Synode des évêques : Onzième Congrégation
Générale |
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Cité du Vatican, le 13 octobre 2008 -
(E.S.M.)
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Samedi 11 octobre 2008, à 16h30, avec la prière Pro felici Synodi exitu, a
débuté la Onzième Congrégation générale, pour la continuation des
interventions des Pères synodaux en Salle sur le thème synodal La Parole de
Dieu dans la vie et la mission de l’Église.
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Synode : Onzième Congrégation
Générale
ONZIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (SAMEDI 11 OCTOBRE 2008,
après-midi )
Le 13 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Samedi 11 octobre 2008, à 16h30, avec la prière Pro felici Synodi exitu, a
débuté la Onzième Congrégation générale, pour la continuation des
interventions des Pères synodaux en Salle sur le thème synodal La Parole de
Dieu dans la vie et la mission de l’Église
Le Président Délégué du jour est S.Ém. le Card. Odilo Pedro SCHERER,
Archevêque de São Paulo (BRÉSIL).
En ouverture de la Onzième Congrégation générale, S.Exc. Mgr Nikola Eterović,
Archevêque titulaire de Sisak, Secrétaire Général du Synode des Évêques a
rappelé qu’est exposé dans l’atrium de la Salle Paul VI, un exemplaire de la
St John’s Bible, oeuvre réalisée à la main par les moines bénédictins de
l’Université et de l’Abbaye de Saint John’s à Collegeville, Minnesota.
L’oeuvre déjà présentée au Saint-Père Benoît XVI sera achevée dans l’année
2010.
À cette Congrégation générale, qui s’est terminée à 18h55 par la prière du
Salve Regina, étaient présents 209 Pères.
Lors de cette Onzième Congrégation générale sont intervenus
les Pères suivants :
- S.Exc. Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la
Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
- S.Exc. Mgr Gregor Maria HANKE, O.S.B., Évêque de Eichstätt (ALLEMAGNE)
- S.B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de Cilicie des Arméniens, Chef
du Synode de l'Église Arménienne Catholique (LIBAN)
- S.Exc. Mgr György-Miklós JAKUBÍNYI, Archevêque d'Alba Iulia,
Administrateur Apostolique "ad nutum Sanctæ Sedis" de l'Ordinariat pour les
Catholiques de rite arménien résidents en Roumanie (ROUMANIE)
- S.Exc. Mgr Juan Abelardo MATA GUEVARA, S.D.B., Évêque d'Estelí (NICARAGUA)
- S.Exc. Mgr Ignatius SUHARYO HARDJOATMODJO, Archevêque de Semarang
(INDONÉSIE)
- S.Exc. Mgr Ricardo Ernesto CENTELLAS GUZMÁN, Évêque titulaire de Torri di
Ammenia, Évêque auxiliaire de Potosí (BOLIVIE)
- S.Exc. Mgr Arturo M. BASTES, S.V.D., Évêque de Sorsogon (PHILIPPINES)
- S.Exc. Mgr Javier Augusto DEL RÍO ALBA, Archevêque d'Arequipa (PÉROU)
- S.Exc. Mgr Joseph Prathan SRIDARUNSIL, S.D.B., Évêque de Surat Thani
(THAÏLANDE)
- S.Exc. Mgr Friedhelm HOFMANN, Évêque de Wurtzbourg (ALLEMAGNE)- S.Exc. Mgr
Guido PLANTE, P.M.E., Évêque de Choluteca (HONDURAS)
- S.Exc. Mgr Zbigniew KIERNIKOWSKI, Évêque de Siedlce (POLOGNE)
Nous publions ci-dessous les résumés des interventions :
- S.Exc. Mgr Guido PLANTE, P.M.E., Évêque de
Choluteca (HONDURAS)
Le Concile Vatican II nous a invités à promouvoir les célébrations de la
Parole de Dieu le dimanche et les jours de fête “surtout
dans les localités privées de prêtre: en ce cas, un diacre, ou quelqu'un
d'autre délégué par l'évêque, dirigera la célébration”
(Sacrosanctum
Concilium 35/4). Au mois de mars 1966, quelques mois après
cette proclamation de la Constitution sur la Liturgie, Monseigneur Marcelo
Gérin, Prélat de Choluteca, Honduras, prépara et envoya 17 paysans célébrer
la Semaine Sainte dans des communautés isolées et sans prêtre. L’acceptation
des habitants fut telle qu’ils sollicitèrent des célébrations tous les
dimanches. Les Délégués de la Parole de Dieu avaient
été créés.
