Douzième Congrégation générale,
interventions des Pères synodaux |
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Le 13 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- Hier, lundi 12 octobre 2009, à 16h30, avec la Prière pour le
succès du Synode, guidée par le Saint Père Benoît XVI, a débuté
la Douzième Congrégation générale, pour la continuation des
interventions des Pères synodaux en Salle.
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Douzième Congrégation générale,
interventions des Pères synodaux
DOUZIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI 12 OCTOBRE 2009 -
APRÈS-MIDI)
Le 13 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Hier, lundi 12 octobre 2009, à 16h30, avec la Prière pour le succès du
Synode, guidée par le Saint Père Benoît XVI, a débuté la Douzième Congrégation
générale, pour la continuation des interventions des Pères synodaux en Salle
sur le thème synodal L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de
la justice et de la paix. “Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la
lumière du monde” (Mt 5, 13.14).
Le Président délégué du jour était S.Ém. le Card. Théodore-Adrien SARR,
Archevêque de Dakar (SÉNÉGAL).
À 18h00, le Président délégué a donné la parole à l’Invité spécial, M.
Jacques Diouf.
À cette Congrégation générale qui s’est conclue à 19.00 avec la prière de
l’Angelus Domini, étaient présents 210 Pères.
INTERVENTIONS EN SALLE (CONTINUATION)
Sont intervenus les Pères suivants:
- S. Exc. Mgr Robert MUHIIRWA, Évêque de Fort Portal
(OUGANDA)
- S. Exc. Mgr Kyrillos WILLIAM, Évêque d'Assiut des Coptes (ÉGYPTE)
- S. Exc. Mgr Philippe RANAIVOMANANA, Évêque d'Ihosy (MADAGASCAR)
- S. Exc. Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de Kinshasa (RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
- S. Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de Saint Louis, Préfet
du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU VATICAN)
- S. Exc. Mgr Tesfaselassie MEDHIN, Évêque de Adigrat (ÉTHIOPIE)
- S. Exc. Mgr Norbert Wendelin MTEGA, Archevêque de Songea (TANZANIE)
- S. Exc. Mgr Krikor-Okosdinos COUSSA, Évêque de Iskanderiya des Arméniens
(ÉGYPTE)
- S. Exc. Mgr Denis WIEHE, C.S.Sp., Évêque de Port Victoria, Président de la
Conférence Épiscopale (C.E.D.O.I.) (SEYCHELLES)
- S. Exc. Mgr Ludwig SCHICK, Archevêque de Bamberg, Président de la
Commission "Weltkirche" de la Conférence Épiscopale Allemande (ALLEMAGNE)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:
- S. Exc. Mgr Robert MUHIIRWA, Évêque de Fort Portal (OUGANDA)
Je voudrais parler du grand défi de la pauvreté que je rencontre dans mon
pays, l’Ouganda et particulièrement de mon diocèse de Fort Portal qui compte
environ un million de catholiques et qui est riche de 2 000 catéchistes. Je
pense que mon diocèse, comme tant d’autres en Afrique, a un fort potentiel.
Il possède par exemple de bonnes terres dans les campagnes, les villes et
les agglomérations. Mais dans la situation financière dans laquelle nous
nous trouvons, nous ne sommes pas en mesure de faire fructifier cette terre
et de nous soutenir financièrement. C’est la raison pour laquelle nous
sommes toujours en demande d’aide financière auprès de nos sœurs les Églises
d’Europe, d’Amérique et des autres pays développés pour la construction
d’Églises, de presbytères paroissiaux, pour nos couvents, pour les moyens de
transport indispensables à notre charge pastorale, etc. Aussi sommes-nous
très reconnaissants de toute l’aide que nous recevons pour cela.
Néanmoins, si nous devons être une Église mûre, une Église vivante qui doit
viser l’auto-suffisance et s’étendre par elle-même, nous avons également
besoin de devenir plus autonome, en nous appuyant sur des capitaux que nous
pourrions nous-mêmes drainer afin de pouvoir soutenir les programmes de
l’Église et payer un salaire juste à nos catéchistes, religieux et prêtres,
afin que ces derniers ne soient pas poussés à quitter volontairement nos
diocèses pour des près plus verdoyants. De plus, nous devons mettre en place
des programmes pour les jeunes afin qu’ils ne soient pas attirés par les
musulmans et les églises pentecôtistes qui versent des millions de dollars
dans nos pays pour les attirer vers leurs religions.
