Homélie de Benoît XVI en la fête de
Notre-Dame des Douleurs |
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Lourdes, le 15 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a célébré ce matin la messe pour les malades
en la fête de Notre-Dame des Douleurs. Après l'homélie, le Saint-Père a
donné l'onction des malades rassemblés sur l'esplanade de la basilique
Notre-Dame du Rosaire. Ce sacrement est destiné aux personnes malades
pour les renforcer dans leur fidélité à l'Alliance avec Dieu dans les
souffrances et les difficultés.
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI en la fête de Notre-Dame des Douleurs
Le 15 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI a célébré ce matin la messe pour les malades en la fête
de
Notre-Dame des Douleurs.
Après l'homélie, le Saint-Père a donné l'onction des malades
rassemblés sur
l'esplanade de la basilique Notre-Dame du Rosaire. Ce sacrement est
destiné aux personnes malades pour les renforcer dans leur fidélité à
l'Alliance avec Dieu dans les souffrances et les difficultés.
Le pape Benoît XVI quittera ensuite Lourdes pour être à 12h30 à l'aéroport de Tarbes où se déroulera
la cérémonie de congé en présence du Premier Ministre où il prononcera une
dernière allocution.
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Les lectures du jour
Homélie du Saint-Père
Chers frères dans l'Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Chers malades, chers accompagnateurs et hospitaliers,
Chers frères et sœurs !
Nous avons célébré hier la
Croix du Christ, l'instrument de notre Salut, qui
nous révèle dans toute sa plénitude la miséricorde de notre Dieu. La Croix
est en effet le lieu où se manifeste de façon parfaite la compassion de Dieu
pour notre monde. Aujourd'hui, en célébrant la mémoire de Notre-Dame des
Douleurs, nous contemplons Marie qui partage la compassion de son Fils pour
les pécheurs. Comme l'affirme saint Bernard, la Mère du Christ est entrée
dans la Passion de son Fils par sa compassion (cf. Homélie
pour le dimanche dans l'Octave de l'Assomption). Au pied de la
Croix se réalise la prophétie de Syméon : son cœur de mère est transpercé
(cf. Lc 2, 35) par le supplice infligé à l'Innocent, né de sa
chair. Comme Jésus a pleuré (cf. Jn 11,35),
Marie a certainement elle aussi pleuré devant le corps torturé de son
enfant. La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l'abîme de sa douleur
; la profondeur de cette affliction est seulement suggérée par le symbole
traditionnel des sept glaives. Comme pour son Fils Jésus, il est possible de
dire que cette souffrance l'a conduite elle aussi à sa perfection
(cf. Hb 2, 10), pour la rendre capable
d'accueillir la nouvelle mission spirituelle que son Fils lui confie juste
avant de « remettre l'esprit » (cf. Jn 19, 30)
: devenir la mère du Christ en ses membres. En cette heure, à travers la
figure du disciple bien-aimé, Jésus présente chacun de ses disciples à sa
Mère en lui disant : « Voici ton Fils » (cf. Jn 19,
26-27).
Marie est aujourd'hui dans la joie et la gloire de la Résurrection. Les
larmes qui étaient les siennes au pied de la Croix se sont transformées en
un sourire que rien n’effacera tandis que sa compassion maternelle envers
nous demeure intacte. L'intervention secourable de la Vierge Marie au cours
de l'histoire l'atteste et ne cesse de susciter à son égard, dans le peuple
de Dieu, une confiance inébranlable : la prière du Souvenez-vous exprime
très bien ce sentiment. Marie aime chacun de ses enfants, portant d'une
façon particulière son attention sur ceux qui, comme son Fils à l'heure de
sa Passion, sont en proie à la souffrance ; elle les aime tout simplement
parce qu'ils sont ses fils, selon la volonté du Christ sur la Croix.
Le psalmiste, percevant de loin ce lien maternel qui unit la Mère du Christ
et le peuple croyant, prophétise au sujet de la Vierge Marie que « les plus
riches du peuple … quêteront ton sourire » (Ps 44, 13).
Ainsi, à l'instigation de la Parole inspirée de l'Écriture, les chrétiens
ont-ils depuis toujours quêté le sourire de Notre Dame, ce sourire que les
artistes, au Moyen-âge, ont su si prodigieusement représenter et mettre en
valeur. Ce sourire de Marie est pour tous ; il s'adresse cependant tout
spécialement à ceux qui souffrent afin qu'ils puissent y trouver le
réconfort et l'apaisement. Rechercher le sourire de Marie n'est pas le fait
d'un sentimentalisme dévot ou suranné, mais bien plutôt l'expression juste
de la relation vivante et profondément humaine qui nous lie à celle que le
Christ nous a donnée pour Mère.
