Synode des évêques : 12ème
Congrégation Générale (suite) |
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Cité du Vatican, le 13 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Suite des interventions des évêques lors de la Douzième
Congrégation générale,
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Synode des évêques : Douzième Congrégation Générale
DOUZIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (LUNDI 13 OCTOBRE 2008,
MATIN ) (suite)
1ère partie
Synode des évêques : Douzième Congrégation Générale en présence du pape Benoît XVI
- S. Exc. Mgr Faustino ARMENDÁRIZ JIMÉNEZ, Évêque de Matamoros
(MEXIQUE)
“Dieu l'a ressuscité, ce Jésus ; nous en sommes tous témoins”
(Ac 2, 32).
Nous sommes nous aussi témoins du Christ mort et ressuscité. D’une part,
nous devons faire face au défi inquiétant de la diffusion mondialisée,
envahissante et agressive d’une culture, ou sous-culture, étrangère et
hostile à notre tradition chrétienne catholique. De l’autre, nous sommes
confrontés à un autre défi redoutable, à savoir l’apparition de différentes
propositions religieuses qui cherchent à répondre, à leur manière, à la soif
de Dieu manifestée par notre peuple. Ces deux phénomènes déconcertent et
confondent nos fidèles, secouant et créant une hémorragie au sein de notre
Église. “Nous ne pouvons pas rester tranquilles, dans une attitude d’attente
passive à l’intérieur de nos temples... Il faut que nous en sortions et que
nous allions dans toutes les directions...” (DA
548) .En parlant des Évêques,
dans le ministère de la Parole, le
Document
de travail, au n. 48, exprime
engagement missionnaire qui est le nôtre en tant que pasteurs. Cet
engagement missionnaire et notre vie tout entière sont fondés sur le roc de
la Parole de Dieu.
Propositions: 1. L’annonce kérygmatique dans chaque maison, dans chaque
communauté (Ac 9, 40). Après que les apôtres aient rejoint Jésus, le
Seigneur les envoya prêcher (Mc 3, 14); n’attendons pas qu’ils viennent mais
allons les chercher et traduisons dans les faits la parabole de la brebis
égarée, sauf que nous irons chercher les 99 en laissant celle dont nous
sommes sûrs c’est-à-dire que nous devrons êtres des pêcheurs d’homme plutôt
que des gardiens d’aquariums. 2. Parler de la Parole et laisser que d’autres
parlent de la Parole parce que la Parole est “force de Dieu” ou, comme en
témoigne saint Paul, “ma parole... reposât sur la puissance de Dieu”
(cf.
1Co 2, 4-5); être disciples et serviteurs de la Parole plutôt que
possesseurs de la Parole. La Parole a la force (dynamis) de nous faire
retourner de la Colline du Vatican comme Moïse du Sinaï, avec le visage
radieux qui illumine ou, mieux encore, comme Jésus sur le Mont Tabor : ce
n’était pas son visage qui était illuminé, il était lui-même lumineux et
c’est pourquoi il rayonnait. Nous pouvons, nous les pasteurs, être“lettre du
Christ” pour les autres (2 Co 3, 3). C’est l’Esprit Saint qui appelle,
illumine, donne l’élan et allume la passion pour la mission parce que c’est
Lui le véritable acteur de la mission.
- Très Rév. P. Joseph William TOBIN, C.SS.R., Supérieur Général de la
Congrégation du Très Saint Rédempteur
Mon point de départ est le numéro 52 du
Document
de travail, qui exprime
certaines attentes existant au sein de l’Église à l’égard de ses membres de
vie consacrée. Cette forme d’engagement à la suite de Jésus est un exemple
que ce Synode pourrait proposer au Peuple de Dieu pour expliquer le type
d’”obéissance de la foi” (Rm 16, 26) que nous
devons réserver à Dieu : “À Dieu qui révèle, il faut apporter "l'obéissance
de la foi", par laquelle l'homme s'en remet tout entier librement à Dieu”
(Dei
Verbum 5). Cette
obéissance radicale, demandée à tout croyant, est vécue publiquement par les
consacrés. Je tiens à souligner trois aspects de cette réponse: la vie
consacrée comme obéissance à la Parole faite chair en Jésus Christ,
l’obéissance à la Parole qui parle à travers les signes des temps et des
lieux et l’obéissance apprise à l’école de la souffrance.
