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20è anniversaire de l'élection de Benoît XVI
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Le 19 avril 2025 -
E.S.M.
- L'humilité est la marque de la vie et de
l'héritage de Benoît XVI ! Si son élection à la suite du décès de Jean-Paul II n'a surpris que
très peu de personnes au sein de l'Église, je parierais que personne
n'avait imaginé que son pontificat se terminerait par la première
démission d'un pape depuis des siècles. Malheureusement, pour de
nombreux observateurs non avertis, peu au fait de la carrière de
Joseph Ratzinger, au-delà des mêmes médiatiques sur le "
Panzer cardinal ", sa démission apparaît comme l'évènement le plus mémorable à
son sujet.
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Benoît XVI -
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20è anniversaire de l'élection de Benoît XVI
L'humilité est la marque de la vie et de l'héritage de Benoît XVI
Le 19 avril 2025 -
E.S.M. -
Si son élection à la suite du décès de Jean-Paul II n'a surpris que
très peu de personnes au sein de l'Église, je parierais que personne
n'avait imaginé que son pontificat se terminerait par la première
démission d'un pape depuis des siècles. Malheureusement, pour de
nombreux observateurs non avertis, peu au fait de la carrière de
Joseph Ratzinger, au-delà des mêmes médiatiques sur le "
Panzer cardinal ", sa démission apparaît comme l'évènement le plus mémorable à
son sujet.
Il incombe donc à ceux d'entre nous qui chérissent l'ensemble de l'œuvre
de sa vie de tout mettre en œuvre pour que son héritage soit pleinement
reconnu comme l'une des figures ecclésiastiques les plus marquantes
des 75 dernières années. Et quand je dis « marquant », je l'entends
dans un sens positif.
Permettez-moi de commencer par une simple affirmation concernant la
vertu la plus profonde et la plus caractéristique de Ratzinger, qui
servira de fil conducteur à ces réflexions. Cette vertu est son sens
de l'obéissance au Seigneur dans un esprit de profonde humilité. Cet
aspect essentiel de la compréhension de son héritage est souvent
ignoré au profit d'analyses centrées sur ses constructions
théologiques – comme si sa théologie pouvait être dissociée de sa
vie de foi chrétienne, qui l'animait. Et ne nous y trompons pas :
Joseph Ratzinger était avant tout, et de manière profondément
marquante, un croyant : un croyant dans la centralité du Christ
Seigneur et dans son Église comme médiatrice sacramentelle de son
Seigneur dans le temps et l'espace.
Jeune prêtre, Ratzinger n'aspirait qu'à vivre la vie d'un
universitaire mettant son intelligence au service de la pastorale des
âmes dont il avait la charge. Doté d'une intelligence douée et
vaste, il souhaitait mettre ce don au service de l'Église en tant
que théologien. Mais il fut bientôt appelé au Concile Vatican II en
tant que peritus (conseiller théologique), puis fut nommé évêque, puis
cardinal. Il ne rechercha aucune de ces responsabilités, mais les
accepta avec une humilité obéissante.
Le pape Jean-Paul II lui demanda à plusieurs reprises de prendre la
tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), ce que
Ratzinger déclina systématiquement, considérant son rôle d'évêque
dans le foyer théologique de l'Allemagne comme la nécessité
pastorale la plus urgente. Il doutait également d'être le meilleur
choix pour une fonction administrative aussi complexe, au cœur du
bourbier des intrigues curiales et des luttes intestines entre
ecclésiastiques ambitieux. Mais Jean-Paul II persista – certains
diraient même insista – et le cardinal Ratzinger mit une fois de
plus de côté ses propres désirs par obéissance à l'Église. Et cette
obéissance lui coûta cher, car dans ses nouvelles fonctions, il fut
régulièrement attaqué – souvent de manière virulente et
manifestement injuste – et fut dépeint par de nombreux
universitaires comme un répresseur odieux de la liberté théologique
dans l'Église.
Malgré l'apparence de calme stoïque de Ratzinger face à ces
attaques, elles ont dû le blesser profondément, lui qui était
lui-même un homme de lettres profondément engagé dans les processus
de dialogue et de discours académiques. Mais il comprenait que
l'Église n'est pas une université, ni une société de débats
incessants où chaque vérité de son appareil doctrinal est sujette à
une remise en question constante. Il comprenait la nature ecclésiale
de la théologie catholique et, par conséquent, que la vocation d'un
théologien catholique est celle de l'humilité et de l'obéissance aux
vérités de la Révélation.
Son mandat à la tête de la CDF doit être rappelé dans ce contexte
historique. À l'époque postconciliaire, nous assistons à une Église
en proie à une profonde confusion et à une profonde agitation
théologique. Cette agitation et cette confusion ne se
caractérisaient pas seulement par les débats désuets entre jésuites,
dominicains et franciscains sur diverses questions, comme aux
époques précédentes. Il s'agissait plutôt d'une Église engagée dans
une lutte acharnée pour sa propre identité profonde, nombre de ses
dogmes fondamentaux – par exemple, la divinité du Christ et sa
nécessité pour le salut – étant remis en question, voire niés.
