Élargissons l'homélie de Benoît XVI
sur la puissance victorieuse du Christ |
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Rome, le 21 mars 2008 -
(E.S.M.)
- En ce Vendredi Saint, nous vous proposons une méditation sur
la charité, victorieuse de la séparation. C'est ce à quoi nous a
invités le Saint-Père lors de l'homélie de la Cène du Seigneur : se laisser toujours nous laver de cette eau
pure, nous permettre d'accéder à la communion conviviale avec Dieu et
avec les frères". "Jésus nous rend ainsi purs à travers sa Parole et son
Amour - nous dit Benoît XVI - à travers le don lui-même".
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Giotto di Bondone
(Italie, 1267-1337) Le Lavement des Pieds -
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Élargissons l'homélie de Benoît XVI sur la puissance victorieuse du Christ
Hier le pape Benoît XVI a célébré la sainte messe de "la Cène du Seigneur"
et a accompli le rite du lavement des pieds, un geste concret vraiment ce
que le grand hymne christologique de la Lettre aux Philippiens décrit comme
le contenu du mystère du Christ. Jésus dépose les vêtements de sa gloire, il
se ceint avec le « vêtement » de l'humanité et il se fait esclave. Le pape
nous explique que Jésus lave "les pieds sales des disciples et les rend
ainsi capables d'accéder au banquet divin auquel Il les invite".
En ce Vendredi Saint, nous vous proposons une méditation sur la charité,
victorieuse de la séparation. C'est ce à quoi nous a invités le Saint-Père
lors de l'homélie de la Cène du Seigneur : se laisser toujours nous laver de
cette eau pure, nous permettre d'accéder à la communion conviviale avec Dieu
et avec les frères". "Jésus nous rend ainsi purs à travers sa Parole et son
Amour - nous dit Benoît XVI - à travers le don lui-même".
Le Sacrifice
(Méditations à partir de notes de cours
personnels)
Le lavement des pieds
En prenant place au banquet de la dernière Pâque, les apôtres étaient
troublés. Des pressentiments
les agitaient. Comment en aurait-il été
autrement, puisque le Maître, loin de les rassurer, avait fait, dans les
jours qui précédaient cette Pâque, de nombreuses et transparentes allusions
à son départ et à sa mort prochaine.
Par ailleurs les grands prêtres et les pharisiens avaient donné cet ordre :
Si quelqu'un savait où était le Christ, il devait le faire savoir, afin
qu'on l'arrêtât (Jn 11.57).
Aucun apôtre ne pouvait donc ignorer qu'on en voulait à la vie du Maître.
Aussi l'atmosphère dans laquelle s'ouvre ce dernier repas est-elle lourde,
angoissante, et Jésus ne fait rien pour la dissiper.
Un événement imprévu n'allait pas tarder à souligner le caractère
particulier de cette Pâque. Alors que le souper venait de commencer
(13.2) :
Jésus se lève de table, quitte son manteau, et prenant un linge, il s'en
ceignit. Puis il versa de l'eau dans un bassin et il se mit à laver les pieds
des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint
(13-4,5)
Cet épisode, narré dans le seul évangile johannique, dépasse la notion de
service, ou du moins lui donne une tonalité particulière qui en fait un
véritable « sacrifice », au sens de « sacrum facere ».
Sur le moment, les apôtres y virent sans doute un geste apparenté aux
purifications rituelles, et Pierre s'empresse : « Pas les pieds seulement
mais aussi les mains et la tête (13-9) ».
Mais le Christ de répondre :
Celui qui a pris un bain n'a pas besoin de se laver ; il est entièrement
pur. Vous aussi vous êtes purs, pas tous cependant
(13.10).
« Vous êtes purs (13.10)... »
C'est donc un service gratuit et en quelque sorte
inutile que le Christ rend à ses disciples ; et c'est en cela précisément
qu'il est exemplaire.
