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Benoît rappelle l'Exhortation apostolique " Signum
magnum "
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ROME, le 10 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Sa Sainteté le Pape Benoît XVI, a rappelé tout
dernièrement, une affirmation incisive de celui qui était alors
Patriarche de Venise, la Cardinal Albino Luciani, devenu Pape sous
le nom de Jean Paul I° le jour même où l’on fêtait en Pologne la
grande Patronne : Notre-Dame de Czestochowa (26 août 1978).
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Albino Luciani, devenu Pape sous le nom de Jean Paul I°
Benoît rappelle
l'Exhortation apostolique " Signum magnum " (1)
« On ne peut
concevoir la vie de l’Eglise sans le Rosaire »
Dans le mois consacré par tradition à la prière du Rosaire, le fidèle est
invité à s’adresser avec une profonde confiance à l’intercession de la
Bienheureuse Vierge Marie. Pour cela l’Eglise nous aide qu, en particulier
par ses témoins, renouvelle l’invitation faite à notre cœur d’avoir un amour
et une dévotion transparente envers la Mère de Dieu et notre Mère ; cette
dévotion est comme le sel de la vie du chrétien.
Sa Sainteté le Pape
Benoît XVI, a rappelé tout dernièrement précisément, une affirmation
incisive de celui qui était alors Patriarche de Venise, la Cardinal Albino
Luciani, devenu Pape sous le nom de Jean Paul I° le jour même où l’on fêtait
en Pologne la grande Patronne : Notre-Dame de Czestochowa (26 août 1978).
Lisons les paroles du Saint-Père, le Pape Benoît XVI : « Je suis heureux
enfin de rappeler la dévotion qu’il nourrissait envers la Sainte Vierge.
Quand il était Patriarche de Venise, il écrivit : "Il est impossible de
concevoir notre vie, la vie de l’Eglise, sans le Rosaire, les Fêtes
mariales, les Sanctuaires mariaux, et les Statues et Tableaux de la Sainte
Vierge" Et il est beau d’accueillir son invitation à trouver, comme il l’a
fit, dans l’humble consécration à la Marie, le secret d’une sérénité
quotidienne et d’une engagement concret pour la paix dans le monde »
(Paroles du Pape Benoît XVI de la projection du films Le Pape Luciani : le
sourire de Dieu », 9 octobre 2006
Benoît XVI ).
Il est impossible de concevoir notre vie "Sans
le Rosaire". Ce sont des paroles qui laissent un signe, et qui nous sont
rappelées par le pape Benoît XVI précisément en raison de leur authenticité
et de leur actualité. Comment pourrait-on concevoir une vie, une existence
chrétienne, sans Celle que Dieu a voulu qu’elle soit la Mère de son Fils
Jésus et de chacun d’entre nous : enfant dans le Fils !
En effet, l’Eglise
nous enseigne avec clarté que la maternité spirituelle de la Vierge Marie
est « une vérité très consolante » qui « doit être considérée comme une
vérité de foi par tous les chrétiens », comme le déclara le Serviteur de
Dieu Paul VI dans l’Exhortation Apostolique « Signum Magnum ».
« En
effet, comme chaque mère humaine ne peut limiter sa tâche à la génération
d’un nouvel homme, mais doit l’étendre aux fonctions et d’éduquer de ses
enfants, ainsi se comporte la Bienheureuse Vierge Marie. Après avoir
participé » au Sacrifice rédempteur de son Fils, et de manière tellement
intimer de mériter d’être proclamée par Lui Mère non seulement du disciple
Jean mais, qu’il me soit permis de l’affirmer, du genre humain qu’il
représentait d’une certaine manière, Elle continue à présent, depuis le Ciel
à remplir sa fonction maternelle de coopératrice pour la naissance et pour
le développement de la vie divine dans l’âme des hommes rachetés. C’est là
une vérité très consolante, que, par la volonté du ! Dieu très sage, fait
partie intégrante du mystère du salut humain ; c’est pourquoi elle doit être
considérée comme une vérité de foi par tous les chrétiens » (Signum Magnum,
n.6).
Cette Exhortation Apostolique fut écrite en 1967, à l’occasion
du 50° anniversaire des apparitions de Fatima, quand Pau VI se rendit à
Fatima comme pèlerin de paix. Il ne fait pas de doute que le message adressé
par Marie aux trois jeunes enfants du Portugal, a été, pour le siècle
écoulé, et est de nos jours un signe éloquent de la sollicitude maternelle
de la Sainte Vierge pour nous qui sommes ses enfants ; c’est là un message
qui a touché et transformé la vie de nombreux croyants.
