Catéchèse de Benoît XVI : mercredi 14
mars |
 |
ROME, le 14 mars 2007 -
(E.S.M.) - L'Audience Générale de ce matin s'est déroulée à 10h30
place Saint Pierre où le Saint Père Benoît XVI a rencontré des groupes
de pèlerins et de fidèles venant d'Italie et de chaque partie du monde,
environ 25.000 pèlerins rassemblés sous un ciel bleu immaculé.
|
Le pape Benoît XVI - Audience
Générale
Catéchèse de Benoît XVI : mercredi 14 mars
Saint Ignace d'Antioche
L'Audience Générale de ce matin s'est déroulée à 10h30 place Saint Pierre où
le Saint Père Benoît XVI a rencontré des groupes de pèlerins et de fidèles
venant d'Italie et de chaque partie du monde, environ 25.000 pèlerins
rassemblés sous un ciel bleu immaculé.
Dans le discours en langue italienne, le Pape, en continuant le nouveau
cycle de catéchèses sur les Pères Apostoliques, s'est arrêté sur la figure
de Saint Ignace d'Antioche.
Après avoir repris Ses catéchèses en différentes langues, le pape Benoît XVI
a adressé des salutations particulières aux groupes de fidèles présents.
L'Audience Générale s'est conclue par le chant du Pater Noster et la
Bénédiction Apostolique.
Texte intégral de la catéchèse du pape Benoît XVI
Chers frères et soeurs !
Comme nous l'avons déjà fait mercredi, nous parlons des personnalités de l'Eglise
naissante. La semaine dernière, nous avons parlé du pape Clément Ier,
troisième successeur de saint Pierre. Aujourd'hui, nous parlons de saint
Ignace, qui a été le troisième évêque d'Antioche, de 70 à 107, date de son
martyre. A cette époque, Rome, Alexandrie et Antioche étaient les trois
grandes métropoles de l'empire romain. Le Concile de Nicée parle de trois «
primats » : celui de Rome, mais Alexandrie et Antioche participent
également, d'une certaine manière, à un « primat ». Saint Ignace était
évêque d'Antioche, qui se trouve aujourd'hui en Turquie. Là, à Antioche,
comme nous l'apprenons des Actes des Apôtres, se développa une communauté
chrétienne florissante : le premier évêque fut l'apôtre Pierre - c'est ce
que nous rapporte la tradition - et là, « pour la première fois, les
disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26). Eusèbe de
Césarée, un historien du IVe siècle, consacre un chapitre entier de son
Histoire ecclésiastique à la vie et à l'œuvre littéraire d'Ignace (3,
36). « De Syrie », écrit-il, « Ignace fut envoyé à Rome pour être livré en
pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu'il avait rendu du
Christ. En accomplissant son voyage à travers l'Asie, sous la surveillance
sévère des gardes » (qu'il appelle les « dix léopards » dans sa Lettre
aux Romains, 5, 1), « dans toutes les villes où il s'arrêtait, à travers
des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises ; et
surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des
hérésies, qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas
se détacher de la tradition apostolique ». La première étape du voyage
d'Ignace vers le martyre fut la ville de Smyrne, où était évêque saint
Polycarpe, disciple de saint Jean. Ici, Ignace écrivit quatre lettres,
respectivement aux Eglises d'Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. «
Parti de Smyrne », poursuit Eusèbe « Ignace arriva à Troade, et de là,
envoya de nouvelles lettres : deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne,
et une à l'évêque Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres »,
qui nous sont parvenues de l'Eglise du premier siècle comme un trésor
précieux. En lisant ces textes, on sent la fraîcheur de la foi de la
génération qui avait encore connu les Apôtres. On perçoit également dans ces
lettres l'amour ardent d'un saint. Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome
où, dans l'amphithéâtre Flavien, il fut livré aux bêtes féroces.
Aucun Père de l'Eglise n'a exprimé avec la même intensité qu'Ignace l'ardent
désir d'union avec le Christ et de vie en Lui. C'est pourquoi
nous avons lu le passage de l'Evangile sur la vigne qui, selon l'Evangile de
Jean, est Jésus. En réalité, en Ignace confluent deux « courants »
spirituels : celui de Paul, entièrement tendu vers l'union avec le
Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur tour,
ces deux courants débouchent sur l'imitation du Christ, proclamé
plusieurs fois par Ignace comme « mon » ou « notre Dieu ». Ainsi, Ignace
supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car il est
impatient d’être « uni au Christ ». Et il explique : « Il est beau pour moi
de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner
jusqu'aux confins de la terre. Je le cherche lui, qui est mort pour moi, je
veux lui, qui est ressuscité pour moi... Laissez-moi imiter la Passion de
mon Dieu ! » (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes
d'amour le « réalisme » christologique prononcé, typique de l'Eglise
d'Antioche, plus que jamais attentive à l'incarnation du Fils de Dieu et à
son humanité véritable et concrète : Jésus Christ, écrit Ignace aux
Smyrniotes, « est réellement de la souche de David », « il est
réellement né d'une vierge », « il fut réellement cloué pour nous
» (1, 1).
