Homélie de Benoît XVI, Messe pour
l'anniversaire des apparitions à Fatima |
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Le 13 mai 2010
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(E.S.M.)
- Lors de son homélie pendant la messe pour le 10°
anniversaire de
la béatification
de Jacinthe et
François, deux
des bergers, sur l'esplanade du sanctuaire de
Fátima, Benoît XVI a défendu ce jeudi devant 500.000 fidèles que la mission de Fátima « n'est
pas encore terminée ».
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI, Messe pour
l'anniversaire des apparitions à Fatima
Le 13 mai 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- En la solennité de Notre Dame de Fatima, jour du dixième anniversaire de
la béatification de Jacinta et Francisco, Benoît XVI a célébré une grand
messe devant un demi million de fidèles rassemblés sur l'esplanade du
sanctuaire. A l'homélie, il a d'abord rappelé être venu à Fatima pour jouir
de la présence de Marie et de sa protection maternelle.
Chers pèlerins,
« Votre descendance sera célèbre parmi les nations, (…) elle sera la
descendance bénie par le Seigneur » (Is 61, 9).
C’est ainsi que débutait la première lecture de cette Eucharistie, dont les
paroles trouvent un admirable accomplissement dans cette assemblée
recueillie avec dévotion aux pieds de la Vierge de Fatima. Chers frères et
sœurs bien-aimés, moi aussi je suis venu en tant que pèlerin à Fatima, en
cette ‘maison’ que Marie a choisie pour nous parler en nos temps modernes.
Je suis venu à Fatima pour jouir de la présence de Marie et de sa protection
maternelle. Je suis venu à Fatima, parce que vers ce lieu converge
aujourd’hui l’Église pérégrinante, voulue par son Fils comme instrument
d’évangélisation et sacrement du salut. Je suis venu à Fatima pour prier,
avec Marie et avec de nombreux pèlerins, pour notre humanité affligée par
des détresses et des souffrances. Enfin, je suis venu à Fatima, avec les
mêmes sentiments que ceux des Bienheureux François et Jacinthe et de la
Servante de Dieu Lucie, pour confier à la Vierge la confession intime que
‘j’aime’ Jésus, que l’Église, que les prêtres ‘l’aiment’ et désirent garder
les yeux fixés sur Lui, alors que s’achève cette Année sacerdotale, et pour
confier à la protection maternelle de Marie les prêtres, les personnes
consacrées, les missionnaires et tous ceux qui œuvrent pour rendre la Maison
de Dieu accueillante et bienfaisante.
Ils sont la descendance que le Seigneur a bénie… la descendance que le
Seigneur a bénie, c’est toi, cher diocèse de Leira-Fatima, avec ton Pasteur,
Mgr Antonio Marto, que je remercie pour le salut qu’il m’a adressé au début
de cette célébration et pour toutes les attentions dont il m’a comblé dans
ce sanctuaire, y compris à travers ses collaborateurs. Je salue Monsieur le
Président de la République et les autres Autorités qui sont au service de
cette glorieuse Nation. De cœur, j’embrasse tous les diocèses du Portugal,
ici représentés par leurs Évêques, et je confie au Ciel tous les peuples et
toutes les nations de la terre. Je confie à Dieu, dans mon cœur, tous leurs
fils et filles, en particulier ceux qui vivent dans l’épreuve ou qui sont
abandonnées, avec le désir de leur transmettre cette grande espérance qui
brûle en mon cœur et qui, ici à Fatima, se laisse accueillir de façon plus
palpable. Que notre grande espérance plonge des racines profondes dans la
vie de chacun de vous, chers pèlerins qui êtes ici présents, ainsi que dans
la vie de tous ceux qui nous sont unis à travers les moyens de communication
sociale.
Oui ! Le Seigneur, notre grande espérance, est avec nous ; dans son amour
miséricordieux, il offre un avenir à son peuple : un avenir de communion
avec Lui. Ayant expérimenté la miséricorde et la consolation de Dieu qui ne
l’avait pas abandonné sur le pénible chemin de retour de l’exil à Babylone,
le peuple de Dieu s’exclame : « Je tressaille de joie dans le Seigneur,
mon âme exulte en mon Dieu » (Is 61, 10).
Fille éminente de ce peuple, revêtue de grâce et doucement étonnée par la
gestation du Fils de Dieu qui s’accomplissait en son sein, la Vierge Mère de
Nazareth fait également sienne cette joie et cette espérance dans le
cantique du Magnificat : « Mon esprit exulte en Dieu, mon Sauveur ».
Toutefois, elle ne se regardait pas comme une privilégiée au milieu d’un
peuple stérile, au contraire, elle prophétisait pour lui les douces joies
d’un prodigieuse maternité du Fils de Dieu, parce que « son amour s’étend
d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 47.
50).
Ce lieu béni en est la preuve. Dans sept ans, vous reviendrez ici pour
célébrer le centenaire de la première visite faite par la Dame « venue du
Ciel », comme une maîtresse qui introduit les petits voyants dans la
connaissance profonde de l’Amour trinitaire et les conduit à goûter Dieu
lui-même comme la réalité la plus belle de l’existence humaine. Une
expérience de grâce qui les a fait devenir amoureux de Dieu en Jésus, au
point que Jacinthe s’exclamait : « J’aime tellement dire à Jésus que je
L’aime ! Quand je le Lui dit de nombreuses fois, il me semble avoir un feu
dans le cœur, mais qui ne me brûle pas ». Et François disait : « Ce que
j’ai aimé par-dessus tout, fut de voir Notre Seigneur dans cette lumière que
Notre Mère nous a mise dans le cœur. J’aime tant Dieu ! »
(Mémoires de Sœur Lucie, I, p.42 et p.126).