Désirer contempler ce sourire de la Vierge, ce n'est pas se laisser mener
par une imagination incontrôlée. L'Écriture elle-même nous le dévoile sur
les lèvres de Marie lorsqu'elle chante le Magnificat : « Mon âme exalte le
Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 46-47). Quand la
Vierge Marie rend grâce au Seigneur, elle nous prend à témoin. Marie
partage, comme par anticipation, avec ses futurs enfants que nous sommes, la
joie qui habite son cœur, pour qu'elle devienne la nôtre. Chaque récitation
du Magnificat fait de nous des témoins de son sourire. Ici à Lourdes, au
cours de l'apparition qui eut lieu le mercredi 3 mars 1858, Bernadette
contempla de manière toute particulière ce sourire de Marie. Celui-ci fut la
première réponse que la Belle Dame donna à la jeune voyante qui voulait
connaître son identité. Avant de se présenter à elle, quelques jours plus
tard, comme « l'Immaculée Conception », Marie lui fit d'abord connaître son
sourire, comme étant la porte d'entrée la plus appropriée à la révélation de
son mystère.
Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures, tournée vers
nous, se reflète notre dignité d'enfants de Dieu, cette dignité qui
n'abandonne jamais celui qui est malade. Ce sourire, vrai reflet de la
tendresse de Dieu, est la source d'une espérance invincible. Nous le savons
malheureusement : la souffrance endurée rompt les équilibres les mieux
assurés d'une vie, ébranle les assises les plus fermes de la confiance et en
vient parfois même à faire désespérer du sens et de la valeur de la vie. Il
est des combats que l'homme ne peut soutenir seul, sans l'aide de la grâce
divine. Quand la parole ne sait plus trouver de mots justes, s'affirme le
besoin d'une présence aimante : nous recherchons alors la proximité non
seulement de ceux qui partagent le même sang ou qui nous sont liés par
l'amitié, mais aussi la proximité de ceux qui nous sont intimes par le lien
de la foi. Qui pourraient nous être plus intimes que le Christ et sa sainte
Mère, l'Immaculée ? Plus que tout autre, ils sont capables de nous
comprendre et de saisir la dureté du combat mené contre le mal et la
souffrance. La Lettre aux Hébreux dit à propos du Christ, qu'il « n'est pas
incapable de partager notre faiblesse ; car en toutes choses, il a connu
l'épreuve comme nous » (cf. Hb 4, 15). Je
souhaiterais dire, humblement, à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et
sont tentés de tourner le dos à la vie : tournez-vous vers Marie ! Dans le
sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre
le combat contre la maladie et pour la vie. Auprès d'elle se trouve
également la grâce d'accepter, sans crainte ni amertume, de quitter ce
monde, à l'heure voulue par Dieu.
Comme elle était juste l'intuition de cette belle figure spirituelle
française, Dom Jean-Baptiste Chautard, qui, dans L'âme de tout apostolat,
proposait au chrétien ardent de fréquentes « rencontres de regard avec la
Vierge Marie » ! Oui, quêter le sourire de la Vierge Marie n'est pas un
pieux enfantillage, c'est l'aspiration, dit le Psaume 44, de ceux qui sont «
les plus riches du peuple » (v. 13). « Les plus
riches », c'est-à-dire dans l'ordre de la foi, ceux qui ont la maturité
spirituelle la plus élevée et savent précisément reconnaître leur faiblesse
et leur pauvreté devant Dieu. En cette manifestation toute simple de
tendresse qu'est un sourire, nous saisissons que notre seule richesse est
l'amour que Dieu nous porte et qui passe par le cœur de celle qui est
devenue notre Mère. Quêter ce sourire, c'est d'abord cueillir la gratuité de
l'amour ; c'est aussi savoir provoquer ce sourire par notre effort pour
vivre selon la Parole de son Fils Bien-aimé, tout comme un enfant cherche à
faire naître le sourire de sa mère en faisant ce qui lui plaît. Et nous
savons ce qui plaît à Marie grâce aux paroles qu'elle adressa aux serviteurs
à Cana : « Faites tout ce qu'il vous dira » (cf. Jn 2, 5).
Le sourire de Marie est une source d'eau vive. « Celui qui croit en moi, dit
Jésus, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur » (Jn 7, 38). Marie est
celle qui a cru, et, de son sein, ont jailli des fleuves d'eau vive qui
viennent irriguer l'histoire des hommes. La source indiquée, ici, à Lourdes,
par Marie à Bernadette est l'humble signe de cette réalité spirituelle. De
son cœur de croyante et de mère, jaillit une eau vive qui purifie et qui
guérit. En se plongeant dans les piscines de Lourdes, combien n'ont-ils pas
découvert et expérimenté la douce maternité de la Vierge Marie, s'attachant
à elle pour mieux s'attacher au Seigneur ! Dans la séquence liturgique de
cette fête de Notre-Dame des Douleurs, Marie est honorée sous le titre de «
Fons amoris », «Source d'amour ». Du cœur de Marie, sourd, en effet, un
amour gratuit qui suscite en réponse un amour filial, appelé à s'affiner
sans cesse. Comme toute mère et mieux que toute mère, Marie est l'éducatrice
de l'amour. C'est pourquoi tant de malades viennent ici, à Lourdes, pour se
désaltérer auprès du « Fons amoris » et pour se laisser conduire à l'unique
source du salut, son Fils, Jésus le Sauveur.