- S.Em. le Card. Agostino VALLINI, Vicaire Général de Sa Sainteté pour le
Diocèse de Rome (ITALIE)
Afin que le plus grand nombre possible d’hommes et de femmes, baptisés ou
non, puissent rencontrer Dieu qui parle à leur vie, l’action des pasteurs
est décisive. Ce n’est qu’en vivant de la conviction que la Parole de Dieu
est centrale que les prêtres (et des autres ministres de la Parole) feront
en sorte que cette même conviction entre progressivement dans la vie des
fidèles.
Dans ce but, la formation biblique des candidats au sacerdoce
doit être
soignée. La formation des facultés de théologie doit être complétée par des
parcours de formation au sein des séminaires qui favorisent une approche
plus spirituelle à la Parole de Dieu pour la vie. Certes, les bonnes
initiatives à cet égard ne font pas défaut (lecture sapientielle de
l’Écriture Sainte et Lectio divina etc.), mais il serait bon de prévoir un
plus grand espace de formation en vue de l’approfondissement de la Parole de
Dieu, enrichi par la connaissance des Pères et conduit par des guides
spirituels qui sachent accompagner les candidats au sacerdoce dans
l’acquisition d’une spiritualité biblique solide.
La place centrale que la Parole de Dieu occupe dans le ministère pastoral
est aujourd’hui ressentie davantage que par le passé, mais l’on perçoit
encore la difficulté à parcourir des “voies nouvelles” par rapport à une
pastorale qui propose aux fidèles une approche surtout sacramentelle. Les
expériences appréciables ne manquent pas mais nous sommes loin d’atteindre
la large diffusion et mise en pratique de la conviction selon laquelle le
service de la Parole est central dans la pastorale ordinaire de la
communauté ecclésiale.
Le Synode devrait encourager fortement la pratique hebdomadaire de
la
lecture commentée et priée de la Parole de Dieu dans chaque paroisse et dans
chaque communauté ecclésiale, sous la responsabilité du curé, prenant la
forme de Lectio divina ou d’autres formes jugées plus adaptées au contexte.
Cet engagement fondamental devrait être prévu au sein des plans pastoraux
diocésains, ainsi que l’offre de supports accessibles et d’itinéraires de
préparation, non seulement culturelle, des agents pastoraux disposés à
guider, sous la direction des curés, des groupes d’écoute de la Parole de
Dieu qui pourront se rencontrer en tout lieu, même chez eux.
- S.Exc. Mgr Freddy Jesús FUENMAYOR SUÁREZ, Évêque de Los Teques
(VENEZUELA)
Ce Synode sur la Parole de Dieu met l’accent sur “la parole de Dieu en tant
qu'elle est consignée par écrit sous l'inspiration de l'Esprit divin”
(DV 9),
sur l’Écriture Sainte dans la vie de l’Église et dans sa mission
évangélisatrice. Autrement dit, la finalité de cette Assemblée en ce qui
concerne la Parole de Dieu est “éminemment pastorale et missionnaire”, comme
l’indique le
Document
de travail
au numéro 4, sans négliger d’approfondir
les raisons doctrinales: la Parole de Dieu, la Tradition vivante, l’Écriture
Sainte, la fonction du Magistère.
Je voudrais me référer au n. 53, et en particulier à son premier paragraphe
qui débute par une citation de
DV 22: “l'accès à la Sainte Écriture
[doit
être] largement ouvert aux chrétiens”, et signale que “c'est aujourd'hui une
condition indispensable pour la mission”.
En ce sens, je voudrais faire un commentaire qui concerne la région du monde
dont je proviens: l’Amérique latine. L’affirmation de Dei
Verbum à propos de la place de la Parole de Dieu dans la vie et
la mission de l’Église y trouve un fort écho. L’accueil de la Constitution Dei
Verbum eut lieu trois ans à
peine après la conclusion du Concile Vatican II, au cours de la Conférence
générale de l’Épiscopat latino-américain à Medellin (Colombie) en 1968 et
ensuite aux Conférences générales de Puebla (Mexique, 1979), de
Saint-Domingue (République dominicaine, 1992)
et d’Aparecida
(Brésil, 2007).
La multiplication des communautés de base, la réflexion des groupes
chrétiens sur la vie et l’engagement en faveur de la justice,
l’évangélisation et la mission, ont offert de bonnes possibilités pour que
la Parole de Dieu transmise par la Bible occupe une place importante dans la
pastorale de l’Église et dans la vie des chrétiens et de leurs communautés.
