Rencontre Interreligieuse avec le
pape Benoît XVI |
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Rome, le 14 mai 2008 -
(E.S.M.) - Tous les hommes devraient être libres de
rechercher le bonheur de manière compatible avec leur nature de
créatures dotées de raison et d'une libre volonté.
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Rencontre Interreligieuse avec le pape Benoît XVI
Discours du Saint-Père Benoît XVI :
Chers amis,
Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui. Je
remercie l'évêque Sklba de ses paroles de bienvenue et je vous salue tous
cordialement, vous qui êtes ici rassemblés pour représenter les différentes
religions présentes aux États-Unis d'Amérique. Beaucoup d'entre vous ont
aimablement accepté l'invitation à rédiger les réflexions contenues dans le
programme d'aujourd'hui. Je vous suis particulièrement reconnaissant des
paroles profondes sur la manière dont chacune de vos traditions rend
témoignage à la paix. Je vous remercie tous.
Ce pays possède une longue histoire de collaboration entre les différentes
religions, dans de nombreux domaines de la vie publique. Des services de
prière interreligieuse au cours de la fête nationale du Remerciement, des
initiatives communes dans des activités caritatives, une voix unanime à
propos d'importantes questions publiques: telles sont certaines des façons
dont les membres des différentes religions se rencontrent pour améliorer la
compréhension réciproque et promouvoir le bien commun. J'encourage tous les
groupe religieux qui sont en Amérique à persévérer dans leur collaboration
et à enrichir ainsi la vie publique par des valeurs spirituelles qui animent
votre action dans le monde.
Le lieu où nous sommes à présent rassemblés a été expressément fondé pour la
promotion de ce type de collaboration. En effet, le "Pope John Paul II
Cultural Center" (Centre culturel Jean-Paul II) se propose d'offrir une
voix chrétienne à la "recherche humaine de la
signification et du but de la vie" dans un monde de "communautés
religieuses, ethniques et culturelles différentes"
(Mission Statement). Cette institution nous rappelle la
conviction de cette nation que tous les hommes devraient être libres de
rechercher le bonheur de manière compatible avec leur nature de créatures
dotées de raison et d'une libre volonté.
Les Américains ont toujours apprécié la possibilité de pratiquer librement
leur culte, conformément à leur conscience. Alexis de Tocqueville,
l'historien français et observateur des événements américains, était fasciné
par cet aspect de la nation . Il a souligné qu'il s'agit d'un pays où la
religion et la liberté sont "intimement liées" dans leur contribution à une
démocratie stable favorisant les vertus sociales et la participation à la
vie communautaire de tous ses citoyens. Dans les zones urbaines, il est
courant pour les personnes provenant de traditions culturelles et de
religions différentes de s'engager chaque jour l'une à côté de l'autre dans
les milieux commerciaux, sociaux et éducatifs. Aujourd'hui, de jeunes
chrétiens, juifs, musulmans, hindous, bouddhistes et des enfants de toutes
les religions et de tous les pays sont assis côte à côte dans les salles de
classe, apprenant les uns avec les autres et les uns des autres. Cette
diversité donne lieu à de nouveaux défis qui suscitent une réflexion plus
approfondie sur les principes fondamentaux d'une société démocratique. Que
d'autres personnes puissent tirer courage de votre expérience, en se rendant
compte qu'une société unie peut dériver d'une pluralité de peuples - "E
pluribus unum": "D'une multitude, un" -, à condition que tous
reconnaissent la liberté religieuse comme un droit civil fondamental
(cf.
Dignitatis Humanae, n. 2).
La tâche de défendre la liberté religieuse n'est jamais terminée. De
nouvelles situations et de nouveaux défis invitent les citoyens et les
dirigeants à réfléchir sur la façon dont leurs décisions respectent ce droit
humain fondamental. Défendre la liberté religieuse dans le cadre de la loi
ne garantit pas que les peuples, en particulier les minorités, soient
épargnés par des formes injustes de discrimination et de préjugés. Un effort
constant est demandé à tous les membres de la société dans le but de
garantir que soit offerte aux citoyens l'opportunité d'exercer leur culte de
manière pacifique et de transmettre leur patrimoine religieux à leurs
enfants.
La transmission des traditions religieuses aux générations qui se succèdent,
aide non seulement à préserver un patrimoine, mais soutient également et
nourrit à l'heure actuelle la culture qui nous entoure. Cela est également
valable pour le dialogue entre les religions; ceux qui y participent et la
société en tirent un enrichissement. Dans la mesure où nous grandissons dans
la compréhension les uns des autres, nous nous rendons compte que nous
partageons une estime pour les valeurs éthiques que la raison humaine peut
atteindre, qui sont respectées par toutes les personnes de bonne volonté.
Le monde demande avec insistance un témoignage commun
de ces valeurs. J'invite donc toutes les personnes religieuses à
considérer le dialogue non seulement comme un moyen pour renforcer la
compréhension réciproque, mais également comme une façon de servir la
société de manière plus large. En témoignant des vérités morales qu'ils ont
en commun avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, les
groupes religieux exerceront une influence positive sur la culture au niveau
le plus large et ils inspireront leurs voisins, leurs collègues de travail
et leurs concitoyens à s'unir à la tâche de renforcer les liens de
solidarité. Pour reprendre les paroles du Président Franklin Delano
Roosevelt, "il ne pourrait arriver rien de plus grand à notre terre
aujourd'hui qu'une renaissance de l'esprit de foi".
