Catéchèse de Benoît XVI : L'Église
est le Corps du Christ |
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Cité du Vatican, le 16 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- ''L'Église de Dieu - a affirmé le pape Benoît XVI - n'est pas
seulement une somme d'associations de différentes Églises locales mais,
au contraire, la réalisation dans une communauté unique, épouse du
Christ dans l'amour, un seul corps et un seul esprit avec le Christ
lui-même''.
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Le pape Benoît XVI -
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Catéchèse de Benoît XVI : L'Église est le Corps du Christ
Synthèse de la catéchèse - Texte intégral en 2ème partie
Le 16 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
L'Église ''n'est pas un simple édifice'', ni une somme d'Églises
locales, mais le Corps vivant du Christ dans la foi, l'assemblée convoquée
par Dieu dans chaque lieu et à chaque époque. C'est ce qu'a dit le pape
pendant l'Audience Générale, Place Saint Pierre devant plus de 30.000
personnes.
En partant du concept d'Église introduit par Saint Paul, le premier à
adopter le terme grec "ekklesia", qui indique littéralement "une
assemblée convoquée par Dieu", le pape en a expliqué les multiples
implications. ''L'Église de Dieu - a affirmé le Saint-Père - n'est pas
seulement une somme d'associations de différentes Églises locales mais, au
contraire, la réalisation dans une communauté unique, épouse du Christ dans
l'amour, un seul corps et un seul esprit avec le Christ lui-même''.
En arrivant à la conscience de cette unité dans la foi, l'Église a pu même
renoncer à ses signes distinctifs, comme par exemple la circoncision,
''parce que tous étaient appelés, dans leur variété, à faire partie de
l'unique peuple de Dieu de "l'Église de Dieu" dans
le Christ''.
''Paul savait - a poursuivi Benoît XVI - que non seulement on ne devient pas
chrétien par la force, mais également que dans la configuration interne de
la nouvelle communauté la composante institutionnelle était inévitablement
liée à la "parole vivante", à l'annonce du Christ vivant dans
lequel Dieu s'ouvre à tous les peuples et les unit en un unique peuple de
Dieu''. Un concept - a souligné le Saint-Père - qui réfléchit la sociologie
de l'époque, qui décrivait une société comme un corps avec divers membres,
dont chacun à sa fonction, même les plus petits et apparemment les plus
insignifiants, mais qui dans le christianisme acquiert une autre réalité, en
transformant le '' ekklesia '' en Corps et Sang du Christ, à travers
le Sacrement de l'Eucharistie.
''Paul, en somme - a expliqué le pape -, rend justice en même temps à la
diversité présente dans le corps ecclésial'', un corps ecclésial, a précisé
Benoît XVI, qui représente une véritable ''famille'', un lieu intime et
affectueux de relations interpersonnelles, mais toujours une communauté
voulue par Dieu. ''Paul sait et nous rappelle - a conclu Benoît XVI - que
l'Église n'est pas sienne et n'est pas nôtre : l'Église est corps du Christ,
elle est "Église de Dieu" ''.
Texte intégral de la catéchèse du saint-Père
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse de mercredi dernier j'ai parlé de la relation de Paul avec
le Jésus pré pascal dans sa vie terrestre. La question était : "Qu'a su
Paul de la vie de Jésus, de ses paroles, de sa passion" ?
Aujourd'hui je voudrais parler de l'enseignement de saint Paul sur
l'Église. Nous devons commencer par la constatation que le mot "Église"
en français - comme en italien "Chiesa" et en espagnol "Iglesia"
- est tiré du grec "ekklésía" ! Il vient de l'Ancien Testament et
signifie l'assemblée du peuple d'Israël, convoquée par Dieu, en particulier
l'assemblée exemplaire au pied du Sinaï. Ce mot signifie à présent la
nouvelle communauté des croyants par le Christ qui se sentent assemblée de
Dieu, la nouvelle convocation de tous les peuples par Dieu et devant Lui.
Le
terme ekklésia ne fait son apparition que sous la plume de Paul,
qui est le premier auteur d'un écrit chrétien. Cela a lieu dans l'incipit de
la première Lettre aux Thessaloniciens, où Paul s'adresse textuellement "à
l'Église des Thessaloniciens" (cf. ensuite également
"l'Église de Laodicée" dans Col 4, 16). Dans d'autres Lettres
il parle de l'Église de Dieu qui est à Corinthe ( 1 Co 1,
2 ; 2 Co 1, 1), qui est en Galatie (Ga 1, 2
etc.) - des Églises particulières donc - mais il dit aussi
avoir persécuté "l'Église de Dieu" :
non pas une communauté locale déterminée, mais "l'Église de Dieu".
