Benoît XVI souhaite une collaboration entre biblistes, théologiens et pasteurs |
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Le 20 octobre 2008 -
(E.S.M.)
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Le synode salue le travail des biblistes. Avec Benoît XVI, qui a participé à
notre travail sur ce point, il souhaite une collaboration de plus en plus
approfondie entre biblistes, théologiens et pasteurs, pour davantage
partager avec tout le peuple chrétien le pain de la Parole, et le proposer à
ceux qui ne partagent pas notre foi.
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Mgr Deniau, évêque de
Nevers
Benoît XVI souhaite une collaboration plus approfondie entre biblistes,
théologiens et pasteurs
Une deuxième semaine de Synode sur la Parole de Dieu - Mgr. Francis Deniau,
évêque pour la Nièvre, en direct de Rome,
Le 20 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- En une dizaine de jours, nous avons écouté 180 pères synodaux et une
trentaine de délégués fraternels d’autres Églises ou d’auditeurs et
auditrices (une bonne quinzaine de voix féminines qui renouvelaient
heureusement notre attention et notre écoute).
J’ai déjà noté les témoignages forts d’Églises qui vivent des situations
très difficiles comme en Irak ou en Inde ; mais il y a aussi les autres pays
qui connaissent la guerre civile et toutes ses conséquences, au Congo, au
Soudan, au Tchad, dans d’autre pays encore qui ne sont pas encore sortis des
séquelles de la guerre. Il y a eu aussi tous les témoignages des pays
d’Europe de l’Est sous la domination soviétique, avec les chrétiens qui ont
osé malgré tout lire et vivre la Parole de Dieu.
Deux journées et demie de travail en 12 groupes linguistiques nous ont
permis de tirer de tout cela quelques brouillons de « propositions », qui
vont être synthétisées par nos rapporteurs aidés de quelques-uns des
experts. Pendant ce temps, le reste de l’assemblée va se reposer un peu, ce
qui est bien agréable…
Nous laisser vraiment toucher par la Parole
Comment permettre à la Parole de Dieu de nous atteindre vraiment ? ainsi
dans la célébration de l’Eucharistie où elle trouve toute sa force, du même
ordre que le partage du corps et du sang du Seigneur. On a souligné cette
dimension sacramentelle de la Parole : « C’est le Christ qui nous parle
tandis qu’on lit dans l’église les saintes Écritures » nous le rappelait le
document du
Concile sur la Liturgie, ( Sacrosanctum
Concilium, n°7). Mais nous y
sommes souvent moins sensibles qu’à la communion eucharistique, alors que
c’est au fond du même ordre.
Cela nécessite une mise en valeur de la Parole dans nos liturgies, dans la
formation des lecteurs, dans l’attention priante et spirituelle, pas
seulement intellectuelle, dans la fonction de l’homélie.
C’est retrouver toute la force du chapitre 6 de l’évangile de Jean, dans
lequel le pain de la vie est d’abord la parole de Jésus, puis sa chair
donnée pour nous. On ne peut dissocier cette double nourriture, où le Christ
se livre à nous avec tout son être.
En écoutant et en participant, je me dis que nous n’avons pas encore tiré
toutes les conséquences du texte de Vatican II sur la Révélation (Dei
Verbum), ni de
celui sur la liturgie. Nous aurons encore beaucoup à faire et à vivre. Et ce
synode vient au bon moment pour nous relancer dans notre écoute de la Parole
et dans le lien entre Parole et sacrement…
L’un et l’autre aboutissant à la vie dans la charité. Il s’agit de mettre en
pratique et non seulement d’écouter. Le peuple d’Israël l’avait bien compris
en répondant aux commandements présentés par Moïse : « Nous ferons et
nous entendrons » (Exode 24,7) ; et les
Juifs d’aujourd’hui nous rappellent qu’on ne peut vraiment entendre ni
comprendre si on ne fait pas… Jésus nous le rappelle souvent : écouter sans
mettre en pratique, ce n’est pas être ses disciples
(Matthieu 7, etc.). Et mettre en pratique, c’est inventer les
dimensions patientes de l’amour dans la vie quotidienne.
Allier étude historique, scientifique - et lecture
théologique
Un autre point important concerne le travail des spécialistes de la Bible.