Et là, il
vient spontanément à l’esprit un apôtre authentique du message de Fatima, l’Evêque
jésuite Pavel Maria Hnilica, mort le 8 octobre dernier après avoir passé
toute sa vie à répandre la « vérité très consolante » de la maternité
spirituelle de la Très Sainte Vierge Marie.
Ces exemples encouragent
les jeunes et les moins jeunes à reconnaître que la vie de foi est une
aventure merveilleuse, rendue d’autant plus attrayante par la jeunesse
éternelle de Dieu qui resplendit et se rend tangible à chaque époque et en
tous lieux avec l’annonce de l’Evangile. Et ainsi, nous aussi, nous sommes
invités à découvrir et à contempler, jour après jour, mystère après mystère,
« l’Enfant et sa Mère » (Math 2, 11) et à ne retenir pour nous seulement la
joie de Les avoir rencontrés, mais de donner cette joie à tous ceux que nous
rencontrons sur notre route.
par
l’abbé Luciano Alimandi
Puisque
nous sommes encore ici-bas, levons nos yeux et nos cœurs vers les réalités
d’en haut. Notre Saint Père, le Pape Benoît XVI, nous invita l’an dernier à
contempler la « Pâque » de Marie : « La fête de l’Assomption, dit-il, est
l’occasion de méditer sur le sens véritable et sur la valeur de l’existence
humaine dans la perspective de l’éternité.
Le ciel est notre demeure définitive.
De là, Marie nous encourage par son exemple à
accueillir la volonté de Dieu, à ne pas nous laisser séduire par les appels
trompeurs de tout ce qui est éphémère et passager, à ne pas céder aux
tentations de l’égoïsme et du mal, qui éteignent dans le cœur la joie de la
vie. »
L'Exhortation
apostolique du pape Paul VI n'étant pas disponible en français, sur le site
du Vatican, nous vous le proposons ci-dessous:
LA VÉNÉRATION
ET L'IMITATION DE MARIE, MÈRE DE L'ÉGLISE, MODÈLE DE TOUTES LES VERTUS
Exhortation apostolique " Signum magnum
"
À tous les évêques en paix et en communion avec le Saint-Siège
Paul VI, Pape
Vénérables frères, salut et bénédiction apostolique,
Introduction
Le signe
grandiose que saint Jean vit dans le ciel: une femme enveloppée de soleil
(1), la liturgie (2) l'interprète, non sans fondement, comme se rapportant à
la très sainte Vierge Marie, Mère de tous les hommes par la grâce du Christ
rédempteur. Nous gardons encore, vénérables frères, le souvenir très vif
de la grande émotion que Nous avons éprouvée lorsque, au terme de la 3e du
IIe Concile œcuménique du Vatican, après la promulgation solennelle de la
Constitution dogmatique
Lumen Gentium (3), Nous avons proclamé l'auguste Mère de
Dieu, Mère spirituelle de l'Église, c'est-à-dire de tous les fidèles et des
pasteurs sacrés. Grande fut également la joie aussi bien des très nombreux
Pères conciliaires que des fidèles présents à cette cérémonie dans la
basilique de saint Pierre, ainsi que de tout le peuple chrétien dans le
monde entier. Beaucoup alors évoquèrent spontanément le souvenir du premier
triomphe grandiose de l'humble Servante du Seigneur (4), lorsque les Pères
de l'Orient et de l'Occident, réunis au Concile œcuménique d'Ephèse, en 431,
saluèrent Marie du titre de Theotokos : Mère de Dieu. Dans un joyeux élan de
foi, la population chrétienne de l'illustre cité s'associa à la joie des
Pères et les accompagna à leurs demeures avec des flambeaux. En cette heure
glorieuse de l'histoire de l'Église, quel affectueux regard maternel la
Vierge Marie n'aura-t-elle pas porté sur les pasteurs et fidèles,
reconnaissant dans les hymnes de louange s'élevant principalement en
l'honneur de son Fils, et ensuite en son honneur à elle, l'écho du Cantique
prophétique qu'elle-même avait chanté au Très-Haut, sous l'inspiration du
Saint-Esprit: Mon âme exalte le Seigneur parce qu'il a jeté les yeux sur son
humble servante. Oui, désormais toutes les générations me diront
bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses (5).