Aujourd’hui, nous comptons plus de 10 000 Délégués au
Honduras et dans les pays voisins.
Ces Délégués ne sont pas seulement des célébrants dominicaux, et ils sont
plus que des lecteurs : ce sont de véritables promoteurs de communautés
chrétiennes. De plus, ils travaillent gratuitement. La Parole de Dieu s’est
révélée, dès le début, comme le germe d’authentiques communautés
ecclésiales. Une Église de communion et de participation s’est renforcée,
qui a permis la floraison de nombreuses initiatives pastorales : groupes de
jeunes, catéchistes, club des maîtresses de maison, etc. La Parole de Dieu
a, aussi, été considérée comme le meilleur ferment pour un développement
social chrétien et pour une libération intégrale. Les membres de la
communauté, en approfondissant la Parole, se sentent encouragés à promouvoir
les droits de l’homme, à aider les victimes de la pauvreté, de la corruption
et de la violence. À mon avis, les affirmations du N. 39 du Document de
travail, sur “la Parole de Dieu au service de la charité”, pourraient être
plus incisives.
En outre, au Honduras, les célébrations dominicales de la Parole n’ont pas
éloigné les fidèles de l’eucharistie : elles les ont guidés à la vivre
mieux. Avec le temps, la Parole de Dieu a engendré une
faim du pain eucharistique. Dans certaines communautés rurales où se
célèbre la Parole, le curé a autorisé la Réserve eucharistique dans le
monastère du lieu et l’Évêque a désigné un ministre extraordinaire de la
communion. On a constaté une ferveur nouvelle. Peut-être que dans d’autres
régions, la célébration de la Parole sans prêtre pourrait affaiblir les
efforts de la pastorale des vocations en faveur du sacerdoce ministériel. Au
Honduras, au contraire, cela a été une source de
vocations au sacerdoce. Dans mon diocèse de Choluteca, par exemple,
tous les jeunes prêtres du Honduras ont été des Délégués de la Parole.
- S.Exc. Mgr Gregor Maria HANKE, O.S.B., Évêque de
Eichstätt (ALLEMAGNE)
Le
Document
de travail, chapitre cinq, n. 34, nous incite à réfléchir sur le
rapport entre la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Dans ce contexte, je
reprends la question sur la manière dont la présence du Christ dans la
Parole de Dieu et dans le Sacrement de l’Eucharistie sont théologiquement en
rapport entre eux. Les modes divers de la présence du Seigneur dans la
célébration liturgique ne peuvent pas être mis sur le même plan, comme s’ils
étaient statiquement équivalents. La conséquence d’un tel mode de penser se
résumerait à une compréhension modalistique de la présence du Seigneur, qui
consentirait donc de remplacer un mode de cette présence par un autre, par
exemple la célébration eucharistique par la liturgie de la Parole.
La solution se trouve dans une juste compréhension de la signification de
Parole de Dieu. La Parole de Dieu ne s’épuise pas avec
la Bible imprimée ni même avec l’annonce de la Parole. La Parole
écrite n’a pas la même gradation que la Parole-Logos révélée dans
l’Incarnation. La force de la Parole écrite et annoncée vit de la présence
permanente, dans l’histoire du monde, de cette plus grande Parole-Action.
Cela fait, des lettres de la Sainte Écriture, la Parole de Dieu qui chemine
avec l’homme d’aujourd’hui et qui, en elle, ouvre le dialogue de Dieu avec
l’homme.
C’est cependant l’Eucharistie le lieu où se manifeste la Parole d’action,
avec toute son histoire du salut et l’eschatologie. La Parole de Dieu de
l’Écriture, comme mode de présence du Seigneur, renvoie donc à
l’Eucharistie. La présence du Seigneur dans la Parole exige Sa présence dans
l’Eucharistie. Il faudra y réfléchir dans notre pastorale biblique.
- S.B. Nerses Bedros XIX TARMOUNI, Patriarche de
Cilicie des Arméniens, Chef du Synode de l'Église Arménienne Catholique
(LIBAN)
Il convient de souligner au début de mon intervention, que l'origine de
l'Église arménienne, évangélisée par S. Grégoire l'Illuminateur, est située
à la date de l'adoption du christianisme comme religion d'État en Arménie en
l'an 301, d'après la tradition. En ce temps-là, l'alphabet arménien
n'existait pas et les lectures bibliques étaient proclamées en langue
grecque ou syriaque. L'officiant devait ensuite les traduire en arménien.