Promue par l’enseignement des évêques latino-américains, quarante ans après
la fin du Concile Vatican II, la pastorale biblique connut un essor
important qui a produit des fruits abondants, moyennant des rencontres, des
ateliers, la diffusion de la pratique de la Lectio divina, la multiplication
de l’expérience intéressante des délégués de la Parole et d’autres activités
pastorales en de nombreux endroits. Il convient de souligner ici la mise en
oeuvre systématique et organique du Conseil épiscopal latino-américain, CELAM, au cours de ces dernières années au travers du Centre de Pastorale
biblique, de la Fédération biblique catholique internationale et d’autres
organisations , sans oublier la précieuse et constante collaboration des
Sociétés bibliques unies qui nous place dans une perspective oecuménique
intéressante. Tous ces efforts ont concouru, progressivement, à ce que la
Bible soit plus connue et plus vivante en Amérique Latine facilitant la
rencontre avec Jésus Christ et la communion dans l’amour.
- S.Exc. Mgr Fulgence MUTEBA MUGALU, Évêque de Kilwa-Kasenga
(RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
Mon intervention porte sur les numéros 48 et 53 du
Document
de travail, en
complémentarité avec les autres numéros, parlant du processus de la
communication de vérité et de l'utilisation des médias dans l' annonce de la
Parole de Dieu. Cette intervention a pour finalité de mettre en évidence le
caractère performatif, actif et vivant de la Parole de Dieu. Elle a un
double fondement. Premièrement, elle se fonde sur le fait que Jésus a
proclamé le message du salut avec autorité et compétence (Mt 7,29). Les
apôtres, puis les Pères de l'Eglise ont fait de même. Deuxièmement, avec le
Pape Jean-Paul II, il faut reconnaître que "le premier aréopage des temps
modernes est le monde de la communication ..." ( JEAN-PAUL II, cité dans le Document
de travail n. 143). A l'instar dInter
Mirifica, je préconise le
bon usage des communications sociales dans la proclamation de la Parole de
Dieu.
Je voudrais insister sur le fait que pour toucher davantage les hommes et
les femmes d'aujourd'hui, l'annonce de la Parole de Dieu est invitée à
composer de manière équilibrée avec la culture médiatique. Il ne s' agit pas
seulement de faire usage de ces médias, ce qui me paraît évident et
largement entamé en beaucoup de milieux aujourd'hui, mais d'acquérir une
saine culture médiatique dans la démarche d'annoncer la Parole de Dieu. Cela
revient à assumer
Inter
Mirifica et à écrire une nouvelle page des
communications, celle en rapport avec la nature de la Parole à proclamer et
respectueuse de la dignité ainsi que de la liberté des auditeurs.
D'une part, je propose que ceux qui sont chargés d'annoncer la Parole
s'initient aux enjeux d'une communication efficace et que cette initiation
soit un chapitre de l'apostolat biblique. D'autre part il me semble urgent
qu'il nous faut exorciser la peur des médias qui caractérisent beaucoup
d'agents pastoraux, et inaugurer ce que le Pape appelle, à bon droit, la "médiaéthique". L'heure me semble venue de ne plus se contenter de dire avec
Saint Paul "malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile", mais "malheur à
moi si je n'annonce pas efficacement l'Evangile".
- S.Exc. Mgr Diarmuid MARTIN, Archevêque de Dublin
(IRLANDE)
De nombreuses interventions ont traité de la situation culturelle complexe
dans laquelle l’homme d’aujourd’hui reçoit la proclamation de la Parole de
Dieu. Je parle en tant qu’Évêque d’un diocèse où, au cours des dernières
années, un climat de sécularisation s’est infiltré dramatiquement et
rapidement dans une culture qui, jusqu’à peu de temps encore, la foi y était
fortement présente. Il existe encore, à la base, des éléments d’une culture
religieuse traditionnelle mais, malheureusement, pour beaucoup de personnes
les Écritures demeurent en réalité un territoire inexploré, presque
étranger.
Souvent je pense au récit évangélique, dans Marc au chapitre 6, de la visite
de Jésus dans sa ville, lorsque ses concitoyens, malgré toutes les
informations qu’ils possédaient sur lui et sur sa famille, restèrent pris au
piège d’une mentalité qui ne leur permettait pas de parvenir à une
compréhension de son message et de sa vraie identité, au point que Jésus
n’accomplit aucun miracle à cause de leur manque de foi.