Pouvons-nous enrichir le dialogue afin que nos sœurs les Églises et les
diocèses des pays développés nous aident? Par exemple, aider les diocèses et
les Conférences sœurs sur les possibilités d’investissement visant
l’auto-dépendance, afin de nous rendre capables de rétribuer correctement
nos agents pastoraux, notamment les catéchistes? Sommes-nous capables de
réaliser nos propres programmes pastoraux, en dépassant le syndrome de
l’assisté, qui lassent nos propres donateurs? Puisse cette réflexion,
résumer mon intervention: “Donnez un poisson à un homme et il viendra vous
voir tous les jours, mais donnez-lui un hameçon et il pêchera pour lui-même
tous les jours”. ►
- S. Exc. Mgr Kyrillos WILLIAM, Évêque d'Assiut des
Coptes (ÉGYPTE)
Sur une population totale de 80 millions, les chrétiens en Égypte sont
environs 10 millions, dontquelques 300.000 catholiques: répartis en Coptes
catholiques majoritaires, puis les Melkites, les maronites, les syriens, les
arméniens, les chaldéens et quelques latins.
L'Église catholique d'Égypte est une petite communauté qui garde son cachet
d'Église universelle, elle porte aussi les soucis de toute Église africaine,
tout en ayant sa spécificité, vivant dans un contexte arabo-musulman
différent de celui des autres pays africains. Elle est aussi une Église
locale riche de traditions, de cultures, de rites et une liturgie propres.
L'Église d'Égypte est présente par les activités socio-pastorales que font
les diocèses, les congrégations religieuses et les organismes laïcs.
Cette présence se manifeste de diverses manières: Nous donnons la priorité à
l'éducation.
Par l'école, nous formons l'enfant à la tolérance, au respect de l'autre
différent et aux valeurs humaines. Cette formation crée des ponts entre les
différentes couches religieuses et sociales.
Le développement socio- économique: telle que la promotion de la femme,
l'animation rurale (l'alphabétisation, la santé, les micro projets, etc.).
Quelques défis de l’Église Catholique d’Egypte: le fondamentalisme
religieux, l'émigration des cadres chrétiens, les réfugiés, le travail
œcuménique qui laisse à désirer, la formation adéquate des prêtres, des
religieux et religieuses et des laïcs pour faire face au changement de la
société égyptienne et ses nouveaux appels. Promouvoir la communion entre les
différents rites et les nouveaux mouvements dans l'Église.
- S. Exc. Mgr Philippe RANAIVOMANANA, Évêque d'Ihosy
(MADAGASCAR)
On ne peut que remercier les organismes européens, catholiques ou non, qui
ont aidé financièrement et matériellement les Églises de l'hémisphère Sud et
certains diocèses de se doter de ces moyens. L'Église d'Afrique est
reconnaissante envers le Nord pour ces diverses aides.
Toutefois, souvent les aides sont conditionnées par les donateurs. Un grand
nombre de programmes de l'Église en Afrique dépendent encore largement des
conditions des donateurs. Cet état de fait risque d'hypothéquer l'autonomie
et la propriété des programmes d'une part, d'autre part il y a risque de
mettre en place des projets ou de structures inadaptées à l'Église locale et
aux bénéficiaires. Pour cela, une confiance et une compréhension mutuelles
des deux parties sont nécessaires pour éviter les cadeaux empoisonnés.
L'investissement en moyens de communication sociale doit atteindre ces
villages enclavés et coupés du monde, des paysans qui constituent les 85% de
la population n'accèdent pas à l'information et la formation , privés ainsi
des minimum de droits et devoirs de citoyens et de chrétiens, alors qu'ils
sont appelés à être artisans de la réconciliation, de la paix, et de la
justice
La formation des personnels pour la maîtrise de ces moyens de haute
technologie qui ne cessent d'évoluer, coûte chère! La formation, souvent à
faire en Europe, est une nécessité, mais reste hors de la possibilité
financière du diocèse. D'autre part, pour bien évangéliser les Médias, il
faut que les animateurs aient une formation chrétienne solide. C'est la
condition pour la réussite...