Certes, l'usage qui veut qu'en Palestine le maître de maison procure ce
service à ses hôtes après les fatigues du voyage, est familier aux apôtres.
Ils savent ce qu'il faut y voir : la déférence, l'estime, témoignées par un
accueil plein de courtoisie. Il n'est donc pas indifférent que parmi tant
d'autres usages, le Christ ait choisi celui-là comme exemple de ce qu'il
voulait que fussent désormais les mœurs de ses disciples, leur façon d'être
les uns envers les autres.
Mais il ne s'agit pas ici d'un service rendu à quelqu'un dans le besoin,
d'un acte de compassion que la nécessité commande. Acte gratuit, libre,
spontané, il implique, certes, toutes les formes d'assistance, mais se situe
au-delà de l'affabilité, tout en excluant la condescendance et la servilité.
Il comporte toutes les nuances du respect et de la sollicitude. Bref, ce
geste du Christ est beaucoup moins un acte de « dévouement », au sens où
l'on entend souvent le service, qu'un acte de « dévotion », et donc, au sens
profond du mot, un « sacrifice ».
Dans ce geste, le Christ s'offre à ses apôtres, il leur offre sa propre
personne ; il leur en fait l'oblation sous la forme d'un service.
Apparemment ce geste l'humilie ; en réalité il le grandit, et il grandit
aussi ses apôtres.
Il le grandit, non point parce qu'en l'accomplissant il revendique le titre
de « Maître et Seigneur (13-4,5) », mais
bien parce qu'il transforme l'humiliation apparente en humilité. Il
grandit aussi les apôtres, car il leur révèle ce que le Maître voit en eux :
des amis qu'il honore.
Or, la dignité qu'il voit en eux et que son geste souligne, il va la leur
conférer. Après les avoir choisis, il va faire d'eux
ses amis (15.15), et ceux que leur foi
en lui a fait « enfants de Dieu (1.12) »
il va les nourrir de sa chair et les racheter de son sang. Le royaume qu'il
va leur ouvrir et qui est son propre royaume, il les y introduit à cette
heure, comme celui qui accueille l'hôte étranger en sa propre maison et met
à sa disposition tous ses biens (15.7; 16.15,23).
Il les introduit dans son repos, dans son champ, à son propre banquet. Voici
ceux que Son Père lui a donnés pour être son corps, et c'est comme tels
qu'il les honore.
Tous les gestes du Christ sont vrais. Plus encore : tous, sont des actes
créateurs. Celui qu'il accomplit ici, à l'entrée de sa Passion, est
définitif et il le sait. Ce que fera Judas dans quelques instants n'en sera
que plus terrible (13-18).
Ainsi au-delà de ces gestes du Christ, si exemplaires qu'ils soient, mais
encore extérieurs, il y a ce qu'il fait pour ses disciples, l'hommage qu'il
leur rend. Ce qu'il dépose à leurs pieds c'est toute la ferveur, toute la
disponibilité, tout l'amour qu'il va mettre en œuvre pour eux.
Gravement, joyeusement, il s'incline devant eux,
reconnaissant en eux ceux pour lesquels il a été envoyé, ceux qu'il va
rendre dignes d'être aimés par son Père. Il ne joue pas le rôle de
serviteur, il l'est véritablement, avec toute la dévotion, la ferveur, la
piété de celui qui offre à Dieu un sacrifice.
Devant cette scène, comment ne pas évoquer celle que Jean a rappelée
quelques lignes plus haut (12.3) : Marie
versant du parfum sur les pieds de Jésus et les essuyant de ses cheveux.
Ce qu'une pauvre femme a accompli dans la tendresse de son cœur, cet hommage
délicat et fervent rendu au Maître, celui-ci à son tour l'accomplit envers
ses disciples. Et il ne répugne pas à poser les mêmes gestes envers celui
qui le trahira et celui qui le reniera, effaçant comme par avance leurs
souillures, pour ne voir en eux que la dignité à laquelle le Père les
appelle. Aucun des gestes du Christ qui ne soit miséricordieux et
rédempteur, et aussi, gratuit, comme l'est par définition même la
miséricorde, car elle vient de l'amour et ne s'adresse qu'à lui.
