Éthique sexuelle. Six
professeurs discutent du cas Ratzinger - Benoît XVI |
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Rome, le 18 décembre 2010 -
(E.S.M.)
- Luke Gormally, de l'Académie Pontificale pour la Vie, répond à
Martin Rhonheimer, de l'Université Pontificale de la Sainte Croix. Puis
deux philosophes catholiques italiens. Et un Argentin. Et George
Weigel... Tout cela à partir d'une phrase du pape
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Éthique sexuelle. Six
professeurs discutent du cas Ratzinger - Benoît XVI
par Sandro Magister
Le 18 décembre 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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C’est désormais évident. Il y a une affirmation
de Benoît XVI, dans son livre-entretien "Lumière du monde", qui ne plaît
vraiment pas à certains penseurs catholiques
C’est la phrase par laquelle le pape Joseph Ratzinger conclut sa réflexion
sur le sida et le préservatif. Celle où il dit que "naturellement l’Église
ne considère pas les préservatifs comme la solution authentique et morale" ;
mais que dans certains cas, "avec l'intention de diminuer la contagion",
leur utilisation "peut représenter un premier pas dans la voie qui conduit à
une sexualité vécue autrement, plus humaine".
L’un des penseurs qui jugent "plutôt vague" et génératrice de confusion
cette idée d’"humaniser la sexualité" est le professeur Luke Gormally,
membre de l’Académie Pontificale pour la Vie et ancien directeur du Linacre
Centre for Healthcare Ethics de Londres.
D’après lui, l'utilisation du préservatif ne peut en aucun cas être admise
par l’Église, pas même pour ceux qui veulent protéger leur santé ou celle
des autres.
Il l’écrit et donne ses arguments dans la lettre ouverte que l’on trouvera
ci dessous, lettre qu’il a confiée à www.chiesa.
Dans sa lettre, Gormally répond à Martin Rhonheimer, professeur à
l’Université Pontificale de la Sainte Croix, qui avait au contraire soutenu,
dans un texte paru il y a quelques jours et qu’il a lui aussi confié à
www.chiesa, une interprétation positive des propos de Benoît XVI :
À propos du préservatif et du sida le pape est descendu de sa chaire
L’opposition entre Rhonheimer et Gormally n’est pas nouvelle. Un premier
dialogue entre eux, sur le même sujet, remonte à 2004 et 2005. Les textes de
cette précédente controverse ont également été reproposés ces jours-ci dans
leur intégralité par www.chiesa.
Aujourd’hui les deux hommes sont de nouveau à couteaux tirés. Gormally juge
les thèses de Rhonheimer "profondément subversives de l'enseignement de
l’Église en matière d’éthique sexuelle" et il demande que la congrégation
pour la doctrine de la foi se prononce avec autorité : contrairement à ce
que cette même congrégation aurait fait – dit-il – en 2004, quand elle a
paru donner son feu vert à l'article de Rhonheimer publié cette année-là.
Rhonheimer et Gormally représentent les deux principaux fronts dans la
controverse lancée par les propos de Benoît XVI : le premier plus ouvert, le
second plus rigide.
Comme à Gormally, www.chiesa a donné la parole à d’autres partisans d’une
interprétation restrictive des propos du pape : de Joseph Fessio à Christine
Vollmer, de James Bogle à Steven Long.
Autre partisan du "non" absolu au préservatif : Mgr Michel Schooyans, ancien
professeur des universités catholiques de Louvain et de São Paulo au Brésil
et membre de deux académies pontificales, pour la vie et pour les sciences
sociales. Sur cette question – a-t-il fait savoir – il s’en tient fermement
aux prises de position qu’il a exprimées dans un essai paru il y a cinq ans
: Le
sida et le préservatif
Inversement, un philosophe catholique italien de premier plan, qui écrit
sous le pseudonyme de "Giovanni Onofrio Zagloba", est intervenu, toujours
sur www.chiesa, pour exprimer des points de vue qui sont proches de ceux de
Rhonheimer ou plutôt qui admettent encore plus largement l'utilisation du
préservatif :
Un autre philosophe catholique italien, admirateur de saint Thomas, le
professeur Alessandro Martinetti, a également pris des positions modérément
ouvertes dans cette réflexion approfondie qu’il a confiée à www.chiesa :
Ce n’est pas tout. Un ingénieur argentin passionné de philosophie et de
théologie a envoyé son argumentation à www.chiesa. Il signe "Johannes Argentus" et, comme "Zagloba", il est partisan d’une interprétation
extensive des propos du pape :
Et enfin – mais la controverse connaîtra certainement d’autres
développements – le professeur George Weigel, célèbre biographe de Jean-Paul
II et membre de l'Ethics and Public Policy Center de Washington a exprimé
dans le magazine "First Things" ce qu’il pense de l’affaire.
Weigel accuse "L'Osservatore Romano" et le directeur de la salle de presse
du Vatican, le père Federico Lombardi, d’avoir inoculé à l'opinion publique
l'idée que l'enseignement de l’Église et du pape à ce sujet a changé. Il
demande donc au Saint-Siège de publier au plus tôt un "substantiel
éclaircissement":
The Pope, the Church, and the Condom- Clarifying the State of the Question
Voici donc maintenant le texte du professeur Gormally, tandis que, pour
toutes les autres interventions, on a indiqué les renvois à leurs pages web
respectives.
Anglais
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.12.2010 -
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