Benoît XVI : conférence aux évêques
du CELAM |
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ROME, le 14 Mai 2007 -
(E.S.M.) - Le Pape Benoît XVI a
clôturé son voyage de cinq jours au Brésil par un discours aux évêques
de la conférence du CELAM. L'idée qui est au coeur de ce discours, c'est
que les tentatives pour résoudre les problèmes sociaux et politiques
sans le Christ mènent à la ruine
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Le pape Benoît XVI à la
conférence du CELAM -
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Benoît XVI : conférence aux évêques du CELAM
Ouverture du Celam: Synthèse du discours du saint Père à l'ouverture du
congrès du CELAM
Texte intégral du discours du Saint Père
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Benoît XVI inaugure la Conférence Générale du CELAM
Sérieux travail de synthèse de John Allen, en attendant la traduction
officielle en français du discours de notre Saint-Père.
Article original en anglais ici:
Pope
raps Capitalism, Marxism as 'blind alleys'' in a world without God
Le pape s'en prend au capitalisme, et au marxisme
qualifiés de 'chemins aveugles ' (impasse) dans un monde sans Dieu
Le Pape Benoît XVI a clôturé son voyage de cinq jours au Brésil par un
discours qu'en un sens, il avait attendu trente ans pour prononcer.
L'idée qui est au coeur de ce discours, c'est que les tentatives pour
résoudre les problèmes sociaux et politiques sans le Christ mènent à la
ruine - et selon lui, le 20ème siècle en a offert des exemples
spectaculaires avec les échecs du marxisme et du capitalisme.
Le Pape sous-entend que prêcher le Christ n'empêche pas de travailler pour
la justice - car C'EST travailler pour la justice.
Capitalisme et marxisme dos-à-dos
Dans un discours de 6.000 mots prononcé pour l'ouverture de la cinquième
conférence générale des évêques de l'Amérique latine et des Caraïbes, le
Pape a dit que les deux rivaux idéologiques principaux du passé récent, le
marxisme et le capitalisme, ont manqué à leurs promesses de construire un
monde meilleur , parce que tous les deux ont essayé de le faire sans
référence à Dieu.
« Le capitalisme et le marxisme ont promis d'indiquer le chemin pour créer
des structures justes, et ils ont déclaré qu'une fois établies, celles-ci
fonctionneraient de façon autonome; ils ont assuré que, non seulement ils
n'auraient besoin d'aucune règle morale individuelle antérieure, mais qu'ils
favoriseraient une morale commune » a dit le pape. « Et cette promesse
idéologique s'est révélée fausse. Les faits l'ont clairement démontré. »
Une longue réflexion théologique
Le message du pape au Brésil a mûri sur une longue période de réflexion
théologique.
C'est il y a presque 30 ans, en 1968, que les évêques d'Amérique latine ont
proclamé leur célèbre « option préférentielle pour les pauvres, » et aucun
nation n'a embrassé ce credo avec plus d'enthousiasme que le Brésil. Comme
préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, et maintenant comme
pape, Joseph Ratzinger a ferraillé avec les arguments de la théologie de
libération, pour laquelle le Brésil a toujours été un laboratoire.
Théologie de la Libération:option pour les pauvres
La théologie de libération a pour la première fois introduit la notion de «
péché structurel » autrement dit, le péché enraciné dans les structures
sociales, économiques et politiques qui perpétuent les situations
d'injustice. Benoît XVI était d'accord avec le diagnostic, dire que « les
structures justes sont une condition sans laquelle un ordre juste dans la
société n'est pas possible. »
Dans son adresse au CELAM, Benoît XVI a même approuvé « l'option préférentielle
pour les pauvres, » disant qu'elle est implicite dans la « foi
Christologique en Dieu qui est devenu pauvre pour nous. » La question-clé,
selon Benoît XVI n'est pas de savoir si les structures justes sont souhaitables,
mais plutôt d'où elles viennent. Sa réponse était qu'elles peuvent venir que
des valeurs spirituelles et morales fournies par la foi religieuse.
Le marxisme: ruines économiques et humaines
Benoît XVI a dit que les échecs du marxisme et du capitalisme illustrent ce
point.
« Le système marxiste, là où il a réussi à pénétrer le gouvernement, a
laissé non seulement un triste héritage de destruction économique et
écologique, mais également une destruction douloureuse de l'esprit humain.
Et nous pouvons voir également la même chose se produire en Occident, où le
fossé entre les riches et les pauvres se creuse de plus en plus, et provoque
une dégradation inquiétante de la dignité de la personne par les drogues,
l'alcool et les illusions trompeuses du bonheur. »
Là où Dieu est absent...