Frères, en entendant ces innocentes et profondes confidences mystiques des
petits bergers, certains pourraient les regarder avec un peu d’envie parce
que eux ils ont vu, ou bien avec la résignation amère de celui qui n’a pas
eu la même chance mais qui insiste parce qu’il veut voir. À ces personnes,
le Pape dit comme Jésus : « N’êtes-vous pas dans l’erreur, en
méconnaissant les Écritures, et la puissance de Dieu ? »
(Mc 12, 24). Les Écritures nous invitent à croire : « Heureux
ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29),
mais Dieu – plus intime à moi que je le suis à moi-même
(cf. Saint Augustin, Confessions, III, 6, 11) – a le pouvoir
d’arriver jusqu’à nous, en particulier à travers nos sens intérieurs, de
sorte que l’âme reçoive le toucher suave d’une réalité qui se trouve au-delà
du sensible et qui la rende capable de rejoindre le non-sensible, ce qui est
imperceptible aux sens. Pour cela, il est besoin d’une vigilance du cœur
que, la plupart du temps, nous n’avons pas en raison de la forte pression de
la réalité extérieure, des images et des préoccupations qui emplissent l’âme
(cf.
Commentaire théologique du Message
de Fatima, 2000). Oui ! Dieu peut nous rejoindre, en s’offrant à
notre vision intérieure.
Qui plus est, cette Lumière dans l’âme des jeunes bergers, qui provient de
l’éternité de Dieu, est la même qui s’est manifestée à la plénitude des
temps et qui est venue pour tous : le Fils de Dieu fait homme. Qu’Il ait le
pouvoir d’enflammer les cœurs les plus froids et les plus tristes, nous le
voyons avec les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 32).
C’est pourquoi notre espérance a un fondement réel, elle s’appuie sur un
événement qui prend sa place dans l’histoire et en même temps la dépasse :
c’est Jésus de Nazareth. L’enthousiasme suscité par sa sagesse et par sa
puissance salvifique auprès des gens de l’époque était tel qu’une femme au
milieu de la foule – comme nous l’avons entendu dans l’Évangile – s’exclama
pour dire : « Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui
t’a nourri de son lait ! ». Cependant, Jésus répond : « Heureux
plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
(Lc 11, 27. 28). Mais qui a le temps d’écouter sa parole et de se
laisser séduire par son amour ? Qui veille, dans la nuit du doute ou de
l’incertitude, avec le cœur éveillé en prière ? Qui attend l’aube du jour
nouveau, tenant allumée la flamme de la foi ? La foi en Dieu ouvre à l’homme
l’horizon d’une espérance certaine qui ne déçoit pas ; elle indique un
fondement solide sur lequel appuyer, sans peur, toute son existence ; elle
requiert l’abandon, plein de confiance, entre les mains de l’Amour qui
soutient le monde.
« Votre descendance sera célèbre parmi les nations, (…) elle sera la
descendance bénie par le Seigneur » (Is 61, 9)
avec une espérance inébranlable et qui fructifie en un amour qui se sacrifie
pour les autres et qui ne sacrifie pas les autres ; au contraire – comme
nous l’avons entendu dans la deuxième lecture – qui « supporte tout, fait
confiance en tout, espère tout, endure tout » (1 Co
13, 7). De cela, les petits bergers sont un exemple et nous
stimulent, eux qui ont fait de leur vie une offrande à Dieu et l’ont
partagée avec les autres par amour de Dieu. La Vierge les a aidés à ouvrir
leur cœur à l’universalité de l’amour. La Bienheureuse Jacinthe, notamment,
se montrait infatigable dans le partage avec les pauvres et dans le
sacrifice pour la conversion des pécheurs. Ce n’est qu’avec cet amour de
fraternité et de partage, que nous réussirons à bâtir la civilisation de
l’Amour et de la Paix.
Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se
tromperait. Revit ici ce dessein de Dieu qui interpelle l’humanité depuis
ses origines : « Où est ton frère Abel ? (…) La voix du sang de ton frère
crie de la terre vers moi ! » (Gn 4, 9).
L’homme a pu déclencher un cycle de mort et de terreur, mais il ne réussit
pas l’interrompre… Dans l’Écriture Sainte, il apparaît fréquemment que Dieu
est à la recherche des justes pour sauver la cité des hommes et il en est de
même ici, à Fatima, quand Notre Dame demande : « Voulez-vous vous offrir
à Dieu pour prendre sur vous toutes les souffrances qu’il voudra vous
envoyer, en réparation des péchés par lesquels il est offensé, et en
intercession pour la conversion des pécheurs ? »
(Mémoires de Sœur Lucie, I, p.162).
À la famille humaine prête à sacrifier ses liens les plus saints sur l’autel
de l’égoïsme mesquin de la nation, de la race, de l’idéologie, du groupe, de
l’individu, notre Mère bénie est venue du Ciel pour mettre dans le cœur de
ceux qui se recommandent à Elle, l’amour de Dieu qui brûle dans le sien. À
cette époque, ils n’étaient que trois ; leur exemple de vie s’est diffusé et
multiplié en d’innombrables groupes sur la surface de la terre, en
particulier au passage des Vierges pèlerines, qui se sont consacrés à la
cause de la solidarité fraternelle. Puissent ces sept années qui nous
séparent du centenaire des Apparitions hâter le triomphe annoncé du Cœur
Immaculée de Marie à la gloire de la Très Sainte Trinité.
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Messe pour l'anniversaire des apparitions,
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Les photos du voyage

Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.05.2010 -
T/Benoît XVI
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