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19 Avril 2005
 

Discours de remerciement du cardinal Philippe Barbarin

 

Lyon, le 18 décembre 2007 - (E.S.M.) - Discours du cardinal Barbarin lors d'une cérémonie officielle. Nous reproduisons ce message car il nous semble tellement dans la ligne voulue par le Saint-Père Benoît XVI en matière de dialogue interreligieux. C'est aussi une belle illustration de la récente note du Vatican concernant certains aspect de l'Évangélisation. Tout cela, dit le cardinal, signifie que nous avons le désir profond que l’autre puisse avancer librement sur le chemin de sa foi, à la rencontre de Dieu et dans le service des hommes.

Le cardinal Philippe Barbarin

Discours de remerciement du cardinal Philippe Barbarin

MERCI !

J’aimerais, ce soir, répéter ce mot - n’est-ce pas l’un des plus beaux et des plus simples de la langue française ? Le chanter comme une litanie, en faisant mémoire de tous ceux à qui je dois la vie, et la foi qui en est pour moi le trésor le plus précieux, toujours fragile et secret. J’aimerais rendre grâce avant tout à Celui qui est la source de tant de biens, puis remercier chacun de ceux dont l’exemple me réveille et me stimule dans ma vocation.

Mon remerciement s’adresse d’abord au Président de la République, parce que cette décoration vient de la France et que c’est lui qui l’a demandée pour moi, alors qu’il était Ministre de l’Intérieur et des Cultes. Je remercie aussi Monsieur le Recteur de la Grande Mosquée de Lyon qui me l’a remise à l’instant, en son nom. J’étais tout heureux, cher Kamel, d’apprendre que le Président Sarkozy avait vécu ces jours derniers, un moment fort à Constantine, cette ville de votre jeunesse où nous nous trouvions ensemble en février dernier, et dont j’ai senti qu’elle vous restait si chère. « Constantine, disait-il, a gardé le nom du premier empereur romain converti au christianisme ; c’est une ville de foi dont la tolérance fut pendant des siècles la marque de génie. »

Ma gratitude, je voudrais la dire aussi à tous ceux dont j’ai la chance de croiser la route, dans l’accomplissement de mon ministère ; par exemple, aux jeunes que j’ai vus arriver en foule pour la Messe du 8 décembre, samedi soir, à la Basilique de Fourvière. Quelle foi, quel enthousiasme !

Permettez-moi de vous remercier tous, vous qui me faites l’honneur d’être présents ce soir, à l’archevêché. Vous êtes de grands et petits serviteurs - en vérité, nous sommes tous petits, car Dieu seul est grand !- : serviteurs de l’État et de nos cités, de la Paix dans notre pays et entre les nations, de l’Éducation Nationale et de l’Université, de la Justice, de la Santé.

Merci aux responsables, c’est-à-dire justement aux serviteurs de nos communautés de croyants, juifs, musulmans ou chrétiens. Et je n’oublie pas que chacun est d’abord et quotidiennement serviteur du bonheur de ses proches, dans sa famille et son entourage. Je voudrais dire mon admiration particulière à ceux qui donnent du temps et de l’amour aux personnes détenues, à tant d’hommes et de femmes dont la vie est abîmée par la souffrance, la maladie, par toutes les formes de rejet et d’exclusion - cette étrange pratique d’un monde qui regorge de biens, mais qui, pris dans ses contradictions et le déséquilibre tragique de la planète, n’arrive pas à donner une belle, une vraie place à chacun des enfants de cette terre.

Vous voir, regarder les autres servir, discrètement et résolument, me montre comment je pourrais devenir, moi aussi, ce « bon et fidèle serviteur », dont parle Jésus dans l’Évangile. Le problème que me pose cette décoration, c’est que le serviteur ne veut pas entendre parler de mérite. Et quand on le félicite, il répond : « Nous sommes des serviteurs quelconques, nous n’avons fait que notre devoir » (Luc 17, 10). Je vous épargnerai la citation des nombreux passages de l’Évangile, où l’on indique que, par nous-mêmes, nous ne méritons pas grand chose. Je connais et partage assez la prière des Juifs, dans la récitation des Psaumes, pour savoir qu’ils ne veulent pas non plus qu’on leur attribue des mérites : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire, pour ton amour et ta vérité » (Ps. 115, 1).