Ceci ne facilitait pas la compréhension de la Parole de Dieu par les
néophytes arméniens. D'où est née l'idée d'inventer un alphabet pour
traduire la Bible dans la langue du peuple.
Ceci a été réalisé grâce à un hiéromoine du nom de Mesrob, qui, encouragé et
soutenu par les Chefs suprêmes de l'Église et de l'État, le Catholicos Sahag
et le roi Vramchapouh, s'est attelé à la charge et inventa en l'an 406
l'alphabet arménien. Le premier livre traduit fut la Sainte Bible, à partir
de la Septante.
L'on peut affirmer que depuis la traduction de la
Bible en arménien, le Livre Saint a acquis une importance particulière dans
la vie du peuple arménien. Son effet bénéfique s'est fait sentir en
apportant une nouvelle mentalité et un nouvel esprit chez les fidèles, les
intellectuels et la société en général.
L'on peut conclure sans hésitation que l'invention de l'alphabet arménien en
l'an 406 n'avait d'autre but que celui de l'évangélisation. Cette
évangélisation a aidé à sauvegarder la foi chrétienne souvent en danger,
comme en 451 - la Bible était à peine traduite - et durant les siècles
suivants. La Parole de Dieu a soutenu l'Église et le peuple arménien durant
sa pénible histoire. Elle a imprégné et animé toute la culture arménienne au
long des siècles. La vie des chrétiens en Arménie a été continuellement
pénétrée et guidée par la Parole de Dieu.
Que cette richesse précieuse que représente les Saintes Écritures ainsi que
la vie exemplaire de nos ancêtres stimulent la nouvelle génération pour
recourir toujours plus à la Parole de vie. Ceci sera le fruit des
conclusions de ce Synode.
- S.Exc. Mgr György-Miklós JAKUBÍNYI, Archevêque
d'Alba Iulia, Administrateur Apostolique "ad nutum Sanctæ Sedis" de
l'Ordinariat pour les Catholiques de rite arménien résidents en Roumanie
(ROUMANIE)
Après les changements de décembre 1989, la liberté démocratique était
revenue. Dix-huit “cultes” ont été reconnus, ainsi que l’Église
romano-catholique et l’Église gréco-catholique en tant que deux cultes
séparés. Actuellement, en Roumanie, il existe (données de
l’AP 2008) 1.115.000 romano-catholiques dans six diocèses :
Bucarest avec les suffragants Iasi, Oradea des Latins, Satu Mare, Timisoara
et l’Archevêché de Alba Iulia absent. 771.000 gréco-catholiques dans cinq
diocèses/éparchies : Archevêché Majeur de Fagaras et Alba Iulia (avec siège
à Blaj) avec les suffragants Cluj-Gherla, Lugoj, Maramures (avec siège à
Baia Mare) et Oradea des Reomeni. 806 arméniens catholiques dans un
ordinariat. Ils possèdent tous un évêque diocésain et, pour quelques-uns,
également des auxiliaires. Les ordres religieux ont rouvert leurs noviciats.
Des éditeurs catholiques, avec des revues catholiques, ont fait leur
apparition. Ainsi la Bible est également redevenue accessible pour tous.Les
gréco-catholiques ont réédité, avec l’aide du Saint-Siège, la seule Bible
gréco-catholique roumaine de Blaj, qui ait été réalisée
(1796). Les Roumains romano-catholiques - les professeurs de l’Institut
théologique de Iasi ont procédé, en 2002, à une nouvelle traduction du
Nouveau Testament. Les Hongrois et les Allemands peuvent importer des Bibles
de la Hongrie et de l’Allemagne.
Beaucoup de paroisses ont constitué des cercles pour les jeunes et pour les
adultes, pour la Lectio Divina en commun. Les futurs prêtres
reçoivent déjà un enseignement dans leur séminaire en vue de l’apostolat
biblique.
Quatre diocèses transylvaniens, de majorité hongroise, ont fondé l’Asociatia
Biblica Maghiara din Romania, qui fait partie des Associations Bibliques
Catholiques (FBC = Fédération Biblique Catholique, AMB =
Arbeitsgemeinschaft Mitteleruropäischer Bibelwerke).
Cette Association organise l’apostolat biblique avec des sessions, des
camps, une formation des multiplicateurs pour des cercles bibliques, etc.