Ce qu'a d'unique ce geste d'humilité du Christ et le sacrifice de lui-même
qu'il manifeste, c'est de nous offrir la vision d'êtres rachetés par avance,
et dignes d'être honorés. Ce qu'à jamais il a d'exemplaire pour les
disciples, c'est cette attitude de déférence due à quelqu'un dont le nom
véritable est écrit dans les cieux ; de disponibilité totale à l'égard de sa
chair, de miséricorde enfin : « Heureux serez-vous, si vous le faites
(13.16) ». Oui, car toutes les béatitudes sont
encloses dans la miséricorde qui s'accomplit sous les mille formes que
l'amour lui inspire :
Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns
aux autres. L'esclave n'est pas plus grand que son Maître
(13.14.16).
Non seulement tous les gestes d'humilité et de dévouement, mais encore tous
les « sacrifices » jusque là impossibles, deviennent possibles,
s'il s'agit désormais de découvrir en nos frères la
divine ressemblance, de rejoindre en eux l'amour avec lequel le Christ les a
regardés, et de les honorer comme il les a lui-même honorés. Le
sacrifice revêt alors un caractère d'acte souverainement gratuit et devient
par là, entre les mains de l'amour, un instrument de choix pour le
manifester.
*
S'étant remis à table, et ayant tiré du geste qu'il vient d'accomplir
l'enseignement qu'il comportait, Jésus laisse paraître dans la déclaration
qu'il fait à ses disciples, son trouble intérieur : « En vérité, en
vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira
(13.21) ».
Ces paroles bouleversent les apôtres qui « se regardent les uns les
autres, ne sachant de qui il parlait (13.22)
». Faisant signe à Jean placé à table : « tout contre Jésus
(13-23) », Pierre lui dit :
« Demande de qui il parle. » Celui-ci se penchant alors vers la poitrine
de Jésus, lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? — C'est celui à qui je donnerai
la bouchée que je vais tremper » — Et trempant la bouchée, il la prend et la
donne à Judas (13.26)...
Aussitôt la bouchée prise, Judas sortit. Il
faisait nuit (13.30).
Le dernier acte du drame commence, et Jésus n'ignore pas qu'à chaque instant
qui passe, la mort, inexorablement, avance sur cette route où, avec Judas,
elle vient à sa rencontre.
Et pourtant, comme la réaction du Christ est différente de celle que nous
aurions attendue :
Maintenant le Fils de L'Homme a été glorifié et Dieu a été glorifié en
lui.
Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et il
le glorifiera bientôt (13.31,32).
Libéré par le départ du traître, n'ayant plus autour de lui, en dépit de
leur faiblesse, que des cœurs aimants, Jésus va pouvoir placer le mystère de
son sacrifice et de sa mort dans sa vraie lumière, en éclairer la portée et
la signification dernières.
La charité, victorieuse de la séparation
Que ce sacrifice et cette mort entraînent une séparation douloureuse à leur
cœur comme au sien, il ne le leur cache pas. Ils le chercheront ; et « là
où il va, ils ne pourront pas venir (13.33)
». Cependant, il leur indique aussitôt un moyen, non de tromper leur
chagrin, mais bien au contraire de le vivre de manière féconde :
Là où je vais, vous ne pouvez venir... Aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés
(13.34).
C'est-à-dire : Vous souhaitez ardemment que la mort ne nous sépare pas ;
alors, gardez-moi présent au milieu de vous par ce qui est véritablement
encore ma présence, et ma présence totale ; par ce qui me donne à vous et
vous donne à moi : mon amour, qui lui, demeure avec vous et en vous. Bien
mieux : « cet amour » que « vous aurez les uns pour les autres
(13.35) » réalisera au milieu de vous ma
présence, et il en témoignera, aux yeux de ceux-là mêmes qui ne me
connaissent pas.
