3ème Prédication de Carême 2023 du Cardinal Cantalamessa
Le 17 mars 2023 - E.S.M.
-
Le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la
Maison pontificale, donne sa 3ème prédication de Carême
à la Curie romaine en présence du pape. « DIEU
EST AMOUR ! »
Cardinal Cantalamessa -
Pour agrandir l'image
►
Cliquer
3ème Prédication de Carême 2023 du Cardinal Cantalamessa
Nous avons besoin de la théologie !
Pour votre consolation et la mienne, Saint-Père, Vénérés pères,
frères et sœurs, cette méditation sera entièrement et uniquement
centrée sur Dieu. La théologie - c'est-à-dire le discours sur Dieu -
ne peut rester étrangère à la réalité du Synode, de même qu’elle ne
peut rester étrangère à aucun autre moment de la vie de l'Église.
Sans la théologie, la foi deviendrait aisément une répétition morte
; il manquerait l'instrument principal de son inculturation.
Pour accomplir cette tâche, la théologie a elle-même besoin d'un
renouveau profond. Ce dont le peuple de Dieu a besoin, c'est d'une
théologie qui ne parle pas de Dieu toujours et uniquement « à la
troisième personne », avec des catégories souvent empruntées au
système philosophique du moment, incompréhensibles en dehors du
cercle étroit des « initiés ». Il est écrit que « le Verbe s'est
fait chair », mais en théologie, le Verbe ne s'est souvent fait
qu'idée ! Karl Barth augurait l'avènement d'une théologie « capable
d’être prêchée », mais il me semble que ce souhait est encore loin
d'être réalisé. Saint Paul écrit :
« L'Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de
Dieu. […] Personne ne connaît ce qu'il y a en Dieu, sinon l'Esprit
de Dieu. Or nous, ce n'est pas l'esprit du monde que nous avons
reçu, mais l'Esprit qui vient de Dieu, et ainsi nous avons
conscience des dons que Dieu nous a accordés. »
Mais où trouver désormais une théologie qui s'appuie sur l'Esprit
Saint, plutôt que sur des catégories de sagesse humaine, pour
connaître « les profondeurs de Dieu » ? Dans ce but, il faut
recourir à des matières dites « optionnelles » : à la « Théologie
spirituelle », ou à la « Théologie pastorale ». Henri de Lubac
écrivait : « Le ministère de la prédication n’est pas la
vulgarisation d’un enseignement doctrinal à forme plus abstraite,
qui lui serait antérieur et supérieur : il est, sous sa forme la
plus haute, l’enseignement doctrinal lui-même. Cela était vrai de la
première prédication chrétienne, celle des apôtres ; cela l’est
également de ceux qui leur succèdent dans l’Eglise : les Pères, les
Docteurs et nos Pasteurs à l’heure actuelle ».
Je suis convaincu qu'il n’y a aucun contenu de foi - aussi élevé
soit-il – que l’on ne puisse rendre compréhensible à toute
intelligence ouverte à la vérité. S'il y a une chose que nous
pouvons apprendre des Pères de l'Église, c'est que l'on peut être
profond sans être obscur. Saint Grégoire le Grand dit que l'Écriture
Sainte est « un fleuve immense, aux grandes profondeurs et aux rives
basses, où l’éléphant peut nager et l’agneau barboter ». La
théologie devrait s'inspirer de ce modèle. Chacun devrait pouvoir y
trouver son compte : le simple, sa nourriture, et le savant, une
doctrine raffinée pour son palais. Sans compter que ce qui reste
caché « aux sages et aux savants » est souvent révélé aux «
tout-petits ».
Mais je m'excuse de trahir ma promesse initiale. Ce n'est pas un
discours sur le renouveau de la théologie que j'entends faire ici.
Je ne pourrais le faire à aucun titre. Je voudrais plutôt montrer
comment la théologie, comprise dans le sens mentionné, peut
contribuer à présenter le message de l'Évangile de manière
significative à l’homme d'aujourd'hui et à donner un nouveau souffle
à notre foi et à notre prière.
