Photo: Benoît XVI - Vendredi saint

Benoît XVI a conduit le chemin de croix du Colisée

A deux jours du premier dimanche de Pâques de son pontificat, Benoît XVI a conduit au soir du Vendredi Saint le célèbre chemin de croix au Colisée, à Rome, renouant avec une tradition que Jean Paul II, à quelques jours de sa mort, avait été incapable d'accomplir l'an dernier.

Dans le cadre somptueux de l'amphithéâtre antique, Benoît XVI, revêtu d'un ample manteau rouge, a conclu la procession par une évocation des souffrances de l'humanité d'aujourd'hui: "les enfants abandonnés et abusés", "les menaces contre la famille", la division du monde entre riches et pauvres.

"Personne ne peut rester neutre", a affirmé Benoît XVI devant les milliers de fidèles rassemblées autour du Colisée, qu'il a invités à emprunter "le chemin de la miséricorde" pour contribuer "au salut du monde".

Il a rappelé que sur ce même site du Colisée, les premiers chrétiens avaient été martyrisés pour leur foi.

Le souverain pontife a porté lui-même la croix, faite d'un bois léger, à la première et à la dernière des 14 stations du chemin de croix par lequel l'Eglise catholique commémore les différentes étapes du procès et du supplice du Christ.

Puis la croix a été portée par le cardinal Camillo Ruini, président de la conférence épiscopale italienne et vicaire de Rome, par une famille romaine, un séminariste américain, une religieuse missionnaire, une jeune Mexicaine, deux franciscains de Terre Sainte, une Coréenne, une Angolaise et une Nigériane.

Le pape Benoît XVI, qui aura 79 ans dimanche, jour de Pâques, a suivi de bout en bout la procession éclairée par une croix ardente, des flambeaux installés tout autour du Colisée et les milliers de cierges tenus à la main par les fidèles.

L'an dernier, huit jours avant sa mort, Jean Paul II avait dû se résigner à n'être qu'un spectateur de la célébration. Des écrans géants l'avaient montré de dos dans sa chapelle privée, tandis qu'il priait devant l'écran de télévision retransmettant le chemin de croix.

Benoît XVI a confié à un prélat du Vatican, Mgr Angelo Comastri, la rédaction des méditations et des prières du chemin de croix de cette année, traditionnelles variations spirituelles sur le visage du péché dans le monde contemporain.

Le texte a notamment évoqué un monde "froid, inhospitalier, égoïste" et "indifférent aux autres", et s'est attardé sur "l'agression contre la famille", fruit d'un "orgueil diabolique" qui "voudrait réinventer l'humanité".  Lire le texte intégral: Chemin de Croix au Colisée présidé par le pape Benoît XVI

L'an dernier, le texte avait été rédigé par le cardinal Ratzinger, et tous les observateurs avaient relevé sa sévérité de ton envers l'Eglise catholique.

Avant le chemin de croix, Benoît XVI a présidé en fin d'après-midi une célébration dans la basilique Saint-Pierre. L'homélie a été prononcée par le prédicateur de la maison pontificale, le père Raniero Cantalamessa.

Puis le prédicateur de la Maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa, Capucin, a tenu l’homélie, comme c’est la tradition le Vendredi saint. Une homélie toujours attendue pour sa vigueur, son actualité, et sa lumière. Le prédicateur de Benoît XVI développe "Dieu est Amour", 14.04.2006 - Texte intégral

Le prédicateur est parti en guerre contre le commerce fait autour du Christ qui, a-t-il dit, "est aujourd'hui vendu, non plus pour trente deniers, mais pour des milliards".

"Plus le scénario imaginé est fantastique, plus il bénéficie d'une propagande et plus il suscite d'intérêt", a déploré le père Cantalamessa, en référence au livre de Dan Brown "Da Vinci Code", et à "L'Evangile selon Judas", un texte qui ne fait pas partie des livres saints de l'Eglise, dont un manuscrit du 4ème siècle vient de réapparaître.

Après l’entrée solennelle de la croix portée par le diacre le long de la nef centrale jusqu’à l’autel de la confession, le pape Benoît XVI a dévoilé l’image du crucifié, et les cardinaux, les évêques et les membres de la « Chapelle papale » sont venus à sa suite, pour accomplir un geste de vénération de la croix. Le pape Benoît XVI a ensuite présenté la croix à l’adoration des fidèles, qui se sont ensuite avancés pour recevoir la communion après le chant du « Notre Père ».

Samedi soir, le souverain pontife présidera la "veillée pascale" à partir de 22h00 (20h00 GMT) dans la basilique vaticane. Le dimanche, jour de Pâques, il célèbrera la messe sur la place Saint-Pierre, puis à midi (10h00 GMT), il prononcera la bénédiction "urbi et orbi" (à la ville et au monde) du balcon de la basilique, sous les caméras de 102 télévisions de 65 pays.

Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 14.04.2006 - BENOÎT XVI