Le cardinal Vingt-Trois s'exprime sur
le travail du dimanche |
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Paris, le 15 décembre 2008 -
(E.S.M.)
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Dans une interview à l'antenne de RTL, le cardinal Vingt-Trois, archevêque
de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a réaffirmé
son opposition « à la généralisation des dérogations du repos hebdomadaire
».
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Le cardinal Vingt-Trois
Le cardinal Vingt-Trois s'exprime sur
le travail du dimanche
Le travail du dimanche en débat
Le 15 décembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dans une interview à l'antenne de RTL, le cardinal Vingt-Trois, archevêque
de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a réaffirmé
son opposition « à la généralisation des dérogations du repos hebdomadaire
».
"Mon propos porte sur le sens du dimanche et sur le risque pour une
société de banaliser l’ensemble des jours de la semaine et de ne plus avoir
de repères fixes pour les jours de repos et pour les activités qui
permettent à une société de se constituer autrement que par le travail et le
commerce" a-t-il affirmé.
Il avait déjà abordé cette question dans son
discours d'ouverture de la dernière Assemblée Plénière, le 4 novembre
2008 à Lourdes : « Gagner plus doit-il devenir le principal objectif de
l'existence ? » s'était-il interrogé.
retranscription de cet entretien avec Jean-Michel
Aphatie
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, André Vingt-Trois.
André Vingt-Trois : Bonjour, monsieur Aphatie.
L’Assemblée nationale va examiner la semaine
prochaine, à la demande du président de la République, la libéralisation du
travail dans les grandes agglomérations et dans les zones touristiques. Etes-vous
partisan du travail le dimanche, Monseigneur Vingt-Trois ?
J’aurais un peu tendance à dire que ce sont deux questions différentes.
C’est-à-dire que le projet de loi qui va être en discussion la semaine
prochaine est un projet qui a une portée limitée et variable, si je puis
dire, puisque depuis quelques mois, son champ d’application a beaucoup
bougé, peut-être pas sans rapport avec un certain nombre de réactions...
Grandes agglomérations et zones touristiques...
Oui... Et moi, mon propos n’importe pas sur ce projet de loi. Il porte sur
le sens du dimanche lui même, et sur le risque pour une société de banaliser
l’ensemble des jours de la semaine, et de ne plus avoir de repères fixes
pour les jours de repos et pour les activités qui permettent à une société
de se constituer autrement que par le travail et le commerce.
De réfléchir, de se consacrer aux activités
associatives, aux activités spirituelles, par exemple ?
Voila, par exemple et à la famille et aux relations...
Bien sûr... Donc, peut-on dire, sans forcer votre
pensée que vous êtes opposé au travail le dimanche ?
Je suis opposé à la généralisation des dérogations du repos hebdomadaire,
car je sais très bien déjà aujourd’hui en France que plusieurs millions de
personnes sont astreintes à travailler le dimanche. Mais précisément, la
différence c’est que ceux là sont astreints pour des motifs de service
public ou pour des motifs de services commerciaux de base, mais ils ne sont
pas dans un système où on leur propose de travailler. Ils ont une contrainte
qui est justifiée par le service public. Là, les dérogations qui sont en
perspective, sont des dérogations purement économiques et qui n’ont pas de
fonction propre de service public.
Donc ça vous parait être une évolution non souhaitée
?...
Malsaine...
Malsaine, carrément ?...
Malsaine, parce que je pense qu’une société qui n’a pas de repères dans le
temps est une société qui se destructure. J’imagine et je pense très bien
qu’un certain nombre de familles, par exemple, dont on sait très bien
aujourd’hui qu’elles sont des familles décomposées et recomposées, sont des
familles pour qui le week-end où des enfants vont retrouver l’un ou l’autre
parent. Bon ! Ils vont retrouver qui ? Ca veut dire qu’il y a un jour, il y
a un repère qui permet de construire et d’organiser la vie sociale. Que ce
repère soit le dimanche dans un système de culture chrétienne, c’est tout à
fait normal...
Alors justement, Gérard Larcher, le président du Sénat
disait ceci hier : "Dans une république laïque, on peut imaginer le droit au
repos hebdomadaire qui ne soit pas automatiquement le dimanche..."
Mais ça, c’est une vision un peu simple de la situation. Il y a beaucoup de
chrétiens qui vivent en Israël. Ils savent très bien que le jour de repos
commun, c’est le Shabbat. Et beaucoup de chrétiens qui vivent dans des pays
musulmans savent que le jour de repos commun c’est le vendredi. Ça ne les
empêche pas d’être chrétiens. Donc je veux dire que nous, notre
revendication, n’est pas du tout une revendication spécifiquement
confessionnelle. C’est une revendication sur la structure et l’équilibre de
la société...