Ainsi, nous voyons que ce mot "Église" a une signification pluridimensionnelle : il indique,
d'une part, les assemblées de Dieu dans des lieux déterminés
(une ville, un pays, une maison), mais il signifie aussi toute
l'Église dans son ensemble. Et ainsi nous voyons que "l'Église de Dieu"
n'est pas seulement une somme de différentes Églises locales, mais que les
différentes Églises locales sont à leur tour une réalisation de l'unique
Église de Dieu. Toutes ensemble elles sont "l'Église de Dieu", qui
précède les Églises locales singulières et s'exprime, se réalise en elles.
Il est important d'observer que le mot "Église" apparaît presque
toujours avec l'adjonction de la qualification "de Dieu"
: ce n'est pas une association humaine, née d'idées ou d'intérêts communs,
mais d'une convocation de Dieu. Il l'a
convoquée et c'est pourquoi elle est une dans
toutes ses réalisations. L'unité de Dieu crée
l'unité de l'Église dans tous les lieux où elle se trouve. Plus tard,
dans la Lettre aux Éphésiens, Paul élaborera longuement le concept d'unité
de l'Église, en continuité avec le concept de Peuple de Dieu, Israël,
considéré par les prophètes comme "épouse de Dieu", appelée à vivre
une relation sponsale avec Lui. Paul présente l'unique Église de Dieu comme
"épouse du Christ" dans
l'amour, un seul corps et un seul esprit avec le Christ lui-même. On sait
que le jeune Paul avait été un adversaire acharné du nouveau mouvement
constitué par l'Église du Christ. Il avait été un adversaire de ce
mouvement, parce qu'il y avait vu une menace à la fidélité à la tradition du
peuple de Dieu, animé par la foi dans le Dieu unique. Cette fidélité
s'exprimait surtout dans la circoncision, dans l'observance des règles de la
pureté cultuelle, dans l'abstention de certains aliments, dans le respect du
Sabbat. Cette fidélité, les Israélites l'avaient payée avec le sang des
martyrs, pendant la période des Maccabées, quand le régime hellénistique
voulait obliger tous les peuples à se conformer à l'unique culture
hellénistique. Beaucoup d'Israélites avaient défendu avec leur sang la
vocation propre d'Israël. Les martyrs avaient donné leur vie pour l'identité
de leur peuple, qui s'exprimait à travers ces éléments. Après la rencontre
avec le Christ ressuscité, Paul comprit que les chrétiens n'étaient pas des
traîtres ; au contraire, dans la nouvelle situation, le Dieu d'Israël avait
élargi son appel, à travers le Christ, à toutes les nations, en devenant le
Dieu de tous les peuples. De cette manière se réalisait la fidélité au Dieu
unique ; les signes distinctifs constitués par les règles et les observances
particulières n'étaient plus nécessaires, parce que tous étaient appelés,
dans leur variété, à faire partie de l'unique peuple de Dieu de "l'Église
de Dieu" dans le Christ.
Une chose fut pour Paul immédiatement claire dans la nouvelle situation : la
valeur fondamentale et fondatrice du Christ et de la "parole" qui
L'annonçait. Paul savait que non seulement on ne devient pas chrétien par la
force, mais également que dans la configuration interne de la nouvelle
communauté la composante institutionnelle était inévitablement liée à la "parole"
vivante, à l'annonce du Christ vivant dans lequel Dieu s'ouvre à tous les
peuples et les unit en un unique peuple de Dieu. Il est symptomatique que
dans les Actes des Apôtres, Luc emploie plusieurs fois, également à propos
de Paul, le syntagme "annoncer la parole"
(Ac 4, 29.31 ; 8, 25 ; 11, 19 ; 13, 46 ; 14, 25 ; 16, 6.32), avec
l'intention évidente de souligner au maximum la portée décisive de la "parole" de l'annonce. Concrètement, cette parole est constituée par la
croix et la résurrection du Christ, dans lesquelles les Écritures se sont
réalisées. Le mystère pascal, qui a provoqué le tournant de sa vie sur le
chemin de Damas, se trouve bien sûr au centre de la prédication de l'apôtre
(cf. 1 Co 2, 2 ; 15, 14). Ce Mystère annoncé
dans la parole se réalise dans les sacrements du baptême et de l'Eucharistie
et devient ensuite réalité dans la charité chrétienne. L'œuvre
évangélisatrice de Paul n'a pas d'autre finalité que celle d'implanter la
communauté des croyants dans le Christ. Cette idée est comprise dans
l'étymologie même du terme ekklésia, que Paul, et avec lui tout le
christianisme, a préféré à l'autre terme de "synagogue" : non
seulement parce qu'à l'origine le premier est plus "laïc"
(dérivant de la pratique grecque de l'assemblée politique et
pas précisément religieuse), mais également parce qu'il implique
directement l'idée plus théologique d'un appel ab extra, et donc pas
seulement l'idée de simplement se retrouver ensemble ; les croyants sont
appelés par Dieu, qui les réunit en une communauté,
son Église.