La mort du Christ n'est pas une absence. Parce qu'elle est un sacrifice
d'amour elle permet sa présence spirituelle indéfiniment multipliée, et une
proximité qui grandit selon la fidélité et la profondeur avec lesquelles
chacun aime ses frères, de l'amour même dont le Christ l'a aimé.
La mort du Christ ne doit donc pas troubler les apôtres
(14.1), et pas davantage la séparation sensible qui en résulte ;
appuyés sur leur foi en lui, ils vont découvrir les
aspects positifs de cette mort.
Non seulement en effet l'exercice de l'amour fait demeurer le Christ parmi
eux, mais encore son départ lui permet de préparer efficacement la réunion
définitive :
Je vais vous préparer une place, et quand je serai allé vous préparer une
place je reviendrai vous prendre avec moi, afin que là où je suis, vous
soyez vous aussi (14.3).
Le Christ leur laisse ainsi entendre que le lieu de la
vie n'est pas là où ils se trouvent, mais là où lui se rend ; de
telle sorte qu'en changeant de camp, la mort change aussi de signe.
La puissance victorieuse du Christ transforme la mort
en vie.
Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra (11.25).
Qui vit et croit en moi ne mourra jamais (11.26).
Celui qui croit en moi a la vie éternelle (13.16).
Pour le Christ, la mort signifie avant tout le retour à la maison du Père,
cette maison où « il y a beaucoup de demeures
(14.2) » et où il va préparer une place aux siens.
Bientôt, il dira à ses apôtres que s'il ne s'en allait pas, le Saint-Esprit
ne pourrait leur être envoyé (16.7).Tout de
même ici il leur laisse entendre que sans cette mort à laquelle il va
s'offrir, il n'y aurait pas de place pour eux chez son Père.
La mort du Christ est généralement considérée sous son aspect de sacrifice
expiatoire ; mais ici, le Christ place les siens devant le fruit positif de
cette mort, qui lui permet non seulement de rouvrir un ciel que nos péchés
nous avaient fermé, mais encore, dans un geste où apparaît toute la
sollicitude de son amour, de nous y « préparer
une place (14.2) ».
Qui dira ce que le Christ met sous ce mot, et ce qu'il
fait effectivement entrer d'attentions et d'amour dans ce geste ? C'est
seulement lorsque nous occuperons cette place pour l'éternité, que nous
saurons combien grande est la tendresse du Christ pour ceux qu'il aime.
Cependant, non content d'avoir substitué à la douloureuse perspective de son
départ et de sa mort celle, combien plus réconfortante, de la demeure qu'il
leur prépare, Jésus y ajoute encore l'assurance d'un prochain retour.
Quand je serai allé vous préparer une place je reviendrai vous prendre
avec moi (14.3)...
S'il les prive de sa présence sensible et transitoire, c'est pour leur
donner de partager sa présence spirituelle et définitive
(En effet il ne s'agit pas ici comme en (16.16) de la présence transitoire
du Ressuscité mais bien de la présence définitive, dont jouiront les élus à
la Parousie, et au second avènement du Christ que l'auteur de l'Apocalypse
appelle de ses vœux « Venez, Seigneur Jésus », avènement sur lequel s'appuie
toute l'attente de l'Église (1 Co 4.5, cf. aussi : 1 Co 11.26; 1 Co 16.22).
.
Ce n'est pas tout. Cette mort du Christ leur donnera également de « faire
des œuvres plus grandes » que celles qu'il a lui-même accomplies :
Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres
que je fais. Il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père
(14.12).