A l'occasion des cérémonies religieuses qui se déroulent ces jours-ci à
Fatima, au Portugal, en l'honneur de la Vierge Mère de Dieu, où elle est
vénérée de nombreuses foules de fidèles pour son cœur maternel et
miséricordieux (6), Nous désirons attirer encore une fois l'attention de
tous les fils de l'Église sur le lien très étroit qui existe entre la
Maternité spirituelle de Marie, telle qu'elle est largement illustrée dans
la Constitution dogmatique Lumen gentium (7), et les devoirs qu'ont envers
elle, en tant que Mère de l'Église, les hommes rachetés. Si, en effet, en
vertu des nombreux témoignages des textes sacrés et des Pères, rappelés dans
cette même Constitution, on admet que Marie, Mère de Dieu et du Rédempteur
(8), lui a été unie par un lien étroit et indissoluble (9), et qu'elle a eu
un rôle tout spécial dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique
(10), c'est-à-dire dans l'économie dit salut (11), il apparaît évident que
la Vierge, non seulement en tant que Mère très sainte de Dieu, présente aux
mystères du Christ (12), mais aussi en tant que Mère de l'Église (13), est
légitimement honorée par l'Église d'un culte spécial (14), surtout
liturgique (15). Il n'y a donc pas à craindre que la réforme liturgique,
si elle s'effectue selon la formule: Que la règle de la croyance fixe la
règle de la prière (16), puisse nuire au culte absolument unique (17), dû à
la Vierge Marie en raison de sa dignité de Mère de Dieu. Et, par contre, on
ne doit pas craindre non plus que le développement du culte tant liturgique
que privé qui lui est rendu puisse rejeter dans l'ombre ou diminuer le culte
d'adoration qui est rendu au Verbe incarné, ainsi qu'au Père et à l'Esprit-Saint
(18). Aussi, vénérables frères, sans vouloir rappeler tout l'ensemble de
la doctrine traditionnelle au sujet du rôle de la Mère de Dieu dans le plan
du salut et de ses rapports avec l'Église, croyons-Nous faire œuvre utile
pour les âmes des fidèles en considérant deux vérités très importantes pour
le renouveau de la vie chrétienne.
PREMIERE PARTIE
LE CULTE DÛ A MARIE EN TANT QUE MÈRE DE
L'ÉGLISE
I. Marie, Mère
spirituelle parfaite de l'Église
Voici la première de ces
vérités: Marie est Mère de l'Église non seulement parce que Mère de
Jésus-Christ ci parce que intimement associée à lui dans l'économie
nouvelle, lorsque le Fils de Dieu, par elle, prit la nature humaine pour
libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair (19), mais encore
parce que exemplaire de vertu qui rayonne sur toute la communauté des élus
(20). Il en est en effet de la Vierge Marie comme de toute mère humaine : sa
tache ne se limite pas à donner la vie elle doit aussi nourrir et élever son
enfant. Après avoir participé au sacrifice rédempteur de son Fils, et d'une
manière si intime qu'elle mérita d'être proclamée par Lui Mère non seulement
de l'apôtre Jean, mais "- qu'il soit permis de l'affirmer - du genre humain
en quelque sorte représenté par lui (21), elle continue maintenant, au ciel,
à remplir son rôle maternel en coopérant à la naissance et au développement
de la vie divine dans chacune des âmes des hommes rachetés. C'est une vérité
très consolante qui, par une libre disposition du Dieu très sage, fait
partie intégrante du mystère du salut des hommes; elle doit donc être objet
de foi pour tous les chrétiens.
2. Marie, Mère
spirituelle par son intercession auprès de son Fils
Mais de
quelle manière Marie coopère-t-elle au développement de la vie de la grâce
chez les membres du Corps mystique ? Avant tout par sa prière incessante
inspirée par une ardente charité. La Sainte Vierge, en effet, bien que
jouissant de la contemplation de la Sainte Trinité, n'oublie pas ses fils
qui, comme elle autrefois, accomplissent leur pèlerinage de foi (22). De
plus, comme elle les contemple en Dieu et qu'elle voit bien leurs besoins,
en communion avec Jésus-Christ qui est toujours vivant pour intercéder en
leur faveur (23), elle se fait leur avocate, leur auxiliatrice, leur
secourable médiatrice (24). L'Église a été depuis les premiers siècles
persuadée de cette intercession incessante de Marie auprès de son Fils pour
le peuple de Dieu, comme en témoigne cette antienne très ancienne qui, avec
quelques légères variantes, fait partie de la prière liturgique tant en
Orient qu'en Occident: Nous nous réfugions sous la protection de vos
miséricordes, ô Mère de Dieu : ne repoussez pas nos prières dans les
besoins, mais sauvez-nous de la perdition, ô vous qui êtes seule bénie (25).
Et qu'on ne pense pas que l'intervention maternelle de Marie porte préjudice
à l'efficacité prédominante et irremplaçable du Christ, notre Sauveur; bien
au contraire, c'est de la médiation du Christ qu'elle tire sa force propre
et cela en est une preuve éminente (26).
3.
