Benoît XVI demande que les normes liturgiques
soient observées scrupuleusement |
 |
Cité du Vatican, le 18 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Interview de Son Exc. Mgr Peter Takeo Okada, archevêque de Tokyo, nommé par Jean-Paul II, le 3 septembre
2000, et président de la Conférence épiscopale du Japon, en deuxième
partie.
|
Son Exc.
Mgr Peter Takeo Okada, archevêque de Tokyo
Le Saint-Père demande, aux évêques japonais, que les normes liturgiques et
disciplinaires de l’Église universelle soient observées scrupuleusement
Synthèse du discours du Saint
Père Benoît XVI
Discours du Pape Benoît XVI aux Évêques du Japon : « La nécessité de
proclamer avec audace et avec courage est, pour l’Église, une priorité
constante. Aujourd’hui, vous avez la tâche d’élaborer de nouveaux moyens
pour maintenir vivant le Message du Christ dans la réalité culturelle du
Japon moderne »
Le 500° anniversaire de la naissance de saint François Xavier, Apôtre du
Japon, célébré avec joie l’an dernier dans l’Église tout entière, a été
rappelé par le Saint-Père aux Évêques du Japon, reçus en audience à
l’occasion de leur visite « ad limina », le 15 décembre. « Je m’unis à
vous pour rendre grâces à Dieu pour l’œuvre missionnaire qu’il réalisa dans
votre Pays, et pour les semences de foi chrétienne qu’il planta au temps de
la première évangélisation du Japon. La nécessité de proclamer avec audace
et avec courage est, pour l’Église, une priorité constante. Aujourd’hui,
vous avez la tâche d’élaborer de nouveaux moyens pour maintenir vivant le
Message du Christ dans la réalité culturelle du Japon moderne ».
Le Pape a poursuivi en ces termes : « La foi est un trésor à partager
avec toute la société japonaise, et même si les chrétiens sont un petit
pourcentage de la population, les Évêques sont appelés à être les guides du
clergé, des religieux, des catéchistes, des enseignants et des familles,
pour qu’ils soient en mesure de rendre raison de l’espérance qui est en eux,
en assurant aussi « une catéchèse solide, fondée sur les enseignements du
Catéchisme de l'Église catholique et du
Le Compendium ». Puis le Pape Benoît XVI a poursuivi en ces termes :
« Le monde a faim du message d’espérance qu’apporte l’Évangile. Même dans
des Pays hautement industrialisés comme le vôtre, de nombreuses personnes
découvrent que le succès économique et la technologie avancée ne sont pas
suffisants à eux seuls pour la réalisation du cœur humaine. Rappelez aux
personnes qu’il y a dans la vie quelque chose de plus que le succès
professionnel et que le profit ! Par la pratique de la charité, dans la
famille et dans la communauté, les personnes peuvent être amenés à cette
rencontre avec Dieu dans le Christ, qui suscite en eux l’amour et ouvre leur
cœur à l’autre’ ("Deus Caritas est"
, 31). C’est
là la grande espérance que les chrétiens du Japon peuvent offrir à leurs
concitoyens. Elle n’est pas étrangère à la culture japonaise, mais peut au
contraire renforcer et donner un nouvel élan à tout ce qu’il y a de bon et
de noble dans le patrimoine de votre nation bien-aimée ».
De manière particulière, les jeunes « courent le
risque de se faire tromper par la fascination de la culture moderne
séculière ». Puis le Saint-Père a montré comme la déception les
conduisait souvent à la dépression et au désespoir, et même au suicide. «
Si leur énergie et leur enthousiasme de jeunes peuvent être orientés vers
les choses de Dieu, qui, à elles seules sont suffisantes pour satisfaire
leurs désirs les plus profonds, les jeunes seront toujours plus inspirés à
consacrer leur propre vie au Christ, et certains reconnaîtrons un appel à le
servir dans le sacerdoce ou dans la vie religieuse ». Le Pape a invité
les Évêques à promouvoir les vocations et à demander dans la prière au
Seigneur d’envoyer « des ouvriers dans sa moisson ».
La population catholique japonaise est composée pour plus de la moitié
d’immigrants, et donc le Saint-Père a fait noter qu’il s’agissait « d’une
occasion pour enrichir la vie de l’Église et pour vivre la catholicité
authentique du Peuple de Dieu » ; il a invité les Évêques à « veiller
à ce que tous se sentent accueillis dans l’Église », et à veiller à
s’assurer « que les normes liturgiques et
disciplinaires de l’Église universelle soient observées scrupuleusement
».