La plus belle nouvelle que l'Église a pour tâche de faire résonner
dans le monde, celle que tout cœur humain attend d'entendre, c'est :
« Dieu t'aime ! » Cette certitude doit défaire et remplacer celle
que nous portons en nous depuis toujours : « Dieu te juge ! »
L'affirmation solennelle de Jean : « Dieu est amour » doit
accompagner, comme une note de fond, toute annonce chrétienne, même
lorsqu'elle doit nous rappeler, comme le fait l'Évangile, les
exigences pratiques de cet amour.
Lorsque nous invoquons l'Esprit Saint – comme actuellement à
l'occasion du Synode - nous pensons avant tout à l'Esprit Saint
comme lumière qui nous éclaire sur les situations et nous suggère
les justes solutions. Nous pensons moins à l'Esprit Saint comme
amour, alors que c'est la première et la plus essentielle opération
de l'Esprit dont l'Église a besoin. Seule la charité édifie ; la
connaissance - même théologique, juridique et ecclésiastique - ne
fait souvent que gonfler et diviser. Si nous nous demandons pourquoi
nous sommes si avides de connaître (et aujourd'hui si excités à la
perspective de l'intelligence artificielle !) et si peu au contraire
soucieux d'aimer, la réponse est simple : c'est que la connaissance
se traduit en pouvoir, l'amour en service !
Henri de Lubac, encore lui, écrit : « Il faut que le monde le sache
: la révélation de l’Amour bouleverse tout ce qu’il avait conçu de
la divinité ». Aujourd'hui encore, nous n'avons pas fini (et nous ne
finirons jamais) de tirer toutes les conséquences de la révolution
évangélique sur le Dieu amour. Dans cette méditation, je voudrais
montrer comment, à partir de la révélation de Dieu comme amour, les
principaux mystères de notre foi - la Trinité, l'Incarnation et la
Passion du Christ - s'éclairent d'une lumière nouvelle et comme il
devient plus facile de les faire comprendre aux hommes. Lorsque
saint Paul définit les ministres du Christ comme « dispensateurs des
mystères de Dieu » (1 Co 4, 1), il entend ces mystères de la foi, il
ne se réfère pas aux rites ni même principalement aux sacrements.
Pourquoi la Trinité
Commençons par le mystère de la Trinité : pourquoi, nous, les
chrétiens croyons-nous que Dieu est un et trine ? Il m'est arrivé
plus d'une fois de prêcher la parole de Dieu à des chrétiens vivant
dans des pays à majorité islamique, où il y a cependant une relative
tolérance et une possibilité de dialogue, comme c'est le cas dans
les Émirats Arabes. Il s'agit de personnes, pour la plupart
immigrées, employées comme ouvriers. Elles m'ont parfois demandé ce
qu'il fallait répondre à la question qui leur est posée sur leur
lieu de travail : « Pourquoi vous, les chrétiens, vous dites-vous
monothéistes, si vous ne croyez pas en un seul et unique Dieu ? »
Je dis ce que je leur ai conseillé de répondre, parce que c'est là
l'explication que nous devrions nous donner à nous-mêmes, et à ceux
qui nous posent cette même question. Nous croyons en un Dieu un et
trine parce que nous croyons que Dieu est amour. Tout amour est
l’amour de quelqu'un, ou de quelque chose ; il ‘existe pas un amour
« vide », sans objet, tout comme il n’y a pas de connaissance qui ne
soit connaissance de quelqu'un ou de quelque chose.
Qui aime Dieu au point d'être défini comme amour ? L'univers ?
L'humanité ? Mais alors il n’est amour que depuis quelque dizaine de
milliards d'années, depuis que l'univers physique et l'humanité
existent. Auparavant, qui aimait Dieu pour être l'amour, puisque
Dieu ne peut pas changer et commencer à être ce qu'il n'était pas
auparavant ? Les philosophes grecs, concevant Dieu avant tout comme
« pensée », pouvaient répondre, comme le fait Aristote dans sa
Métaphysique : Dieu se pensait lui-même, il était « pure pensée », «
pensée de pensée ». Mais cela n'est plus possible, dès lors que l'on
dit que Dieu est amour, car le « pur amour de soi » ne serait
qu'égoïsme ou narcissisme.
