Discours de Benoît XVI devant les
représentants des autres religions |
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Cité du Vatican, le 19 avril 2008 -
(E.S.M.)
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Du dialogue interreligieux, les médias n'ont voulu retenir que la visite de
simple courtoisie à une synagogue de New-York, ce qui est évidemment très réducteur.
Or, le pape Benoît XVI a dit bien autre chose, et bien plus, dans ce texte
qui contient la propre vision de la vérité dans le dialogue.
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Discours de Benoît XVI devant les représentants des autres religions
Du dialogue interreligieux, les médias n'ont voulu retenir que la visite de
simple courtoisie à une synagogue de New-York, ce qui est évidemment (et
sans surprise) très réducteur.
Or, le pape Benoît XVI a dit bien autre chose, et bien plus, dans ce texte
qui contient la propre vision de la vérité dans le dialogue : un point
particulièrement important, en pleine période de dialogue - justement - avec
les musulmans.
A relever aussi cette phrase, qui est une réponse à la conception de l'œcuménisme
en forme de religion globale, une sorte de "dieutoutlemondiste", qui a la
faveur du monde médiatique :
Discours du pape Benoît XVI
“Rotunda” Hall du Centre Culturel Jean Paul II de Washington, Jeudi 17 avril
2008
Mes chers amis,
Je suis heureux d'avoir cette occasion de vous rencontrer aujourd'hui. Je
remercie Mgr Sklba de ses paroles de bienvenue, et je salue cordialement
tous les participants représentant les différentes religions des États-Unis
d'Amérique. Plusieurs d'entre vous ont bien voulu accepter l'invitation de
composer les réflexions contenues dans notre programme d'aujourd'hui. Pour
vos aimables paroles sur la façon dont chacune de vos traditions témoigne de
la paix, je suis particulièrement reconnaissant. Merci à vous tous.
Ce pays a une longue histoire de coopération entre les différentes
religions, dans de nombreux domaines de la vie publique. Les services
nationaux de prières interreligieuses au cours de la fête de Thanksgiving,
les initiatives conjointes dans les activités caritatives, une voix commune
sur d'importantes questions d'intérêt public: ce sont quelques-unes des
façons dont les membres de différentes religions se réunissent pour
renforcer la compréhension mutuelle et promouvoir le bien commun.
J'encourage tous les groupes religieux en Amérique, à persévérer dans leur
collaboration et ainsi enrichir la vie publique avec les valeurs
spirituelles qui motivent votre action dans le monde.
Le lieu où nous sommes réunis aujourd'hui a été créé spécifiquement pour la
promotion de ce type de collaboration. En effet, le Centre Culturel Jean
Paul II cherche à offrir une voix chrétienne à la "recherche humaine de la
signification et du but dans la vie" dans un monde de «religions,
communautés ethniques et culturelles variées» (Déclaration de mission).
Cette institution nous rappelle la conviction de cette nation que tous les
peuples devraient être libres de rechercher le bonheur d'une manière
conforme à leur nature comme créatures douées de raison et de libre volonté.
Les Américains ont toujours apprécié la possibilité de pratiquer leur culte
librement et en accord avec leur conscience. Alexis de Tocqueville,
l'historien français et observateur de l'Amérique, a été fasciné par cet
aspect de la nation. Il a fait remarquer que c'est un pays où la religion et
la liberté sont «étroitement liées» pour contribuer à une démocratie stable
qui favorise les vertus sociales et la participation à la vie communautaire
de tous ses citoyens, conclut Benoît XVI. Dans les zones urbaines, il est fréquent que des
personnes issues de différents milieux culturels et religions s'engagent
quotidiennement ensemble dans les secteurs commerciaux et sociaux et les
établissements éducatifs. Aujourd'hui, dans les salles de classe à travers
le pays, les jeunes chrétiens, juifs, musulmans, hindous, bouddhistes, et
même des enfants de toutes les religions sont assis côte à côte, afin
d'apprendre les uns avec les autres et les uns des autres. Cette diversité
donne lieu à de nouveaux défis qui suscite une réflexion plus approfondie
sur les principes fondamentaux d'une société démocratique. D'autres
personnes peuvent-elles prendre votre expérience à cœur, sachant qu'une
société solidaire peut en effet résulter d'une pluralité de peuples - «E pluribus unum» : - à condition que tous reconnaissent la
liberté religieuse comme un droit civil fondamental (cf.