L'irrésistible aspiration d'Ignace vers l'union au Christ donne naissance à
une véritable « mystique de l'unité ». Lui-même se définit comme « un homme
auquel est confié le devoir de l'unité » (Philadelphiens, 8, 1). Pour
Ignace, l'unité est avant tout une prérogative de Dieu qui, existant dans
trois personnes, est Un dans l'unité absolue. Il répète souvent que Dieu est
unité, et que ce n'est qu'en Dieu que celle-ci se trouve à l'état pur et
originel. L'unité à réaliser sur cette terre de la part des chrétiens n'est
qu'une imitation, la plus conforme possible à l'archétype divin. De cette
façon, Ignace arrive à élaborer une vision de l'Eglise qui rappelle de près
certaines des expressions de la Lettre aux Corinthiens de Clément,
l'évêque de Rome. « Il est bon pour vous », écrit-il par exemple aux
chrétiens d'Ephèse, « de procéder ensemble en accord avec la pensée de
l'évêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre collège des prêtres, à
juste titre célèbre, digne de Dieu, est si harmonieusement uni à l'évêque
comme les cordes à la cithare. C'est pourquoi Jésus Christ est chanté dans
votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous
devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir
pris le ton de Dieu dans l'unité, vous chantiez d'une seule voix » (4, 1-2).
Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne « rien entreprendre qui
concerne l'Eglise sans l'évêque » (8, 1), confie à Polycarpe : « J'offre ma
vie pour ceux qui sont soumis à l'évêque, aux prêtres et aux diacres.
Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez ensemble les uns pour les
autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et
veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, ses assesseurs et ses
serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous militez et dont vous
recevez la récompense. Qu'aucun de nous ne soit jamais surpris déserteur.
Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un casque, la
charité comme une lance, la patience comme une armure » (6, 1-2).
D'une manière générale, on peut percevoir dans les Lettres d'Ignace
une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects
caractéristiques de la vie chrétienne : d'une part la structure hiérarchique
de la communauté ecclésiale, et de l'autre l'unité fondamentale qui lie
entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent
pas s'opposer. Au contraire, l'insistance sur la communauté des croyants
entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers
des images et des analogies éloquentes : la cithare, la corde, l'intonation,
le concert, la symphonie. La responsabilité particulière des évêques, des
prêtres et des diacres dans l'édification de la communauté est évidente.
C'est d'abord pour eux que vaut l'invitation à l'amour et à l'unité. « Ne
soyez qu'un », écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus
lors de la Dernière Cène : « Une seule supplique, un seul esprit, une seule
espérance dans l'amour ; accourez tous à Jésus Christ comme à l'unique
temple de Dieu, comme à l'unique autel ; il est un, et procédant du Père
unique, il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l'unité »
(7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l'Eglise
l'adjectif de « catholique », c'est-à-dire « universelle » : « Là où est
Jésus Christ », affirme-t-il, « là est l'Eglise catholique » (Smyrn. 8, 2).
Et la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l'amour,
précisément dans le service d'unité à l'Eglise catholique : « A Rome,
celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d'être appelée
bienheureuse... Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ la loi et
porte le nom du Père » (Romains, prologue).
Comme nous le voyons, Ignace est véritablement le « docteur de l'unité » :
unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui
commençaient à circuler et divisaient l'homme et Dieu dans le Christ), unité
de l'Eglise, unité des fidèles « dans la foi et dans la charité, desquelles
il n'existe rien de plus excellent » (Smyrn. 6, 1). En définitive, le «
réalisme » d'Ignace invite les fidèles d'hier et d'aujourd'hui, il nous
invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ
(union à lui, vie en lui) et le dévouement à son Eglise (unité avec
l'évêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut
parvenir à une synthèse entre communion de l'Eglise à l'intérieur
d'elle-même et mission-proclamation de l'Evangile pour les autres, jusqu'à
ce que, à travers une dimension, l'autre parle, et que les croyants soient
toujours davantage « en possession de cet esprit indivis, qui est Jésus
Christ lui-même » (Magn. 15). En implorant du Seigneur cette « grâce de
l'unité », et dans la conviction de présider à la charité de toute l'Eglise
(cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui
conclut la lettre d'Ignace aux chrétiens de Tralles : « Aimez-vous l'un
l'autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s'offre en sacrifice pour vous,
non seulement à présent, mais également lorsqu'il aura rejoint Dieu... Dans
le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache » (13). Et nous prions afin
que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés
sans tache, car c'est l'amour qui purifie les âmes.
Autres documents du jour:
Saint Ignace, rappelle Benoît XVI, est le « Docteur de l’unité »
(synthèse)
Benoît XVI dresse le portrait d'Ignace d'Antioche
(synthèse)
Benoît XVI encourage la vivacité de l'Eglise des Pouilles
La communauté Shalom acclame Benoît XVI
Sources: Z-
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.03.2007 - BENOÎT XVI |