Marie, éducatrice de l'Église par l'attrait de ses vertus
La
coopération de la Mère de l'Église au développement de la vie divine dans
les âmes ne consiste cependant pas uniquement dans son intercession auprès
de son Fils. Elle exerce sur les hommes rachetés une autre influence, celle
de l'exemple; influence très importante comme l'indique l'adage connu: " La
parole émeut, les exemples entraînent. " De même, en effet, que les
enseignements des parents acquièrent une efficacité bien plus grande s'ils
sont appuyés par l'exemple d'une vie conforme aux règles de la prudence
humaine et chrétienne, de même la douceur et le charme qui émanent des très
hantes vertus de la Mère de Dieu immaculée, incitent irrésistiblement les
âmes à imiter le divin modèle, Jésus-Christ, dont elle a été la plus fidèle
image. Aussi le Concile a-t-il déclaré : En se recueillant avec piété dans
la pensée de Marie qu'elle contemple dans la lumière du Verbe fait homme,
l'Église pénètre avec respect plus avant dans le mystère suprême de
l'Incarnation et devient sans cesse plus conforme à son divin Époux (27).
4. La sainteté de Marie, exemple éclairant de
parfaite fidélité à la grâce
Il est bon, de plus, de tenir
présent à l'esprit que l'éminente sainteté de Marie ne fut pas seulement un
don tout spécial de la libéralité divine : elle fut également le fruit de la
correspondance continue et généreuse de sa libre volonté aux inspirations
intérieures de l'Esprit-Saint. C'est à cause de la parfaite harmonie entre
la grâce divine et l'activité de sa nature humaine que la Vierge rendit
souverainement gloire à la Très Sainte Trinité et qu'elle est devenue
l'honneur insigne de l'Église, laquelle la salue ainsi dans la liturgie : Tu
es la gloire de Jérusalem, tu es la joie d'Israël, tu es l'honneur de notre
peuple (28).
5. Exemples de vertus mariales
dans les pages de l'Évangile
Nous admirons dans les pages de
l'Évangile les témoignages d'une si sublime harmonie. A peine fut-elle
assurée par l'ange Gabriel que Dieu l'avait choisie comme Mère immaculée de
son Fils unique, que, sans hésitation, elle donna son consentement à une
œuvre qui devait mobiliser toutes les énergies de sa fragile nature, en
déclarant: Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta
parole (29). A partir de ce moment, elle se consacra tout entière au service
non seulement du Père céleste et du Verbe incarné; devenu son Fils, mais
également de tout le genre humain, ayant bien compris que Jésus, non
seulement devait sauver son peuple de l'esclavage du péché, mais serait roi
d'un royaume messianique universel et impérissable (30).
6. Marie, servante du Seigneur depuis l'Annonciation
jusqu'à sa glorieuse Assomption
La vie de l'Épouse immaculée
de Joseph, demeurée vierge dans l'enfantement et après l'enfantement --
comme l'a toujours cru et professé l'Église catholique (31) et comme il
convenait à Celle qui avait été élevée à l'incomparable dignité de la
maternité divine (32), -- fut donc une vie de communion si parfaite avec son
Fils qu'elle en partagea les joies, les douleurs et les triomphes. Et même
après que Jésus fut monté au ciel, elle lui demeura unie par un très ardent
amour, tout en accomplissant avec fidélité sa nouvelle mission de Mère
spirituelle du disciple bien-aimé et de l'Église naissante. On peut dès lors
affirmer que toute la vie de l'humble servante du Seigneur, depuis le moment
où elle fut saluée par l'ange jusqu'à son assomption à la gloire céleste
avec son corps et son âme, fut une vie de service dans l'amour. C'est
pourquoi, Nous associant aux Évangélistes, aux Pères et Docteurs de
l'Église, évoqués par le Concile dans la Constitution Lumen gentium (chap.
8), Nous contemplons avec admiration Marie ferme dans la foi, prompte à
l'obéissance, simple dans l'humilité, glorifiant le Seigneur avec joie,
ardente dans la charité, forte et constante dans l'accomplissement de sa
mission jusqu'au sacrifice d'elle-même, communiant pleinement aux sentiments
de son Fils qui s'immolait sur la croix pour donner aux hommes une vie
nouvelle.