Un grand nombre de nos contemporains possèdent une certaine connaissance de
Jésus basée sur la catéchèse de leur enfance, mais ils pourraient n’avoir
jamais eu l’expérience d’une authentique rencontre avec lui. Dans un climat
de sécularisation, ce qui superficiellement leur reste de cette connaissance
religieuse, comme cela s’est produit pour les concitoyens de Jésus, peut
même représenter un obstacle pour un développement plus approfondi de la
foi.
Mais l’épisode, dans Marc 6, ne se termine pas avec le rejet de Jésus de la
part des siens et son non accomplissement de miracles pour eux.
Significativement, Jésus rencontra un certain nombre de malades et les
guérit. La foi de ces malades est mise en net contraste avec celle de ses
concitoyens.
Dans les Évangiles, nous remarquons que la proclamation de la Bonne Nouvelle
de Jésus était accompagnée dans tant de nombreuses occasions par sa
sollicitude envers les malades et par la consolation qu’il apportait à ceux
qui vivaient dans l’affliction et dans l’angoisse. La proclamation de la
Parole et l’exercice de la charité concrète vont de pair: dans un certain
sens, les Écritures ne peuvent être comprises qu’à travers une sorte
d’herméneutique de la charité.
Nos réponses pastorales, pour ouvrir plus largement l’accès à la Parole de
Dieu, doivent être différenciées. La lecture est devenue toujours plus un
passe-temps de la classe moyenne. Les plus pauvres, bien que n’étant pas
illettrés, ne lisent guère plus que les pages sportives des journaux. Il
faut, donc, trouver des modes nouveaux – plus visuels que verbaux, plus
basés sur l’expérience que purement intellectuels – pour les introduire
nouvellement dans une culture de la parole.
- S.Exc. Mgr Stanisław GĄDECKI, Archevêque de Poznań
(POLOGNE)
Au numéro 55 du
Document
de travail
intitulé “Parole de Dieu, source du
dialogue entre chrétiens et juifs”, nous lisons: “Une attention particulière
doit être accordée aux relations avec le peuple juif. Chrétiens et juifs
sont tous enfants d'Abraham, enracinés dans la même alliance, du fait que,
fidèle à ses promesses, Dieu, n'a pas révoqué la Première Alliance
(cf. Rm
9,4; 11,29)”. Toutefois, ce paragraphe ne touche pas à la question de
l’unicité et de l’universalité salvifique de Jésus Christ vis-à-vis du
peuple juif.
Le refus de la mission chrétienne vis-à-vis des juifs.
D’une part, nous connaissons bien l’exposition de
Dominus Jesus qui déclare
que la grâce de Dieu - qui, selon notre foi, est la grâce de Jésus Christ -
est à la disposition de tous. Par conséquent, l’Église croit que le
judaïsme, c’est-à-dire la réponse fidèle du Peuple juif à l’alliance
irrévocable de Dieu, est en soi source de salut, parce que Dieu est fidèle à
ses promesses.
Ainsi, la mission, au sens strict, ne peut être utilisée à propos des Juifs
qui croient au Dieu unique et vrai. Par conséquent, il n’existe aucune
organisation catholique de mission vis-à-vis des juifs.
Le caractère unique et l’université salvifique de Jésus Christ
D’autre part, il faut dire que de nombreux catholiques ne savent pas comment
faire concorder ce fait avec les témoignages provenant de l’époque
apostolique et qui attestent clairement l’existence d’une mission
apostolique vis-à-vis des juifs.
Dans le Nouveau Testament, la volonté salvifique universelle de Dieu est
strictement liée à l’unique médiation du Christ: “[Dieu] qui veut que tous
les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car
Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le
Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous”
(1Tm 2,
4-6).
C’est sur cette conscience du don du salut unique et universel offert par le
Père par l’intermédiaire Jésus Christ dans l’Esprit (cf. Ep 1, 3-4) que “les
premiers chrétiens se sont tournés vers Israël pour lui montrer
l'accomplissement du salut au delà de la Loi. Ils se sont ensuite adressés
au monde païen d'alors, qui aspirait au salut par une pluralité de dieux
sauveurs” (Dominus
Jesus, 13). Bien que connaissant les véritables raisons
pauliniennes de l’endurcissement des juifs vis-à-vis du Christ, nous n’avons
pas encore une doctrine ecclésiastique claire et officielle sur ce que pense
vraiment l’Église vis-à-vis de l’unicité et de l’universalité salvifique de
Jésus Christ par rapport au peuple juif qui devrait, justement, être exposée
à toute l’Église dans le document final au numéro 55.