Départ du Christ et don de l'Esprit
En plaçant les apôtres sur le plan de la foi, la mort du Christ leur
permettra aussi de posséder le Maître d'une manière
spirituelle, c'est-à-dire tout ensemble intérieure, immédiate, constante et
vivifiante.
Sous peu, le monde ne me verra plus ;
mais vous, vous me verrez, parce que je vis et vous vivrez.
Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père,
et vous en moi et moi en vous (14.19-20).
Elle leur donnera enfin de connaître la personne du Christ, non plus comme
ils en jouissaient lors de sa vie mortelle, mais en découvrant en elle le
Fils de Dieu. Si la grâce de la présence du Christ est sans limite, que dire
de celle qui découle de la venue en nous de la Trinité
tout entière :
Si quelqu'un m'aime il gardera ma Parole,
et mon Père l'aimera,
et nous viendrons à lui
et nous ferons chez lui notre demeure (14.23).
Or cette promesse est suspendue, elle aussi, au départ et à la mort du
Christ. Et c'est également le cas pour l'envoi de l'Esprit :
Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à
vous, mais si je pars, je vous l'enverrai
(16.7).
Aussi les apôtres doivent-ils « cesser de se troubler
(14.1) » et de craindre et comprendre « qu'il
vaut mieux pour eux que le Maître parte 14.28
». Et si même ils l'aimaient vraiment :
ils se réjouiraient de ce qu'il va au Père (II faut
que le monde sache que j'aime le Père et que j'agis comme le Père me l'a
ordonné (14.30).
Leur avantage spirituel aussi bien que leur amour pour lui devraient donc
leur faire saisir combien ce départ est nécessaire.
Cependant, l'assurance donnée par le Christ aux siens que son départ leur
sera profitable et spirituellement fécond, ne les place pas encore en face
de la raison dernière de sa mort. Car enfin, ces grâces, ces bienfaits
surnaturels, d'une valeur certes inappréciable, sont-ils donc nécessairement
liés à sa mort ? La toute-puissance divine ne peut-elle se communiquer aux
hommes que par ce chemin ? Rien, dans les textes évangéliques, ne peut
contraindre à le penser.
Certes, la nécessité pour l'Agneau de Dieu de porter et « d'ôter les
péchés du monde » au moyen d'une expiation proportionnée à la gravité de
nos fautes innombrables, rend déjà mieux compte de la mort du Christ.
Pourtant, même alors, il est de fait que cette mort n'était exigée en aucune
manière. Ce que l'Église nous fait chanter : « Cujus una stilla salvum
facere, totum mundum quit ab omni scelere » est rigoureusement exact au
plan théologique, et le moindre acte du Christ, en raison de la dignité que
l'union hypostatique lui confère, eût suffi, et au-delà, à laver le monde
entier de toute souillure, et à lui assurer le salut.
Ainsi, ni les bienfaits que sa mort nous apporte, ni même les exigences de
la justice divine ne sauraient en faire une nécessité. Il faut à cette mort
une raison d'un autre ordre. Le Christ nous l'a fait connaître, et Jean nous
l'a transmise. Indiquée d'un mot, au terme de cette première partie du
discours après la Cène « II faut que le monde sache que
j'aime le Père et que j'agis comme le Père me l'a ordonné » (14.30),
elle est reprise et explicitée dans la deuxième : « Il n'est pas de plus
grand amour que de donner sa vie Cf. 15.13
» et Jean y revient dans la première épître « A cela nous
avons connu l'amour, celui-là a donné sa vie pour nous » (1 Jn 3.16). « En
ceci consiste son amour, ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est
lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation
pour nos péchés » (1 Jn 4.10), preuve manifeste qu'il en perçoit
l'importance capitale. Elle ne fait d'ailleurs que reprendre et accomplir
l'idée indiquée dès le début de l'enseignement du Christ : « Oui, Dieu a
tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique
(3.16) ».