7. Le culte de louange et de
gratitude
Devant des vertus si splendides, le premier devoir
de tous ceux qui reconnaissent dans la Mère du Christ le modèle de l'Église,
c'est de s'unir à elle pour rendre grâce au Très-Haut qui a accompli en
Marie de si grandes choses pour le bien de l'humanité tout entière. Mais
cela ne suffit pas. Tous les fidèles ont également le devoir de rendre à la
très fidèle Servante du Seigneur un culte de louange, de reconnaissance et
d'amour puisque selon la sage et douce disposition divine, son libre
consentement et sa généreuse coopération aux desseins de Dieu ont eu et ont
toujours une grande influence dans l'accomplissement du salut des hommes
(33). C'est pourquoi tout chrétien peut faire sienne l'invocation de saint
Anselme : Notre-Dame, qui êtes si glorieuse, faites que nous méritions par
vous de nous élever jusqu'à Jésus votre Fils, qui par vous a daigné
descendre parmi nous (34).
IIe PARTIE
L'IMITATION DES VERTUS DE MARIE
1. La vraie dévotion à Marie reflète ses vertus
Mais ni la grâce du divin Rédempteur, ni l'intercession puissante de sa
Mère, qui est aussi notre Mère spirituelle, ni sa très grande sainteté ne
pourraient nous conduire au port du salut, si à celles-ci ne correspondait
notre volonté persévérante d'honorer Jésus-Christ et Marie par la sainte
imitation de leurs sublimes vertus. Tous les chrétiens ont donc le devoir
d'imiter avec respect les exemples de bonté que leur a laissés leur Mère
céleste. C'est là, vénérables frères, la seconde vérité sur laquelle Nous
voulons attirer votre attention et celle des fidèles confiés à votre
ministère pastoral, afin qu'ils suivent docilement l'exhortation des Pères
du IIe Concile du Vatican: Que les fidèles se souviennent qu'une véritable
dévotion ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphémère de la
sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité: la vraie dévotion
procède de la vraie foi qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente
de la Mère de Dieu et nous pousse à aimer cette Mère d'un amour filial et à
poursuivre l'imitation de ses vertus (35). Il ne fait pas de doute que
l'imitation de Jésus-Christ soit la voie royale qu'il faut suivre pour
parvenir à la sainteté et reproduire en nous, dans la mesure de nos forces,
la perfection absolue du Père céleste. Mais si l'Église catholique a
toujours proclamé une vérité si sainte, elle a d'autre part affirmé que
l'imitation de la Vierge Marie n'empêche nullement les âmes de suivre
fidèlement le Christ, elle les incite au contraire davantage à marcher à sa
suite, et avec plus de facilité, car, ayant toujours fait la volonté de
Dieu, elle fut la première à mériter l'éloge que Jésus adressa à ses
disciples: Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là
m'est un frère et une sœur et une mère (36).
2.
" A Jésus par Marie "
La règle générale selon laquelle on va "
à Jésus par Marie " vaut donc aussi pour l'imitation du Christ. Que notre
foi cependant ne s'en trouve pas troublée, comme si l'intervention d'une
créature en tout semblable à nous, hormis le péché, offensait notre dignité
personnelle et empêchait l'intimité et le caractère immédiat de nos rapports
d'adoration et d'amitié avec le Fils de Dieu. Reconnaissons plutôt la bonté
et l'amour de Dieu notre Sauveur (37) qui, en condescendant à notre misère
si éloignée de son infinie sainteté, a voulu nous en faciliter l'imitation
en nous proposant le modèle de la personne humaine de sa Mère. Celle-ci en
effet est la créature humaine qui nous offre l'exemple le plus éclatant et
le plus accessible de cette obéissance parfaite par laquelle nous nous
conformons avec amour et promptitude aux volontés du Père éternel. C'est le
Christ lui-même, comme nous le savons bien, qui voit dans cette pleine
adhésion à la volonté de son Père l'idéal suprême de sa conduite d'homme, en
déclarant : Je fais toujours ce qu'il lui plaît (38).
3. Marie, nouvelle Ève, aurore du Nouveau Testament
Si alors nous contemplons l'humble vierge de Nazareth dans l'auréole de
ses prérogatives et de ses vertus, nous la verrons resplendir à nos regards
comme la Nouvelle Ève (39), la sublime Fille de Sion, le sommet de l'Ancien
Testament et l'aurore du Nouveau, dans laquelle s'est réalisée la plénitude
des temps (40), voulue par Dieu le Père pour la mission de son Fils unique
dans le monde. En vérité la Vierge Marie, plus que tous les patriarches et
les prophètes" plus que le juste et pieux Siméon, a attendu et imploré la
consolation d'Israël... le Christ du Seigneur (41). Elle en a ensuite salué
l'avènement par l'hymne du Magnificat quand il descendit dans son très
chaste sein pour y assumer notre chair. C'est donc en Marie que l'Église du
Christ nous indique l'exemple pour recevoir le Verbe de Dieu dans nos âmes
de la manière la plus digne, conformément à la lumineuse expression de saint
Augustin: Marie fut donc davantage bienheureuse en recevant la loi dans le
Christ qu'en concevant la chair du Christ. La consanguinité maternelle
n'aurait donc servi de rien à Marie si elle ne s'était pas sentie plus
heureuse de recevoir le Christ dans son cœur que dans son sein (42). C'est
également en elle que les chrétiens peuvent admirer l'exemple qui leur
montre comment ils doivent remplir, à la fois avec humilité et magnanimité,
la mission que Dieu a confiée à chacun en ce monde, en vue de son propre
salut éternel et de celui de son prochain. Je vous en conjure donc,
montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis du Christ (43). Ces paroles
que saint Paul adressait aux chrétiens de Corinthe, la Mère de l'Église peut
à plus forte raison les adresser aux multitudes des croyants qui, en
harmonie de foi et d'amour avec les générations des siècles passés, la
proclameront bienheureuse (44). C'est une invitation à laquelle il convient
de prêter une oreille docile.
