Les anglicans risquent un schisme.
Les deux voies de l'archevêque de Canterbury |
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Rome, le 03 août 2009 -
(E.S.M.)
- Une pour les traditionalistes, l'autre pour les modernistes.
C'est la solution imaginée par Rowan Williams pour maintenir l'union entre ceux qui
approuvent l'ordination des gays et lesbiennes et ceux qui la refusent. Le
Vatican lui sert de point d’appui.
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Rowan Williams avec son
épouse Jane
Les anglicans risquent un schisme. Les deux voies de l'archevêque de
Canterbury
Le 03 août 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dans un effort extrême pour éviter un énième schisme parmi ses fidèles,
l'archevêque de Canterbury et primat de la communion anglicane Rowan
Williams (photo, avec son épouse Jane) a demandé de l’aide même au Vatican.
Celui-ci est tout de suite venu à son secours.
La demande d’aide, implicite, se trouve dans un texte publié par Williams le
27 juillet sur son site web, sous le titre "Communion, covenant et notre
avenir anglican".
L’aide du Vatican s’est manifestée par un article de "L'Osservatore
Romano" du lendemain et une déclaration du conseil pontifical pour
l'unité des chrétiens du 29 juillet.
S’adressant aux 77 millions d’anglicans du monde, Williams a pris acte du
fait que le danger de schisme est réel parmi eux, surtout après les
résolutions approuvées à la mi-juillet par les anglicans des Etats-Unis,
appelés épiscopaliens. Mais il les a exhortés à tout faire pour rester unis.
Pour les persuader, il a aussi évoqué le désastre qui en résulterait pour
l'œcuménisme, c’est-à-dire pour la démarche d'union avec les autres Eglises
et communautés chrétiennes, et en premier lieu avec l’Eglise catholique.
Williams a souligné que les résolutions approuvées par les anglicans
d'Amérique à Anaheim, en Californie, sont en effet en contradiction profonde
avec la doctrine et la pratique des catholiques et des orthodoxes, ainsi
qu’avec l’opinion de beaucoup d’anglicans.
Elles concernent l'homosexualité. Une première résolution a établi que tous
les baptisés peuvent accéder au sacerdoce et à l'épiscopat, y compris donc
les hommes et les femmes qui entretiennent des relations avec des personnes
du même sexe.
Une seconde résolution a décidé que les mariages d’homosexuels seraient
bénis dans le cadre d’une liturgie spéciale.
Williams a objecté que le mariage d’homosexuels n’a aucun fondement dans la
Sainte Ecriture. Et que la communion anglicane doit s’en tenir uniquement à
celle-ci, sans suivre des règles sociales changeantes qui, par exemple,
permettent dans six états américains de marier des couples homosexuels. Et,
à plus forte raison, sans admettre au sacerdoce et à l'épiscopat des hommes
et des femmes qui vivent avec des personnes du même sexe.
Pour éviter ce schisme et d’autres possibles, Williams a proposé aux 44
provinces qui composent la communion anglicane de signer un "Covenant",
un accord sur l'orthodoxie biblique. Les chemins de ceux qui signeront et de
ceux qui ne signeront pas se sépareront, mais pas tout à fait. D’une part il
y aura ceux qui s’en tiendront à la tradition biblique, partageront une
vision commune de la doctrine et de la pratique anglicane, se sentiront
membres d’une fraternité plus large avec les autres Eglises et communautés
chrétiennes. D’autre part il y aura ceux qui donneront la priorité aux
décisions de leur propre communauté et concevront la communion anglicane
comme une libre fédération de corps indépendants, s’appuyant simplement sur
une histoire culturelle commune.
De toute façon les fidèles pourront signer individuellement le "Covenant"
au cas où leur province ne le ferait pas. Et en tout cas – a souligné
Williams – seuls les signataires de l’accord prendront part aux rencontres
œcuméniques en qualité de représentants de la communion anglicane, pour que
les autres Eglises et communautés chrétiennes sachent toujours qui sont et
ce que pensent ceux avec qui elles seront amenés à dialoguer.
***
Quelques heures après la diffusion du texte de l'archevêque de Canterbury, "L'Osservatore
Romano" en donnait une vaste synthèse, sous le titre : "Deux manières
différentes d’être anglican". Le compte-rendu était clairement solidaire
de l’effort de Williams pour endiguer l’éclatement de la communion
anglicane.
Encore plus explicite dans son soutien à Williams, la déclaration publiée le
29 juillet par le conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, présidé par
le cardinal Walter Kasper, s’achevait ainsi :
"Notre prière est que la communion anglicane puisse, même dans cette
situation difficile, trouver un moyen de maintenir son unité et son
témoignage du Christ en tant que communion mondiale".
Williams jouit de beaucoup d’estime et de sympathie chez les catholiques.
Quand, en 2002, il a été nommé archevêque de Canterbury et primat des
anglicans, il s’est retiré pendant deux semaines en Italie au monastère
catholique de Bose, fondé et dirigé par son ami Enzo Bianchi, avant de
prendre possession de sa charge.
C’est un fait que, depuis des années, la communion anglicane est soumise à
de continuelles poussées divergentes.
L'ordination des femmes, qui a débuté en 1994, est l’une de ces causes de
division. Elle a amené beaucoup d’anglicans à passer à l’Eglise catholique
ou à d’autres Eglises chrétiennes.
Afin de retenir les dissidents, une étrange solution a été imaginée, il y a
quelques mois, pour la messe dominicale de 10 heures 30 à la cathédrale
anglicane de Blackburn, dans le Lancashire, où officient des chanoines des
deux sexes.
Au moment de la communion, deux files se forment : d’un côté ceux qui
acceptent l'hostie consacrée par la révérende Sue Penfold, de l’autre ceux
qui ne l’acceptent que si elle a été consacrée par le révérend Andrew
Hindley.
La réflexion de
l'archevêque de Canterbury, Rowan Williams, sur les divisions entre
anglicans, mise en ligne le 27 juillet 2009 sur son site web
►
Communion, Covenant and Our Anglican Future
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.08.2009 -
T/International |