son « ennéade » consacrée à La Trinité, l’économie du salut et la sagesse eschatologique ? Ses Entretiens avec Georges Daix sont précieux pour comprendre le sens qu’il donnait à cette entreprise mais voici qu’est parue, sous la plume de Davide Zordan, quatre années seulement après sa disparition, une synthèse d’ensemble de son œuvre, alors que sont republiés trois de ses ouvrages. Belle occasion de revenir sur une des « cathédrales » de la pensée chrétienne en notre temps. L’ouvrage de Davide Zordan n’est pas la biographie que réclamait le cardinal Lustiger lors des funérailles du père Bouyer, mais une étude de sa pensée. Le lecteur en apprendra cependant assez pour saisir le rôle que notre théologien a joué.

Une vie pour l’Église

Un caractère entier, un franc-parler et une originalité marquée, des polémiques au vitriol, les jalousies et les mesquineries qui en résultèrent et le peu de goût pour les honneurs ne doivent pas cacher son apport à l’Église de ce temps : – Nous lui devons l’expression « mystère pascal » pour désigner la liturgie du triduum pascal et le mystère de notre salut qu’elle célèbre. Bouyer la forgea comme titre de son livre pionnier de 1945 puis Vatican II la consacra dans Sacrosanctum Concilium. – Consulteur du Conseil pour l’application de la réforme liturgique de Vatican II, Bouyer travailla sur la révision de l’ordinaire de la messe, même s’il n’obtint pas tout ce qu’il proposait à partir de sa connaissance et de son sens aigu de la Tradition.

– En 1972, au plus fort de la crise postconciliaire, il fit adopter par la Commission théologique internationale dont il était membre trois thèses réaffirmant avec force la valeur permanente des formules dogmatiques.
– Il participa, entre autres engagements, au lancement de Communio [ NDLR : Au coeur de la crise qui a suivi Vatican II, Louis Bouyer et le futur pape Benoît XVI/Joseph Ratzinger ont voulu rappeler à l’Église qu’elle risquait de perdre son âme en évacuant le sacré d’une liturgie à adapter au monde moderne, oubliant que son rôle essentiel n’est pas de faire mais d’être, selon l’expression de Romano Guardini. ] et consacra de longues heures à donner des enseignements au Renouveau catholique naissant.
– Paul VI voulut en faire un cardinal. Le père Bouyer lui demanda de n’en rien faire, car « cela donnerait sans doute trop de complications au Saint-Père » étant donné la « mauvaise réputation » que notre théologien avait en France. Le chapeau échut au père Daniélou.

Vérités si anciennes et si neuves

Le père Bouyer passera sans doute à la postérité comme un des grands théologiens catholiques du XXe siècle. Comment définir son originalité propre en un temps qui en a vu éclore plusieurs de premier ordre ? Outre la solidité théologique et l’ampleur de vue qu’il partage avec d’autres, ce qui constitue peut-être son originalité propre est d’une part sa connaissance vivante et comme devenue consubstantielle de la Bible et de la tradition liturgique, de l’autre sa culture, non seulement théologique mais aussi philosophique, littéraire, artistique (son amitié avec J. Green, T.S. Eliot ou J.R.R. Tolkien est connue) et de surcroît dans les sciences de l’homme. Humain ou divin ? est le titre d’un de ses livres : l’opposition n’avait pas de sens pour lui, qui se sentait fait « pour enseigner la religion chrétienne comme la seule inspiration possible d’un humanisme qui ne soit pas un leurre ». Cet humanisme chrétien explique son amitié intellectuelle et spirituelle avec des hommes comme saint Thomas More, Érasme, saint Philippe Neri ou Newman, sur lesquels il a écrit, et donne un tour personnel à tout ce qu’il a publié, et fait souvent paraître comme neuves les synthèses qu’il propose, alors qu’il s’agit de vérités de la Tradition. Ce sont aussi sans doute ces bases, rarement réunies en un seul homme, qui lui ont permis, peut-être le premier dans l’Église catholique depuis les Pères, de se lancer dans une exploration d’eschatologique humaine et cosmologique hardie mais orthodoxe.

L’œuvre du père Bouyer comprend une cinquantaine de titres et plus de 200 articles ou contributions à des ouvrages collectifs. C’est dire la difficulté d’en faire une synthèse, même en 800 pages, ce que tente de le faire Davide Zordan avec un indéniable bonheur. Il suit chronologiquement la plupart des œuvres majeures et consacre ensuite plus de 200 pages aux grandes trilogies. L’architecture de l’œuvre apparaît avec force : son œuvre proprement théologique s’est élaborée sur un fondement triple : biblique, liturgique et spirituel, trois domaines dans lesquels son action et ses écrits restent une boussole valable pour s’orienter.