Dignitatis Humanae,
n. 2).
La tâche de protéger la liberté de religion n'est jamais achevée. De
nouvelles situations et de nouveaux défis invitent les citoyens et les
dirigeants à réfléchir sur la manière dont leurs décisions respectent ce
droit humain fondamental. Protéger la liberté religieuse par les règles
juridiques ne constitue pas une garantie que les peuples - en particulier
les minorités - seront épargnés de formes injustes de discrimination et de
préjugés. Cela exige un effort constant de la part de tous les membres de la
société, à assurer que les citoyens ont la possibilité de pratiquer leur
culte en paix et de transmettre leur patrimoine religieux à leurs enfants.
La transmission des traditions religieuses aux générations futures, non
seulement contribue à préserver un patrimoine, mais aussi soutient et
nourrit la culture ambiante du présent. La même chose vaut pour le dialogue
entre les religions; à la fois la société et les participants
s'enrichissent. Comme nous progressons dans la compréhension les uns des
autres, nous voyons que nous partageons une estime pour les valeurs
éthiques, applicables à la raison humaine, qui sont respectées par tous les
gens de bonne volonté. Le monde demande un témoignage commun de ces valeurs.
J'invite donc toutes les personnes religieuses - poursuit Benoît XVI - à envisager le dialogue, non
seulement comme un moyen d'améliorer la compréhension mutuelle, mais
également comme un moyen de servir la société en général. En témoignant de
ces vérités morales qu'ils détiennent en commun avec tous les hommes et
femmes de bonne volonté, les groupes religieux exercent une influence
positive sur l'ensemble de la culture, et inspirent leurs voisins, collègues
et concitoyens à se joindre à la tâche de renforcer les liens de solidarité.
Selon les mots du président Franklin Delano Roosevelt: «rien de plus grand
ne pourrait arriver dans notre terre aujourd'hui qu'une renaissance de
l'esprit de foi».
Un exemple concret de la contribution des communautés religieuses à la
société civile est donné par les écoles confessionnelles. Ces institutions
enrichissent les enfants à la fois intellectuellement et spirituellement.
Conduits par leurs enseignants à découvrir la dignité confiée par Dieu à
chaque être humain, les jeunes apprennent à respecter les croyances et les
pratiques des autres, renforçant ainsi la vie civique de la nation.
Quelle énorme responsabilité ont les dirigeants religieux : inculquer à la
société une profonde admiration et le respect pour la vie humaine et la
liberté; veiller à ce que la dignité humaine soit reconnue et révérée,
faciliter la paix et la justice, enseigner aux enfants ce qui est bien, bon
et raisonnable!
Il est un autre point que je voudrais évoquer ici. J'ai constaté un intérêt
croissant parmi les gouvernements pour parrainer des programmes visant à
promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel. Ce sont des
initiatives louables. Dans le même temps, la liberté religieuse, le dialogue
interreligieux et la foi basée sur l'éducation visent à quelque chose de
plus que le consensus concernant les moyens de mettre en œuvre des
stratégies pratiques pour faire avancer la paix. L'objectif plus large du
dialogue est de découvrir la vérité. Quels sont l'origine et le destin de
l'humanité? Qu'est-ce que le bien et le mal? Qu'est-ce qui nous attend à la
fin de notre existence terrestre? C'est seulement en traitant de ces
questions profondes que nous pouvons bâtir une base solide pour la paix et
la sécurité de la famille humaine, car «chaque fois que les hommes et les
femmes se laissent éclairer par la splendeur de la vérité, ils prennent
presque naturellement le chemin de la paix» (Message
2006 pour la Journée Mondiale de la Paix, 3).