Je pense que ce sont des signes positifs pour le renouveau biblique dans la
vie de l’Église locale de Roumanie.
Je proposerais que tous les diocèses constituent une Association Biblique,
même une Fédération nationale, ayant pour objectif la promotion de
l’apostolat biblique catholique.
- S.Exc. Mgr Juan Abelardo MATA GUEVARA, S.D.B.,
Évêque d'Estelí
(NICARAGUA)
Le coeur du bref récit de la vocation de Jérémie (Jr 1,
10-10.17 sqq.) se focalise sur la Parole de Yahvé, dont
l’importance imprègne toute la narration, et sur Dieu lui-même dont la
parole jaillit. Dans les paroles que Yahvé prononce au cours de la rencontre
et qui révèlent directement la réalité ultime des choses, la volonté
ordinatrice de Dieu (cf. Gn 1), Jérémie est
immédiatement placé dans sa condition de créature.
En effet, l’expression “Avant même de te former” (yazar)
exprime le rapport de dépendance totale de l’homme envers son
Créateur. C’est Dieu qui modèle non seulement la substance, mais également
l’existence, l’essence et le devenir. Cet aspect s’exprime à travers un
verbe typiquement hébraïque, connaître (yada)
qui implique une intense connotation volontaire.
Par lui-même, le verbe ne dit rien d’autre et pourrait s’appliquer à tous
les hommes.
Respectivement à cette magnifique vision théocentrique de l’homme et de ses
actions dans ce monde, s’est développée une vision toujours plus
anthropocentrique, intéressée à la réalité immédiate, individuelle et
concrète : il s’agit d’un athéisme pratique qui postule que l’homme n’a pas
besoin de faire appel à Dieu pour exprimer son être dans le monde, et encore
moins qu’Il lui dise ce qui peut et ne peut pas se faire. Cette forme
“séculière” de comprendre l’homme, caractérisée par l’absence d’une
réflexion métaphysique sur la réalité et des règles éthiques objectives qui
ressortent de l’essence de cette dernière, se manifeste dans une attitude
sceptique de l’homme, autant au regard de l’existence de Dieu qu’au regard
de la possibilité de connaître des vérités absolues. Cela a entraîné deux
conséquences : la première est qu’un grand intérêt est en train de renaître
pour la phénoménologie et pour ce qui est empiriquement vérifiable, qu’on
comprend tous deux comme des clés herméneutiques pour comprendre la réalité
; la seconde est qu’une mentalité se répand peu à peu selon laquelle le
moralement correct se réduit à assumer ce que demande la collectivité.
Cela nous contraint à un grand effort intellectuel, qui se présente comme un
défi, selon les paroles de Jean-Paul II, quand il nous dit : “Un grand défi
qui se présente à nous au terme de ce millénaire est celui de savoir
accomplir le passage, aussi nécessaire qu'urgent, du phénomène au fondement.
Il n'est pas possible de s'arrêter à la seule expérience”
(Fides et
ratio, 83). Les problèmes éthiques sont toujours plus
présents, pour employer les paroles de Jean-Paul II, sur les sables mouvants
d’un scepticisme et d’un découragement général face à la possibilité
d’atteindre la vérité (cf.
Fides et ratio,
5).
- S.Exc. Mgr Ignatius SUHARYO
HARDJOATMODJO, Archevêque de Semarang (INDONÉSIE)
L’Asie est un continent aux multiples religions et cultures marqué par la
pauvreté avilissante et le sous-développement. C’est dans ce contexte que
l’Église en Asie doit réfléchir sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la
mission de l’Église. La FABC a toujours promu l’évangélisation dans un
triple dialogue avec les pauvres, les religions et les cultures.
Nostra
Aetate et d’autres documents post-conciliaires ont confirmé la voie du
dialogue comme le mode caractéristique de l’Église (Ecclesia
in Asia, 3).
Les Grandes lignes et le Document de travail de ce Synode se réfèrent
principalement à Dei
Verbum mais ils s’appuient également sur
Gaudium et
Spes et son appel au dialogue dans le monde. En Asie, la proclamation de
la Parole exige dialogue et inculturation comme des conditions requises par
la Parole Incarnée. La Parole de Dieu doit devenir la Parole de vie pour les
pauvres en Asie.
