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Benoît XVI a réaffirmé son respect profond pour les Musulmans
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ROME, MERCREDI 20 septembre 2006. (E.S.M.)
J'espère donc, a dit Benoît XVI, qu'après les réactions des premiers
jours, mes paroles, mes expressions prononcées à l'Université,
constituent donc une poussée et un encouragement vers un dialogue
positif même d'autocritique aussi bien parmi les religions que dans
la raison moderne et la foi des chrétiens.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI a
réaffirmé son respect profond pour les Musulmans
Avant l'audience a été lu un passage de l'Evangile selon saint Jean: Jean (3
:16-17)
"Car Dieu a tant aimé le monde
qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde
pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le
monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui".
Le pape Benoît rappelle au début de son intervention
qu'il a été confirmé, comme successeur de l'apôtre Pierre ainsi que les
liens étroits qui unissent le Siège de Rome avec l'Eglise en Allemagne. Le
voyage n'a pas été un simple retour vers le passé mais une occasion pour
regarder aussi avec espoir, l'avenir. "Celui qui croît n'est jamais seul."
J'ai voulu commencer mon séjour bavarois avec un hommage à la Patronne
de la Bavière qui a pour moi une valeur significative. Il y a trente ans,
j'étais accueilli en tant qu'Archevêque et j'ai commencé ma mission
épiscopale avec un prière à Marie. Cette fois-ci j'ai voulu m'arrêter encore
une fois pour implorer l'intercession et la bénédiction de la Mère de Dieu,
non seulement pour la ville de Munich et la Bavière mais pour toute l'Eglise
et pour le monde entier.
Texte
intégral du discours de Benoît XVI:
audience du 20 septembre 2006
Quelques moments du voyage apostolique du Saint-Père.
En plus de son discours à l'Université de Ratisbonne dont on entend beaucoup
parler depuis quelques jours, le pape Benoît XVI s'est adressé à plusieurs
centaines de millier de fidèles dans des cadres très différents, qu'il
s'agisse des trois grands messes qu'il a célébrées à Munich, à Ratisbonne et
au sanctuaire marial d'Altötting ou qu'il s'agisse des autres rencontres qui
ont été organisées, telles les célébrations des vêpres en particulier avec
les jeunes enfants de la première communion, avec les représentants des
autres Eglises chrétiennes, les Orthodoxes et les luthériens, avec les
prêtres, les diacres, les séminaristes, les religieux et les religieuses
qu'il a vu par deux fois à Munich et à Freising. Beaucoup de rencontres,
beaucoup de thèmes traités.
Le pape Benoît XVI a appelé les
éducateurs et les parents à remettre Dieu au centre de la vie scolaire et
familiale. Le Saint Père a beaucoup parlé en particulier aux futurs prêtres
et aux prêtres, les invitant là aussi à se ressourcer toujours auprès de
Dieu par l'Eucharistie quotidienne, la Liturgie des Heures, la méditation et
la lecture, l'adoration Eucharistique.
Et puis Benoît XVI s'est
adressé aux fidèles plus largement, on se souvient notamment de l'homélie de
son arrivée à Munich, le premier Dimanche de son voyage; Benoît XVI avait
loué la générosité de l'Eglise d'Allemagne dont on sait qu'elle est très
engagée à la fois en Allemagne même, pour l'organisation par exemple des
systèmes d'organisation de garde d'enfants, pour les hôpitaux, les oeuvres
caritatives. L'Eglise très engagée dans l'aide aux pays en voie de
développement et Benoît XVI avait souligné combien cette générosité est
admirable tout en mettant en garde cette Eglise d'Allemagne contre le danger
de faire passer l'action sociale avant l'Evangélisation, car l'une n'est
rien sans l'autre, avait explique le pape. Et puis alors, il y a les
discours, il y a aussi bien sûr un certain nombre d'images fortes qui nous
restent en mémoire On se souvient, par exemple, des yeux embués du
Saint-Père lors de son arrivée à la Marienplatz de Munich, qu'il avait
quitté en 1982 lorsque Jean-Paul II l'avait appelé à Rome. Son émotion
retrouvant la Vierge Noire d'Altötting qu'il fréquente depuis qu'il a sept
an et à qui il a donné son anneau cardinalice au cours de cette visite, la
semaine dernière. Et puis on se souvient de ces images très touchantes des
deux frères Ratzinger, le pape et son frère aîné Mgr Georg Ratzinger qui fut
longtemps le Maître de chapelle de la cathédrale de Ratisbonne. Image des
deux frères priant autour des fonds baptismaux de l'église de Markl Am Inn
où fut baptisé Joseph Ratzinger dans la nuit de la Vigile Pascale, juste
après sa naissance en 1927 et l'image des deux frères priant devant la tombe
de leurs parents et de leur soeur Maria au cimetière de Ziegetzdorf près de
Ratisbonne.