La mise en place des radios diocésaines vise d'abord la communion dans
chaque diocèse. Mais la mise en place d'un Réseau-Satellite contribuera
grandement aux échanges et partages interdiocésains et nationaux à travers
un programme commun. Elle a pour mission de favoriser la communion dans
l'effort d'évangélisation, aux diocèses de s'apprécier.
- S. Exc. Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de
Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
La paix va de pair avec la justice, et la justice avec le droit, le droit
avec la vérité.
Sans la justice, la paix sociale est mise à mal. Il faut donc à tout prix
promouvoir des États de droit, où règne le primat de la loi, notamment la
loi constitutionnelle; États de droit où l'arbitraire et la subjectivité ne
créent pas la loi de la jungle; des États de droit où la souveraineté
nationale est reconnue et respectée; des États de droit où est rendu
équitablement à chacun ce qui lui est dû.
Sans la vérité, il est difficile d'assurer la justice et de dire le droit.
La conséquence en est que droit et non droit auraient égal droit de cité; ce
qui rendrait impossible un ordre harmonieux des choses ou “tranquillitas
ordinis”. “Dans la vérité, la paix” (Benoît XVI).
Voilà pourquoi dans la recherche des solutions de paix, toutes les démarches
notamment diplomatiques et politiques viseront à rétablir la vérité, la
justice et le droit.
Le Christ est notre paix, Il a fait la paix, Il a proclamé la paix, parce
que des juifs et des païens Il a fait un seul peuple. Non pas en laissant
les uns et les autres dans leurs privilèges et leurs droits, mais en
abolissant l'exclusion, en abattant le mur de séparation cultuelle et
sociale, en détruisant la haine qu'Il a crucifiée dans Son Corps sur la
croix. Juifs et gentils ne sont plus des étrangers, des lointains, mais des
proches, des concitoyens des saints, et les uns et les autres ont un même
héritage (Ep 3, 6) appartenant jadis au seul Israël. Il fit ainsi un homme
nouveau, pour les réconcilier tous les deux à Dieu et leur donner accès au
Père par l'Esprit.
C'est en supprimant toutes les barrières, l'exclusion, les lois
discriminatoires dans le culte et la société, et surtout en tuant la haine
qu'on réconcilie les hommes et qu'on fait la paix.
- S. Exc. Mgr Raymond Leo BURKE, Archevêque émérite de
Saint Louis, Préfet du Tribunal Suprême de la Signature Apostolique (CITÉ DU
VATICAN)
L’Église en tant qu’épouse du Christ est le miroir de la justice. Elle doit
annoncer et sauvegarder la vérité qui, selon les mots du Pape Benoît XVI,
“seule, est la garantie de la liberté (cf. Jn 8, 32) et de la possibilité
d’un développement humain intégral” (Caritas in Veritate, n. 9). Son
enseignement et sa discipline concernant le Mariage, qui forme et nourrit la
famille, première cellule de la vie de l’Église et de la vie de la société,
est fondamental à sa fidélité en tant que miroir de justice dans le monde.
Le tribunal matrimonial, dans lequel l’Évêque diocésain exerce son office de
juge pour le compte des fidèles qui accusent leur mariage de nullité, est
une partie essentielle du Ministère de la justice de l’Église. Chaque Évêque
doit donc être attentif à établir et à ordonner de manière adéquate le
tribunal matrimonial, une responsabilité qu’il peut réaliser conjointement
au travers d’un tribunal interdiocésain.
Dans la culture contemporaine, il est essentiel que l’Église annonce la
vérité à propos de l’union conjugale entre un homme et une femme qui est, de
par sa nature, exclusive, indissoluble et destinée à la procréation.
L’observance de la discipline de l’Église relative au mariage de la part des
fidèles est l’un des meilleurs moyens d’“encadrer les couples et
d’accompagner les familles dans les défis qu’elles rencontrent” et de
purifier la culture séculière des pratiques telles que les “mariages forcés”
et la polygamie.
Les décisions du tribunal matrimonial projettent, en général, sur les
fidèles et sur la société la vérité du mariage et de la famille. Les
officiers du tribunal doivent donc être bien préparés par l’étude du droit
canonique et leur propre expérience.