Nous devons remédier aux causes structurelles de la pauvreté et de la
marginalisation en vue d’une libération intégrale à la lumière de la Parole
de Dieu. Les béatitudes du Royaume, notamment celles qui concernent les
pauvres dans les Évangiles de Matthieu et de Luc, doivent être proclamées
autant aux riches pour remettre en question leur autosuffisance qu’aux
pauvres comme sources d’espérance de libération et de vie.
La révélation biblique place l’accent sur l’amour de Dieu pour les pauvres,
les veuves, les orphelins et les étrangers. Dieu fait toujours œuvre de
justice et fait toujours droit à tous les opprimés (Ps
103, 6). Jésus notre Seigneur a incarné la compassion divine pour
les pauvres dans sa proclamation du Royaume de Dieu. L’option préférentielle
de Dieu pour les pauvres est la Parole de Dieu pour ceux qui sont ignorés,
humiliés et démunis. L’Église doit partager la Parole de Dieu en tant que
Parole d’espoir et de vie pour les pauvres en Asie.
- S.Exc. Mgr Ricardo Ernesto CENTELLAS GUZMÁN,
Évêque titulaire de Torri di Ammenia, Évêque auxiliaire de Potosí
(BOLIVIE)
Il faut apporter « la force de l'Évangile au cœur de la culture et des
cultures » (Intrumentum Laboris
57)
Cet appel a toujours constitué la vie et la mission de l’Église, cependant,
les fruits qui en ont résulté ne sont pas suffisants pour que le monde
chemine selon les critères du Royaume. La réalité actuelle nous montre que
la Parole de Dieu et les cultures antiques et modernes sont des mondes
séparés et parallèles. Deux réalités, intrinsèquement unies, qui cheminent
avec des orientations complètement différentes, puisque ce sont deux bras
d’un même corps, parce que Dieu parle dans sa Parole écrite, dans la vie des
personnes et dans les événements actuels.
D’où le grand défi pastoral: relancer une authentique incarnation de la
Parole de Dieu avec son visage propre, dans une situation concrète qui
signifie et engage à assumer un projet de société en réponse à la nécessité
historique, sociale et culturelle de nos communautés, pour que nous
améliorions nos vies selon la vie de Jésus de Nazareth. Nous ne pouvons pas
continuer à lire et méditer la Parole sans la relation nécessaire avec les
cultures et sans l’engagement social qui en découle.
Il faut donner la priorité à une lecture de la Parole insérée dans son
contexte, qui soit en mesure de transformer les personnes et les structures.
Une interprétation qui promeuve une lecture à partir des plus pauvres et des
exclus; qui promeuve la naissance de communion et de communautés; qui
permette de dévoiler aux cultures la mystérieuse présence de Dieu dans leur
histoire, pour que chaque croyant soit sujet vivant de son histoire et soit
un témoignage de l’expérience de Dieu.
Dans mon pays tout particulièrement, et dans d’autres pays d’Amérique
Latine, il faut une lecture à partir des cultures indigènes émergentes qui,
pendant des siècles, ont cheminé parallèlement au processus
d’évangélisation. Comme nous l’avons déjà indiqué à Aparecida :
Beaucoup de baptisés et peu d’évangélisés.
Nous avons besoin que chaque action, projet, groupe et mouvement,
institution et structure de notre Église revoie ses propres motivations et
parte de nouveau selon l’inspiration biblique. Il est urgent de montrer au
monde une nouvelle manière d’être Église.
- S.Exc. Mgr Arturo M. BASTES, S.V.D., Évêque de
Sorsogon (PHILIPPINES)
1) Les cours bibliques dans les séminaires sont trop intellectuels et
utilisent la méthode occidentale d’exégèse historique et critique, ennuyant
ainsi la plupart des séminaristes. À cette approche académique devraient
s’ajouter des méthodes qui prennent en compte la culture et la vie des
auditeurs.
2) Les membres de la Fédération biblique catholique
(présents à ce jour dans 129 pays) ont développé des techniques
pour assurer leur ministère pastoral biblique qui ont prouvé leur efficacité
dans la transmission du message de Dieu aux femmes et aux hommes de notre
temps. Ces méthodes innovatrices devraient être comprises dans les cursus de
formation des facultés théologiques et des maisons de formation. Un exemple
de cette méthode qui peut intéresser nos contemporains est constitué par le
Bibliodrama.