Dans cette optique, nous pouvons également comprendre le concept original,
exclusivement paulinien, de l'Église comme "Corps du Christ". A cet
égard, il faut avoir à l'esprit les deux dimensions de ce concept. L'une est
à caractère sociologique. Selon cette dimension, le corps est constitué par
ses composantes et n'existerait pas sans elles. Cette interprétation
apparaît dans la Lettre aux Romains et dans la première Lettre aux
Corinthiens, où Paul reprend une image qui existait déjà dans la sociologie
romaine : il dit qu'un peuple est comme un corps avec divers membres, dont
chacun à sa fonction, même les plus petits et apparemment les plus
insignifiants, sont nécessaires pour que le corps puisse vivre et réaliser
ses fonctions. De manière opportune, l'apôtre observe que dans l'Église, il
y a beaucoup de vocations : prophètes, apôtres, maîtres, personnes simples,
tous appelés à vivre chaque jour la charité, tous nécessaires pour
construire l'unité vivante de cet organisme spirituel. L'autre
interprétation fait référence au Corps même du Christ. Paul soutient que
l'Église n'est pas seulement un organisme, mais devient réellement corps du
Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, où tous nous recevons son Corps
et nous devenons réellement son Corps. Ainsi se réalise le mystère sponsal
que tous deviennent un seul corps et un seul esprit dans le Christ. Ainsi la
réalité va bien au-delà de l'image sociologique, en exprimant sa véritable
essence profonde, à savoir l'unité de tous les baptisés dans le Christ,
considérés par l'Apôtre "un" dans le Christ, conformés au sacrement
de son Corps.
En disant cela, Paul montre qu'il sait bien et il nous fait comprendre à
tous que l'Église n'est pas sienne et n'est pas nôtre : l'Église est corps
du Christ, elle est "Église de Dieu", "champ de Dieu, édification de
Dieu, ...temple de Dieu" (1 Co 3, 9.16).
Cette dernière qualification est particulièrement intéressante, car elle
attribue à un tissu de relations interpersonnelles, un terme qui servait
communément à indiquer un lieu physique, considéré comme sacré. Le rapport
entre Église et temple finit donc par assumer deux dimensions
complémentaires : d'une part, la caractéristique de dimension séparée et de
pureté qui revenait à l'édifice sacré, est appliquée à la communauté
ecclésiale, mais, de l'autre, le concept d'un espace matériel est également
dépassé, pour transférer cette valeur à la réalité d'une communauté de foi
vivante. Si auparavant les temples étaient considérés comme des lieux de la
présence de Dieu, à présent on sait et on voit que Dieu n'habite pas dans
des édifices faits en pierres, mais le lieu de la présence de Dieu dans le
monde est la communauté vivante des croyants.
La qualification de "peuple de Dieu", qui chez Paul est appliquée
substantiellement au peuple de l'Ancien Testament, puis aux païens qui
étaient "le non peuple" et sont devenus eux aussi le peuple de Dieu
grâce à leur insertion dans le Christ à travers la Parole et le sacrement,
mériterait un discours à part. Et enfin, une dernière nuance. Dans la Lettre
à Timothée, Paul qualifie l'Église de "maison de Dieu"
(1 Tm 3, 15) ; et il s'agit d'une définition
vraiment originale, car elle se réfère à l'Église comme structure
communautaire où l'on vit de chaleureuses relations interpersonnelles à
caractère familial. L'apôtre nous aide donc a comprendre toujours plus
profondément le mystère de l'Église dans ses différentes dimensions
d'assemblée de Dieu dans le monde. Telle est la grandeur de l'Église et la
grandeur de notre appel : nous sommes temple de Dieu dans le monde, lieu où
Dieu habite réellement, et nous sommes, dans le même temps, communauté,
famille de Dieu dont Il est charité. Comme famille et maison de Dieu, nous
devons réaliser dans le monde la charité de Dieu et être ainsi avec la force
qui vient de la foi, le lieu et le signe de sa présence. Prions le Seigneur
afin qu'il nous accorde d'être toujours davantage son Église, son Corps, le
lieu de la présence de sa charité dans notre monde et dans notre histoire.
(ZF08101504 )
© Copyright du texte original : Librairie
Editrice du Vatican
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.10.2008 -
T/Benoît XVI |