Par la célébration de cette Assemblée spéciale, puisse l’Église, tirant
profit du génie propre de la culture africaine, être toujours plus
parfaitement le miroir de la justice concernant le mariage et la famille
pour le bien des peuples d’Afrique et du monde entier. ►
- S. Exc. Mgr Tesfaselassie MEDHIN, Évêque de Adigrat
(ÉTHIOPIE)
On n’a pas selon moi accordé d’attention suffisante à la formation qui est
un sujet fondamental pour l’Église en Afrique lorsqu’elle sert la
réconciliation, la justice et la paix, en tant que “... sel de la terre ...
et lumière du monde”.
L’Église accomplit sa mission par le biais de ses structures et de ses
institutions et, plus fondamentalement, de ses évêques, prêtres, religieux
et religieuses, catéchistes et fidèles laïcs qui, à leurs niveaux
respectifs, ont à jouer le rôle de guides et de modèles de
“réconciliateurs”, de “personnes justes”, d’artisans de paix au sein des
communautés chrétiennes.
La formation des prêtres est cruciale pour l’objectif à réaliser.
Nous devons donc assurer que la formation que nous donnons à nos futurs
prêtres et agents d’évangélisation les aide à être conscients des défis et à
être des ministres mûrs, confiants en eux-mêmes et équilibrés, capables
d’affronter et de passer aux travers des sérieuses turbulences de ce temps.
Recommandations:
– Il existe un sérieux besoin de comprendre les pressions destructrices et
les défis que doivent affronter nos sociétés en Afrique aujourd’hui, avec
une attention spéciale envers les familles et les jeunes. Cela invite
l’Église à concevoir des programmes de formation plus spécifiques.
– Il devrait être accordé une attention particulière aux programmes de
formation des grands séminaires et des maisons de formation religieuse, afin
de déterminer leur qualité et leur efficacité à former des membres de
l’Église qui peuvent devenir de véritables témoins de réconciliation, de
justice et de paix.
– Utiliser nos instituts d’études supérieures pour fonder une université qui
développe et intègre dans ses modules les meilleures pratiques de la culture
africaine et ses mécanismes de réconciliation les plus efficaces, afin de
permettre la formation de ressources humaines au service de la
réconciliation, de la justice et de la paix, qui pourraient, selon les
besoins, rendre ce service aux niveaux national, régional et continental.
– L’appréciation des différences au cœur de nos sociétés africaines est une
réalité qui ne doit pas être sous-estimée.
- S. Exc. Mgr Norbert Wendelin MTEGA, Archevêque de
Songea (TANZANIE)
Beaucoup de nos populations sont torturées, harassées et assassinées
simplement en raison de malicieux soupçons sans fondement fomentés par la
sorcellerie et les sorciers. Il n’y a aucune loi pour les défendre, les
gouvernements pardonnent, certains leaders conspirent aussi avec les
sorciers et certains gouvernements légalisent cette pratique. De nombreux
leaders croient en la sorcellerie, la superstition et l’occultisme. Il faut
une évangélisation plus profonde, un soutien et une voix prophétique pour
nos gouvernements.
La survie de nos agriculteurs est précaire. Souvent leur détresse ne fait
pas partie des budgets de nos gouvernements et très souvent ils sont
trompés. L’Église en Afrique doit combattre en faveur des agriculteurs et
des pasteurs: afin qu’ils obtiennent leur juste partie du budget; afin que
leur soient garantis les infrastructures de base, les besoins primaires à
leur travail et les produits; afin que les accords soient stables et que les
marchés soient bons; afin que les marchés internes soient protégés, et
qu’ils soient initiés aux coopératives de microfinance, à l’économie et au
prêt.
Car, pour nos hommes politiques, la paix signifie “une atmosphère paisible
qui leur permet de voler et de jouir de l’argent de leurs pays”. Pour eux,
les élections libres et justes signifient “le succès d’avoir emmener les
personnes à voter dans la totale ignorance de leurs droits implicites et des
manœuvres malicieuses de la part des candidats”. Les hommes politiques
croient que le fait d’avoir été élus signifie avoir obtenu le ticket pour
voler le pays.