Dans cette optique, dit Benoît XVI, la plus grande contribution que l'église
catholique puisse apporter est proclamer le Christ passionnément et de façon
crédible. Selon lui, les gens qui ordonnent leur vie au Christ, suivent
naturellement les valeurs de la paix et de la justice.
« Là où Dieu est absent - Dieu avec le visage humain de Jésus le Christ -
ces valeurs ne parviennent pas à se montrer avec toute leur force, et il ne
peut y avoir de consensus à leur sujet » dit le pape.
Benoît XVI a précisé qu'il ne voulait pas dire que les non-Chrétiens sont
incapables de contribuer à une société juste. Cependant, selon lui, la
tentation de l'égoïsme, du gain personnel, et de l'indifférence à la douleur
d'autrui est tout simplement trop forte pour une société divisée sur ses
principes fondamentaux.
« Je ne veux pas dire que les non-croyants ne peuvent pas vivre une moralité
élevée et exemplaire, » dit-il. « Je dis seulement qu'une société dans
laquelle Dieu est absent ne trouvera pas le consensus nécessaire sur les
valeurs morales, ou la force pour vivre selon le modèle de ces valeurs, y
compris lorsqu'elles sont en conflit avec des intérêts privés. »
Apporter la foi et les valeurs, et non pas des solutions politiques
directes, est donc, selon Benoît XVI, la contribution de l'église.
L'Église hors du champ politique
« Si l'Église en venait à se transformer en un sujet directement politique,
elle ferait moins, et non pas davantage, pour les pauvres et pour la justice
» dit le pape « parce qu'elle perdrait son indépendance et son autorité
morale, s'identifiant avec une simple option politique ayant des positions
partisanes discutables. L'Église est l'avocat de la justice et des pauvres,
précisément parce qu'elle ne s'identifie pas avec des politiciens ou avec
des intérêts partisans. C'est seulement en restant indépendante qu'elle peut
enseigner les grands critères et les valeurs inaliénables, guider les
consciences et proposer un choix de vie qui dépasse la sphère politique. »
Utopie du retour vers le passé
Examinant les défis que doit affronter le catholicisme latino-américain,
Benoît XVI a reconnu qu'à la fois « le développement harmonieux de la société »
et « l'identité catholique de ces peuples » étaient en péril. Le premier
point cité se réfère aux problèmes actuels de la pauvreté et de la violence
en Amérique latine, tandis que le second fait allusion, aux dramatiques
pertes de l'église catholique au profit des mouvements Pentecôtiste et
évangélique, aussi bien qu'au nombre de plus en plus important des personnes
disant qu'elles n'ont aucune foi religieuse.
Benoît XVI a commencé en disant que, sous le poids des désillusion de la
modernité, quelques Latino-américains ont la nostalgie d'un retour à une
culture pré-Occidentale, y compris les religions pré-Chrétiennes. Mais le
christianisme, argumente le Pape, ne s'est pas « imposé » aux cultures
indigènes, c'était plutôt une manière de « les purifier » en conservant les
meilleurs éléments de ces cultures - éléments qui survivent, suggère-t-il,
dans la dévotion populaire pour laquelle le catholicisme latino-américain
est bien connu.
« L'utopie consistant à retourner aux sources des religions pré-Columbiennes,
les séparant du Christ et de l'Eglise universelle, ne serait pas un pas en
avant, » dit Benoît XVI. « En réalité, ce serait une régression vers une étape
de l'histoire enracinée dans le passé. »
Globalisation, et idéologies fossiles
Cependant, l'offre moderne de globalisation ne propose pas de réponse
satisfaisante aux besoins de la société, dit Benoît XVI, citant « le risque de
vastes monopoles et de réalisation de bénéfice comme valeur suprême. » Le
pape a dit que « l'économie libérale de quelques pays latino-américains doit
tenir compte du besoin d'équité, en raison des secteurs toujours croissants
de la société qui se trouvent opprimés par l'immense pauvreté ou même
dépouillés de leurs propres ressources naturelles. »
En même temps, a-t-il suggéré, faisant là allusion « aux formes autoritaires
de gouvernement et aux régimes liés à certaines idéologies que nous pensions
dépassées », les mouvements de la gauche populistes aujourd'hui associés aux
nations latino-américaines telles que le Venezuela et la Bolivie ne sont pas
la réponse adéquate.