Une pensée hiérarchique

Ce qui frappe le plus dans le développement de cette œuvre que Zordan nous fait suivre au fil des décennies c’est que si matériellement nombre d’ouvrages sont en fait des cours revus pour la publication – et, qui plus est, souvent donnés « en occupant des chaires vacantes ou pour intervenir dans des débats auxquels il lui semblait pouvoir et donc devoir participer » (J. Duchesne)  –, le lecteur se convainc vite que leur succession ordonnée ne doit rien au hasard et encore moins à la curiosité. S’il fallait, en effet, définir d’un ou deux termes le charisme propre au père Bouyer, ceux qui viennent aussitôt à l’esprit sont « organique » et « hiérarchique » : on entre dans l’intelligence de la vie chrétienne par la Parole de Dieu, on l’assimile dans l’action liturgique et la participation aux sacrements et on la vit par une spiritualité ascétique et unitive. Quant à la théologie (dont Bouyer écrivait qu’elle est avant tout une science qui connaît son objet, Dieu et son mystère, par la louange et la glorification) elle est réflexion sur l’aventure de l’humanité dans son ensemble à l’aune de ce mystère et elle n’a d’autre fin que d’y ramener sans cesse. Ses trilogies, en dialogue avec toutes les branches du savoir humain et de deux millénaires de pensée chrétienne, réussissent plus d’une fois à porter au seuil de la louange et de l’hymne un savoir qui demeure fidèle aux exigences de la discipline.

Louis Bouyer et l’œcuménisme

Davide Zordan consacre 200 pages de son ouvrage à deux dimensions essentielles de l’œuvre de Bouyer : « Une théologie pour l’œcuménisme » et « Sur les traces de J.H. Newman ». L’apport personnel de ce protestant converti, ami et bon connaisseur de plusieurs grands théologiens orthodoxes du siècle, apôtre d’une reconnaissance mutuelle entre catholicisme et orthodoxie, interlocuteur amical mais sans concession des anglicans et des réformés, est celui d’un œcuménisme exigeant et par les racines.

Par ailleurs, dans son œuvre, mais aussi dans sa vie, Bouyer a semblé être un Newman revividus: conversion du protestantisme vécue comme accomplissement, entrée dans l’Oratoire, connaissance fruitive de l’Écriture et des Pères, conception organique de la Tradition, attention aux défis d’un monde qui se veut post-chrétien, polémiques… Ce mimétisme ne serait d’ailleurs pas étranger à son œuvre romanesque qui comprend comme chez son illustre modèle un roman de conversion et un roman historique.

Dès 1952, Louis Bouyer avait écrit une biographie de Newman qui demeure un ouvrage de référence. Un quart de siècle plus tard, il publie un Newman, le mystère de la foi. Une théologie pour un temps d’apostasie, dont le sous-titre indique clairement qu’il s’agit d’un livre de combat. À la suite de Newman, il dénonce « l’erreur narcissique de l’absorption moderne en soi-même » et ses conséquences tragiques : « C’est non seulement l’ancienne civilisation chrétienne mais la race humaine tout entière qui court à la catastrophe », justifiant son intérêt pour le grand Anglais par le fait que « s’il est un penseur qui peut nous réveiller, chrétiens et non-chrétiens, de ce rêve narcissique qui ne peut s’achever qu’en cauchemar, c’est bien Newman ». Face à cette dérive, nous trouvons la proposition de la foi qu’expose Bouyer à partir des sermons newmaniens appliquant une méthode homogène : laisser parler Newman aussi souvent que possible et montrer la cohérence organique de l’ensemble des sermons comme pertinents pour notre temps, « qu’il s’agisse de la présence de Dieu au cœur même de l’existence, qu’il s’agisse de la réalité du monde invisible au cœur de la création, de l’immortalité de l’âme ou du don qui divinise l’être du baptisé, ou encore la vision qu’il convient d’avoir de l’Église » (préface du cardinal Honoré). En conclusion de ses entretiens avec le père Bouyer, Georges Daix lui demandait de définir ce qu’est pour lui la théologie. La réponse vaut leçon : « C’est essentiellement un effort pour aider à l’intelligence de la Révélation, pour voir ce que la Révélation signifie pour nous en rapport évidemment avec toute notre conscience d’hommes vivants dans l’Univers, étant donc bien entendu que la Révélation n ’est pas destinée à nous donner une connaissance supplémentaire qui “ajouterait simplement à celles que nous pouvons acquérir par nos moyens naturels mais qu’elle est destinée à nous conduire au salut, à nous mettre sur la voie du salut”. »

Didier RANCE
 

Sources : hommenouveau

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 22.01.2009 - T/Église

 

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