Nous vivons à une époque où ces questions sont trop souvent marginalisées.
Pourtant, elles ne peuvent jamais être effacés du cœur humain. Tout au long
de l'histoire, les hommes et les femmes ont cherché à exprimer leurs
inquiétudes en ce monde. Dans la tradition judéo-chrétienne, les Psaumes
sont pleins de ces expressions: “Mon esprit languit en moi” ( Ps 143:4; cf.
Ps 6:6; 31:10; 32:3; 38:8; 77:3); “Pourquoi es-tu triste, mon âme, pourquoi
gémis-tu en moi” ( Ps 42:5). La réponse est toujours dans la foi: “Espère en
Dieu, Je le prierai toujours; Mon Sauveur et mon Dieu” ( Ps 42:5, 11; cf. Ps
43:5; 62:5). Les chefs spirituels ont le devoir particulier, et nous
pourrions dire la compétence, de placer les questions les plus profondes à
la surface de la conscience humaine, afin de réveiller l'humanité au mystère
de l'existence humaine, et de faire de la place à la réflexion et à la
prière dans un monde frénétique.
Face à ces questions plus profondes concernant l'origine et le destin de
l'humanité, le christianisme propose Jésus de Nazareth. Nous croyons qu'il
est le Logos éternel, qui s'est fait chair, afin de réconcilier l'homme avec
Dieu et de révéler la cause sous-jacente de toute chose. C'est lui qui nous
mène à la tribune du dialogue interreligieux. Le désir ardent de suivre ses
traces pousse les chrétiens à ouvrir leur esprit et leur cœur dans le
dialogue (cf. Lc 10:25-37; Jn 4:7-26).
Chers amis, dans notre tentative de découvrir des points communs, peut-être
avons reculé devant la responsabilité de discuter de nos divergences avec
calme et clarté. Tout en unissant toujours nos cœurs et nos esprits à
l'appel à la paix, nous devons également écouter attentivement la voix de la
vérité. De cette manière, notre dialogue ne s'arrêtera pas à identifier un
ensemble de valeurs communes, mais continuera à sonder leur fondement
ultime. Nous n'avons aucune raison d'avoir peur, car la vérité nous dévoile
la relation essentielle entre le monde et Dieu. Nous sommes en mesure de
percevoir que la paix est un "don du ciel" qui nous appelle à conformer
l'histoire de l'homme à l'ordre divin. C'est là que réside la «vérité de la
paix" (cf.Message
2006 pour la Journée Mondiale de la Paix).
Comme nous l'avons vu, l'objectif supérieur du dialogue interreligieux
requiert une exposition claire de nos préceptes religieux respectifs. À cet
égard, les collèges, les universités et les centres d'étude sont
d'importants forums pour un échange d'idées religieuses. Le Saint-Siège,
pour sa part, cherche à faire avancer ce travail important par le biais du
Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, l'Institut pontifical
pour les études arabes et islamiques, ainsi que diverses Universités
pontificales.
Chers amis, conclut Benoît XVI, que notre dialogue sincère et notre coopération inspirent tous
les hommes à s'interroger sur les questions plus profondes de leur origine
et de leur destinée. Puissent les adeptes de toutes les religions s'unir
dans la défense et la promotion de la vie et de la liberté religieuse
partout dans le monde. En nous consacrant généreusement nous-mêmes à cette
tâche sacrée - par le biais du dialogue et d'innombrables petits actes
d'amour, de compréhension et de compassion - nous pouvons être des
instruments de la paix pour toute la famille humaine.
La Paix soit sur vous tous!
Traduction:
beatriceweb.eu
Texte original du discours
du Saint Père
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Sources : www.vatican.va-
beatriceweb -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.04.2008 -
T/USA |