Homélie du pape Benoît XVI en la fête de
la Croix Glorieuse |
 |
Lourdes, le 14 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le Pape Benoît XVI a concélébré ce matin la messe avec les
évêques sur la prairie près de la grotte à Lourdes. Lors de cette messe
où l'Église fête la Croix Glorieuse, le Saint-Père a adressé un message
à tous les jeunes. Des jeunes qui ont participé aux J.MJ. de Lourdes ont
porté la croix des JMJ.
|
Le pape Benoît XVI -
Pour agrandir l'image ►
Cliquer
Homélie de Benoît XVI en la fête de la Croix Glorieuse
Le 14 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le Pape Benoît XVI a concélébré ce matin la messe avec les évêques sur la prairie près de la grotte à Lourdes.
Lors de cette messe où l'Église fête la
Croix Glorieuse, le Saint-Père a adressé un message à tous les jeunes.
Des jeunes qui ont participé aux JMJ. de Lourdes ont porté la croix des JMJ.
Benoît XVI a débuté son homélie en rappelant le message de Bernadette, un
message de conversion et d'espérance. Le Saint-Père a rappelé le mystère de
la Croix qui est un grand trésor. "Quelle grande chose de posséder la Croix;
celui qui la possède, possède un grand trésor" a dit le pape. "Elle est un
signe de pardon, de miséricorde, par la croix nous sommes guéris du péché.
Le signe de la Croix est la synthèse de notre foi".
Homélie du Saint-Père
Messieurs les Cardinaux, Cher Monseigneur Perrier,
Chers Frères dans l’Épiscopat et le Sacerdoce,
Chers pèlerins, frères et sœurs,
« Allez dire aux prêtres qu'on vienne ici en procession et qu'on y
bâtisse une chapelle ». C'est le message qu'en ces lieux Bernadette a
reçu de la « belle Dame » qui lui apparut le 2 mars 1858. Depuis 150
ans, les pèlerins n'ont jamais cessé de venir à la grotte de Massabielle
pour entendre le message de conversion et d'espérance
qui leur est adressé. Et nous aussi, nous voici ce matin aux pieds de
Marie, la Vierge Immaculée, pour nous mettre à son école avec la petite
Bernadette.
Je remercie particulièrement Mgr Jacques Perrier, Évêque de Tarbes et
Lourdes, pour l'accueil chaleureux qu'il m'a réservé et pour les paroles
aimables qu’il m’a adressées. Je salue les Cardinaux, les Évêques, les
prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses, ainsi que vous tous,
chers pèlerins de Lourdes, en particulier les malades. Vous êtes venus en
grand nombre accomplir ce pèlerinage jubilaire avec moi et confier vos
familles, vos proches et vos amis, et toutes vos intentions à Notre Dame. Ma
gratitude va aussi aux Autorités civiles et militaires qui ont voulu être
présentes à cette célébration eucharistique.
« Quelle grande chose que de posséder la Croix ! Celui qui la possède,
possède un trésor » (Saint André de Crète, Homélie X
pour l'Exaltation de la Croix, PG 97, 1020). En ce jour où la
liturgie de l'Église célèbre la fête de l'Exaltation de la sainte Croix,
l'Évangile nous rappelle la signification de ce grand mystère : Dieu a tant
aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique, pour que les hommes soient
sauvés (cf. Jn 3, 16). Le Fils de Dieu s'est
fait vulnérable, prenant la condition de serviteur, obéissant jusqu'à la
mort et la mort sur une croix (cf. Ph 2, 8).
C'est par sa Croix que nous sommes sauvés. L'instrument de supplice qui
manifesta, le Vendredi-Saint, le jugement de Dieu sur le monde, est devenu
source de vie, de pardon, de miséricorde, signe de réconciliation et de
paix. « Pour être guéris du péché, regardons le Christ crucifié ! »
disait saint Augustin (Traités sur St Jean, XII, 11).
En levant les yeux vers le Crucifié, nous adorons Celui qui est venu enlever
le péché du monde et nous donner la vie éternelle. Et l'Église nous invite à
élever avec fierté cette Croix glorieuse pour que le monde puisse voir
jusqu'où est allé l'amour du Crucifié pour les hommes. Elle nous invite à
rendre grâce à Dieu parce que d'un arbre qui apportait la mort, a surgi à
nouveau la vie. C'est sur ce bois que Jésus nous révèle sa souveraine
majesté, nous révèle qu'Il est exalté dans la gloire. Oui, « Venez,
adorons-le ! ». Au milieu de nous se trouve Celui qui
nous a aimés jusqu'à donner sa vie pour nous, Celui qui invite tout être
humain à s’approcher de lui avec confiance.