- S.B.Em. Card. Nasrallah Pierre SFEIR,
Patriarca di Antiochia dei Maroniti, Capo del Sinodo della Chiesa Maronita
(LIBANO)
Je me réfère au n. 56 de
l'Intrumentum Laboris qui traite du dialogue religieux, et
particulièrement des relations entre chrétiens et musulmans. Cette relation
entre les adeptes de ces deux religions remonte loin dans l'Histoire du
Liban, même jusqu'au début de l'Islam c'est-à-dire au début du septième
siècle.
Nous lisons dans l'Intrumentum Laboris que : "l'Église regarde
aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu UN, vivant et
subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la
terre, qui a parlé aux hommes".
Ce même document cite la rencontre d'Assise qui a eu lieu en 1986, et le
Saint Père Benoît XVI dit à ce propos: "Nous. voulons rechercher
les voies de la réconciliation et apprendre à vivre en respectant chacun
l'identité de l'autre".
Le Liban se caractérise par cette convivialité islamo-chrétienne depuis la
parution de l'Islam, malgré quelques difficultés qui ont jalonné leur
histoire commune. Ces derniers temps, c'est-à-dire depuis une quarantaine
d'années, cette convivialité islamo-chrétienne est devenue d'autant plus
difficile que des ingérences extérieures sont intervenues pour compliquer
encore davantage la situation.
Nous ne voulons pas parler de politique, mais nous relatons un fait. C'est
que la situation des chrétiens du Liban devient de plus en plus critique et
difficile. Ils diminuent en nombre, chaque année davantage. Depuis une
quarantaine d'années, il y aurait plus d'un million de libanais aussi bien
des musulmans que des chrétiens, qui ont quitté le pays pour aller
s'installer dans d'autres pays occidentaux. Si l'émigration continue en
suivant cette cadence, on peut se demander, sans être pessimiste, combien de
chrétiens restera-t-il dans cet Orient chrétien ou le Christ est né, vécu,
et mort sur la croix pour racheter le genre humain.
Malgré tout, nous ne pouvons pas désespérer. Quand on a la foi, on doit, par
ce fait même, avoir l'espérance. Dieu merci, nous avons la foi et
l'espérance, puisque nous continuons à avoir des intercesseurs au ciel
- S.Em.R. Card. Godfried DANNEELS,
Arcivescovo di Mechelen-Brussel, Presidente della Conferenza Episcopale
(BELGIQUE)
Les obstacles rencontrés dans l’annonce de la Parole sont multiples :
difficultés de communication, culture et environnement sécularisés,
résistance et ignorance chez les auditeurs. Mais
peut-être le plus grand obstacle se situe-t-il dans le coeur de
l’évangéliste même : son manque de confiance et son
ignorance quant aux lois de l'annonce de l'évangile, qui sont
différentes de celles du monde. Jésus y répond en Mc 4 par trois paraboles
et une comparaison tirée de la vie quotidienne.
Parabole du semeur. Malgré tous les obstacles
(épines, sentiers battus, rochers)
sur le champ à semer, il y a toujours quelque part de
la bonne terre qui portera du fruit. Semez donc : il y aura toujours
une moisson, mais vous ne savez pas nécessairement où. Mais semez, dit
Jésus.
Parabole du grain qui pousse tout seul. Tout paysan jette la semence en
terre, puis va se coucher. Durant la nuit il ne se lèvera pas pour aller
vérifier si ça germe. Car "d'elle même la semence produit son fruit"
dit Jésus. Le succès ne dépend nullement des soucis que nous nous faisons,
ni de notre hantise de vérification. Semez, dit Jésus
sans souci et avec beaucoup de patience : la moisson viendra.
Parabole du grain de sénevé. La plus petite des semences produit un arbre
plus grand que tous les autres et tous les oiseaux du ciel pourront y faire
leur nid. Dans le royaume de Dieu, il n'y a pas de proportionnalité entre
investissement et résultat comme c'est le cas dans le monde bancaire des
hommes. Semez, dit Jésus, même si le grain semble si
petit.