Marginaliser Dieu: une voie sans issue
Le pape a dressé une liste de ce qu'il considère comme d'autres voies sans
issue, parmi lesquelles « le sécularisme, l'hédonisme, l'indifférentisme, et
le prosélytisme par de nombreux sectes, les religions animistes et les
nouveaux phénomènes pseudo religieux. »
Benoît XVI a admis que relever les défis sociaux pressants de justice en
l'Amérique latine en mettant en avant le Christ, les sacrements, et la vie
spirituelle peut évoquer la politique de l'autruche.
« Cette priorité ne serait-elle pas une fuite vers la sensiblerie, vers
l'individualisme religieux, un abandon de la réalité pressante des grands
problèmes économiques, sociaux et politiques de l'Amérique latine et du
monde, une fuite de la réalité vers un monde spirituel ? » a-t-il dit, dans
une interrogation rhétorique. Précisément, ces accusations ont été parfois
le fait des théologiens de libération contre les formes traditionnelles de
piété catholique.
En fait, argumente Benoît XVI, la question présuppose une vision de la réalité
qui marginalise Dieu.
« Ce fut précisément la grande erreur des tendances dominantes du siècle
dernier, l'erreur la plus destructrice, comme nous pouvons le voir des
résultats des systèmes marxiste et capitaliste ». « Ils falsifient la notion
de réalité en la détachant de la réalité fondamentale et décisive, qui est
Dieu.» Et il avertit: faire ainsi est une « recette pour la destruction. »
« D'où l'importance unique et irremplaçable du Christ pour nous, pour
l'humanité; si nous ne connaissons pas Dieu dans et avec le Christ, toute la
réalité est transformée en énigme indéchiffrable. »
Suggestion de remèdes
Pour favoriser la remise du Christ au centre de tout, Benoît XVI a recommandé un
accent renouvelé mis sur la Bible, une meilleure formation à la catéchèse et
à la foi, l'utilisation plus grande des médias, une dévotion plus profonde à
l'eucharistie et une participation plus importante à la messe du dimanche.
Il a également invité les catholiques 'laïcs' à être plus présents dans la
vie publique, dans les médias et les universités, déplorant ce qu'il a
appelé « une absence notable » des catholiques dans ces secteurs.
Une "feuille de
route" en cinq thèmes-clés
Le pape a choisi cinq thèmes: la famille, les prêtres, les hommes et femmes
religieux, les laïcs, et les jeunes. Sur la famille, le pape a mis en garde
contre le « sécularisme et le relativisme moral, » qui conduisent « à une
législation civile opposée au mariage, qui, en soutenant la contraception et
l'avortement, menace l'avenir des peuples. » Benoît XVI a invité les
gouvernements à adopter des politiques efficaces en faveur de la famille.
Le Pape a dit aux laïcs qu'ils doivent se considérer comme « responsables
conjointement » avec leurs pasteurs, pour « construire une société conforme
aux critères de l'Évangile. » Il a conseillé aux jeunes de se garder « des
illusions faciles du bonheur instantané et des paradis trompeurs offerts par
les drogues, le plaisir, et l'alcool » et de « s'opposera chaque forme de
violence. »
Benoît XVI a également critiqué les courants dans la culture latino-américaine
qui ne reconnaissent pas « la dignité et la responsabilité égales des hommes
et des femmes. »
La cinquième conférence générale des évêques de l'Amérique latine et des
Caraïbes a lieu au sanctuaire de Notre-Dame d'Aparecida, le plus grand
sanctuaire marial de l'hémisphère sud. Par une coïncidence, la session
d'ouverture a également coïncidé avec le quatre-vingt-dixième anniversaire
des apparitions de Marie à Fatima, au Portugal.
La critique du capitalisme par Benoît XVI n'est pas une
surprise
La critique acerbe du marxisme et du capitalisme par Benoît XVI cet
après-midi peut avoir pris au dépourvu ceux qui le considèrent comme un
conservateur convaincu, mais elle ne devrait pas étonner ceux qui
connaissent l'histoire de Joseph Ratzinger.
« Le capitalisme et le marxisme ont fait la promesse d'indiquer le chemin
pour créer des structures justes, et ils ont déclaré qu'une fois établies,
celles-ci fonctionneraient de façon autonome; ils ont assuré que, non
seulement ils n'auraient besoin d'aucune règle morale individuelle
antérieure, mais qu'ils favoriseraient une morale commune »... « Et cette
promesse idéologique s'est révélée fausse. Les faits l'ont clairement
démontré. » a dit le pape dit cet après-midi à l'ouverture de la cinquième
conférence générale des évêques de l'Amérique latine et des Caraïbes.