Le Japon moderne a entrepris un chemin « d’ouverture toujours plus grande
à la communauté internationale », et d’autres nations peuvent tirer des
enseignements utiles « de la sagesse de son antique culture, et en
particulier, du témoignage de paix qui a caractérisé sa position sur la
scène politique mondiale durant les soixante dernières années ». Benoît
XVI a invité les Évêques à continuer à exprimer leur opinion sur des
questions d’intérêt public dans la vie de la nation, et à répandre à tous
les niveaux de la société toutes ces orientations : « De cette manière,
le message d’espérance de l’Évangile touchera vraiment les cœurs et les
esprits, en apportant une confiance plus grande dans l’avenir, un amour et
un respect plus grands pour la vie, et en augmentant l’ouverture à l’égard
des étrangers et de tous ceux qui séjournent parmi vous ».
En conclusion de son discours, le Saint-Père a rappelé que la prochaine
Béatification de 188 martyrs japonais offrait « un signe clair de la
force et de la vitalité du témoignage chrétien dans l’histoire du Pays.
Depuis les premiers jours, les hommes et les femmes japonais ont été prêts à
verser leur propre sang pour le Christ ».
Texte
intégral du discours du Saint-Père
►
Français
“Une Église qui
chemine avec une foi et une espérance nouvelles, en relevant le défi de
l’internationalisation” Interview de Son
Exc. Mgr Peter Takeo Okada, archevêque de Tokyo, nommé par Jean-Paul II le 3
septembre 2000 et président de la Conférence épiscopale du Japon.
« Nous avons dans notre cœur une grande consolation.
Nous, évêques du Japon, nous avons été reçus par le Saint-Père,
qui nous a paru une personne ayant une grande capacité d’écoute et une
grande gentillesse, et très humble. Nous avons éprouvé un sentiment de paix
en sa présence » : c’est avec ces sentiments que Son Exc. Mgr Peter Takeo
Okada, archevêque de Tokyo et président de la Conférence épiscopale du
Japon, a accordé à l’Agence Fides une interview à l’occasion de la visite ad
limina apostolorum des évêques du Japon. « Nous avons raconté au pape la
situation et les problèmes de l’Eglise japonaise », a souligné l’archevêque.
« Le Saint-Père nous a encouragé et nous a donné sa bénédiction. Toute la
visite au Vatican a été très fructueuse, notamment les rencontres avec les
différents dicastères du Saint-Siège ». Voici le
texte de l’interview par l’Agence Fides :
Excellence, pouvez-vous tracer un tableau
synthétique de la communauté catholique japonaise ?
Nous sommes une petite communauté qui vit aujourd’hui dans la liberté de
culte et d’évangélisation. C’est St François Xavier qui a apporté l’annonce
de l’Évangile au Japon, au XVIe siècle, et l’Église a rapidement grandi.
Puis il y a eu des siècles obscurs de persécution, et l’Église a vécu un
temps de clandestinité. Aujourd’hui nous cheminons avec une foi et une
espérance nouvelles, nous sommes petits et nous grandissons à petits pas.
Les chrétiens sont 1% de la population (127 millions) et
la communauté catholique représente 0,4%. Le
nombre total des fidèles japonais
(y compris le clergé et les
religieux) est d’environ 452.000
(chiffres de fin 2006). En 2006 il y a eu 7.193, baptêmes, dont
3.692 adultes et 3.501 enfants, tandis qu’il y a 5.400 catéchumènes adultes
en chemin vers le baptême.
Au Japon en général il suffit de fréquenter une église pour se dire fidèle
d’une religion donnée. Nous avons de nombreux sympathisants, qui demandent
d’approcher la foi chrétienne. Mais pour devenir chrétien, un chemin de
catéchuménat long et exigeant est prévu, ce n’est donc pas si facile pour
les citoyens japonais d’y adhérer. Il existe aussi des résistances à cause
d’anciennes traditions culturelles ou de la vie moderne, écrasée par le
travail. C’est pourquoi beaucoup, tout en appréciant la foi chrétienne, ne
se font pas baptiser. Il faut dire cependant que nous enregistrons une
certaine vitalité missionnaire : les missionnaires ad gentes de l’Église
japonaise sont 361, dont des prêtres, des religieux et des laïcs partis dans
le monde entier porter la Bonne Nouvelle.
Quelles sont les principales priorités pastorales ?
Le défi principal de la pastorale est l’internationalisation de la
communauté catholique dans le pays. En effet, à cause du grand flux
d’immigrés philippins, coréens, chinois, péruviens et sud-américains, qui
arrivent pour trouver du travail, nous avons aujourd’hui au Japon un nombre
consistant de catholiques étrangers : environ 565.000, plus que les fidèles
japonais eux-mêmes. Souvent ils viennent pour une période déterminée, mais
deviennent ensuite résidents de façon stable, et leurs enfants naissent et
restent dans le pays. Ils apportent avec eux leurs traditions catholiques
qu’ils partagent, et deviennent eux-mêmes un instrument d’évangélisation.