La lampe sur le candélabre. Si vous avez allumé une lampe, ne la mettez pas
sous le lit . Laissez- la briller pour tous. C'est de la simple logique
humaine et divine. Qui commence doit continuer, dit
Jésus. C'est la logique même.
Mais il y a des frères et soeurs, qui n'arrivent pas à percevoir la simple
lumière naturelle de la lampe: ce sont les aveugles et les malvoyants.
Pensez aussi à eux, dit Jésus. Assurez-leur un accès plus facile à la parole
de Dieu. Par d'autres moyens techniques.
- S.Exc. Mgr Patrick Daniel KOROMA, Évêque de Kenema (SIERRA LEONE)
Je suis ici en tant que représentant de la Conférence Épiscopale de Sierra
Leone et de Gambie. Nous avons cherché à examiner les trois parties du
Document
de travail.
Concernant la première partie : le mystère de Dieu qui nous parle, et en
particulier le chapitre II. La Bible comme Parole inspirée de Dieu et sa
vérité. Nous avons remarqué que l’affirmation diffuse selon laquelle les
catholiques ont un faible niveau de connaissance de la Bible n’est plus
vraie. Nous nous sommes concentrés en particulier sur la deuxième partie : la
Parole de Dieu dans la vie de l’Église; la Parole de Dieu dans l’Ancien et
dans le Nouveau Testament et la Parole de Dieu qui s’est fait chair, qui est
venue parmi nous et qui continue à être entendue dans la proclamation de la
Parole, rendue visible dans la célébration des sacrements et dans d’autres
services ainsi que dans la vie de nos fidèles.
La Bible est le principal moyen au travers duquel nous cherchons la
direction de Dieu dans les différentes circonstances de notre vie, le guide
déterminant pour nos vies, ce que Dieu veut de nous et ce que Dieu nous
demande d’être.
Dans nos pays, nous avons vu que les personnes s’approchent de deux manières
de la Parole de Dieu:
1. au cours des célébrations liturgiques;
2. au sein de petites communautés chrétiennes et dans les groupes de prière.
C’est là que la Parole de Dieu est interprétée, la Bible transformée de
parole en esprit, de mémoire passée en événement présent, qui donne un sens
nouveau et porte à l’action.
Enfin, en tant que communauté d’évangélisation, nous avons observé, dans la
troisième partie, que la Parole de Dieu est centrale dans l’oeuvre
d’évangélisation, que la Bible devrait être au centre de notre oeuvre
d’évangélisation.
- S.E.R. Mons. Joseph AKÉ, Évêque de
Yamoussoukro
(Côte d'Ivoire)
Au cours de nos échanges, nous avons porté un
regard critique sur nos homélies qui sont fades, qui n’accrochent pas,
qui ne tiennent pas en éveil.
Nous avons suggéré des cours de formation en homilétique et la rédaction
d’un directoire pour les homélies.
Nous avons raccroché à cela une bonne et solide formation des lecteurs
Mais je crois qu’il y a un élément fondamental que nous ne devons pas
oublier, ni occulter et qu’il convient de rappeler. Cet élément nous le
trouvons dans la rencontre de Jésus et la Samaritaine
(Jn 4, 1-42).
Après le témoignage de la Samaritaine qui a conduit ses compatriotes à
Jésus, ceux-ci se sont exclamés en ces termes, s’adressant à la femme: “Ce
n’est plus à cause de tes dires que nous croyons, nous avons entendu nous
mêmes et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde”
(Jn 4, 42).
De même l’hagiographe Mt nous rapporte ceci à propos du Centurion debout
devant la Croix. Nous ne pouvons pas ne pas évoquer l’expérience fulgurante
et bouleversante de Paul sur la route de Damas; rencontre qu’il rappelle à
trois reprises dans le livre des Actes. Que s’est-il passé exactement dans
le coeur des ces samaritains, de ce Centurion et de ses compagnons, de Paul
l’Apôtre des Gentils ?
Dans tous les cas le message a touché sa cible; l’objectif est atteint et
c’est cela l’essentiel.