Beaucoup d'images, beaucoup de paroles de Benoît XVI
et puis finalement ce fameux discours à l'Université de Ratisbonne. Discours
dans lequel le pape met en garde contre les deux pathologies mortelles qui
guettent en particulier le monde contemporain, pathologie de la raison dont
souffre l'Occident, la raison lorsqu'elle veut s'émanciper totalement de
toute idée de Dieu, lorsqu'elle met Dieu à l'écart de la vie humaine et
qu'elle devient alors ce positivisme cynique qui effraye, a dit Benoît XVI,
l'Asie et l'Afrique, par exemple, et puis la maladie de la religion qui
lorsqu'elle veut s'émanciper totalement de la raison peut se faire fanatisme
et rendre impossible toute rencontre avec l'autre. Le pape de rappeler que
pour l'Eglise catholique foi et raison sont étroitement liées. Benoît XVI
qui rappelle aussi que ce continent Européen s'est bâti sur la rencontre de
l'Ecriture biblique et de la philosophie Grecque et qui soulignait dans ce
discours que la foi et la violence étaient incompatibles et qu'on ne
convertit pas par la violence, des propos qui ont été peut-être
excessivement réduits dans un certains nombre de transmissions par les
médias et qui ont donné lieu ces jours derniers à la polémique que l'on sait
au point que le pape Benoît XVI a, dimanche dernier lors de l'Angélus,
exprimé ses regrets que ses propos aient pu être mal compris.
Benoît XVI s'est longuement expliqué sur sa leçon à l'Université de
Ratisbonne et il conclut en rappelant que le thème de sa conférence était la
relation entre la foi et la raison. Je voulais inviter au dialogue de la foi
chrétienne avec le monde moderne et au dialogue de toutes les cultures et de
toutes les religions. J'espère que lors des différentes occasions de ma
visite, par exemple lorsqu'à Munich j'ai souligné combien il est important
de respecter ce qui pour les autres est sacré. J'espère, a continué le pape,
qu'il est apparu clairement mon respect profond pour les grandes religions
et tout particulièrement pour les Musulmans qui adorent l'Unique Dieu et
avec lesquels nous sommes engagés à défendre et promouvoir ensemble, pour
tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la
liberté.
J'espère donc qu'après les réactions des premiers
jours, mes paroles, mes expressions de l'Université constituent donc une
poussée et un encouragement en un dialogue positif même d'autocritique aussi
bien entre les religions qu'entre la raison moderne et la foi des chrétiens.
Extraits de l'allocution du Saint Père:
« Ce fut pour moi une expérience particulièrement belle, durant cette
journée (du 12 septembre), de prononcer une conférence devant un important
auditoire de professeurs et d’étudiants de l’université de Ratisbonne, où,
pendant de nombreuses années, j’ai enseigné comme professeur.
Avec
joie, j’ai pu encore une fois rencontrer le monde universitaire, qui, durant
une longue période de ma vie, a été ma patrie spirituelle. J’avais choisi
comme thème la question du rapport entre foi et raison. Pour introduire
l’auditoire dans la dramatisation et dans l’actualité de l’argument, j’ai
cité quelques mots d’un dialogue christiano-islamique du XIVe siècle, par
lesquels l’interlocuteur chrétien – l’empereur byzantin Manuel II Paléologue
– avec une brutalité pour nous incompréhensible, présentait à
l’interlocuteur musulman le problème du rapport entre religion et violence.
Cette citation malheureusement a été l’objet d’un malentendu. Pour
le lecteur attentif de mon texte, cependant, il résulte clairement que je ne
voulais en aucune manière faire miens les mots négatifs prononcés par
l’empereur médiéval dans ce dialogue, et que leur contenu polémique
n’exprimait pas ma conviction personnelle.
Mon intention était bien
autre : partant de ce que Manuel II dit ensuite sur un mode positif, avec
une phrase très belle, concernant la rationalité qui doit guider la
transmission de la foi, je voulais expliquer que ce ne sont pas la religion
et la violence qui vont ensemble, mais la religion et la raison. Le sujet de
ma conférence – répondant à la mission de l’université – fut donc la
relation entre foi et raison : je voulais inviter au dialogue de la foi
chrétienne avec le monde moderne, et au dialogue de toutes les cultures et
religions.
J’espère que dans les différentes étapes de ma visite,
quand, par exemple à Munich, j’ai souligné combien il est important de
respecter ce qui pour l’autre est sacré, est apparu clairement le respect
profond que j’éprouve pour les grandes religions, en particulier pour les
musulmans, qui « adorent le Dieu unique » avec lesquels nous sommes engagés
à « protéger et promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice
sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Nostra ætate n. 3).
J’espère donc qu’après les réactions initiales, mes paroles dans
l’université de Ratisbonne puissent constituer une incitation et un
encouragement à un dialogue positif, et aussi autocritique, aussi bien entre
les religions qu’entre la raison moderne et la foi des chrétiens. »
Sources: Vatican en direct - trd.
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde 20.09.2006 - BENOÎT XVI |