Cette déclaration se base sur une vie de réflexion.
En 1988, Joseph, alors Cardinal Ratzinger a publié une série de réflexions
sous le titre "Église, Oecuménie et Politique". Il y développait l'argument
que le capitalisme est à peine meilleur que le national-socialisme ou le
communisme, du fait que chacun des trois propose de fausses idoles
(respectivement la prospérité -le Volk- et l'état).
Ratzinger disait que pour établir une civilisation humaniste, l'Occident
doit redécouvrir deux éléments de son passé : son héritage grec classique et
son identité chrétienne commune.
Selon Ratzinger, l'ère classique devait permettre de redécouvrir les valeurs
objectives et éternelles qui dominent la politique, en imposant des limites
au pouvoir. Ratzinger a employé le mot grec <eunomia> pour décrire cette
conception du bien. En ce sens, on pourrait dire que Ratzinger a proposé un
modèle de culture occidentale 'eunomiste" plutôt que capitaliste.
Au cours des années, Ratzinger s'est rapproché de l'école de pensée de la
théologie catholique 'Communio', qui souligne la nécessité pour les cultures
de prendre leur source à l'Evangile chrétien plutôt que dans les idéologies
sécularistes. Ses fondateurs ont à plusieurs reprises critiqué le
capitalisme, qui favorise un éthos de l'individualisme .. en désaccord avec
l'enseignement social catholique.
Depuis qu'il est devenu Pape, Benoît XVI a souvent critiqué ce qu'il considère
comme les injustices d'un système néo-libéral croissant de globalisation
économique.
Le 23 avril, par exemple, Benoît XVI a écrit à
Angela Markel, présidente en exercice du G-8, exigeant «l'annulation
rapide, totale et sans conditions » de la dette exterieure des pays pauvres,
la décrivant comme « responsabilité morale grave et sans conditions, fondée
sur l'unité de la race humaine, et sur la dignité commune et le destin
partagé des riches et des pauvres. »
Dans un message récent à l'académie pontificale pour les sciences sociales,
Benoît XVI a mis l'accent sur trois défis essentiels:
1) L'environnement et le développement durable
2) Le respect pour les droits et la dignité des personnes
3) le risque de perte des valeurs spirituelles dans un monde technique.
On doit également noter que, dans une certaine mesure, le scepticisme au
sujet du capitalisme est inscrit dans les gènes de Ratzinger.
Son grand oncle du côté paternel, Georg Ratzinger, était l'une des figures
bavaroises marquantes du dix-neuvième siècle, un 'monsignore' catholique
avec une expérience forte de l'engagement politique et social au nom des
pauvres.
Le livre le plus connu de Georg Ratzinger était 'Die Volkswirthschaft in
Ihren Sittlichen Grundlagen' («l'économie dans ses bases morales »), édité
en 1881, qui proposait une critique de capitalisme reflétant une prise de
conscience du catholicisme social qui devait culminer avec l'encyclique de
Léon XIII, 'Rerum novarum'.
George Ratzinger a été par deux fois élu au parlement Bavarois, et à la
chambre fédérale, et il a contribué à fonder un parti politique, le 'Bauerbund',
qui représentait les intérêts des fermiers pauvres contre les entreprises
industrielles du grand capital. Le Bauerbund constituait un mélange de
protectionnisme populiste et de mesures sociales progressistes telles que
des lois sur le travail des enfants et les salaires minimum. Le but
principal du Bauerbund était un système protection sociale qui protègerait
les fermiers pauvres et les petits commerçants des cycles de haut-et -bas .
Benoît XVI a parlé parlé en termes chaleureux du legs politique de son
grand-oncle. En 1996, il a dit : « En tant que représentant de l'état et des
assemblées nationales, il était vraiment un champion des droits des paysans
et des personnes simples en général. Il a lutté - je l'ai lu dans les compte
rendu du parlement d'état - contre le travail des enfants, ce qui à cette
époque était encore considéré comme une attitude scandaleuse. C'était
évidemment un homme rude. Son engagement, et ses prises de position, le
rendent digne de notre fierté
Les durs commentaires de Benoît XVI au sujet des échecs du capitalisme à
l'ouverture de la conférence générale de CELAM représentent ainsi quelque
chose comme un legs de famille.(Traduction de
beatriceweb.eu Béatrice Bolhy)
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Benoît XVI au Brésil: du 09 au 14 mai 2007
Sources:
beatriceweb.eu - www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.05.2007 - BENOÎT XVI |