C'est ce grand mystère que Marie nous confie aussi ce matin en nous invitant
à nous tourner vers son Fils. En effet, il est significatif que, lors de la
première apparition à Bernadette, c'est par le signe de la Croix que
Marie débute sa rencontre. Plus qu'un simple signe, c'est une initiation
aux mystères de la foi que Bernadette reçoit de Marie. Le signe de la Croix
est en quelque sorte la synthèse de notre foi, car il nous dit combien Dieu
nous a aimés ; il nous dit que, dans le monde, il y a
un amour plus fort que la mort, plus fort que nos faiblesses et nos
péchés. La puissance de l'amour est plus forte que le mal qui nous menace.
C'est ce mystère de l'universalité de l'amour de Dieu pour les hommes que
Marie est venue rappeler ici, à Lourdes. Elle invite
tous les hommes de bonne volonté, tous ceux qui souffrent dans leur cœur ou
dans leur corps, à lever les yeux vers la Croix de Jésus pour y trouver la
source de la vie, la source du salut.
L'Église a reçu la mission de montrer à tous ce visage aimant de Dieu
manifesté en Jésus-Christ. Saurons-nous comprendre que dans le Crucifié du
Golgotha c'est notre dignité d'enfants de Dieu, ternie par le péché, qui
nous est rendue ? Tournons nos regards vers le Christ.
C'est Lui qui nous rendra libres pour aimer comme il nous aime et pour
construire un monde réconcilié. Car, sur cette Croix, Jésus a pris sur lui
le poids de toutes les souffrances et des injustices de notre humanité. Il a
porté les humiliations et les discriminations, les tortures subies en de
nombreuses régions du monde par tant de nos frères et de nos sœurs par amour
du Christ. Nous les confions à Marie, mère de Jésus et notre mère, présente
au pied de la Croix.
Pour accueillir dans nos vies cette Croix glorieuse, la célébration du
jubilé des apparitions de Notre-Dame à Lourdes nous fait entrer dans
une démarche de foi et de conversion.
Aujourd'hui, Marie vient à notre rencontre pour nous indiquer les voies d'un
renouveau de la vie de nos communautés et de chacun de nous. En accueillant
son Fils, qu'elle nous présente, nous sommes plongés dans une source vive où
la foi peut retrouver une vigueur nouvelle, où l'Église peut se fortifier
pour proclamer avec toujours plus d'audace le mystère du Christ. Jésus, né
de Marie, est le Fils de Dieu, l'unique Sauveur de tous les hommes, vivant
et agissant dans son Église et dans le monde. L'Église est envoyée partout
dans le monde pour proclamer cet unique message et inviter les hommes à
l'accueillir par une authentique conversion du cœur. Cette mission, qui a
été confiée par Jésus à ses disciples, reçoit ici, à l'occasion de ce
jubilé, un souffle nouveau. Qu'à la suite des grands
évangélisateurs de votre pays, l'esprit missionnaire qui a animé tant
d'hommes et de femmes de France, au cours des siècles, soit encore votre
fierté et votre engagement !
En suivant le parcours jubilaire sur les pas de Bernadette, l'essentiel du
message de Lourdes nous est rappelé. Bernadette est l’aînée d’une famille
très pauvre, qui ne possède ni savoir ni pouvoir, faible de santé. Marie l’a
choisie pour transmettre son message de conversion, de
prière et de pénitence, conformément à la parole de Jésus : « Ce
que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits
» (Mt 11, 25). Dans leur cheminement spirituel,
les chrétiens sont appelés eux aussi à faire fructifier la grâce de leur
Baptême, à se nourrir de l'Eucharistie, à puiser dans la prière la force
pour témoigner et être solidaires avec tous leurs frères en humanité
(cf. Hommage à la Vierge Marie, Place d'Espagne, 8 décembre
2007). C'est donc une véritable catéchèse qui nous est ainsi
proposée, sous le regard de Marie. Laissons-la nous instruire et nous guider
sur le chemin qui conduit au Royaume de son Fils !