3) On ressent fortement l’urgence de développer une manière asiatique de
lire la Bible à cause de grand défi que l’Église affronte dans cet immense
continent où des millions de gens sont assoiffés de la Parole de Dieu. On
essaie actuellement avec succès de développer une herméneutique biblique qui
tienne compte de la richesse de la culture et de l’histoire des peuples
asiatiques. Il existe un projet de commentaire asiatique de la Bible qui
ferait appel à la méthode historique et critique occidentale et à une
culture herméneutique comparative pour rendre accessible à l’âme asiatique
la profonde signification spirituelle du texte biblique. Les membres
asiatiques de la FBC ont également décidé de créer un Institut biblique
asiatique, qui, on l’espère, délivrera le programme de formation biblique
holistique.
4) C’est un des moyens de contribuer à la missio ad extra en Asie, où
la plupart des habitants n’ont pas encore entendu parler du Christ. À
travers un processus graduel d’évangélisation qui présente le Jésus des
Évangiles sous la figure d’un professeur, d’un conteur, d’un guérisseur,
d’un faiseur de miracles, d’un ami et d’un consolateur – des figures qui
plaisent aux asiatiques – les peuples de l’Asie pourraient bien être
conduits par l’Esprit Saint à croire dans le Christ comme fils de Dieu.
- S.Exc. Mgr Javier Augusto DEL RÍO ALBA, Archevêque d'Arequipa
(PÉROU)
La mission de la Nouvelle Évangélisation, que le Christ nous a confiée en
tant qu’Église, exige, en ce troisième millénaire, que nous récupérions et
répandions la conscience de certains éléments qui parfois, au cours de
certaines périodes de la Chrétienté, nous avions considérés comme acquis et
qu’en quelque sorte nous avions même pu oublier. Permettez-moi d’en
mentionner quelques-uns:
1. L’Église est dépositaire de la Vérité Révélée. L’Évangile n’est pas une
offre en plus, parmi toutes celles que l’on peut trouver sur le marché de la
post-modernité.
2. La Parole de Dieu est efficace, et possède en elle-même la “dynamis”,
le pouvoir d’engendrer de nouveau l’être humain et de faire de lui une
“nouvelle créature” (1 P 1,3; Jc 1,18; Jn 1,2-13).
3. Le Kérygme est, avant tout, une “parole de salut”, capable de
briser, chez celui qui l’accueille, les chaînes de l’esclavage des idoles,
et susciter en lui l’ardent désir de participer à la Vie que Dieu lui offre.
4. L’initiation chrétienne, soit avant ou après le baptême, est un
instrument approprié pour concevoir la vie divine chez le croyant.
5. La formation permanente au sein d’une petite communauté présente cet
avantage de permettre au fidèle chrétien de voir plus facilement “incarnée”
la Parole de Dieu dans son Corps Mystique qui est l’Église.
6. La place centrale des Saintes Écritures dans la vie et dans le ministère
des évêques et des prêtres, de façon que nous puissions être “hommes de la
Parole”.
Je pense que ces éléments, et d’autres que nous pouvons ajouter, sont en
train d’être récupérés par les nouveaux mouvements et par les petites
communautés suscitées par l’Esprit Saint dans le sillage du Concile Vatican
II. En ce sens, je me permets de proposer que ce Saint Synode se fasse
l’écho de l’invitation qu’a fait, il y a quelques mois, notre bien-aimé
Saint-Père aux pasteurs en leur demandant d’accueillir avec amour ces
nouvelles réalités ecclésiales.
Enfin, je pense aussi qu’il convient de revoir, à la lumière de la
Pastores Dabo Vobis, la formation qui est donnée dans nos séminaires, de
manière à accorder une plus grande importance à la prière, au silence et à
la lectio divina, et qu’il existe une plus grande unité entre la dimension
académique et la dimension spirituelle dans la préparation de nos futurs
pasteurs.
- S.Exc. Mgr Joseph Prathan SRIDARUNSIL, S.D.B.,
Évêque de Surat Thani
(THAÏLANDE)
L’Église catholique de Thaïlande vit sa vie en Christ à travers l’Eucharistie
et les Écritures. L’Église a donc la mission vivifiante d’être une lumière
radieuse de foi et d’espérance dans la société thaïlandaise.
Représentant un petit groupe au milieu d’autres confessions et religions,
l’Église thaïlandaise est profondément consciente de son rôle de levain dans
la pâte de la société thaïlandaise.