Nous aimons les musulmans. Cela fait partie de notre histoire et de notre
culture de vivre avec eux. Mais le danger qui menace la liberté de
l’Afrique, la souveraineté, la démocratie et les droits de l’homme est tout
d’abord le facteur islamique politique, comme par exemple le plan délibéré
et le processus clair d’ “identification de l’islam avec la politique et
vice-versa” dans chacun de nos pays africains. Deuxièmement, le facteur
monétaire islamique par lequel d’immenses sommes d’argent provenant de pays
étrangers sont investies dans nos pays afin de déstabiliser la paix et
d’éradiquer le christianisme.
L’ethnicité est un cancer qui tourmente l’Afrique. Nous devons immédiatement
inculquer la réconciliation comme appartenant à notre spiritualité et à
notre existence, tout comme à notre action immédiate.
- S. Exc. Mgr Krikor-Okosdinos COUSSA, Évêque de
Iskanderiya des Arméniens (ÉGYPTE)
Je voudrais partager avec vous le témoignage que donne l'Église arménienne,
qui depuis le génocide de 1915, est présente dans le monde entier par sa
diaspora.
En 1915, les ottomans, poussés par la jalousie, ont massacré le peuple
arménien présent en grande Arménie et en petite Arménie (Turquie). Un
million et demi de personnes ont péri dans ce génocide.
Les arméniens sont partis et se sont dispersés, d'abord au Moyen-Orient et
ensuite dans le monde entier. Partout où elle s'est implantée, l'Église
arménienne a été accueillie et a emporté avec elle sa langue, sa liturgie,
sa foi, ses traditions et sa culture.
En 2001, nous avons célébré les 1700 ans du baptême de l'Arménie, et le Pape
Jean-Paul II a béatifié l'Archevêque de Mardine, Ignace Maloian, qui, à la
tête de son peuple, a donné sa vie pour ne pas renier sa foi dans le Christ.
À l'heure où se tient ce synode, c'est-à-dire 94 ans après ce massacre,
suivant l'appel du Christ à pardonner à ses ennemis, les dirigeants de
l'État arménien ainsi que les chefs des Églises arméniennes (catholique,
orthodoxe et évangélique) accomplissent un acte de pardon public envers les
turcs. Nous le faisons en demandant aux turcs de reconnaître le génocide, de
rendre hommage aux martyrs et d'octroyer aux arméniens leurs droits civils,
politiques et religieux.
Le chemin de la réconciliation a déjà été entamé entre les deux États.
Pour cela, j'en appelle aux dirigeants politiques afin qu'ils soutiennent
notre cheminement auprès des turcs, avec l'Église universelle et l'Église
africaine en détresse.
- S. Exc. Mgr Denis WIEHE, C.S.Sp., Évêque de Port
Victoria, Président de la Conférence Épiscopale (C.E.D.O.I.) (SEYCHELLES)
Les petites îles de l'Océan Indien (Les Comores, la Réunion, l'Île Maurice,
Rodrigues et les Seychelles) par leur situation géographique, leur histoire,
et en particulier de leur peuplement sont très différentes des grands pays
du continent africain, car elles sont tributaires non seulement de l'Afrique
mais aussi de l'Asie et de l'Europe. Toutefois au niveau pastoral plusieurs
questions nous sont communes. Il en est ainsi au sujet de certains problèmes
concernant la famille.
Les chrétiens qui se joignent au Chemin Néocatéchuménal sont profondément
transformés.
J'ai été témoin au cours des visites pastorales dans l'une ou l'autre
famille, de l'harmonie des relations dans le couple et dans la relation
parents/enfants, et aussi de la prière familiale régulière et profonde.
Les “Sessions-CANA” organisées par la Communauté du Chemin Neuf: une
vingtaine de couples y participe à chaque fois et vit une semaine ensemble;
il leur est proposé ce temps pour redécouvrir le vraie sens de leur vie de
couple et de famille. Au même moment, dans un autre lieu, les enfants de ces
familles suivent un temps de formation semblable, avec une pédagogie adaptée
à leur âge. Le dernier jour de la session, parents et enfants se retrouvent
pour une fête familiale avec tous les participants. Pour le suivi, après la
session, il est proposé aux couples plusieurs activités dont la
participation aux “Fraternités-CANA”.