Chez les musulmans aussi, et en particulier dans la mystique soufi, l’important n’est pas de gagner des mérites, mais de vivre avec droiture pour répondre à l’amour de Dieu dans nos vies. Il nous aime tellement que nous lui donnons de grand cœur cet élan intérieur pour accomplir ce qu’Il nous demande. Tout cela n’est pas bien loin de la pensée de saint Irénée, le second (et en un sens, « unique ») évêque de Lyon, arrivé de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie, quand il écrit : « Si Dieu sollicite le service des hommes, c’est pour pouvoir, lui qui est bon et miséricordieux, accorder ses bienfaits à ceux qui persévèrent dans son service (…) car la gloire de l’homme, c’est de persévérer dans le service de Dieu » (Adv. Haer. IV, 14, 1).

Je profite de l’occasion pour rendre aussi hommage aux Protestants qui ont su, dans l’histoire, montrer à leurs frères catholiques qu’ils risquaient de s’égarer, sur cette question du mérite. Ils nous ont aidés à retrouver un langage plus évangélique. Hier encore, la liturgie dominicale mettait sur nos lèvres une prière qui leur plairait, j’en suis sûr, quand nous présentions à Dieu nos pauvres offrandes : « Seigneur, nous ne pouvons pas invoquer nos mérites, viens par ta grâce à notre secours. »

Mais une République n’est pas une famille spirituelle ; elle est organisée comme une société qui veille à l’équilibre de tous ceux qui la composent et qui veut, avec un sens légitime de la justice distributive, reconnaître la beauté d’une mission, dire merci à certains de ses membres et, par des symboles parlants, encourager tout le monde à servir le bien commun, avec persévérance.

Les circonstances de la remise de cette décoration s’inscrivent dans une longue tradition lyonnaise. Les étapes en sont connues : le P. Christian Delorme, qui vit des contacts anciens et profonds avec les musulmans (on se souvient du titre du livre qu’il a écrit avec Rachid Benzine : « Nous avons tant de choses à nous dire »), a demandé au Dr Marc Aron, alors président du CRIF Rhône Alpes, de lui remettre les insignes de chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

L’an dernier, Maître Alain Jakubowicz, qui aurait pu demander à une haute autorité du monde politique ou judiciaire de lui remettre les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur, a souhaité que j’accomplisse ce geste envers lui, et je l’en remercie, car l’événement marque encore nos mémoires. Cette belle histoire continue aujourd’hui, et connaîtra certainement de nouveaux épisodes.

Dans mon histoire personnelle, la rencontre avec l’Islam remonte aux origines, puisque je suis né au Maroc et que j’ai toujours vu les musulmans prier, dans la rue, à l’école, et que nous suivions simplement le calendrier de leurs fêtes. Ma première maîtresse d’école (en 12ème, disait-on à l’époque) était une religieuse qui est devenue une grande spécialiste des relations islamo-chrétiennes, à Rome. Depuis que je suis devenu cardinal, elle a retrouvé ma trace et continue de veiller à ma formation, cinquante ans plus tard. C’est elle qui vient de publier des écrits magnifiques de Ghazali, sur la « maîtrise du cœur ».

Ces moments symboliques ont une grande valeur sociale et politique ; ils sont notre manière de vivre ces mots qui font partie de la devise de la République : l’égalité et la fraternité.

Ils sont aussi le signe d’une recherche spirituelle plus profonde : assurément, comme chercheurs de Dieu, nous sommes frères, même si nous ne savons pas toujours bien dire comment. Là aussi, les signes parlent : notre Grand Rabbin, Monsieur Richard Wertenschlag, demande à aller prier auprès du cardinal Decourtray après l’attaque qui l’emportera en septembre 1994 ; les musulmans et les juifs le confient à Dieu, sur le parvis de la Primatiale saint Jean, au moment de ses funérailles. Depuis des années, la Fraternité d’Abraham suscite des rencontres entre juifs, chrétiens et musulmans.

Tout cela veut dire que nous avons le désir profond que l’autre puisse avancer librement sur le chemin de sa foi, à la rencontre de Dieu et dans le service des hommes. C’est ce désir qui a conduit le Cardinal Alexandre Renard a s’engager sans hésiter, et dès le début, pour appuyer le projet de la construction de la Grande Mosquée de Lyon. La présence du Cardinal Decourtray était prévue, naturellement, pour son inauguration. Malheureusement, il venait à peine de nous quitter, quinze jours plus tôt. Et dix ans plus tard, invité par le Recteur pour fêter cet anniversaire, j’avais l’impression de prononcer le discours que l’on aurait aimé entendre de sa bouche, au premier jour.

