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Benoît XVI : les témoins d'un événement
extraordinaire
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Le 18 février 2023 -
(E.S.M.)
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Benoît XVI précise qu'aucun des évangélistes ne décrit la
Résurrection de Jésus elle-même : c'est un processus qui s'est
déroulé dans le secret de Dieu entre Jésus et le Père, un processus
qui, pour nous, ne peut être illustré et qui, de par sa nature,
échappe à l'expérience humaine.
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Pierto di Cristoforo Vanucci -
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Benoît XVI : les narrations des apparitions du Ressuscité.
2.2. La tradition sous forme de narration
Passons maintenant - après cette réflexion sur la partie
plus importante de la tradition sous forme de profession - à la tradition
sous forme de narration. Tandis que la première synthétise la foi commune de
la chrétienté de manière normative grâce à des formules précises et impose à
la communauté tout entière des croyants une fidélité à la lettre, les
narrations des apparitions du Ressuscité sont à l'inverse le reflet de
traditions diverses. Elles sont liées à différents rapporteurs de ces
traditions et, sur le plan local, elles se situent à Jérusalem et en
Galilée. Elles ne sont pas des critères contraignants dans tous les détails,
comme les professions ; mais puisqu'elles sont intégrées dans les Évangiles,
il faut certainement les considérer comme un témoignage valable qui donne
contenu et forme à la foi. Les professions présupposent les narrations et se
sont élaborées à partir d'elles. Elles concentrent en elles le noyau de ce
qui est raconté et, en même temps, elles renvoient à la narration.
Tout lecteur remarquera immédiatement la diversité des récits
de la Résurrection dans les quatre Évangiles. Matthieu, outre l'apparition
du Ressuscité aux femmes près du tombeau vide, ne connaît qu'une apparition
aux Onze en Galilée. Luc ne connaît que les traditions de Jérusalem. Jean
parle d'apparitions aussi bien à Jérusalem qu'en Galilée.
Aucun des évangélistes ne décrit la Résurrection de
Jésus elle-même : c'est un processus qui s'est déroulé dans le secret de
Dieu entre Jésus et le Père, un processus qui, pour nous, ne peut être
illustré et qui, de par sa nature, échappe à l'expérience humaine.
La conclusion de l'Évangile de Marc présente un
problème particulier. Selon les manuscrits qui font autorité, celui-ci se
conclut par le verset 16,8: « Elles sortirent et s'enfuirent du tombeau,
parce qu'elles étaient toutes tremblantes et hors d'elles-mêmes. Et elles ne
dirent rien à personne, car elles avaient peur. » Le texte authentique de
l'Évangile, sous la forme qui nous est parvenue, se conclut sur la frayeur
et la crainte des femmes. Juste avant, le texte avait évoqué la découverte
du tombeau vide par les femmes venues pour oindre le corps et l'apparition
de l'ange qui leur annonçait la Résurrection de Jésus et les chargeait de
dire aux disciples et, particulièrement, « à Pierre », que Jésus,
conformément à sa promesse, les précédait en Galilée. Il est impossible que
l'Évangile se soit conclu sur les paroles qui viennent ensuite à propos du
silence des femmes : le récit présuppose en effet qu'elles ont fait part de
leur rencontre. Et il n'ignore pas non plus, évidemment, le texte beaucoup
plus ancien de la Première lettre aux Corinthiens. Pourquoi notre
texte s'interrompt-il à ce point, nous ne le savons pas. Au IIe siècle, un
récit récapitulatif a été ajouté qui recueille les traditions les plus
importantes sur la Résurrection tout comme sur la mission des disciples
concernant l'annonce au monde entier (cf. 16,9-20). Quoi qu'il en soit, même
la conclusion brève de Marc présuppose la découverte du tombeau vide par les
femmes, l'annonce de la Résurrection, la connaissance des apparitions à
Pierre et aux Douze. Quant au problème de l'interruption énigmatique,
nous devons le laisser sans explication.
La tradition sous forme de narration parle de rencontres avec
le Ressuscité et de ce qu'il a dit en ces circonstances ; la tradition sous
forme de profession ne conserve que les faits les plus importants qui
appartiennent à la confirmation de la foi : sous cet aspect, nous pourrons
encore une fois décrire la différence essentielle entre les deux types de
tradition. De là ressortent ensuite des différences concrètes.