Les “Couples for Christ” (Les couples pour le Christ), communauté laïque
venue des Philippines offre des programmes de formation non seulement pour
les couples mais aussi pour les jeunes qui se préparent au mariage, pour les
adolescents et pour les enfants. Les programmes divers qu'ils proposent sont
animés par des chants qui plaisent beaucoup aux jeunes ... et aux moins
jeunes. ►
- S. Exc. Mgr Ludwig SCHICK, Archevêque de Bamberg,
Président de la Commission "Weltkirche" de la Conférence Épiscopale
Allemande (ALLEMAGNE)
Il faut encourager les partenariats entre les Églises des différents
continents. Mais il ne faut pas considérer ces partenariats à sens unique.
Ils doivent conduire à un échange de dons spirituels mais aussi matériels
des Églises particulières du monde entier.
Ces partenariats doivent être des partenariats de prière, d’échange
d’expérience et de solidarité. Être partenaire signifie participer
mutuellement aux joies et aux peines de chacun. Ces partenariats renforcent
les Églises locales dans la foi, l’espérance et la charité (cf. Rm 1, 12).
Les partenaires peuvent s’entraider avec les prêtres, les membres des ordres
religieux, notamment les sœurs et les experts dans différents domaines.
Enfin, dans notre société mondialisée, les partenariats des Églises de
différents continents entre elles sont nécessaires en vue de poursuivre le
dialogue d’une voix unanime avec les gouvernements et les organisations
politiques internationales. Ce n’est qu’ensemble que les Églises pourront
résoudre les graves problèmes du commerce équitable, du changement
climatique, de la non-prolifération des armes, de l’exploitation des
ressources naturelles, du trafic d’êtres humains, des problèmes de
migration, etc. Les partenariats des Églises particulières du monde entier
entre elles encouragent les Églises locales à devenir de meilleurs
instruments de réconciliation de justice et de paix dans le monde.
AUDITION DES AUDITEURS (V)
Enfin, sont intervenus les Auditeurs et Auditrices suivants:
- M. Alberto PIATTI, Secrétaire Général de la Foundation AVSI,
Milano (ITALIE)
- M. Ermelindo Rosário MONTEIRO, Secrétaire Général de la Commission
Épiscopal Justice et Paix, Maputo (MOZAMBIQUE)
- Mme Barbara PANDOLFI, Président générale de l'Institut Sécolier des
Missionnaires de la Royauté du Christe (ITALIE)
- Soeur Maria Ifechukwu UDORAH, D.D.L., Supérieure Général des Filles du
Divine Amour, Enugu (NIGÉRIA)
Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions des Auditeurs et
Auditrices:
- M. Alberto PIATTI, Secrétaire Général de la
Foundation AVSI, Milano (ITALIE)
Le plus grand trésor de l’Afrique est la soif de sens, de spiritualité de
Dieu qui n’existe plus dans l’Europe repue. La révélation que le Christ est
la réponse à ce désir de l’être humain fait pour l’accomplissement de son
créateur, accomplissement ici et maintenant dans la Sainte Église.
Tel est le charme de la foi qui rencontre et se propose à la liberté de
l’homme. Ceci attire les jeunes.
Je dis charme parce que je vis avec mon épouse l’aventure de faire grandir
et d’éduquer cinq enfants (presque une famille africaine).
Ce qui les anime est le charme de la foi comme connaissance de la réalité
dans sa vérité profonde et non pas des règles et des conséquences éthiques
ou environnementales.
Je me permets de soumettre à votre réflexion le problème de savoir si cette
tension ne semble pas souvent un préambule mais ensuite, dans l’action,
cette tension ne tient pas, et dans nos œuvres s’introduisent un dualisme et
un relativisme dans les conséquences opérationnelles. Ainsi, trop souvent
notre agenda semble coïncider avec celui des organisations internationales
et en particulier des Nations Unies, le Palais de verre semblant de plus en
plus le temple où est célébré le culte de la nouvelle religion humanitaire
et relativiste et dont le Secrétaire général du moment assume les fonctions
d’un pape laïc.
Je me réfère pour être synthétique à deux aspects fondamentaux de notre
expression caritative: l’éducation et la santé.