Et voici la réponse de la révélation, définie lors du Concile de
Nicée en 325. Dieu est amour depuis toujours, ab aeterno, parce
qu'avant même qu'il y eût à aimer un objet extérieur à lui, il avait
en lui le Verbe, « le Fils unique » qui aimait d'un amour infini qui
est l'Esprit Saint.
Tout cela n'explique pas comment l'unité peut être en même temps
trinité, mystère que nous ne pouvons pas connaître parce qu'il ne se
produit qu'en Dieu. Mais il nous aide à comprendre pourquoi, en
Dieu, l'unité doit aussi être communion et pluralité. Dieu est
amour, il est donc Trinité ! Un Dieu qui serait pure connaissance ou
pure loi, ou puissance absolue, n'aurait certainement pas besoin
d'être trine. Cela compliquerait en effet les choses. Aucun
triumvirat ni aucune dyarchie n'ont jamais duré longtemps dans
l'histoire !
Les chrétiens aussi croient donc à l'unité de Dieu et sont donc
monothéistes ; une unité, cependant, non pas mathématique et
numérique, mais d'amour et de communion. S'il y a quelque chose que
l'expérience de l'annonce montre être encore capable d'aider les
gens aujourd'hui, sinon à expliquer, du moins à se faire une idée de
la Trinité, c'est précisément, je le répète, ce qui s'articule
autour de l'amour. Dieu est « acte pur » et cet acte est un acte
d'amour, d'où émergent, simultanément et ab aeterno, un aimant, un
aimé et l'amour qui les unit.
Le mystère des mystères n'est pas, si l’on y réfléchit bien, la
Trinité, mais de comprendre ce qu'est en réalité l'amour ! Puisqu'il
s'agit de l'essence même de Dieu, il ne nous sera pas donné de
comprendre pleinement ce qu'est l'amour, même dans la vie éternelle.
Il nous sera cependant donné quelque chose de mieux que de le
connaître, qui est de le posséder et d'en être éternellement
rassasiés. On ne peut pas embrasser l'océan, mais on peut y entrer !
Pourquoi l'incarnation ?
Passons à l'autre grand mystère à croire et à annoncer au monde :
l'Incarnation du Verbe. À la lumière de la révélation de Dieu comme
amour, elle aussi, nous le verrons, prend une nouvelle dimension. Je
m’excuse si, dans cette partie, je vous demande un effort
d'attention plus grand que celui qu'on devrait habituellement
demander aux auditeurs dans une communication orale, mais je crois
que l'effort en vaut la peine au moins une fois dans la vie.
Nous repartirons de la célèbre question de saint Anselme (1033-1109)
: « Pourquoi Dieu s'est-il fait homme ? Cur Deus homo ? » On connaît
bien sa réponse. C'est parce que seul celui qui était à la fois
homme et Dieu pouvait nous racheter du péché. En effet, en tant
qu'homme, il pouvait représenter toute l'humanité et, en tant que
Dieu, ce qu'il faisait avait une valeur infinie, proportionnelle à
la dette que l'homme avait contractée envers Dieu en péchant.
La réponse de saint Anselme est éternellement valable, mais elle
n'est pas la seule possible, ni entièrement satisfaisante. Dans le
credo, nous professons que le Fils de Dieu s'est fait chair « pour
nous les hommes et pour notre salut », mais notre salut ne se limite
pas à la seule rémission des péchés, et encore moins d'un péché
particulier, le péché originel. Il reste donc de la place pour un
approfondissement de la foi.
C'est ce que cherche à faire le bienheureux Duns Scot (1265-1308).
Dieu - dit-il - s'est fait homme parce que tel était le projet divin
originel, antérieur à la chute : c'est-à-dire que le monde - créé «
par le Christ et pour lui » - trouve en lui, « dans la plénitude des
temps », son couronnement et sa récapitulation .
« Dieu », écrit Scot, « s'aime d'abord lui-même » ; ensuite « il
veut être aimé par quelqu'un qui l'aime à un degré suprême en dehors
de lui-même » ; c'est pourquoi « il prévoit l'union avec la nature,
qui devait l'aimer à un degré suprême ». Cet aimant parfait ne
pouvait être aucune créature, étant finie, mais seul le Verbe
éternel qui se serait donc incarné « même si personne n'avait péché
». Le péché d'Adam n’a pas déterminé le fait même de l'incarnation,
mais uniquement son mode d'expiation par la passion et la mort.