Nous nous rendons compte que la Parole de Dieu doit toucher nos vies à
travers l’étude, la médiation, la prière, et que nous devons mettre la
Parole de Dieu en pratique. L’Église thaïlandaise a décidé de promouvoir la
Parole de Dieu dans sa vie et sa mission de la façon suivante :
1. La disposition à écouter la Parole est extrêmement importante. Les
communautés ecclésiales de base dans l’Église thaïlandaise utilisent la
Parole de Dieu, notamment la lectio divina, en la plaçant au coeur de
leur existence.
2. L’Église en Thaïlande souligne l’importance des études bibliques dans le
cadre de nos séminaires, des maisons de formation religieuse et de la
formation des laïcs, et les aide à connaître et à aimer la Parole de Dieu,
et à la vivre et à partager leurs expériences de la Parole avec d’autres.
3. L’Église en Thaïlande désire profondément que la Parole de Dieu soit au
coeur de toutes les catéchèses de manière à jeter des bases solides pour la
foi et la maturité des chrétiens en vue de leur mission de témoignage dans
la société thaïlandaise.
4. L’Église thaïlandaise, en utilisant la technologie moderne dans ses
efforts visant à réaliser les trois objectifs susmentionnés, essaiera de
communiquer la Parole de Dieu, qui est la voie, la vérité et la vie pour
tous les fidèles et les personnes d’autres religions, en mettant l’accent
sur la Parole comprise comme Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres
(Lc 4:18).
- S.Exc. Mgr Friedhelm HOFMANN, Évêque de
Wurtzbourg (ALLEMAGNE)
Tant de choses importantes ont déjà été dites sur l’exégèse de la Parole de
Dieu et sur la prédication dans la liturgie. Cependant, comment pouvons-nous
joindre les personnes qui ne viennent pas à l’Église ?
Quelques possibilités ont été mentionnées. M’inspirant du septième chapitre
du
Document
de travail, “La Parole de Dieu dans les services et dans la
formation du Peuple de Dieu”, je désire introduire un autre aspect, celui de
la culture chrétienne.
La révélation de Dieu ne se limite pas à la Parole de Dieu dans la Bible.
Elle se trouve aussi dans la nature et dans la culture. La révélation la
plus élevée et plus intense de Dieu est, certainement, l’Incarnation de la
Parole de Dieu en Jésus Christ. C’est cela qui doit être expliqué.
Jésus lui-même a souvent transmis son message à l’aide de paraboles. Dans
ces paraboles, l’affirmation centrale est, pour ainsi dire, personnifiée,
c’est-à-dire située dans un contexte global qui, au moyen d’images,
interpelle l’homme dans son ensemble.
La Parole de Dieu a été inculturée dans les cultures les plus diverses. Elle
a un impact sur l’art. En Europe, nous possédons une histoire culturelle
chrétienne impressionnante de presque 2000 ans. Des architectures
extraordinaires, des oeuvres d’art figuratives, musicales et littéraires
sont nées de la foi et ont accueilli, en elles, le témoignage de la foi.
Il faut, maintenant, faire de nouveau parler cette foi figée.
Au Moyen-Âge, on connaissait la biblia pauperum, qui expliquait
visuellement les parties de l’histoire du salut à ceux qui ne savaient pas
lire. Aujourd’hui, il faut expliquer la culture
chrétienne parce que beaucoup de personnes ne comprennent plus cette
langue et ne se consacrent pas directement à la Sainte Écriture. Au moyen
d’une illustration actuelle de notre culture d’empreinte chrétienne, que
nous pouvons expliquer dans le cadre de notre évangélisation, nous pouvons
susciter de nouveau la curiosité de nos contemporains pour la Parole de
Dieu.
Il faut donc rechercher, dans la culture contemporaine aussi, les traces de
la foi et les ramener à leur fonction de liaison. S’il est vrai que les
artistes sont les sismographes de leur temps, alors c’est bien que nous
profitions de leur travail, et que nous les interpellions et les impliquions
dans l’annonce de la Parole de Dieu.
- S.Exc. Mgr Zbigniew KIERNIKOWSKI, Évêque de
Siedlce (POLOGNE)
L’homme moderne, qui n’est pas formé à l’écoute de la Parole, reste souvent
face à elle tel un sourd-muet. Nous avons, dans l’Évangile de Marc, la scène
de Jésus qui ouvre les oreilles et délie les langues avec le geste
(quasi rituel) de l’Ephphatha
(Mc 7, 34).