Voilà à mon humble avis la finalité de toutes nos recherches, nos échanges,
nos partages. Amener nos fidèles et ceux qui se
laisseront toucher par notre prédication à faire cette expérience
personnelle et unique de la rencontre avec Jésus. Il faudrait
qu’ils arrivent à ceci. “Je crois non pas parce que j’ai écouté l’homélie
de tel Évêque, de tel prêtre charismatique, mais parce que j’ai moi-même
rencontré Jésus”.
Comment y parvenir ? Quels sont les voies et moyens susceptibles de
provoquer, de susciter cette expérience ?
L’incarnation de la parole exige une rencontre. Quand vous avez rencontré
celui qui vous aime parce qu’il est Amour, vous ne pouvez pas ne pas
l’écouter et mettre en application ce qu’il vous dit.
- S.Exc. Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de Qacha's Nek, Président de
la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)
Un très petit nombre de nos jeunes du Lesotho a participé aux Journées
Mondiales de la Jeunesse de Cologne et de Sydney. Leurs expériences, au
travers du témoignage d’autres jeunes d’autres pays catholiques du monde,
les ont convaincus que la Parole de Dieu a une réponse concernant de
nombreux problèmes de la vie. Des programmes télévisés et radiophoniques
n’ont pas réussi à apporter des solutions significatives et durables à leurs
problèmes. Après avoir interagi avec d’autres jeunes du monde entier, ils
comprennent à présent que le véritable amour et la véritable sollicitude
envers les autres, opposés à l’égoïsme, sont les seules choses qui leur
donnent une joie durable. Ils sont conscients que la majeure partie de leurs
tristes situations est le résultat direct de l’égoïsme. Ils ont appris que
l’unique manière pour changer la société est d’être guidés par la Parole de
Dieu. Nombre de ces jeunes sont désormais disposés à aller dans différentes
zones du pays afin de partager leurs expériences avec d’autres jeunes.
Malheureusement, la Conférence, à cause du manque de fonds, n’est pas en
mesure de maintenir en activité le Département d’Apostolat Biblique. La
Conférence a cependant lancé une campagne visant à recueillir des fonds dans
le pays. Si cette campagne aura du succès, la Conférence pourra gérer des
programmes qui aideront les jeunes à résoudre leurs problèmes en se fondant
sur la Parole de Dieu.
Je suis convaincu que seuls les jeunes pourront s’aider réciproquement et
que le témoignage de ceux qui ont fait l’expérience de l’amour de Dieu dans
la Parole de Dieu pourra aider les autres. Les jeunes sont les futurs
leaders de nos pays et s’ils sont guidés par la Parole de Dieu, ils peuvent
aider nos pays à éviter les désastres à l’avenir.
Le Saint-Père Benoît XVI nous a donné un exemple avec ces Journées Mondiales
de la Jeunesse. Pour de nombreux jeunes de nos pays pauvres, il n’est
malheureusement pas possible d’y participer. Je pense, par contre, qu’il
serait possible d’organiser, au niveau diocésain ou national, quelque chose
de semblable aux Journées Mondiales de la Jeunesse au cours desquelles les
jeunes pourraient célébrer ensemble la force et la joie de la Parole de
Dieu.
- S.Exc. Mgr Antony DEVOTTA, Évêque de Tiruchirapalli (INDE)
Je pense que les laïcs, qui sont notre plus grande richesse, représentent
l’espérance de l’Église dans le monde globalisé non seulement pour leur rôle
spécifique dans le renouvellement des réalités temporelles
(Ad
Gentes 2), mais
aussi dans nos efforts pour comprendre et interpréter la Parole de Dieu
d’une manière significative. Ayant reçus l’onction du Saint Esprit, l’Église
toute entière reçoit Son aide non seulement pour être préservée des erreurs
dans le domaine de la foi et de la morale (Lumen
Gentium 12), mais aussi, j’en suis
certain, dans le processus de notre compréhension et interprétation commune
de la Parole de Dieu, plus ou moins semblable au “sensus fidei”.
Dans la
Bible, Dieu non seulement parle, mais il écoute aussi. Il écoute et il
répond, comme on peut le voir dans l’Ancien Testament, spécialement dans les
Psaumes. Si c’est ainsi, pourquoi nous, les guides de l’Église, ne
pouvons-nous pas écouter les laïcs, spécialement les pauvres, les opprimés
et les marginalisés ?
