Benoît XVI : la terrifiante actualité
du message de Fatima |
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Rome, le 14 mai 2010 -
(E.S.M.)
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C'est là, d'après Benoît XVI, la "terrifiante" actualité du message
de Fatima. Mais le dernier mot de l'histoire est la bonté de Dieu. Qui doit
être accueillie dans la pénitence et avec un esprit de conversion.
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI : la terrifiante actualité
du message de Fatima
L'Église persécutée? Oui, par les péchés de ses enfants
par Sandro Magister
Le 14 mai2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Étrangement, c’est pendant le vol, avant
l’atterrissage à Lisbonne, au matin du mardi 11 avril, que Benoît XVI a tenu
les propos les plus fulgurants de son voyage de quatre jours au Portugal,
centré sur sa visite à Fatima.
Il répondait aux journalistes présents dans l’avion. Apparemment, il
improvisait.
En réalité, ses propos étaient mûrement pesés. Les questions lui avaient été
transmises d’avance par le directeur de la salle de presse du Vatican, le
père Federico Lombardi. Et le pape en avait choisi trois, dont la troisième
concernait le "secret" de Fatima et le scandale de la pédophilie.
Voici cette troisième question, avec la réponse du pape, dans la
transcription, caractéristique du langage parlé, fournie par les services du
Vatican :
*
Q. – Et maintenant venons à Fatima, qui sera un peu le
sommet spirituel de ce voyage ! Sainteté, quelle signification ont pour nous
aujourd’hui les apparitions de Fatima ? Quand vous avez présenté le texte du
troisième secret à la Salle de presse du Vatican, en juin 2000, certains
d’entre nous et d’autres collègues d’alors y étaient, il vous fut demandé si
le message pouvait aussi être étendu, au-delà de l’attentat contre Jean-Paul
II, à d’autres souffrances des Papes. Est-il possible, selon vous, de situer
aussi dans cette vision les souffrances de l’Église d’aujourd’hui, liées aux
péchés des abus sexuels sur les mineurs ?
R. – Avant tout je voudrais exprimer ma joie d’aller à Fatima, de prier
devant la Vierge de Fatima, qui est pour nous un signe de la présence de la
foi, que c’est des petits proprement que nait une nouvelle force de la foi,
qui ne se limite pas aux seuls petits, mais qui a un message pour tout le
monde et rejoint le cours de l’histoire dans son présent et l’éclaire.
En 2000, dans la présentation, j’avais dit qu’une apparition, c’est-à-dire
un événement surnaturelle, qui ne vient pas seulement de l’imagination de la
personne, mais en réalité de la Vierge Marie, du surnaturel, qu’un tel
événement entre dans un sujet et s’exprime dans les possibilités du sujet.
Le sujet est déterminé par ses conditions historiques, personnelles, de
tempérament, et donc traduit ce grand événement surnaturel dans ses
possibilités de voir, d’imaginer, d’exprimer, mais dans ses expressions,
formées par le sujet, se cache un contenu qui va au-delà, plus profondément,
et c’est seulement dans le cours de l’histoire que nous pouvons voir toute
la profondeur, qui était – disons – "vêtue" dans cette vision possible aux
personnes concrètes.
Je dirais donc, ici aussi, au-delà de cette grande vision de la souffrance
du Pape, que nous pouvons en premier lieu rapporter au Pape Jean-Paul II,
sont indiquées des réalités de l’avenir de l’Église qui au fur et à mesure
se développent et se manifestent. Par conséquent, il est vrai que au-delà du
moment indiqué dans la vision, on parle, on voit la nécessité d’une passion
de l’Église, qui naturellement se reflète dans la personne du Pape, mais le
Pape est pour l’Église et donc ce sont des souffrances de l’Église qui sont
annoncées.
Le Seigneur nous a dit que l’Église aurai toujours souffert, de diverses
façons, jusqu’à la fin du monde. L’important est que le message, la réponse
de Fatima, ne réside pas substantiellement dans des dévotions particulières,
mais dans la réponse de fond, c’est-à-dire la conversion permanente, la
pénitence, la prière et les trois vertus théologales : foi, espérance et
charité. Ainsi voyons-nous ici la réponse véritable et fondamentale que
l’Église doit donner, que nous, chacun de nous, devons donner dans cette
situation.
Quant aux nouveautés que nous pouvons découvrir aujourd’hui dans ce message,
il y a aussi le fait que les attaques contre le Pape et contre l’Église ne
viennent pas seulement de l’extérieur, mais les souffrances de l’Église
viennent proprement de l’intérieur de l’Église, du péché qui existe dans
l’Église. Ceci s’est toujours su, mais aujourd’hui nous le voyons de façon
réellement terrifiante : que la plus grande persécution de l’Église ne vient
pas de ses ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Église et que donc
l’Église a un besoin profond de ré-apprendre la pénitence, d’accepter la
purification, d’apprendre d’une part le pardon, mais aussi la nécessité de
la justice. Le pardon ne remplace pas la justice. En un mot, nous devons
ré-apprendre cet essentiel : la conversion, la prière, la pénitence et les
vertus théologales. Nous répondons ainsi, nous sommes réalistes en nous
attendant que le mal attaque toujours, qu’il attaque de l’intérieur et de
l’extérieur, mais aussi que les forces du bien sont toujours présentes et
que, à la fin, le Seigneur est plus fort que le mal, et pour nous la Vierge
est la garantie visible, maternelle, de la bonté de Dieu, qui est toujours
la parole ultime dans l’histoire.
*
Ces propos de Benoît XVI ont doublement étonné les observateurs.
