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Nouveaux cardinaux : l’Afrique punie, la revanche de Fiducia
supplicans
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Le 16 octobre 2024 -
E.S.M.
- François a annoncé récemment la création
de 21 nouveaux cardinaux le 8 décembre prochain, portant
le nombre d’électeurs à 141, soit 21 de plus que la
limite de 120 fixée par Paul VI dans la constitution
apostolique Romano Pontifici Eligendo. En
parcourant la liste lue sur la place Saint-Pierre à
l’issue de l’Angélus, le critère de choix purement
personnel saute aux yeux
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Nouveaux cardinaux : l’Afrique punie, la revanche de Fiducia supplicans
De
Nico Spuntoni
Le 16 octobre 2024 -
E.S.M. -
Il y a quelques semaines, le pape avait écrit aux membres du Sacré
Collège pour leur demander de faire des économies et d’éviter le
superflu. Le 6 octobre il a annoncé la création de 21 nouveaux
cardinaux le 8 décembre prochain, portant le nombre d’électeurs à
141, soit 21 de plus que la limite de 120 fixée par Paul VI dans la
constitution apostolique Romano Pontifici Eligendo.
En parcourant la liste lue sur la place Saint-Pierre à l’issue
de l’Angélus, le critère de choix purement personnel saute aux yeux,
peut-être plus que les neuf autres consistoires. C’est la seule façon
d’expliquer le cardinalat à un fonctionnaire de la Secrétairerie d’État,
l’Indien Monseigneur George Jacob Koovakad, responsable des voyages
pontificaux depuis trois ans. Lors de son premier vol avec lui, celui pour
Budapest en 2021, François avait loué son habitude de toujours rire, tandis
qu’il y a un an, il avait complimenté sa grand-mère lors d’un appel vidéo
pour l’éducation transmise à son petit-fils. Un voyage papal a probablement
aussi favorisé un autre cardinal élu, l’évêque de Bogor Paskalis Bruno
Syukur, qui, en Indonésie, a eu l’occasion de faire connaître au pape tout
son enthousiasme pour le message de « fraternité humaine » au cœur de la
Déclaration d’Abou Dhabi.
Le nom le moins surprenant de la liste est celui de
Monseigneur Rolandas Makrickas, non pas parce qu’il est titulaire d’un
archidiocèse prestigieux ou pour des mérites pastoraux ou théologiques
particuliers : simplement, tout le monde au Vatican sait depuis longtemps
que ce Lituanien de 52 ans est dans les bonnes grâces du Pontife, dont il a
reçu en moins de trois ans le poste de commissaire extraordinaire pour Santa
Maria Maggiore, puis le titre archiépiscopal, le rôle d’archiprêtre
coadjuteur de la basilique romaine et maintenant aussi le cardinalat. Même
sort pour le père Fabio Baggio qui, avant d’être évêque, est cardinal élu,
bien qu’il ne soit « que » sous-secrétaire du Dicastère pour le Service du
développement humain intégral. Le cheval de bataille de Baggio est la
question des migrants et il peut se targuer de sa confiance avec le Pape,
qui lui a confié la direction du Centre d’éducation supérieure « Laudato sì
», avec lequel il forme des réfugiés pour travailler dans les jardins des
Villas pontificales de Castel Gandolfo.
Malgré l’accent mis sur les périphéries, toutes ces
nominations sont concentrées entre Rome et le Vatican: c’est également le
cas du seul cardinal non électeur, le presque centenaire Monseigneur Angelo
Acerbi, ancien nonce apostolique à travers le monde mais pendant plus de
vingt ans le vis-à-vis du pape à Santa Marta. Ce choix pourrait être un
hommage à Paul VI car Acerbi est l’un des derniers à avoir été ordonné
évêque par Montini.
Un autre nom très prévisible est celui de Baldassare Reina
qui, en l’espace d’un peu plus de deux ans, de recteur du séminaire
d’Agrigente, a gravi tout le cursus honorum en devenant évêque,
auxiliaire de Rome, puis vice-gérant et maintenant cardinal vicaire, mettant
ainsi fin à la confusion qui avait été créée après le transfert d’Angelo De
Donatis, tombé en disgrâce à Santa Marta, à la Pénitencerie Apostolique. La
décision de nommer cardinal Mgr Roberto Repole, archevêque de Turin, alors
que son prédécesseur Cesare Nosiglia est resté neuf ans sans galero et que
le même traitement n’a pas été réservé aux titulaires des archevêchés de
Milan, Venise, Naples et Gênes, montre bien que tous les paramètres utilisés
précédemment pour les consistoires ont été rompus.
