L'œcuménisme de Benoît XVI apparaît
de plus en plus nourri de fidélité à la tradition |
|
Rome, le 21 octobre 2009 -
(E.S.M.)
-
L'entrée de diocèses et de paroisses anglicans antimodernistes dans l'Eglise
catholique est annoncée. L'œcuménisme du pape Benoît XVI apparaît de plus en
plus comme nourri de fidélité à la tradition. C'est le cas avec les
lefebvristes. Et plus encore avec les Eglises orthodoxes d'orient
|
Les archevêques
Rowan Williams et
Vincent Gerard Nichols
L'œcuménisme de Benoît XVI apparaît
de plus en plus nourri de fidélité à la tradition
Frappez et l'on vous ouvrira. A condition que ce soit selon la tradition
Le 21 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Jusqu’à hier, les prêtres et évêques de la
Communion anglicane qui se sentaient davantage en accord avec le pape de
Rome qu’avec les dérives "modernistes" de l'anglicanisme passaient un à un à
l’Eglise catholique.
Aux Etats-Unis, une "Pastoral Provision" rédigée par la congrégation pour la
doctrine de la foi et approuvée par Jean-Paul II a été mise en place en 1980
pour régler ces passages. Elle a permis à environ 80 prêtres anglicans de
passer à l’Eglise catholique, presque tous avec femme et enfants. Et, il y a
deux ans, c’est un évêque, Jeffrey Steenson, qui a été accueilli lors d’une
cérémonie célébrée à la basilique Sainte-Marie Majeure, à Rome. Steenson, 57
ans, marié et père de trois enfants, a été ordonné prêtre et incardiné dans
le diocèse de Santa Fe, où il enseigne la patrologie au séminaire.
Ces prêtres et ces évêques ont aussi été suivis par des groupes de fidèles
agissant spontanément. Le seul cas de passage en bloc de tout un diocèse
anglican à l’Eglise catholique est, jusqu’à présent, celui du diocèse
d’Amritsar, au Penjab indien, en 1975.
Mais, à partir d’aujourd’hui, les migrations collectives de l'anglicanisme
vers le catholicisme seront un fait non plus exceptionnel mais normal, grâce
à la
constitution apostolique que Benoît XVI s’apprête à publier.
La constitution pontificale est encore en phase de mise au point. Elle sera
peut-être publiée dans deux semaines. Mais elle a déjà été annoncée
solennellement, le matin du 20 octobre, par deux conférences de presse
simultanées : l’une à Rome, avec le cardinal William Levada, préfet de la
congrégation pour la doctrine de la foi, l’autre à Londres, avec le primat
de l’Eglise catholique d'Angleterre et du pays de Galles, Vincent G. Nichols,
et le primat de la Communion anglicane, Rowan Williams.
A Londres les deux archevêques, le catholique et l’anglican, ont également
fait une
Déclaration conjointe, ce qui est aussi un élément indiscutablement
nouveau.
En effet, d’habitude, quand quelqu’un quitte une confession chrétienne et en
embrasse une autre, il s’en va en claquant la porte.
Cette fois, au contraire, c’est comme si ce passage était béni d’un commun
accord par les deux parties.
Cette harmonie fait penser combien la réconciliation de l’Eglise catholique
et de la Communion anglicane serait proche aujourd’hui si seulement cette
dernière n’avait pas accepté que des femmes et des homosexuels vivant en
couple soient ordonnés prêtres et évêques, avec les dramatiques divisions
qui en ont résulté entre ceux qui sont d’accord et ceux qui s’y opposent.
Quand la constitution apostolique aura été publiée, les paroisses et les
diocèses anglicans – de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d'Australie et
d’autres pays – qui, ces dernières années, ont frappé à la porte de Rome
pour être accueillis dans l’Eglise catholique pourront procéder selon les
modalités fixées par la constitution. Les prêtres et évêques mariés, ayant
reçu les ordres sacrés, pourront reprendre leur ministère, comme c’est déjà
le cas pour les prêtres mariés des rites orientaux, y compris catholiques.
Leurs communautés seront rattachées à des "ordinariats personnels" dirigés
par des évêques qui ne seront pas mariés mais célibataires, là encore en
accord avec la pratique constante des Eglises catholiques et orthodoxes.
Pour les liturgies, le rituel anglican, déjà très semblable au catholique,
restera en vigueur.
On calcule qu’une quarantaine d’évêques et une centaine de prêtres, avec
leurs communautés respectives, sont sur la liste d’attente. Le critère de la
conversion sera l'acceptation de la primauté du pape et l’adhésion à la
doctrine formulée dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique.
Dans tous les cas, les communautés prêtes à passer à l’Eglise catholique
font partie de l'aile "traditionnaliste" de la Communion anglicane.
Comme sont traditionalistes les communautés schismatiques lefebvristes,
envers lesquelles Benoît XVI intensifie ses efforts pour qu’elles obéissent
de nouveau à Rome.
Et comme sont attachées à la grande tradition les Eglises orthodoxes, avec
lesquelles le contact paraît plus fructueux avec le pape actuel. Du 16 au 23
octobre est en cours à Chypre le deuxième round – le premier a eu lieu à
Ravenne en 2007 – du dialogue entre catholiques et orthodoxes sur la
question de la primauté du pape, à la lumière de ce qui fut vécu au cours du
premier millénaire.