Certes, je suis heureux d’avoir découvert, après de petites recherches généalogiques, les racines multiséculaires de ma famille, dans cette terre de France, à Gramat, dans le Quercy ou à Aigurande en Berry où l’on rencontre des traces de la famille dès 1450. Mais l’ancienneté ne donne aucun droit ni aucune supériorité, et ceux qui font partie de l’Église ou de la nation en sont membres à part entière, quelle que soit leur date d’arrivée dans la communauté. Je ne sais si s’applique en ce domaine la phrase de Jésus qui dit : « Les premiers seront les derniers », mais ce dont je suis sûr, c’est de l’importance de l’aujourd’hui, présent presque à toutes les pages de l’Évangile, et encore dans celle qu’il nous était donné de méditer ce matin (Luc 5, 26).

Il y a neuf ans, dans la Cathédrale de Moulins, berceau ancestral de la famille des Bourbon, j’ai reçu la consécration épiscopale des mains de l’archevêque de Fianarantsoa. Même si Madagascar est une terre où l’Église est encore toute jeune, c’est lui qui a accompli sur moi, dans une terre de vieille chrétienté, ce geste qui vient directement des Apôtres. Et il y avait là un riche symbole du renouvellement continuel de l’Église.

La République, de son côté, demande qu’une décoration française soit donnée par quelqu’un qui l’a déjà reçue, qui soit de nationalité française, et que la cérémonie, m’a dit le Président de notre section lyonnaise, M. Ulrich, se déroule dans lieu digne - il m’a assuré que l’archevêché en est un ! Un moment, j’ai pensé demander à ma chère maman (cela va la surprendre, car je ne lui en ai pas parlé) de me remettre ces insignes, discrètement, au cours d’une réunion familiale. Elle aussi, a été nommée directement officier dans l’Ordre du Mérite, mais là, au risque de me contredire, je trouve que c’était normal et mérité, quand on pense qu’elle a donné la vie à onze enfants, et qu’elle les a servis et accompagnés, tout au long de leur croissance.

Il me semble pourtant qu’il n’aurait pas été juste d’agir ainsi, car s’il y a un mérite que l’État français reconnaît à l’Église catholique, en honorant l’archevêque de Lyon, c’est bien qu’elle essaie de faire œuvre de paix en ce monde, et que son seul but est d’être une servante de la joie, au milieu des hommes de ce temps. Et, en demandant aujourd’hui à Monsieur le Recteur Kabtane de me remettre cette croix et cette rosette, j’ai voulu rappeler, dans l’esprit du rassemblement d’Assise, en 1986, et de celui de Sant’Egidio à Lyon, il y a deux ans, que les croyants des différentes religions sont décidés à travailler ensemble, dans ce monde, « où la paix reste à gagner ».

Moi non plus, je ne peux pas terminer sans évoquer les inoubliables journées de février en Algérie. Je pense que ce fut un événement considérable, non pas à cause de son retentissement médiatique, mais pour ses conséquences personnelles et communautaires qui ne cessent de nous surprendre : ainsi la journée « prêtres et imams » du 17 novembre, qui a réuni plus de cent cinquante personnes, tout étonnées de la qualité, de la profondeur, de la vérité de cette rencontre.

Pour ce voyage, que nous avons vécu comme un pèlerinage, je voudrais exprimer ma reconnaissance à Monsieur Azzedine Gaci, Président du Conseil Régional du Culte musulman. C’est lui qui est venu me proposer ce projet étonnant, auquel j’ai donné mon assentiment immédiat. Si je le remercie d’avoir réussi à mener ce projet jusqu’à son terme, il me répondra, comme il l’a fait à Tibhirine, en me conduisant sur la tombe du Frère Luc : « C’est lui qui est à l’origine de ce voyage. »

Je suis heureux d’avoir découvert Annaba, la ville épiscopale de saint Augustin, d’y avoir lu devant tous la première page des Confessions qui chante mieux que quiconque la grandeur de Dieu. C’est dans cette ville qu’a grandi l’ancien grand rabbin de France, Monsieur René Samuel Sirat. Il fut élève du Lycée saint Augustin, et il me disait, à Lyon, lors de l’hommage que le CRIF a voulu rendre au cardinal Decourtray, pour le dixième anniversaire de sa mort : « Il faudrait que les écoles rabbiniques, les centres de formation des imams et les Grands séminaires soient proches les uns des autres, qu’à 20 et 25 ans, ces jeunes gens jouent régulièrement au foot ensemble, pour qu’ensuite ils se tutoient et se parlent comme des frères, une fois qu’ils seront devenus Grand Rabbin, Recteur de la Grande Mosquée ou Archevêque. »

Nous avons eu des rencontres de haut niveau à l’Université islamique de Constantine et à la Bibliothèque Nationale d’Alger, où Monsieur Mustapha Chérif a témoigné devant tous de sa rencontre personnelle avec le Pape Benoît XVI, en nous assurant du désir que le Saint Père a de poursuivre le dialogue islamo chrétien.