Mais même ici, il est tout simplement inexact de décrire son mandat
à la CDF comme marqué par la répression inquisitoriale. Comme nous
pouvons le dire, au sein de la guilde théologique, il est absurde de
prétendre que les théologiens catholiques de cette époque
travaillaient dans des conditions proches d'un goulag ecclésial, les
théologiens progressistes perdant leur carrière et étant contraints
de cacher leurs opinions. La réalité est tout autre : l'académie
théologique est restée le terrain de jeu des théologiens libéraux,
les théologiens de la Communio (comme moi) ou les thomistes de la
stricte observance étant considérés comme des réactionnaires de la
pire espèce.
Néanmoins, Ratzinger poursuivit sa tâche avec une dignité effacée,
réservant ses plus vives admonestations aux exemples les plus
flagrants d'hétérodoxie. Et s'il formula quelques critiques modérées
de la théologie de la libération, ces critiques visaient à purger
ces théologies de leurs conceptions marxistes des relations sociales
humaines fondées sur la lutte des classes, sans pour autant «
museler » ni réprimer le mouvement dans son ensemble.
Le passage de Ratzinger à la tête de la CDF témoignait plutôt de son
humilité obéissante. Comme il aurait été facile pour lui, et combien
de chagrins il aurait pu s'éviter, s'il avait simplement adopté une
attitude de tolérance infinie envers tous les points de vue de
l'Église ! Si Ratzinger avait été un universitaire orgueilleux et
soucieux de sa « réputation », il aurait choisi la voie des louanges
profanes pour sa « noble ouverture d'esprit » aux dernières
tendances théologiques. Mais en tant qu'« humble serviteur dans la
vigne du Seigneur », comme il se décrivait après son élection, il
savait quelle croix il allait porter pour la vérité. C'était celle
d'être dépeint comme un homme d'Église ignominieux, « craintif » du
changement et donc « réprimant » tout point de vue différent du
sien.
Enfin, je ne pense pas que ce soit un grand secret que Ratzinger
n'ait jamais souhaité devenir pape. Je suis sûr qu'à la mort du pape
Jean-Paul II, alors déjà âgé, il ne souhaitait rien d'autre que de
se retirer dans une petite maison bavaroise remplie de livres, de
chats, de schnitzels et de pâtisseries, pour y écrire à nouveau sans
interruption.
Mais l'Esprit Saint en avait décidé autrement, et Ratzinger, sous la
forme de Benoît XVI, se soumit une fois de plus humblement au
service de l'Église. Son héritage pontifical comprend la création
des ordinariats pour les anciens anglicans et sa tentative de
renouveau liturgique via
Summorum Pontificum . Parmi ses œuvres, on compte de magnifiques
encycliques sur la foi, l'espérance et la charité, ses réflexions
sur les apôtres et son récit magistral de la vie du Christ dans ses
ouvrages intitulés «
Jésus de Nazareth » . Ces œuvres s'ajoutent aux innombrables
essais et ouvrages théologiques qu'il avait écrits avant de devenir
pape.
Et puis vint sa démission. Pour moi, ce fut un véritable
bouleversement intérieur, que je ne comprenais pas. Mais
rétrospectivement, c'est un parfait exemple de l'humilité qui a
caractérisé toute sa vie. Ce n'était pas, comme certains l'ont trop
hâtivement supposé, une façon de « fuir les loups » par peur.
C'était plutôt un acte profond d'humilité charitable, où il
reconnaissait que le bien de l'Église était mieux servi par son
départ. Car il y avait, et il y a, des « loups » dans l'Église. Et
Benoît XVI comprenait que pour les combattre, il fallait un pape
plus jeune et plus vigoureux, au sommet de ses capacités et de ses
dons.
Peut-être a-t-il eu tort de démissionner. Peut-être que, d'un point
de vue stratégique et purement utilitaire, ce n'était pas la
meilleure décision. Peut-être a-t-il créé un précédent fâcheux. Des
personnes raisonnables peuvent être en désaccord sur ces points, je
pense.
Mais ce que j’espère et ce pour quoi je prie, c’est que nous
puissions au moins tous convenir que sa décision était le fruit de
la même humble obéissance au Seigneur Jésus-Christ qui a marqué
toute sa vie.
Larry Chapp a obtenu son doctorat en théologie à l'Université
Fordham en 1994, avec une spécialisation en théologie de Hans Urs
von Balthasar. Il a enseigné la théologie pendant 20 ans à
l'Université DeSales, près d'Allentown, en Pennsylvanie, avant de
prendre une retraite anticipée pour fonder la ferme Dorothy Day
Catholic Worker près de Wilkes Barre, en Pennsylvanie, avec son
épouse Carmina et son ami et ancien élève, le père John Gribowich.
Auteur de nombreux articles et ouvrages, il est également le
fondateur et rédacteur principal du blog Gaudiumetspes22.com.
Ncregister
- Traduction
E.S.M
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Sources
: www.vatican.va
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.04.2025
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