Les choix sont tout à fait personnels, comme le montre aussi
le cardinalat de Monseigneur Mykola Bychok, évêque rédemptoriste des
gréco-catholiques ukrainiens de Melbourne. Difficile de ne pas interpréter
cette décision, quelle que soit la valeur du prélat de 44 ans, comme un
camouflet pour Monseigneur Svjatoslav Ševčuk, archevêque de Kiev et chef de
l’Église gréco-catholique ukrainienne, qui a une relation de longue date
avec le pape, mais qui n’a pas épargné les reproches, en ces années de
guerre, vis-à-vis des sorties papales plus audacieuses, et qui a aussi des
positions plus conservatrices sur la doctrine.
Tout aussi évidente est la « punition » infligée à l’Église la
plus vivante et la plus florissante, l’Église africaine, qui n’exprimera
qu’un seul cardinal lors du consistoire de décembre : Monseigneur Ignace
Bessi Dogbo, archevêque d’Abidjan et quatrième Ivoirien de l’histoire à
entrer dans le Sacré Collège. Une autre « gifle » à l’épiscopat africain qui
s’est rebellé contre les bénédictions arc-en-ciel est le choix d’attribuer à
un évêque français en Algérie, Mgr Jean-Paul Vesco, une expression de la
très petite minorité d’évêques nord-africains (mais pas africains) qui ont «
approuvé » la
Fiducia supplicans et qui, ces derniers jours, par
l’intermédiaire de l’ancien cardinal Cristóbal López Romero, se sont
également plaints de leurs frères dirigés par Fridolin Ambongo.
En Europe, François ne fait de l’archevêque de Belgrade qu’un
cardinal, tandis que l’épiscopat américain est une fois de plus ignoré. En
Amérique du Nord, cependant, l’archidiocèse de Toronto s’enorgueillira à
nouveau d’un archevêque cardinal, Francis Leo. Pour le Sacré Collège qui
devra élire son successeur, Bergoglio vise cependant avant tout « son »
Amérique latine, en donnant le cardinalat aux évêques progressistes de Lima
(Carlos Castillo Mattasoglio a fréquenté la paroisse de Caprona avec Don
Severino Dianich), Porto Alegre, Guayaquil, tandis que l’archevêque de
Santiago du Chili, Fernando Chomalí, a une orientation moins tranchée et a
montré une bonne résistance contre les lois sur l’avortement et
l’euthanasie. La création de Monseigneur Vicente Bokalic Iglic en tant que
cardinal était également dans l’air après que François ait élevé Santiago
del Estero au rang d’archidiocèse en juillet dernier et l’ait même fait
primat titulaire d’Argentine. Les autres noms sont ceux de Monseigneur
Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, Monseigneur Pablo Virgilio
Siongco David, évêque de Kalookan aux Philippines et Dominique Joseph
Mathieu, archevêque franciscain conventuel de Téhéran Ispahan en Iran.
Mais le nom qui fait le plus parler est certainement celui du
père dominicain britannique Timothy Peter Joseph Radcliffe, l’un des
théologiens pro-LGBT les plus connus de l’Eglise et dont The Compass
avait déjà parlé à l’occasion de l’ouverture du Synode. Son entrée au Sacré
Collège à l’âge de 79 ans est un message sans équivoque et éteint l’espoir
d’un retournement de situation à la fin de ce pontificat. Une reconnaissance
de « carrière » que le Pape refuse, une fois de plus, au contemporain de
Radcliffe, Monseigneur Vincenzo Paglia, qui s’était récemment risqué à
quelques interviews répondant à des questions sur son hypothétique
cardinalat.
Les paroles de prudence pour l’inauguration du Synode et les
belles preuves offertes lors du voyage en Belgique (qui ont peut-être coûté
le béret rouge à l’archevêque de Malines-Bruxelles Luc Terlinden) avaient
donné l’illusion d’un pape fatigué d’être instrumentalisé par l’aile la plus
extrémiste du progressisme catholique. Malheureusement, l’annonce du nouveau
consistoire a définitivement démenti ce scénario. En outre, une donnée
significative de la liste annoncée hier est celle de l’âge : beaucoup des
nouveaux cardinaux sont très jeunes. Il ne s’agit pas d’une caractéristique
aléatoire, mais d’une caractéristique qui indique le désir de François de
donner une empreinte précise à l’Église dans les générations à venir et pas
seulement, comme on l’écrit souvent, lors du prochain conclave. Lequel, il
faut le dire, n’est d’ailleurs pas proche car le souverain pontife, à
presque 88 ans, jouit d’une excellente santé et n’a pas l’intention de
baisser les bras. Celui de décembre prochain sera probablement le pire
consistoire des dix bergogliens, qui arrive paradoxalement dans l’un des
meilleurs moments du pontificat, après que l’issue du voyage du pape en
Belgique, avec un retour en arrière aux polémiques anticléricales des
politiciens et des journalistes, ait recompacté une Église de plus en plus
divisée.
(Nico Spuntoni, dans
La Bussola quotidiana, 7 octobre 2024)
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Sources
: Correspondance
europeenne
-
E.S.M.
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constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.10.2024
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