Au début de tout cela, il y a encore malheureusement chez Scot,
comme on le voit, un Dieu à aimer plutôt qu'un Dieu qui aime. C'est
un résidu de la vision philosophique du Dieu « moteur immobile »,
qui peut être aimé, mais ne peut pas aimer. « Dieu », écrivait
Aristote, « fait bouger le monde en tant qu’il est aimé »,
c'est-à-dire en tant qu’objet de l’'amour, et non parce qu’il aime
le monde . Conformément à la conception occidentale de la Trinité,
Scot place la nature divine, et non la personne du Père, au début du
discours sur Dieu. Et la nature, contrairement à la personne, n'est
pas un sujet qui aime ! En cela, nos frères orthodoxes, héritiers
des Pères grecs, ont vu plus juste que nous, les latins.
Sur ce point, l'Écriture nous appelle tous, je crois, à faire un pas
en avant aujourd'hui, même par rapport à Scot, toujours conscients
cependant que nos affirmations sur Dieu ne sont que de faibles
signes tracés du doigt à la surface de l'océan. Dieu le Père décide
de l'incarnation du Verbe non pas parce qu'il veut avoir quelqu'un
d'extérieur à lui qui l’aime d'une manière digne de lui, mais parce
qu'il veut avoir quelqu'un d'extérieur à lui à aimer d'une manière
digne de lui ! Non pour recevoir l'amour, mais pour le répandre. En
présentant Jésus au monde, au Baptême et à la Transfiguration, le
Père du ciel dit : « Celui-ci est mon Fils, l’aimé » ; il ne dit pas
: « l’aimant », mais « l’aimé ».
Seul le Père, dans la Trinité (et dans tout l'univers !), n'a pas
besoin d'être aimé pour exister ; il a seulement besoin d'aimer.
C'est ce qui garantit le rôle du Père comme unique source et origine
de la Trinité, tout en maintenant en même temps la parfaite égalité
de nature entre les trois personnes divines. À l'origine de tout
cela, il y a la fulgurante intuition d'Augustin et de l'école à qui
il a donné naissance. Il définit le Père comme l'aimant, le Fils
comme l'aimé et le Saint-Esprit comme l'amour qui les unit . En
cela, nous, les Latins, avons aussi quelque chose de précieux et
d'essentiel à offrir pour une synthèse œcuménique. Grâce à Dieu, une
pleine réconciliation entre les deux théologies ne semble plus si
difficile et si lointaine, ce qui marquerait un pas en avant décisif
vers l’unité des Eglises.
Pourquoi la passion ?
Nous en arrivons maintenant au troisième grand mystère : la passion
du Christ que nous nous apprêtons à célébrer à Pâques. Voyons
comment, à partir de la révélation de Dieu comme amour, il est lui
aussi éclairé d'une lumière nouvelle. « Par ses blessures, nous
sommes guéris » : par ces paroles, dite du Serviteur de Dieu , la
foi de l'Église a exprimé la signification salvifique de la mort du
Christ . Mais les blessures, la croix et la souffrance - faits
négatifs et, en tant que tels, seulement privation de bien -
peuvent-ils produire une réalité positive telle que le salut de tout
le genre humain ? La vérité est que nous n’avons pas été sauvés par
la souffrance du Christ, mais par son amour ! Plus précisément, par
l'amour qui s'exprime dans le sacrifice de soi. Par l'amour crucifié
!
À Abélard qui, déjà en son temps, trouvait répugnante l'idée d'un
Dieu qui « se complaît » en la mort de son Fils, saint Bernard
répondait : « Ce n'est pas sa mort qui lui a plu, mais sa volonté de
mourir spontanément pour nous ; Non mors, sed voluntas placuit
sponte morientis ».
La souffrance du Christ garde toute sa valeur et l'Église ne cessera
jamais de la méditer : non pas cependant comme cause, en soi, du
salut, mais comme signe et preuve de l'amour : « La preuve que Dieu
nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous, alors que nous
étions encore pécheurs ». La mort est le signe, l'amour le signifié.