En poursuivant sa catéchèse, la « belle Dame » révèle son nom à
Bernadette : « Je suis l'Immaculée Conception ». Marie lui dévoile
ainsi la grâce extraordinaire qu'elle a reçue de Dieu, celle d'avoir été
conçue sans péché, car « il s'est penché sur son humble servante »
(cf. Lc 1, 48). Marie est cette femme de notre
terre qui s'est remise entièrement à Dieu et qui a reçu le privilège de
donner la vie humaine à son Fils éternel. « Voici la servante du Seigneur
; que tout se passe en moi selon ta parole » (Lc 1,
38). Elle est la beauté transfigurée, l'image de l'humanité
nouvelle. En se présentant ainsi dans une totale
dépendance de Dieu, Marie exprime en réalité une
attitude de pleine liberté, fondée sur
l'entière reconnaissance de sa véritable dignité.
Ce privilège nous concerne nous aussi, car il nous dévoile notre propre
dignité d'hommes et de femmes, marqués certes par le péché, mais sauvés dans
l'espérance, une espérance qui nous permet d'affronter notre vie
quotidienne. C'est la route que Marie ouvre aussi à l'homme.
S'en remettre pleinement à Dieu, c'est trouver le
chemin de la liberté véritable. Car, en se
tournant vers Dieu, l'homme devient lui-même. Il retrouve sa vocation
originelle de personne créée à son image et à sa ressemblance.
Chers Frères et Sœurs, la vocation première du sanctuaire de Lourdes est
d'être un lieu de rencontre avec Dieu dans la prière, et un lieu de service
des frères, notamment par l'accueil des malades, des pauvres et de toutes
les personnes qui souffrent. En ce lieu, Marie vient à nous comme la mère,
toujours disponible aux besoins de ses enfants. À
travers la lumière qui émane de son visage, c'est la miséricorde de Dieu qui
transparaît. Laissons-nous toucher par son regard qui nous dit que
nous sommes tous aimés de Dieu et jamais abandonnés
par Lui ! Marie vient nous rappeler ici que la
prière, intense et humble, confiante et persévérante, doit avoir une place
centrale dans notre vie chrétienne. La prière est indispensable pour
accueillir la force du Christ. « Celui qui prie ne perd pas son
temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser
uniquement à l'action » (Deus
Caritas est, n. 36). Se laisser absorber par les
activités risque de faire perdre à la prière sa spécificité chrétienne et sa
véritable efficacité. La prière du Rosaire, si chère à Bernadette et aux
pèlerins de Lourdes, concentre en elle la profondeur du message évangélique.
Elle nous introduit à la contemplation du visage du
Christ. Dans cette prière des humbles, nous pouvons puiser
d'abondantes grâces.
La présence des jeunes à Lourdes est aussi une réalité importante.
Chers amis, ici présents ce matin, réunis autour de la croix de la Journée
mondiale de la Jeunesse, lorsque Marie a reçu la visite de l'ange, c'était
une jeune fille de Nazareth qui menait la vie simple et courageuse des
femmes de son village. Et si le regard de Dieu s'est posé de façon
particulière sur elle, en lui faisant confiance, Marie peut vous dire encore
qu'aucun de vous n'est indifférent à Dieu. Il pose Son regard aimant sur
chacun de vous et vous appelle à une vie heureuse et
pleine de sens. Ne vous laissez pas rebuter par
les difficultés ! Marie fut troublée à l'annonce de l'ange venu lui
dire qu'elle serait La Mère du Sauveur. Elle ressentait combien elle était
faible face à la toute-puissance de Dieu. Pourtant, elle a dit «
oui » sans hésiter.
Et grâce à son oui, le salut est entré dans le monde, changeant ainsi
l'histoire de l'humanité. À votre tour, chers jeunes,
n'ayez pas peur de dire oui aux appels du Seigneur, lorsqu'Il
vous invite à marcher à sa suite. Répondez généreusement au Seigneur ! Lui
seul peut combler les aspirations les plus profondes de votre cœur. Vous
êtes nombreux à venir à Lourdes pour un service attentif et généreux auprès
des malades ou d'autres pèlerins, en vous m ettant ainsi à suivre le Christ
serviteur. Le service des frères et des sœurs ouvre le cœur et rend
disponible. Dans le silence de la prière, que Marie
soit votre confidente, elle qui a su parler à
Bernadette en la respectant et en lui faisant confiance. Que Marie
aide ceux qui sont appelés au mariage à découvrir la beauté d'un amour
véritable et profond, vécu comme don réciproque et fidèle ! À ceux,
parmi vous, que le Seigneur appelle à sa suite dans la vocation
sacerdotale ou religieuse, je voudrais redire tout le bonheur qu'il y a
à donner totalement sa vie pour le service de Dieu et des hommes. Que les
familles et les communautés chrétiennes soient des lieux où puissent naître
et s'épanouir de solides vocations au service de l'Église et du monde !