Le kérygme est un moment très important. Cependant, si le kérygme
n’est pas suivi d’une véritable formation individuelle à l’écoute de la
parole au sein de la communauté de foi, on court le risque de tomber dans
différents moralismes, ou de déboucher dans différents types de fanatisme ou
d’autres types d’interprétation subjective.
Il est nécessaire de tenir compte de l’homme qui, après le péché
(conditio peccatoris), a besoin d’aide pour
pouvoir écouter et se laisser former. S’il ne reçoit pas cette aide, l’homme
fuit sa propre réalité, comme Adam dans le jardin d’Eden, parce qu’il a peur
d’être impliqué et pénétré par la Parole de l’Évangile que lui propose “la
vie nouvelle”, en le mettant dans la condition de devoir se quitter lui-même
pour suivre Jésus, le Crucifié ressuscité en qui se réalise le Sermon sur la
Montagne.
Le discours sur la Montage est très attrayant. Mais si l’homme se trouve
seul face à ce message, et le comprend seulement comme un commandement et
non comme une image et une promesse de l’homme nouveau, il reste pétrifié.
Les vérités : “Heureux ceux qui ont une âme de pauvres, heureux les
persécutés ; je vous dis de ne pas tenir tête au méchant ; aimez vos ennemis”
(Mt 5) leur apparaissent irréalistes.
Si cette conception de la Parole n’est pas enseignée dès le départ de
manière appropriée, il arrive souvent – bien qu’ils aient déjà entendu la
Parole de Dieu – que les fidèles avortent, divorcent, se trahissent,
écartent toute conception perspicace qu’ils considèrent incommode et
dangereuse.
La seule personne capable d’accueillir la Parole est Marie – l’Immaculée. En
tant, justement, qu’Immaculée, elle pouvait accueillir la Parole, la
concevoir, la garder dans son intimité et l’amener à donner des fruits, à la
faire naître comme l’Homme Nouveau, le Nouvel Adam. Elle est la figure et la
Mère de l’écoute qui donne des fruits en chaque personne qui écoute.
Ce qui se réalise fermement dans le Chemin néocatéchuménal est basé sur le
kérygme initial et est suivi par une série de processus sous la conduite
de l’Église (Évêques, curés et catéchistes) faite dans de petites
communautés en suivant les étapes nécessaires à l’initiation chrétienne. Le
catéchumène fait ainsi suivre au novice un parcours qui lui enseigne à
rapporter la Parole à sa vie.
- S.Exc. Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de
Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale
(RÉPUBLIQUE DU CONGO)
Au Congo-Brazzaville, pays marqué négativement par une série de conflit
interne, nous faisons le constat d'un foisonnement de mouvements religieux
qu'on peut classer en deux catégories : d'une part les mouvements qui
pratiquent une lecture d'orientation libératrice tout en faisant appel à des
éléments de la religion traditionnelle. Ils présentent comme une
contre-réaction face à un christianisme considéré comme une négation de
l'identité africaine. D'autre part des mouvements, ramifications du
mouvement pentecôtiste d'origine américaine, caractérisés par une lecture de
la Bible fondamentaliste et même magique, propres à démobiliser les
consciences par rapport aux problèmes concrets de la vie en société.
Il y a aussi des mouvements d'orientation ésotérique et gnostique,
caractérisés par une lecture symbolique et idéologique de la Bible.
Tout cet ensemble est à situer dans un contexte de mal-développement avec
son lot de misère et de résignation. Face à cette situation bien complexe,
l'urgence se fait sentir d'aider, d'encourager les fidèles du Christ au
Congo à lire la Parole de Dieu, à la méditer, à la prier car elle est
susceptible de “recréer” l'homme africain qui porte encore en lui les
séquelles de son lot passé. Cela exige un accès plus facile au texte
biblique grâce aux traductions. C'est une des urgences pastorales de notre
Église.
Par ailleurs cette lecture de la Parole de Dieu doit susciter chez le
lecteur africain la prise de conscience de sa responsabilité à l'égard d'une
société qui attend d'être transformée dans toutes ses structures selon les
valeurs de l'Évangile.
Les interventions libres ont suivi.
CALENDRIER DES TRAVAUX
Dans l’après-midi du lundi 13 octobre 2008, la Congrégation générale n’aura
pas lieu. Les Pères synodaux se rendront en pèlerinage à la Basilique de
Saint-Paul-hors-les-Murs et assisteront au
concert donné par le
Wiener Philharmoniker, en cette
Année Paulinienne, dédié au Synode des Évêques.
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.10.2008 -
T/Synode |