Ils représentent une espérance pour notre Église, aussi parce qu’ils
comptent de nombreux jeunes. Beaucoup de femmes immigrées épousent des
japonais et se font missionnaires dans leurs familles, en donnant aux
enfants une formation catholique. L’immigration est un phénomène très
important au Japon, auquel il faut se confronter, en le faisant fructifier
pour le bien de l’évangélisation.
Comment l’Eglise japonaise s’engage-t-elle dans la
formation ?
La formation est pour nous un domaine très important. Il faut en particulier
donner une bonne formation aux jeunes pour que les nouvelles générations
soient des membres actifs et convaincus de l’Église. De même, la formation
des prêtres et des laïcs est déterminante. Au XXe siècle, après la Seconde
Guerre mondiale, de nombreux missionnaires sont venus de la Chine
(échappant au communisme)
et ont ré évangélisé le Japon. Mais cela a souvent créé une sorte
de « dépendance des missionnaires ». Aujourd’hui les laïcs doivent devenir
les protagonistes de la pastorale. L’une des priorités
est la famille, cellule de base de la société, que nous devons aider
à vivre concrètement la foi chrétienne, entre autre à travers une formation
adaptée avant le mariage. Dans le pays, l’institution de la famille vit une
situation difficile de désagrégation et de dévaluation. Il est urgent
d’évangéliser la famille et de créer des familles authentiquement
chrétiennes.
Comment avance le processus d’”inculturation” de la
foi ?
C’est le chemin que nous parcourons chaque jour. Nous avons besoin que la
population puisse accueillir la Vérité dans le respect de la culture locale,
comme l’affirme l’«
Evangelii
Nuntiandi » du pape Paul VI. Il faut aller au cœur de la mentalité et de
la culture nippone et l’évangéliser. Le centre est la Maison impériale, l’Empereur,
qui est le père de tous. C’est pourquoi nous cultivons d’excellentes
relations avec la Maison impériale. L’impératrice a été formée dans les
écoles catholiques et a fréquenté l’Université du Sacré-Cœur de Tokyo. C’est
bon signe pour nous et cela contribue à accroître l’estime que la population
nourrit envers l’Église. Certaines fois, cependant, sur le chemin des
catéchumènes, nous ressentons des difficultés à traduire dans la mentalité
orientale des catégories abstraites comme « substance », « personne », très
difficiles à assimiler pour notre culture. Pour le reste nous vivons en
harmonie avec les religions les plus répandues, le shintoïsme et le
bouddhisme.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la
célébration des martyrs japonais en 2008 ?
Ce fut une très grande joie. Nous sommes très heureux de la célébration des
188 martyrs tués au XVIIe siècle, qui aura lieu à Nagasaki en novembre 2008.
Nous sommes reconnaissants au Saint-Siège pour cet hommage aux japonais
morts pour témoigner de leur foi. Nous sommes certains que ce sera pour nous
une occasion d’évangélisation.
Quelle est votre position sur le projet de réforme
de la Constitution du Japon ?
Comme nous l’avons exprimé clairement dans notre document « Liberté de foi
et séparation entre le gouvernement et religion », l’Église japonaise défend
l’article 20 de la Charte, qui sanctionne la séparation des religions de l’État,
le respect des droits de l’homme, la liberté de conscience et de foi de tout
citoyen, délimitant les fonctions de l’état et la place des communautés
religieuses, dans le plein respect réciproque. En outre nous demandons de
maintenir en vie l’article 9, qui sanctionne le renoncement absolu à la
guerre. Nous voulons une Constitution de paix, qui ne permette pas aux pays
de participer à des missions militaires dans le monde. Après les profondes
blessures de la IIe Guerre mondiale, le Japon a vécu une ère de paix, et
depuis ce temps il n’y a eu aucun mort à cause de la guerre. Nous désirons
que cela continue ainsi.
Quel est le rôle de l’Église japonaise dans le
contexte des Églises asiatiques ?
Dans le contexte asiatique, comme Église japonaise nous regardons et nous
cherchons à apprendre de la Corée, qui vit une expérience de communauté très
florissante et dynamique. Nous nous proposons en outre d’être très proches
de la Chine, une réalité qui croît à tout point de vue. C’est le devoir de
l’Église japonaise d’être sœur de l’Église de Chine. Nous devons travailler
ensemble avec toutes les Église asiatiques pour l’évangélisation du
continent.
Autres synthèses :
►
Le pape reçoit l'épiscopat japonais - 17.12.07
►Benoît
XVI aux évêques japonais- l'absence de valeurs poussent les jeunes au
suicide - 16.12.07
Texte original du discours du Saint Père►
Anglais
Regarder
la vidéo
Sources: www.vatican.va/(PA)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/International/Japon |