4. Message marial
d'invitation à la prière, à la pénitence et à la crainte de Dieu
Un message extrêmement utile semble aujourd'hui être adressé aux fidèles
de l'Immaculée, qui est toute sainteté, et qui avec son Fils coopère à la
restauration de la vie surnaturelle dans les âmes (45). La sainte
contemplation de Marie les incite en effet à la prière confiante, à la
pratique de la pénitence, à la sainte crainte de Dieu. En s'élevant ainsi
vers Marie, ils entendent souvent résonner ces paroles que prononçait
Jésus-Christ en annonçant l'avènement du royaume des cieux : Repentez-vous
et croyez à la bonne nouvelle (46); ainsi que son avertissement sévère: Si
vous ne vous mettez à faire pénitence, vous périrez tous pareillement (47).
Poussés par l'amour, résolus à réparer nos offenses faites à la sainteté et
à la justice de Dieu, et confiants dans sa miséricorde infinie, nous devons
donc supporter la souffrance de l'esprit et du corps afin d'expier nos
péchés et ceux du prochain et d'éviter ainsi la double peine du dam et des
sens, c'est-à-dire la perte de Dieu, souverain bien, et le feu éternel (48).
5. Le Christ lui-même nous présente sa Mère comme
le modèle de l'Église
Ce qui doit stimuler encore davantage
les fidèles à suivre les exemples de la Très Sainte Vierge, c'est le fait
que Jésus, en nous la donnant pour Mère, nous l'a tacitement présentée comme
le modèle à suivre; il est en effet naturel que les enfants aient les mêmes
sentiments que leurs mères et qu'ils reflètent leurs mérites et leurs
vertus. C'est pourquoi, de même que chacun de nous peut répéter avec saint
Paul : Le Fils de Dieu m'a aimé et s'est livré pour moi (49), de même il
peut en toute confiance croire qu'à lui aussi le divin Sauveur a laissé en
héritage spirituel sa propre Mère, avec tous les trésors de grâce et de
vertu dont il l'avait comblée afin qu'ils parviennent jusqu'à nous par
l'influence de sa puissante intercession et notre imitation résolue. C'est
pourquoi saint Bernard affirme, à bon droit : En venant en elle, l'Esprit-Saint
la combla de grâce pour elle-même; en l'inondant de nouveau, il en fit pour
nous une source de grâce surabondante et débordante (50).
6. L'histoire de l'Église est toujours éclairée par la
présence édifiante de Marie
Tout ce que Nous venons d'exposer
à la lumière du saint Évangile et de la Tradition catholique montre avec
évidence que la maternité spirituelle de Marie transcende l'espace et le
temps et appartient à l'histoire universelle de l'Église, car elle a
toujours été présente en elle par son assistance maternelle. C'est pourquoi
aussi nous apparaît clairement le sens de cette affirmation si souvent
répétée : on peut bien dire que nous sommes à l'époque mariale. S'il est
vrai en effet qu'aujourd'hui, par une grâce insigne du Seigneur, le rôle
providentiel de la Très Sainte Vierge Marie dans l'histoire du salut est
compris plus profondément dans des milieux très étendus du peuple chrétien,
nous ne devons pas en conclure pour autant que ces vérités ont complètement
échappé aux époques précédentes ou que les temps futurs pourraient les
ignorer. À vrai dire, toutes les périodes de l'histoire de l'Église ont
bénéficié et bénéficieront de la présence maternelle de la Mère de Dieu,
puisqu'elle restera toujours indissolublement liée au mystère du Corps du
Christ, dont le Chef Jésus-Christ est le même hier et aujourd'hui, et le
sera à jamais (51).