Tout d’abord à cause de la lecture que le pape Joseph Ratzinger a donnée du
"secret" de Fatima. Une lecture qui n’était pas limitée au passé, comme dans
les interprétations ecclésiastiques courantes, mais ouverte au présent et à
l’avenir. "Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est
achevée se tromperait", a-t-il répété aux fidèles devant le sanctuaire.
Et aussi – et plus encore – parce qu’il a affirmé que "la plus grande
persécution de l’Église ne vient pas des ennemis extérieurs, mais elle naît
du péché dans l’Église". Là aussi, il était en contradiction avec les
opinions exprimées par beaucoup d’ecclésiastiques, selon lesquels l’Église
souffre avant tout des attaques lancées contre elle de l’extérieur.
Mais dans les deux cas, Ratzinger n’a fait que confirmer et préciser des
opinions qu’il avait déjà exprimées en d’autres occasions.
Il suffit de se rappeler, par exemple, ce passage de l'homélie qu’il a
prononcée – là encore en improvisant – au cours de la
messe célébrée le 15
avril dernier avec les membres de la commission pontificale biblique :
"Il y a dans l’exégèse une tendance consistant à dire que Jésus, en
Galilée, aurait annoncé une grâce sans condition, absolument inconditionnée,
et donc sans pénitence, une grâce en tant que telle, sans présupposés
humains. Mais c’est une interprétation fausse de la grâce. La pénitence est
grâce ; le fait que nous reconnaissions notre péché est une grâce, le fait
que nous sachions que nous avons besoin d’un renouvellement, d’un
changement, d’une transformation de notre être est une grâce. La pénitence,
le pouvoir de faire pénitence, est le don de la grâce. Je dois dire que nous
chrétiens, même ces derniers temps, nous avons souvent évité le mot
pénitence, qui nous paraissait trop dur. Maintenant, sous les attaques du
monde qui nous parlent de nos péchés, nous voyons que pouvoir faire
pénitence est une grâce. Nous voyons qu’il est nécessaire de faire
pénitence, c’est-à-dire de reconnaître ce qui est erroné dans notre vie, de
nous ouvrir au pardon, de nous préparer au pardon, de nous laisser
transformer. La souffrance de la pénitence, c’est-à-dire de la purification
et de la transformation, cette souffrance est une grâce, parce qu’elle est
renouvellement, parce qu’elle est œuvre de la miséricorde divine".
Et le 19 mars, dans sa
Lettre aux catholiques d’Irlande, il avait écrit des
choses analogues. Par exemple, que les scandales de la pédophilie dans le
clergé "ont obscurci la lumière de l’Évangile à un degré qui n’avait jamais
été atteint, même dans les siècles de persécution". Et que seule une
démarche de pénitence, de la part de toute l’Église de ce pays, pouvait
ouvrir à la purification et à la conversion : en un mot, à la grâce.
*
Mais il y a plus. Toujours dans sa lettre aux catholiques d’Irlande, Benoît
XVI a écrit que le scandale des abus sexuels commis par des prêtres sur des
enfants "a contribué de manière très importante à l’affaiblissement de la
foi".
Aux yeux du pape, la disparition de la foi est le plus grand danger non
seulement pour le monde actuel mais aussi pour l’Église.
Tant il est vrai qu’il associe à ce danger ce qu’il appelle la "priorité" de
sa mission de pontife.
Il l’a écrit de manière parfaitement claire dans la mémorable lettre qu’il a
adressée aux évêques du monde entier le 10 mars 2009 :
"À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de
s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité
qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux
hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a
parlé sur le Sinaï; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour
poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et
ressuscité".
Et il l’a redit de façon identique sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima,
le soir du 12 mai de cette année, en bénissant les flambeaux et avant de
réciter le rosaire :
"À notre époque, où la foi dans de vastes régions de la terre, risque de
s’éteindre comme une flamme qui n’est plus alimentée, la première de toutes
les priorités est celle de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux
hommes l’accès à Dieu. Pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé
sur le Sinaï ; ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour vécu
jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1), en Jésus Christ crucifié et ressuscité".
Parlant aux
évêques du Portugal, l’après-midi du jeudi 13 mai, Benoît XVI a
reproposé cette priorité à tous les catholiques de ce pays : "Gardez vivante
la dimension prophétique, sans bâillon, dans le contexte du monde actuel,
parce que 'la parole de Dieu n’est pas enchaînée !' (2 Timothée 2, 9)".
Mais il les a également avertis que, pour témoigner de la foi chrétienne,
les simples discours ou les rappels moraux ne suffisent pas. La sainteté de
la vie est nécessaire.
Cette même sainteté que, depuis longtemps, ce pape ne cesse de demander
avant tout aux prêtres. Spécialement en cette Année Sacerdotale de son
invention, qui va s’achever le mois prochain et au centre de laquelle il a
mis comme modèle un humble prêtre de campagne du XIXe siècle, le Saint Curé
d'Ars.
Parce que "c’est justement des petits que naît une nouvelle force de la
foi". De ces petits qu’ont aussi été les trois pastoureaux de Fatima.
***
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la béatification de Jacinta et Francisco du 11 au 14 mai
Son homélie du 15 avril 2010, à la commission pontificale biblique
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Pour ce pape tout est grâce, même "les attaques du monde contre nos péchés"
La lettre du 19 mars 2010 aux catholiques d'Irlande
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"Vous devez en répondre devant Dieu"
La lettre du 10 mars 2009 aux évêques du monde entier
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"Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde: vous
allez vous détruire les uns les autres"
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.05.2010 -
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