L'évangéliste saint Jean pose comme clé de lecture au début de son
récit de la Passion : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le
monde, il les aima jusqu'au bout ».
Cela enlève à la Passion du Christ une connotation qui nous a
toujours laissés perplexes et insatisfaits : l'idée, en effet, d'un
prix et d'une rançon à payer à Dieu (ou, pire, au diable !), d'un
sacrifice par lequel on apaiserait la colère divine. En réalité,
c'est plutôt Dieu qui a fait le grand sacrifice de nous donner son
Fils, de ne pas « l'épargner », comme Abraham fit le sacrifice de ne
pas épargner son fils Isaac . Dieu est plus le sujet que le
destinataire du sacrifice de la croix !
Un amour digne de Dieu
Il nous faut maintenant voir ce que change dans notre vie la vérité
que nous avons contemplée dans les mystères de la Trinité, de
l'Incarnation et de la Passion du Christ. Et c'est là que nous
attend la surprise qui ne manque jamais lorsque nous cherchons à
approfondir les trésors de la foi chrétienne. La surprise, c'est de
découvrir que, grâce à notre incorporation au Christ, nous pouvons
nous aussi aimer Dieu d'un amour infini, digne de lui !
Saint Paul écrit que : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos
cœurs ». L'amour qui a été répandu en nous est ce même amour dont le
Père, depuis toujours, aime le Fils, et non un amour différent ! «
Moi en eux et toi en moi », dit Jésus au Père, « pour que l'amour
dont tu m'as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ».
Notons : « l'amour dont tu m'as aimé », pas un amour différent. Il
s'agit d'un débordement de l'amour divin de la Trinité vers nous. «
Dieu communique à l'âme », écrit saint Jean de la Croix, « le même
amour qu'il communique à son Fils, bien que cela ne se produise pas
par nature, comme dans le cas du Fils, mais par union ».
La conséquence est que nous pouvons aimer le Père de l'amour dont le
Fils l'aime et nous pouvons aimer Jésus de l'amour dont le Père
l'aime. Tout cela grâce à l'Esprit Saint, qui est ce même amour. Que
donnons-nous donc de nous-mêmes à Dieu quand nous lui disons : « Je
t'aime ! » ? Rien d'autre que l'amour que nous recevons de lui !
Rien du tout, donc, de notre part ? Notre amour pour Dieu n'est-il
qu'un « rebond » de son amour envers lui, comme l'écho qui renvoie
le son à sa source ?
Pas dans ce cas ! L'écho de son amour revient à Dieu du creux de
notre cœur, mais avec une nouveauté qui, pour Dieu, est tout : le
parfum de notre liberté et de notre gratitude de fils ! Tout cela se
réalise, de manière exemplaire, dans l'Eucharistie. Qu'y
faisons-nous, sinon offrir au Père, comme étant « notre sacrifice »,
ce qu’en réalité le Père lui-même nous a donné, c’est-à-dire son
Fils Jésus ?
Nous pouvons dire à Dieu le Père : « Père, je t'aime de l'amour dont
ton Fils Jésus t'aime ! » Et dire à Jésus : « Jésus, je t'aime de
l'amour dont ton Père céleste t'aime ». Et savoir avec certitude que
ce n’est pas une pieuse illusion ! Chaque fois que j'essaie de le
faire moi-même dans la prière, me revient en mémoire l'épisode de
Jacob se présentant à son père Isaac pour recevoir sa bénédiction,
en se faisant passer pour son frère aîné . Et j'essaie d'imaginer ce
que Dieu le Père pourrait se dire à ce moment-là : « En vérité,
cette voix n'est pas celle de mon Fils premier-né ; mais les mains,
les pieds et tout le corps sont ceux que mon Fils a pris sur la
terre et qu'il a portés jusqu'ici, au ciel ».
Les
lecteurs qui désirent consulter les derniers articles publiés par le
site
Eucharistie Sacrement de la Miséricorde, peuvent cliquer
sur le lien suivant ►E.S.M.
sur Google actualité