Aujourd’hui plus que jamais, sous le pontificat de Joseph Ratzinger, le
chemin de l’œcuménisme apparaît non comme un élan vers la modernité mais
comme un retour sur le terrain de la tradition.
On trouvera ci-dessous la déclaration conjointe diffusée à Londres le 20
octobre par le primat de la Communion anglicane et celui de l’Eglise
catholique d’Angleterre et du pays de Galles, ainsi qu’une note
rétrospective publiée le même jour par la congrégation pour la doctrine de
la foi.
Informations complémentaires
Depuis qu’au XVIe siècle le roi Henri VIII a proclamé que l’Eglise
d’Angleterre était indépendante de l’autorité du pape, l’Eglise d’Angleterre
a créé ses déclarations doctrinales, ses usages liturgiques et ses pratiques
pastorales, en y incorporant souvent des idées de la Réforme née sur le
continent européen. L’expansion de l’Empire Britannique, en association avec
l’apostolat missionnaire anglican, a ensuite fait naître une Communion
Anglicane au niveau mondial.
En plus de 450 ans, jamais la question de la réunion des anglicans et des
catholiques n’a été écartée. Au milieu du XIXe siècle, le Mouvement d’Oxford
(en Angleterre) a montré un renouveau d’intérêt pour les aspects catholiques
de l’anglicanisme. Au début du XXe siècle, le cardinal belge Mercier a lancé
des discussions publiques avec des anglicans pour explorer la possibilité
d’une union avec l’Eglise catholique sur la base d’un anglicanisme "réuni
mais pas absorbé".
Le concile Vatican II a encore renforcé l’espoir d’une union, notamment avec
le Décret sur l’œcuménisme (n° 13) qui, se référant aux Communautés séparées
de l’Eglise catholique au moment de la Réforme, affirmait : "Parmi celles
[les communions] où continuent à subsister en partie les traditions et les
structures catholiques, la Communion Anglicane occupe une place
particulière."
Depuis le concile, les relations entre anglicans et catholiques romains ont
créé un meilleur climat de compréhension et de coopération mutuelle.
L’Anglican-Roman Catholic International Commission (ARCIC) a publié, au fil
des années, une série de déclarations doctrinales, dans l’espoir de créer
les bases d’une union entière et visible. Pour beaucoup de gens des deux
Communions, les déclarations de l’ARCIC ont rendu disponible un outil dans
lequel l’expression commune de la foi peut être reconnue. C’est dans ce
cadre qu’il faut placer la nouvelle mesure.
Dans les années qui ont suivi le Concile, certains anglicans ont abandonné
la tradition de ne conférer les Ordres Sacrés qu’à des hommes en appelant
aussi des femmes au sacerdoce et à l’épiscopat. Plus récemment, certains
éléments de la Communion Anglicane se sont éloignés de l’enseignement
biblique commun en matière de sexualité humaine – déjà clairement formulé
dans le document de l’ARCIC "La vie dans le Christ" – en conférant les
Ordres Sacrés à des clercs ouvertement homosexuels et en bénissant les
unions de personnes du même sexe. Néanmoins, alors que la Communion
Anglicane doit relever ces défis nouveaux et difficiles, l’Eglise Catholique
reste pleinement engagée dans son dialogue œcuménique avec la Communion
Anglicane, notamment à travers l’activité du Conseil Pontifical pour la
Promotion de l’Unité des Chrétiens.
Entre temps, beaucoup d’anglicans sont entrés individuellement dans la
pleine communion avec l’Eglise catholique. Parfois ce sont même des groupes
d’anglicans qui sont entrés, en conservant une certaine structure
"corporative". C’est le cas, par exemple, du diocèse anglican d’Amritsar en
Inde et de quelques paroisses isolées des Etats-Unis qui, tout en gardant
une identité anglicane, sont entrées dans l’Eglise catholique dans le cadre
d’une "disposition pastorale" adoptée par la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi et approuvée par le pape Jean-Paul II en 1982. Souvent, dans ces
cas-là, l’Eglise catholique a accordé des dispenses de l’obligation de
célibat, admettant que les clercs anglicans mariés qui désiraient poursuivre
leur ministère comme prêtres catholiques soient ordonnés dans l’Eglise
catholique.
Dans ce contexte, les Ordinariats Personnels institués selon la Constitution
Apostolique mentionnée ci-dessus peuvent être considérés comme un pas de
plus vers la réalisation de l’aspiration à l’union entière et visible dans
l’unique Eglise, qui est l’un des buts principaux du mouvement œcuménique.
Congrégation pour la Doctrine de la Foi
Rome, le 20 octobre 2009
***
La note diffusée par le Vatican le jour de l'annonce de la constitution
apostolique relative aux "ordinariats personnels" pour les
anglicans qui entrent dans l’Eglise catholique
►
Nouvelle constitution canonique de Benoît XVI pour l'entrée des anglicans dans l'Eglise catholique
Un article récent de www.chiesa à propos des divisions internes de la
Communion anglicane :
►
Les anglicans risquent un schisme. Les deux voies de l'archevêque de
Canterbury
►
Constitution canonique : Déclaration conjointe des archevêques de Westminster et Cantorbéry
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source:
Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.10.2009 -
T/International |