Ce message-là, vous avez eu l’occasion de le faire
passer à des responsables politiques, ou peut être d’en discuter directement
avec le président de la République ?
Je n’en ai pas discuté directement avec le président de la République...
Mais j’en ai parlé avec un certain nombre de responsables politiques, et
j’ai eu l’occasion de le dire à l’assemblée plénière des évêques à Lourdes
au mois de novembre dans le discours d’ouverture, et je crois que j’ai été
entendu...
Le message est effectivement passé. C’est comme ça que
nous avons nous par exemple à RTL pris conscience de votre réflexion sur le
sujet. A Lourdes, vous n’avez pas dit que ça. C’était au début novembre. On
se souvient que travailler pour gagner plus était le slogan fétiche du
candidat Sarkozy au printemps 2007. Et vous, vous dites, gagner plus doit il
devenir le principal objectif de l’existence ? Seriez-vous entré dans
l’opposition ?
Ah pas du tout, parce que je pense de fait que le slogan du président
Sarkozy avait un double avantage. Le premier, c’est de permettre aux gens de
réaliser que pour gagner de l’argent, il fallait travailler... Et le
deuxième, c’était d’avoir...
On s’en était rendu compte avant...
Oui, oui... Mais quelquefois on nourrit quelques illusions aussi. On
s’imagine qu’il y a des moyens de gagner des sous autrement. Et puis je
crois aussi que ca avait le mérite d’avoir un aspect mobilisateur. Mais moi,
mon objectif n’était pas de critiquer une phrase de campagne électorale. Mon
objectif, c’était de dire : est-ce que la vie de l’homme doit s’organiser
comme principe de référence sur l’idée de gagner plus. Je pense évidemment
qu’un certain nombre de gens sont dans une situation où ils souhaiteraient
beaucoup gagner plus et où ils auraient besoin de gagner plus. Mais est-ce
que pour gagner plus il faut renoncer à ce qui fait l’équilibre de la vie
humaine ? Est-ce qu’une femme qui vit seule et qui élève deux enfants et qui
est caissière dans un supermarché pourra nourrir ses deux enfants, être
obligée de travailler le dimanche, et de laisser ses gosses tout seuls
devant la télévision. C’est ça ma question...
La crise économique, dites-vous aussi, peut entraîner
une remise en cause de la surconsommation et l’invention de nouvelles
aspirations. Vive la crise pour l’Église française ?
Non, c’est pas ça, mais un des aspects du réalisme de la foi, c’est de
partir de la réalité. On est dans la réalité d’une crise et mon regard
d’espérance c’est de me dire peut être que cette crise peut avoir quelque
chose de bon, et il faut essayer d’en tirer profit. Il faut pas... C’est pas
parce qu’il y a une crise économique que le monde va s’écrouler. Le monde
continue de tourner. Alors comment est ce qu’on va vivre dans ce monde qui
tourne ?
Bonne question. La crise touche aussi l’église
semble-t-il... On a vu l’évêque d’Evry, Monseigneur Dubost, en appeler sur
internet à la générosité des fidèles parce que pour parler simplement, il
n’arrive pas à boucler les fins de mois...
C’est possible oui. Bah c’est normal... Je veux dire que l’Église est dans
le même contexte économique que le reste de la société. C’est évident qu’au
moment où les gens sont obligés de se restreindre dans leurs dépenses, ils
sont obligés de faire des choix et donc de savoir si le choix de financer
leur église est un choix prioritaire ou si c’est un choix annexe au même
titre que d’autres générosités qu’ils peuvent avoir...
Et vous même, à Paris par exemple, vous avez aussi ce
type de difficulté financière ?...
Bah on n’a pas de difficulté financière particulière, mais nous sommes très
attentifs à suivre l’évolution des dons dans ces mois qui sont en train de
s’écouler...
Donc le travail du dimanche, ce sera l’un des grands
sujets de débat la semaine prochaine. Peut être que votre intervention sur
RTL fera réfléchir certains députés, notamment ceux de la Majorité...
Mais je ne vise pas à influencer le débat parlementaire.
Un petit peu quand même, sinon...
A aider les gens à réfléchir...
Voilà, sinon vous ne seriez pas venu ce matin sur RTL
si vous ne visiez pas...
Je suis venu pour le plaisir d’être avec vous et puis pour vous remercier de
m’avoir invité...
Et bien le plaisir était réciproque. "Le travail du
dimanche, ça peut être malsain". On retiendra le qualificatif...
(catholique-paris)
Sources :
eglise.catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.12.2008 -
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