Le message de Marie est un message d'espérance pour tous les hommes et pour
toutes les femmes de notre temps, de quelque pays qu'ils soient. J'aime à
invoquer Marie comme étoile de l'espérance (Spe
Salvi, n. 50). Sur les chemins de nos vies, si souvent
sombres, elle est une lumière d'espérance qui nous éclaire et nous oriente
dans notre marche. Par son oui, par le don généreux d'elle-même, elle a
ouvert à Dieu les portes de notre monde et de notre histoire. Et elle nous
invite à vivre comme elle dans une espérance invincible, refusant d'entendre
ceux qui prétendent que nous sommes enfermés dans la fatalité. Elle nous
accompagne de sa présence maternelle au milieu des événements de la vie des
personnes, des familles et des nations. Heureux les
hommes et les femmes qui mettent leur confiance en Celui qui, au moment
d'offrir sa vie pour notre salut, nous a donné sa Mère pour qu'elle soit
notre Mère !
Chers Frères et Sœurs, sur cette terre de France, la Mère du Seigneur est
vénérée en d'innombrables sanctuaires, qui manifestent ainsi la foi
transmise de générations en générations. Célébrée en son Assomption, elle
est la patronne bien-aimée de votre pays. Qu'elle soit toujours honorée avec
ferveur dans chacune de vos familles, dans vos communautés religieuses et
dans vos paroisses ! Que Marie veille sur tous les habitants de votre beau
pays et sur les pèlerins venus nombreux d'autres pays célébrer ce jubilé !
Qu'elle soit pour tous la Mère qui entoure ses enfants dans les joies comme
dans les épreuves ! Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à
croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers le règne
de ton Fils Jésus ! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur
notre route ! (cf.
Spe Salvi, n. 50). Amen.
Regarder
la vidéo
►
Ici
►
Mgr Perrier accueille Benoît XVI dans la cité mariale
► Paroles
du saint-Père à l'Angélus
La Croix glorieuse, commentaire des
Lectures
Avec la fête de la Croix glorieuse, nous sommes au cœur du mystère
chrétien, comme dans un « concentré » de la Semaine sainte. C'est pourquoi
le décompte des dimanches du Temps ordinaire cesse momentanément pour faire
place - la chose n'arrive qu'exceptionnellement - à cette fête du Seigneur.
Au ve siècle, la pèlerine Égérie raconte dans son journal de voyage comment
à Jérusalem on célébrait l'Exaltation de la sainte Croix le 14 septembre,
depuis qu'en 335 on avait découvert le bois de la croix du Christ et proposé
à la vénération des fidèles cette précieuse relique. Les somptueuses
mosaïques de Ravenne et de Rome montrent comment, pour les chrétiens, la
croix est le lieu du salut du monde, le pivot de l'univers, la quadrature du
cercle, la résolution de tous les contraires : c'est dans sa mort que le
Christ donne la vie, dans la plus grande faiblesse qu'il assure la victoire
sur le mal. Depuis, chaque époque a compris et vécu la croix dans cette
tension permanente entre l'ignominie de la potence et la vitalité de l'arbre
toujours vert que chante la préface. La difficulté est de tenir ensemble les
deux termes dans le juste équilibre de la verticale et de l'horizontale. Non
pas l'un après l'autre, mais en même temps.
Les textes de la liturgie s'articulent tous autour de cet axe central qu'est
la réalité de l'« exaltation ». L'exaltation non pas au sens moderne de
l'enivrement ou de la fièvre, mais au sens premier du terme, qui vient de
a/fus, « haut » : élévation physique du corps supplicié de Jésus, selon la
phrase de Jean : « Ils verront celui qu'ils ont transpercé» On 19,
37citantZacharie 12, 10 « pour que s'accomplisse l'Écriture »), et,
indissociablement, élévation du Christ dans la gloire de la résurrection.
L'élévation matérielle du serpent d'airain par Moïse pour guérir les Hébreux
dans le désert (première lecture) annonçait ce double registre de la mort et
de la vie. L'élévation rituelle du crucifix, comme l'ostension de la relique
à Jérusalem au ve siècle, est là pour désigner Celui vers qui monte notre
louange.
►
Benoît XVI à Lourdes
►
Le pape Benoît XVI à Lourdes, tous les détails

Nouveau: conseils aux personnes qui
désirent recevoir les actualités ou consulter le site régulièrement:
ICI
|
Sources : www.vatican.va
- E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 14.09.2008
-
T/Lourdes |