Le Christ dispense son Salut à travers les Sacrements et, tout spécialement,
aux personnes qui souffrent de maladies ou qui sont porteuses d'un handicap,
à travers la grâce de l'onction des malades. Pour chacun, la souffrance est
toujours une étrangère. Sa présence n'est jamais domesticable. C'est
pourquoi il est difficile de la porter, et plus difficile encore - comme
l'ont fait certains grands témoins de la sainteté du Christ - de
l'accueillir comme une partie prenante de notre vocation, ou d'accepter,
comme Bernadette l'a formulé, de « tout souffrir en silence pour plaire à
Jésus ». Pour pouvoir dire cela, il faut déjà avoir parcouru un long chemin
en union avec Jésus. Dès à présent, il est possible, en revanche, de s'en
remettre à la miséricorde de Dieu telle qu'elle se manifeste par la grâce du
Sacrement des malades. Bernadette, elle-même, au cours d'une existence
souvent marquée par la maladie, a reçu ce Sacrement à quatre reprises. La
grâce propre à ce Sacrement consiste à accueillir en soi le Christ médecin.
Cependant, le Christ n'est pas médecin à la manière du monde. Pour nous
guérir, il ne demeure pas extérieur à la souffrance éprouvée ; il la soulage
en venant habiter en celui qui est atteint par la maladie, pour la porter et
la vivre avec lui. La présence du Christ vient rompre l'isolement que
provoque la douleur. L'homme ne porte plus seul son épreuve, mais il est
conformé au Christ qui s'offre au Père, en tant que membre souffrant du
Christ, et il participe, en Lui, à l'enfantement de la nouvelle création.
Sans l'aide du Seigneur, le joug de la maladie et de la souffrance est
cruellement pesant. En recevant le Sacrement des malades, nous ne désirons
porter d'autre joug que celui du Christ, forts de la promesse qu'il nous a
faite que son joug sera facile à porter et son fardeau léger
(cf. Mt 11,
30). J'invite les personnes qui recevront l'onction des malades au cours de
cette messe à entrer dans une telle espérance.
Le Concile Vatican II a présenté Marie comme la figure en laquelle est
résumé tout le mystère de l'Église (cf.
LG n. 63-65). Son histoire
personnelle anticipe le chemin de l'Église, qui est invitée à être tout
aussi attentive qu'elle aux personnes qui souffrent. J'adresse un salut
affectueux à toutes les personnes, particulièrement le corps médical et
soignant, qui, à divers titres dans les hôpitaux ou dans d'autres
institutions, contribuent aux soins des malades avec compétence et
générosité. Je voudrais également dire à tous les hospitaliers, aux
brancardiers et aux accompagnateurs qui, provenant de tous les diocèses de
France et de plus loin encore, entourent tout au long de l'année les malades
qui viennent en pèlerinage à Lourdes, combien leur service est précieux. Ils
sont les bras de l'Église servante. Je souhaite enfin encourager ceux qui,
au nom de leur foi, accueillent et visitent les malades, en particulier dans
les aumôneries des hôpitaux, dans les paroisses ou, comme ici, dans les
sanctuaires. Puissiez-vous, en étant les porteurs de la miséricorde de Dieu
(cf. Mt 25, 39-40), toujours ressentir dans cette mission importante et
délicate le soutien effectif et fraternel de vos communautés !
Le service de charité que vous rendez est un service marial. Marie vous
confie son sourire, pour que vous deveniez vous-mêmes, dans la fidélité à
son Fils, source d'eau vive. Ce que vous faites, vous le faites au nom de
l'Église, dont Marie est l'image la plus pure. Puissiez-vous porter son
sourire à tous !
En conclusion, je souhaite m'unir à la prière des pèlerins et des malades et
reprendre avec vous un extrait de la prière à Marie proposée pour la
célébration de ce Jubilé :
« Parce que tu es le sourire de Dieu, le reflet de la lumière du Christ, la
demeure de l'Esprit Saint,
Parce que tu as choisi Bernadette dans sa misère, que tu es l'étoile du
matin, la porte du ciel, et la première créature ressuscitée,
Notre-Dame de Lourdes », avec nos frères et sœurs dont le cœur et le corps
sont endoloris, nous te prions !
►
Benoît XVI à Lourdes
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 15.09.2008 -
T/Lourdes |