7. La Mère de l'Église,
signe d'unité, encouragement à la parfaite fraternité de tous les chrétiens
Vénérables Frères, Nous sommes persuadé que la pensée de l'Église
catholique sur le culte de louange, de reconnaissance et d'amour dû à la
Bienheureuse Vierge Marie concorde pleinement avec la doctrine du saint
Évangile, telle qu'elle a été interprétée et expliquée d'une façon plus
précise par la Tradition tant de l'Orient que de l'Occident. Aussi
espérons-Nous que Notre exhortation pastorale à une piété mariale toujours
plus fervente et plus fructueuse recueillera l'adhésion généreuse non
seulement des fidèles confiés à vos soins, mais aussi de ceux qui, sans
jouir de la pleine communion avec l'Église catholique, admirent cependant et
vénèrent avec nous dans la Servante du Seigneur, la Vierge Marie, Mère du
Fils de Dieu. Puisse le Cœur immaculé de Marie resplendir devant le
regard de tous les chrétiens comme un modèle de parfait amour envers Dieu et
envers le prochain; qu'il les amène à fréquenter les sacrements par la vertu
desquels ils sont purifiés des taches du péché et en sont préservés; qu'il
les incite aussi à réparer les innombrables offenses faites à la divine
Majesté; qu'il apparaisse enfin comme un signe d'unité et amène à resserrer
les liens de fraternité entre tous les chrétiens au sein de l'unique Église
de Jésus-Christ, instruite par l'Esprit-Saint d'un sentiment filial de piété
comme il convient pour une Mère très aimante (52).
8. Invitation à renouveler la consécration personnelle
au Cœur immaculé de Marie
Et puisque cette année on célèbre le
25e anniversaire de la consécration solennelle de l'Église et du genre
humain à Marie, Mère de Dieu et à son Cœur immaculé, faite par Notre
Prédécesseur de sainte mémoire, Pie XII, le 31 octobre 1942. à l'occasion du
radio message à la nation portugaise (53) -- Consécration que Nous-même
avons renouvelée le 21 novembre 1964 (54), -- Nous exhortons tous les fils
l'Église à renouveler personnellement leur propre consécration au Cœur
immaculé de la Mère de l'Église, et à mettre en pratique cet acte très noble
de culte en menant une vie toujours plus conforme à la volonté divine (55),
dans un esprit de service filial et de sainte imitation de leur Reine du
ciel. Nous exprimons enfin, Vénérables Frères, Notre confiance que, grâce
à vos encouragements, le clergé et le peuple chrétien confiés à votre
ministère pastoral répondront d'un cœur généreux à Notre exhortation, de
telle sorte que leur piété et leur confiance envers la Vierge Mère de Dieu
deviennent plus ardentes et plus fermes. Réconforté par cette certitude que
l'insigne Reine du. ciel et notre très douce Mère ne cessera jamais
d'assister tous et chacun de ses enfants, et ne privera jamais l'Église du
Christ tout entière de son céleste patronage, de tout cœur, Nous accordons à
vous-mêmes, et à vos fidèles, en gage des divines faveurs et en signe de
Notre bienveillance, la Bénédiction apostolique.
Donné à Rome, près
de Saint-Pierre, le 13 mai 1967, quatrième année de Notre pontificat.
PAULUS PP. VI
(*)
Textes latin et italien dans l'Osservatore Romano du
13 mai 1967. Traduction de la D. C. Les sous-titres sont ceux figurant dans
le texte italien de l'exhortation.
Notes :
(1) Cf. Apoc., 12, 1. (2) Cf. épître de la messe de
l'Apparition de la Bienheureuse Vierge Marie immaculée, le 11 février.
(3) Cf. A. A. S., LVII, 1965, p. 1-67. (4) Cf. Luc., 1, 38. (5) Ibid.,
1, 46 et 48-49. (6) Radiomessage de Pie XII du 13 mai 1946 adressé aux
fidèles du Portugal à l'occasion du couronnement de la statue de Notre-Dame
de Fatima : A. A. S., XXXVIII, 1946, p. 264. (D. C. 1946, no 966, col. 545.)
(7) Cf. chap. VIII. IIIe partie, " la Bienheureuse Vierge et l'Église " : A.
A. S., LVII, 1965, p. 62-65. (D. C. 1965, n. 1440, col. 124.) (8) Cf.
ibid., n. 53, p. 58. (9) Cf. ibid. (10) Ibid., n. 54, p. 59. (11)
Ibid., n. 55, p. 59. (12) Ibid., n. 66, p. 65. (13) Allocution
prononcée dans la basilique vaticane devant les Pères conciliaires le Jour
de la fête de la Présentation de la Sainte Vierge lors de la clôture de la
IIIe session du Concile: A. A. S., LVI, 1964, p. 1016. (D. C. 1964" n. 1437,
col. 1544.) (14) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 66 : A. A. S., LVII,
1965, p. 65. (15) Cf. ibid., n. 67, p. 65. (16) Pie XII, encycl.