Pour cette raison, nous considérons que l’éducation permanente est un
facteur déterminant de la conscience des fidèles tendant au rapport entre le
Créateur et le créé, y compris dans l’action. Non seulement donc une
instruction formelle. Mais voilà la question: quels sont les contenus
éducatifs transmis dans les écoles catholiques? Nous ne pouvons pas nous
contenter de ce que prévoient les objectifs du millénaire: “Éducation pour
tous”.
Je rappelle également l’urgence de prendre conscience de la valeur de la
dignité civile et sociale des œuvres de l’Église comme contribution au bien
commun selon le principe de subsidiarité. L’Église offre une éducation
primaire à 50% de la population scolaire et 50% des services sanitaires de
base dans de nombreux pays du continent africain et ceci n’est pas reconnu
de manière adéquate.
Face à ces dimensions du service offert aux frères par l’Église, le fonds
global pour les trois grandes maladies destine seulement 3,6% de l’ensemble
des ressources qu’il gère aux organisations religieuses.
La conférence des évêques de l’Ouganda a, en ce sens, œuvré de manière
admirable mais beaucoup reste encore à faire.
- M. Ermelindo Rosário MONTEIRO, Secrétaire Général de
la Commission Épiscopal Justice et Paix, Maputo (MOZAMBIQUE)
L’Église en Afrique doit faire face à de nombreux défis. Au Mozambique, par
exemple, durant et après la guerre civile, l’Église catholique a collaboré
de diverses manières à former la conscience des personnes au pardon et à la
réconciliation nationale, et à recréer ainsi le tissu humain et social du
peuple en vue de la paix. Elle a organisé l’union de toutes ses forces vives
(laïcs, religieux, prêtres) pour mobiliser l’opinion publique sur le pardon
et la réconciliation. Elle a promu l’éducation du peuple à la paix par des
déclarations publiques de ses Évêques dans des lettres, des communiqués et
des exhortations pastorales. Ces mêmes évêques ont tenu des rencontres de
dialogue systématiques avec les autorités gouvernementales et avec les
responsables du mouvement de Résistance nationale afin de souligner que ce
n’était pas les armes mais le dialogue, la voie la plus juste pour arriver à
la paix. L’Église en outre a formé plus de 2 000 opérateurs sociaux
d’intégration (animateurs de la réconciliation) qui ont porté dans tout le
pays le message de pardon et de réconciliation pour la paix. Le vendredi
était dédié aux prières pour la paix. En d’autres occasions, se tenait une
prière œcuménique et interreligieuse pour la paix.
Face aux nouvelles réalités et aux nouveaux défis actuels, il faut
considérer également les aspects internes de l’Église qui peuvent constituer
un contre-témoignage de réconciliation et de justice, rendant ainsi
difficile la construction de la paix.
Pour toutes ces raisons et d’autres encore, je voudrais suggérer à nos
pasteurs qu’ils continuent d’insister sur l’annonce de la vérité et sur la
dénonciation de tout ce qui peut blesser la réconciliation, la justice et la
paix en Afrique parce que votre engagement pleinement désintéressé,
Messieurs les Évêques, est un exemple qui se multipliera en chacun des
fidèles qui vous ont été confiés. Je suggère en outre à nos pasteurs qu’ils
renforcent toujours davantage les commissions Justice et Paix afin qu’elles
contribuent de manière plus efficace en tant que sel de la terre et lumière
du monde, au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.
- Mme Barbara PANDOLFI, Président générale de
l'Institut Séculier des Missionnaires de la Royauté du Christ (ITALIE)
La présence des membres des Instituts séculiers est une présence cachée qui
accepte la précarité de la vie quotidienne côte à côte avec les autres, sans
protection ni privilège, à la recherche de chemins et de solutions parfois
seulement probables, vécue avec le désir d’une fraternité universelle.
C’est pourquoi la vocation des Instituts séculiers met en évidence le besoin
d’une promotion d’un laïcat mûr, qui puisse contribuer à l’édification d’une
société civile basée sur les valeurs humaines du christianisme.