Nous trouvons une première différence dans le fait que, dans
la tradition sous forme de profession, seuls des hommes sont nommés comme
témoins, tandis que dans la tradition sous forme de narration les femmes ont
un rôle décisif, elles ont même la prééminence par rapport aux hommes. Cela
peut venir du fait que, dans la tradition juive, seuls les hommes pouvaient
être acceptés comme témoins au tribunal, le témoignage des femmes étant
considéré comme non fiable. La tradition « officielle » qui, pour ainsi
dire, se présente devant le tribunal d'Israël et du monde, doit donc s'en
tenir à ces normes afin de pouvoir faire face au procès de Jésus, qui d'une
certaine manière se poursuit.
Les récits, à l'inverse, ne se sentent pas liés par cette
structure juridique, mais ils communiquent l'ampleur de l'expérience de la
Résurrection. Tout comme près de la Croix, déjà - à l'exception de saint
Jean -, seules des femmes s'étaient trouvées là, ainsi leur était aussi
destinée la première rencontre avec le Ressuscité. L'Eglise, dans sa
structure juridique, est fondée sur Pierre et les Onze, mais dans la forme
concrète de la vie ecclésiale, ce sont toujours et de nouveau les femmes qui
ouvrent la porte au Seigneur, qui l'accompagnent jusqu'au pied de la Croix
et qui ainsi peuvent aussi le rencontrer en tant que Ressuscité.
Les apparitions de Jésus à Paul
Une seconde différence importante, par laquelle la
tradition sous forme de narration intègre les professions, consiste dans le
fait que les apparitions du Ressuscité ne sont pas seulement professées,
mais sont décrites concrètement. Comment pouvons-nous
imaginer les apparitions du Ressuscité, qui n'était pas revenu à la vie
humaine habituelle, mais qui était passé à un mode nouveau d'être homme
?
Nous trouvons avant tout une différence claire entre
l'apparition du Ressuscité à Paul telle qu'elle est décrite dans les
Actes des Apôtres, d'une part, et les récits des évangélistes sur les
rencontres des apôtres et des femmes avec le Seigneur vivant, d'autre part.
Selon les trois récits des Actes des Apôtres sur la
conversion de Paul, la rencontre avec le Christ ressuscité apparaît composée
de deux éléments : une lumière « plus éclatante que le soleil » (26,13) et,
en même temps, une voix qui « en langue hébraïque » (v. 14) parle à Saul.
Alors que le premier récit mentionne que ceux qui l'accompagnaient
entendirent la voix, « mais sans voir personne » (9,7), dans le deuxième
récit, au contraire, on lit que ceux-ci « virent bien la lumière, mais ils
n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait » (22,9). Le troisième
récit dit seulement à propos des compagnons de voyage que tous, comme Saul,
tombèrent à terre (cf. 26,14).
Une chose est claire : la perception de la part des
compagnons fut différente de celle de Saul ; lui seul fut le destinataire
direct d'un message qui signifiait une mission ; mais les compagnons aussi
devinrent de quelque manière les témoins d'un
événement extraordinaire.
Pour le destinataire véritable, Saul-Paul, les deux éléments
vont ensemble: la lumière éclatante, qui peut rappeler l'épisode du Thabor -
le Ressuscité est purement lumière
(cf. première partie, p. 338) -, et ensuite la parole par
laquelle Jésus s'identifie à l'Église persécutée et, en même temps, confie à
Saul une mission. Tandis que le premier et le second récit, en ce qui
concerne la mission, envoient Saul à Damas où lui seront révélés les
détails, dans le troisième récit, une parole précise et très concrète lui
est communiquée concernant sa mission : « Relève-toi
et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu : pour t'établir
serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de
celles où je me montrerai encore à toi. C'est pour cela que je te délivrerai
du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t'envoie, moi, pour
leur ouvrir les yeux, afin qu'elles reviennent des ténèbres à la lumière et
de l'empire de Satan à Dieu, et qu'elles obtiennent, par la foi en moi, la
rémission de leurs péchés et une part d'héritage avec les sanctifiés
» (Ac 26,16s.).
Malgré toutes les différences entre les trois récits, il devient toutefois
évident que l'apparition (la lumière) et la
parole vont de pair. Le Ressuscité, dont l'essence est lumière, parle en
tant qu'homme à Paul dans sa langue. Sa parole est, d'une part, une
auto-identification qui en même temps signifie identification avec l'Église
persécutée et, d'autre part, elle est une mission dont le contenu se serait
manifesté davantage par la suite.
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Catéchèse de Benoît XVI - Paul a rencontré le Ressuscité
Catéchèse de Benoît XVI : la biographie de Saint Paul
Benoît XVI évoque la figure de St Paul de Tarse
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Année Paulinienne, 28 juin 2008 - 29 juin 2009 - Table
Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.02.2023
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