Pour bénéficier d’une participation de qualité de la part des laïcs, les
guides de l’Église devraient considérer comme étant leur priorité urgente de
les éclairer et de les renforcer à l’aide d’une catéchèse de pastorale
biblique bien programmée, spécialement au moyen des petites communautés
chrétiennes, et des autres mouvements et associations, où ils seront
introduits à une “Culture de la Bible”. Des fonds devraient lui être
alloués, de la même manière que pour la formation des séminaristes.
“Culture de la Bible” signifie que la vie quotidienne des personnes est
exposée et séduite par la force explosive, dynamique et créative de Dieu
(Is
6,8; Je 20,7; Ez 3,3). Les personnes et les communautés sont mises au défi
de transpercer (Ac 2,37) leur coeur avec un glaive à deux tranchants
(He
4,12). En Inde, cela veut dire que les personnes et les communautés doivent
être converties de toutes formes de divisions, de caste, de langue et de
rites, ainsi que de toute forme de supériorité, dans leurs relations avec
les autres religions et traditions. De cette façon, émergera un témoignage
commun de l’Église dans sa mission, pour être un signe et un instrument du
Royaume de Dieu de justice, de paix et d’amour. L’Inde a plus besoin de
témoins que de maîtres, et si elle respecte les maîtres c’est parce que ce
sont des témoins (Pape Paul VI).
- S.Em. le Card. Ivan DIAS, Préfet de la Congrégation pour l'Evangelisation
des Peuples (CITÉ DU VATICAN)
La Parole de Dieu est intimement liée à la mission qu’a l’Église de
proclamer la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ et elle est
indispensable pour les deux aspects nécessaires à l’évangélisation:
l’inculturation et le dialogue interreligieux.
L’inculturation devrait porter la proclamation de l’Évangile dans les
cultures locales, mais aussi et surtout, devrait consister en une
évangélisation des cultures elles-mêmes à partir de l’intérieur. Ceci vaut
pour toutes les cultures, pour celles se trouvant en terres de mission, mais
aussi pour les cultures chrétiennes traditionnelles qui ont été infectées
par les dangereux virus de la sécularisation, de l’indifférence spirituelle
et du relativisme. De tels virus tentent d’effacer toute référence à Dieu ou
au surnaturel, et de le remplacer par des valeurs mondaines et des modèles
de comportement qui ignorent sciemment le transcendant et le divin. Loin de
satisfaire les désirs ardents du coeur humain, ils promeuvent une culture de
la mort, autant physique que morale, spirituelle ou psychologique, face à
laquelle les deux institutions vitales pour la société humaine – la famille
et les jeunes – sont particulièrement vulnérables. En étudiant et en
assimilant régulièrement la Parole de Dieu, les chrétiens peuvent grandir
dans l’“esprit du Christ” qui est le seul antidote aux virus susmentionnés
et peut transformer de l’intérieur les personnes et les cultures, en les
élevant du naturel au surnaturel, de l’humain au divin.
La Parole de Dieu est également inestimable en ce qui concerne le dialogue
interreligieux. Dieu, Père de toute l’humanité, veut que tous Ses fils
soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Son Esprit
Saint agit également en dehors des limites de l’Église et laisse des
“semences de Parole” – “semina Verbi”, tels que le Concile Vatican II
l’affirme – même dans les religions non-chrétiennes, nous lançant le défi
d’apprécier en eux “tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur,
d’aimable, d’honorable” (Ph 4, 8), et de faire que ces semences éclosent
dans la Sainte Personne de Notre Seigneur Jésus Christ. Cela fait écho aux
paroles de Jésus : Il n’était pas venu pour abolir la Loi et les prophètes,
mais les accomplir ; et c’est exactement ce qui advint quand Dieu envoya
l’Apôtre Pierre au centurion romain Cornelius, en l’invitant à ne pas
appeler impur ce que Dieu avait purifié, ou quand l’Apôtre Paul prêchait le
“Dieu inconnu” à l’Aréopage d’Athènes.
Ces deux grands Apôtres, Pierre et Paul, sont ensevelis ici, à Rome. Quand
les pèlerins chrétiens ont visité leurs tombaux dans les premiers siècles,
ils ont demandé en prière une grâce particulière : recevoir la foi de Pierre
et le coeur de Paul (fides Petri et cor Pauli). Que l’étude assidue de la
Parole de Dieu remplisse l’Église de ces sentiments, si nécessaires à la
proclamation de la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ, l’unique
Sauveur universel de toute l’humanité.
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2008 -
T/Synode |