Nous devons nous laver les pieds, nous rappelle Benoît XVI dans son homélie,
"les uns les autres dans un service quotidien réciproque de l'Amour. Mais
nous devons nous laver les pieds même dans le sens que nous nous pardonnons
toujours les uns les autres. Le Jeudi Saint est un jour de gratitude et de
joie pour le grand don de l'Amour jusqu'à la fin, que le Seigneur nous a
fait. "
La mort par amour
« Loin d'être causée par le péché, sa mort est causée par son amour, à
l'occasion de nos péchés, ce qui n'est pas la même chose
(P. PHILIPPE DE LA TRINITÉ, dans Amour et violence). »
La véritable raison de la mort du Christ, la seule qui en fasse une
exigence, c'est l'amour. C'est parce qu'« il n'y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime
(15.13» que le Christ a voulu mourir pour nous, et
c'est parce que Dieu a aimé le monde, qu'il a donné son Fils. Cette réalité
est à ce point centrale et notre vie religieuse et spirituelle en dépend si
essentiellement, qu'il est nécessaire d'examiner très attentivement ce que
Saint Thomas exprime en ces termes : « Le Christ a accepté de mourir par
amour, et la Passion est un sacrifice, en raison de l'amour de celui qui la
souffre (Cf S. Th. 3,5-.1,4) ».
Sans doute, cette affirmation « qu'il n'y a pas de plus grand amour...
» est claire ; et cependant, pour en déterminer la portée spirituelle, il
convient d'abord de la replacer dans son contexte.
Le Christ vient de demander à ses apôtres de garder ses commandements, ce
qui leur permettra de demeurer dans son amour. Puis il ajoute aussitôt «
Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai
aimés. Il n'y a pas de plus grand amour (15.12,13)..
» Et il précise : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous
commande (15.14) ». Or, ce qu'il leur
commande, c'est de : « s'aimer les uns les autres
(13.34) ».
L'amour est donc le commandement suprême, mais ce commandement connaît à son
tour une manière suprême d'être pratiqué ; c'est « de donner sa vie pour
ses amis » (15.13).
Au sommet des commandements, l'amour. Au sommet de l'amour : la mort par
amour. Tel est le fait placé devant nos yeux et qui parle de lui-même, car
l'homme n'a jamais mis en doute que donner sa vie ne soit le signe et la
preuve « du plus grand amour (15.13) ».
Cependant, si nous comprenons cela, nous ne saisissons pas aussi bien que
l'amour justifie la mort, ni comment il la justifie. Nous gardons en effet
dans l'esprit cette interdiction de Dieu d'immoler des victimes humaines.
Nous souvenant qu'il arrêta le bras d'Abraham prêt à sacrifier son fils,
nous ne voyons pas pourquoi ce qui avait été interdit à une époque où les
mœurs rendaient un tel geste moins surprenant, devient par la suite le moyen
que Dieu choisit et utilise, puisqu'il livre son propre Fils à la mort et à
la mort de la croix.
Or, il est de fait que cette mort occupe le centre du mystère de la
Rédemption, et que le sang tient chez saint Jean, l'évangéliste de l'agneau
de Dieu et du Cœur transpercé, une place de premier plan.
Comment Jean peut-il être à la fois l'évangéliste du Dieu amour et celui du
Fils de Dieu livré par son Père à une mort sanglante ?
Si l'on considère l'amour et la mort avec des yeux humains, il n'y a pas de
réponse à ce problème. Si, au contraire, on admet, au point de départ, que
Dieu entrant dans une réalité la modifie, la transforme, et véritablement la
transsubstantie, on peut alors en donner une.
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Benoît XVI nous demande de nous laisser
interpeler par le sacrifice du Christ
Synthèse de l'homélie
du Saint-Père ►
Le pape Benoît XVI répète le rite du lavement des pieds
Texte original de
l'homélie du Saint Père
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Sources : Extraits de cours personnels sur l'Évangile de Jean
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.03.08 -
Méditations |