Mediator Dei : A.A.S., XXXIX, 1947, p. 541. 1947, p. 541. (17) Cf.
Const. dogm. Lumen gentium, n. A.A.S., LVII, 1965, p. 65. (18) Ibid., n.
66, p. 60. (19) Ibid., n. 55, p. 60. (20) Ibid., n. 65, p. 64; cf.
également n. 63. (21) Cf. ibid., n. 58, p. 61. encycl. Adiutricem populi
de Léon XIII, Acta Leonis XIII 15, 1896, p. 302, (22) Const. dogm. Lumen
gentium, n. 58 : A. A. S., LVII, 1965, p. 61. (23) Hébr., 7, 25. (24)
Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 62: A. A. S., LVII, 1965, p. 63. (25)
Cf. Dom. F. Mercenier, l'Antienne mariale grecque la plus ancienne, in le
Museon 52, 1939, p. 229-233. (26) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 62:
A. A. S., LVII, 1965, p. 63. (27) Ibid., n. 6.5, p. 64. (28) IIe
antienne de Laudes en la fête de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse
Vierge Marie. (29) Luc., 1, (30) Cf. Matth., 1, 21; Luc, 1, 33.
(31) Cf. S. Léon le Grand, lettre à Flavien, Lectis dilectionis tuae: P. L.,
LIV, 759; idem, lettre à Julien, évêque de Cos, Licet per nostros : P. L.,
LIV, 803. S. Hormisdas, lettre à l'empereur Justin, Inter ea quae: P. L.,
LXIII, 514; Pélage I, lettre à Childebert I, Humani generis: P. L., LXIX,
407; Conc. du Latran, oct. 649 sous Martin I, can. 3 : Caspar, ZKG, 51,
1932, p. 88; Conc. de Tolède XVI, Symbol, art. 22: J. Madoz, El Simbolo del
Concilio XVI de Toledo, in Estudios Onienses, ser. I, vol. 3, 1946; Const.
dogm, Lumen gentium, n. 52, 55, 57, 59, 63 : A. A. S., LVII, 1965, p. 58-64.
(32) Ci- S. Thomas, Sum. Theol., p. I., q. 25, a. 6, ad 4. (33) Cf. Const.
dogm. Lumen gentium, n. 56 : A. A. S., LVII, 1965, p. 60. (34) Orat., 54:
P. L., CLVIII, 961. (35) Const. dogma. Lumen gentium, n. 67: A.A.S., LVII,
1965, p. 66; cf. S. Thomas, Sum. Theol., P. II-II, q. 81, a. 1, ad 1; P. III,
q. 25, sa. 1, 5. (36) Matth., 12, 50. (37) Cf. Tit., 3, 4. (38)
Jean, 8, 29. (39) Cf. S. Irénée, Adv. Haer., III, 22, 4 : P. G., VII,
959; S. Épiphane, Haer., 78, 18 : P. G., XLII, 728-729; S. Jean Damascène,
Homil. in Nativitate B. M. V.: P. G., XCVI, 671 s.; Const. dogm.. Lumen
gemtium, n. 56: A. A. S., LVII, 1965, p. 60-61. (40) Gal., 4, 4. (41)
Luc., 2, 25-26. (42) Serm., 215, I : P. L., XXXVIII, 1074. (43) I
Cor., 4, 16. (44) Cf. Luc., 1, 48. (45) Cf. Const. dogm. Lumen gentium,
n. 61 A. A. S., LVII, 1965, p. 63. (46) Marc., 1, 15; cf. Matth., 3, 2;
4, 17. (47) Luc, 13, 5. (48) Cf. Matth., 25, 41. Const. dogm. Lumen
gentium, n. 48: A. A. S., LVII, 1965, p. 54. (49) Gal., 2, 20; cf. Eph.,
5, 2. (50) Homil., 2 sur Missus est, n. 2 : P. L., 183, 64. (51) Hébr.,
13, 8. (52) Const. dogm. Lumen gentium, n. 53: A. A. S., LVII, 1965, p.
59. (53) Cf. Discorsi e Radiomessaggi di S. S. Pie XII, vol. IV, p.
260-262; cf. A. A. S., XXXIV, 1942, p. 345-346. (54) Cf. A. A. S., LVI,
1964, p. 1017. (D. C., loc. cit., col. 1546.) (55) Cf. Oraison de la fête
du Cœur immaculé de Marie, le 22 août.
Sources: Vatican
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E.S.M./AF
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.10.2006 - BENOÎT XVI |