Dans la recherche de la justice et de la paix, en particulier, l’expérience
des laïcs consacrés, insérés dans les différents milieux de vie sociale,
peut favoriser de micro-processus de réconciliation, contribuer à une
conscience critique, identifiant à la lumière de l’Évangile des chemins
alternatifs de justice et de partage.
Notre vie et notre expérience nous porte à regarder le monde et l’histoire
avec discernement et sens critique mais également avec une vision positive
qui part de la certitude que, partout, il est possible de trouver les signes
et les semences de la présence de Dieu qui demandent à être reconnus, promus
et accompagnés, en s’appropriant le style du dialogue et du témoignage.
Si la femme est un pilastre de la société africaine, souvent elle l’est de
manière “cachée”, non officielle et non reconnue, au milieu de difficultés
et de préjudices.
La majorité des instituts séculiers présents en Afrique étant des Instituts
féminins, il faut favoriser et promouvoir avec urgence une valorisation de
la femme, non seulement en tant qu’épouse et mère, mais en tant que personne
capable de responsabilité et d’autonomie dans les différents milieux de la
vie sociale et il faut aussi permettre avec urgence sa présence particulière
et non seulement subordonnée dans l’Église.Si la première fracture du genre
humain, causée par le péché, a été celle entre l’homme et la femme, l’un des
signes de paix et de réconciliation peut peut-être être justement donné par
la promotion d’une réelle co-responsabilité et d’une reconnaissance
effective de la dignité égale des hommes et des femmes, en dehors de toute
domination et de toute discrimination.
Peut-être le moment est-il venu où la femme, souvent assujettie à l’homme
par tradition, pourra être vraiment présente dans tous les champs de la vie
sociale et ecclésiale, face à l’homme, en dialogue avec lui.
En ce sens, l’Évangile peut devenir une vraie force de changement.
- Sœur Maria Ifechukwu UDORAH, D.D.L., Supérieure
Général des Filles du Divine Amour, Enugu (NIGÉRIA)
J’appuie ce que S.Exc. Mgr Adewale Martins du Nigeria a suggéré en ce qui
concerne la jeunesse, mais j’aimerais porter votre attention sur les
enfants. L’Association de la Sainte Enfance fait déjà un grand travail dans
certains de nos pays mais on devrait donner une direction plus déterminée à
leurs programmes de manière à ce qu’ils en apprennent plus de la culture
chrétienne et des valeurs catholiques. Un programme peut être élaboré par
les diocèses à l’usage des Écoles catholiques en ce qui concerne
l’instruction religieuse. Cela signifie également qu’on doit être plus
attentifs à la formation spirituelle des enfants dans les écoles primaires
et secondaires. Un programme planifié d’activités pour la jeunesse dans les
Universités fera suite au travail commencé à l’école primaire et dans le
secondaire. Lorsque les candidats à la vie religieuse et au sacerdoce
ministériel émergeront de société civile dans les dix prochaines années,
leur formation en sera facilitée.
En ce qui concerne les personnes consacrées, comme cela est indiqué dans l’Instrumentum
laboris aux n. 113 et 114, je tiens à approuver la proposition de S.Ém. le
Card. Francis Cardinal et ajouter que tous les agents d’évangélisation nous
considèrent comme des coéquipiers dans l’Église-Famille de Dieu en vue d’un
témoignage positif et effectif, et non pas comme des adversaires. Sœur
Felicity Harry a fait le point sur les personnes consacrées, mais j’aimerais
suggérer, de plus, que des réunions régulières pour le dialogue et le
partage d’idées soient organisées pour les prêtres diocésains et les
personnes consacrées travaillant dans les diocèses. De telles occasions
peuvent aussi être utiles pour organiser des séminaires sur l’esprit
d’équipe et sur le travail en équipe pour l’ensemble des agents
d’évangélisation.
De nombreuses congrégations religieuses autochtones débutent actuellement
des missions ad-intra et ad-extra et doivent faire face au défi du manque de
soutien de la part de l’Église-Famille de Dieu dans leur travail. Je propose
que nos Pères synodaux portent leur attention sur ce problème.
INTERVENTION DE L’INVITÉ SPÉCIAL, M. JACQUES DIOUF,
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FAO
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Synode des évêques d'Afrique : Intervention de Jacques Diouf

Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2009 -
T/Synode Afrique |