Quel étonnement de nous retrouver dans le bureau de Monsieur le Ministre des Affaires religieuses pour entendre une longue méditation sur l’art et la difficulté de prier ! De passage à Paris, il y a quelques mois, il a tenu à venir nous remercier de notre visite ici même, le 8 septembre dans l’après-midi, alors que je m’apprêtais à célébrer la Messe du vœu des échevins. Le Ministre nous a avoué humblement tout ce qu’il devait à son vieux maître, le Cheikh Aderrahmane Chibane, président des Ulémas d’Algérie. Sur la plaque que celui-ci a fait graver à l’occasion de notre passage, et que vous pouvez voir ici avec la photo de la rencontre, il a inscrit ces mots : « Le message de l’Islam appelle à l’unité de l’humanité et à l’entraide entre les hommes par delà leurs différences de langue, de couleur et de croyance, comme le dit un verset du Coran : "O humains ! nous avons fait de vous des peuples et des tribus afin que vous vous connaissiez entre vous". »

« S’entre connaître », ce fut le maître mot de ces journées, qui demeure un excellent objectif pour le chemin qui nous reste à parcourir. Que de mal on a fait, en jugeant sans connaître, sans avoir écouté l’autre expliquer ses convictions et le dynamisme spirituel qui le pousse à aller de l’avant. Cette ligne guide depuis des décennies les rencontres œcuméniques, et peut s’étendre au dialogue interreligieux et même à toutes les discussions avec les divers courants culturels et philosophiques.

Quelle émotion enfin de nous recueillir sur la tombe de l’Emir Abd el Kader, lui qui passait à Lyon, au moment des illuminations de 1852, juste après ce premier 8 décembre où la statue de la Vierge a été montée sur le clocher de Fourvière. Il nota alors dans ses carnets l’admiration que lui inspiraient la foi des Lyonnais et la ferveur du clergé.

C’est sur mot d’admiration que je voudrais terminer. Certes, on fait bien de prêcher la tolérance, mais on comprend qu’elle ne pourra jamais suffire. Pour vivre et collaborer avec l’autre, il faut bien plus que tolérer sa présence. Il faut le connaître, l’écouter, l’estimer. Mais il me semble que même l’estime mutuelle n’ouvrira pas les portes d’un vrai renouvellement. Je crois que le chemin de la liberté et de la joie commence avec l’admiration. On la voit dans les carnets de l’Emir Abd el Kader, et dans le cœur de Charles de Foucauld. De passage à Fès, en voyant les musulmans prier, il est bouleversé intérieurement et s’aperçoit de tout ce qu’il a tout perdu, en délaissant son baptême et sa foi chrétienne. On me permettra d’en rester à ces exemples du passé, pour laisser au présent son mystère.

Nous voyons approcher la douce lumière de Noël, les fêtes de fin d’année et le nouvel An. Avec une peu d’avance, je dis à chacun de vous et à tous les vôtres mille bons vœux, remplis de l’amitié profonde qui me lie à vous, depuis plus de cinq ans que le Seigneur m’a fait Lyonnais avec les Lyonnais. L’Évangile raconte que dans la nuit de Noël, un jeune couple, dont l’épouse allait accoucher, n’a pas trouvé de place dans la salle commune. Cette triste histoire cessera-t-elle donc un jour ? Peut-on le demander un 10 décembre, ce jour où l’on fête l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme ?

Viennent les jours où l’on verra les croyants des différentes religions, et tous les hommes de bonne volonté se battre ensemble pour l’accueil, la santé, le logement, l’éducation et la liberté de tous les enfants de ce monde. Si une telle décision est mise en œuvre, avec le seul souci de la gloire de Dieu ou du bien d’autrui, alors la paix ne tardera pas à venir sur notre terre. Tel est bien le message de Noël, dans la grande famille humaine.

Pour lire tout le compte-rendu : C'est sur le site de l'évêché de Lyon
Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation - 17.12.07

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 18.12.2007 - BENOÎT XVI - T/International/France

 

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