Un exemple concret de la contribution que les communautés religieuses
peuvent offrir à la société civile sont les écoles confessionnelles. Ces
institutions enrichissent les enfants tant intellectuellement que
spirituellement. Guidés par leurs enseignants à la découverte de la dignité
donnée par Dieu à chaque être humain, les jeunes apprennent à respecter les
croyances et les pratiques religieuses des autres, en développant la vie
civile de la nation.
Quelle immense responsabilité ont les chefs religieux!
Ils doivent imprégner la société d'une profonde crainte et respect pour la
vie humaine et la liberté; garantir que la dignité humaine soit reconnue et
appréciée; faciliter la paix et la justice; enseigner aux enfants ce qui est
juste, bien et raisonnable!
Il y a un autre point sur lequel je désire m'arrêter ici. J'ai remarqué un
intérêt croissant parmi les jeunes pour développer des programmes destinés à
promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel. Il s'agit
d'initiatives louables. Dans le même temps, la liberté religieuse, le
dialogue interreligieux et la foi visent à quelque chose de plus qu'un
consensus en vue de déterminer des voies pour mettre en œuvre des stratégies
concrètes pour faire progresser la paix. L'objectif le plus vaste du
dialogue est celui de découvrir la vérité. Quelle est l'origine et le destin
du genre humain ? Que sont le bien et le mal ? Ce n'est qu'en affrontant ces
questions plus profondes que nous pourrons construire une base solide pour
la paix et la sécurité de la famille humaine : "Là où l'homme se laisse
éclairer par la splendeur de la vérité, il entreprend presque naturellement
le chemin de la paix" (Message 2006 pour la Journée
mondiale de la Paix, n. 3).
Nous vivons à une époque où ces questions sont trop souvent mises de côté.
Toutefois, elles ne pourront jamais être effacées du cœur de l'homme. Au
cours de l'histoire, les hommes et les femmes ont cherché à expliquer leur
inquiétude en la reliant à ce monde qui passe. Dans la tradition
judéo-chrétienne, les Psaumes sont remplis de ces expressions: "Le
souffle en moi s'épuise" (Ps 143, 4; cf; Ps 6, 7; 31,
11; 32, 4; 38, 8; 77, 3), "Pourquoi te désoler, ô mon âme, et
gémir sur moi ?" (Ps 42, 6). La réponse est
toujours une réponse de foi: "Espère en Dieu! De nouveau je rendrai
grâce: il est mon sauveur et mon Dieu" (ibid.; cf. Ps
62, 6). Les chefs spirituels ont un devoir particulier, et nous
pourrions dire une compétence spéciale, pour mettre au premier plan les
questions les plus profondes de la conscience humaine, pour réveiller
l'humanité devant le mystère de l'existence humaine, pour faire place dans
un monde frénétique à la réflexion et à la prière.
Placés face à ces interrogations les plus profondes concernant l'origine et
le destin du genre humain, les chrétiens proposent Jésus de Nazareth. Il est
- telle est notre foi - le Logos éternel, qui s'est fait chair pour
réconcilier l'homme avec Dieu et révéler la raison qui se trouve à la base
de toute les choses. C'est Lui que nous apportons dans le forum du dialogue
interreligieux. Le désir ardent de suivre ses traces pousse les chrétiens à
ouvrir leurs esprits et leurs cœurs au dialogue (cf. Lc
10, 25-37; Jn 4, 7-26).
Chers amis, dans notre tentative de découvrir les points communs, nous avons
peut-être évité la responsabilité de discuter de nos différences avec calme
et clarté. Alors que nous unissons toujours nos cœurs et nos esprits dans la
recherche de la paix, nous devons également écouter avec attention la voix
de la vérité. De cette manière, notre dialogue ne se limite pas à
reconnaître un ensemble commun de valeurs, mais il se pousse en avant pour
enquêter sur leur fondement ultime. Nous n'avons aucun motif d'avoir peur,
car la vérité nous révèle le rapport essentiel entre le monde et Dieu. Nous
sommes en mesure de percevoir que la paix est un "don céleste", qui nous
appelle à conformer l'histoire humaine à l'ordre divin. C'est là que se
trouve la "vérité de la paix" (cf. Message pour la Journée
mondiale de la Paix 2006).
Comme nous l'avons vu alors, l'objectif le plus important du dialogue
interreligieux demande une claire exposition de nos doctrines religieuses
respectives. A ce propos, les collèges, les universités et les centres
d'étude sont des lieux importants pour un échange sincère d'idées
religieuses. Le Saint-Siège, pour sa part, cherche à mener à bien cet
important travail à travers le Conseil pontifical pour le dialogue
interreligieux, l'Institut pontifical d'études arabes et sur l'islam, et les
diverses universités pontificales.
Chers amis, faites en sorte que notre dialogue sincère et notre coopération
puissent inspirer toutes les personnes à méditer sur les questions les plus
profondes à propos de leur origine et de leur destin. Puissent les disciples
de toutes les religions être unis dans la défense et la promotion de la vie
et de la liberté religieuse dans le monde entier. En nous consacrant
généreusement à cette sainte tâche - à travers le dialogue et d'innombrables
petits actes d'amour, de compréhension et de compassion - nous pouvons être
des instruments de paix pour toute la famille humaine. Paix à vous tous!
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Sources :
www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2008 - Libreria Editrice Vaticana/170508
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.05.08 -
T/U.S.A. - T/Œcuménisme |