Parce que l’Écriture sainte est tout entière à la fois paroles humaines et
Parole de Dieu, nous avons besoin d’analyser les paroles humaines avec
toutes les ressources de l’étude historique et de l’analyse littéraire,
comme pour n’importe quel texte humain. Cette étude nous aide à remettre le
texte dans son contexte, à mieux comprendre ce que les auteurs voulaient
dire. Elle nous évite de tomber dans le piège du « fondamentalisme »
qui prend le texte au pied de la lettre, avec le risque de lui faire dire
tout autre chose que ce que l’auteur voulait dire. Cette lecture
fondamentaliste est souvent celle de sectes qui dénaturent les textes. Elle
représente un obstacle pour beaucoup de nos contemporains, qui imaginent que
c’est cela le sens du texte - qu’ils ne peuvent alors que refuser.
Mais il y a l’obstacle inverse, celui du « positivisme » qui refuse toute
ouverture à Dieu et toute présence de Dieu à notre histoire humaine. On l’a
vu dans certaines émissions sur Arte, ou certaines publications récentes sur
des évangiles apocryphes, ni les unes ni les autres n’étant d’ailleurs
rigoureuses sur le plan même de l’histoire scientifique. Cela aussi efface
la portée du texte biblique, qui prétend bien témoigner d’un Dieu qui se
révèle à travers événements et paroles. Le texte du Concile sur la
Révélation (Dei
Verbum) invite à relier analyse critique et ouverture
théologique. Et c’est bien notre simple expérience de croyants : Nous
recevons la Parole de Dieu dans des textes et des paroles qui sont bien
humains, et qui nous invitent à une rencontre avec le Christ et par lui avec
son Père et notre Père.
Le synode salue le travail des biblistes. Avec Benoît XVI, qui a participé à
notre travail sur ce point, il souhaite une collaboration de plus en plus
approfondie entre biblistes, théologiens et pasteurs, pour davantage
partager avec tout le peuple chrétien le pain de la Parole, et le proposer à
ceux qui ne partagent pas notre foi.
La parole du patriarche de Constantinople
Samedi 18, la
célébration de l’Office du soir, à la chapelle Sixtine, avec
le patriarche de Constantinople, Bartholomée, nous rassemblait dans
l’espérance de l’unité entre Églises orthodoxes et catholique. Le patriarche
a été sensible à l’invitation de Benoît XVI à venir prier et à nous adresser
la parole, dans le cadre d’un synode.
« Il est bien connu que l’Église orthodoxe attache une importance
ecclésiologique fondamentale au système synodal. Avec la primauté, la
synodalité constitue le pilier du gouvernement de l’Église et de son
organisation. Ainsi que l’a indiqué la Commission internationale conjointe
pour le Dialogue théologique existant entre nos deux Églises dans son
Document de
Ravenne, l’interdépendance entre synodalité et primauté traverse tous
les niveaux de la vie de l’Église : local, régional et universel. Dès lors,
en ayant le privilège de nous adresser à votre Synode, nos espoirs
augmentent de voir un jour nos deux Églises converger pleinement sur le rôle
de la primauté et de la synodalité dans la vie de l’Église… »
Ce fut un temps très fort. Le patriarche nous a aussi présenté une réflexion
sur la Parole de Dieu telle qu’elle est reçue et méditée dans les Églises
d’Orient, avec l’aide non pas seulement de l’intelligence,mais des cinq sens
spirituels. « Écouter la Parole de Dieu, contempler la Parole de Dieu et
toucher la Parole de Dieu sont autant de manières spirituelles de percevoir
l’unique mystère divin. Se basant sur le livre des Proverbes
(2,5) à propos de “tu trouveras la connaissance de
Dieu”, Origène d’Alexandrie s’exclame : Ce sens se révèle comme la vue pour
la contemplation des formes immatérielles, l’écoute pour le discernement des
voix, le goût pour savourer le pain vivant, l’odorat pour sentir de doux
parfums spirituels, et le toucher pour manier la Parole de Dieu qui est
comprise par toutes les facultés de l’âme. »
Il nous a appelés à recevoir la Parole, par l’écoute à travers le texte
écrit et la parole prononcée, par la vue à travers la création et les
icônes, par le toucher à travers les sacrements de l’Église et la présence
des saints. C’était aussi un appel à notre responsabilité, envers la
création, envers les autres hommes dans la solidarité et la mission, en nous
laissant habiter par la présence et la compassion chaleureuse qui
caractérisent les saints.
Francis Deniau, 19 octobre 2008
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Sources : catho58
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.10.2008 -
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