En marge du voyage de Benoît XVI aux
États-Unis |
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Cité du Vatican, le 13 mai 2008 -
(E.S.M.)
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C’est vraiment avec une grande joie et avec un grand enthousiasme que nous
avons accueilli le Saint-Père Benoît XVI. Il est venu comme successeur de
Pierre, vicaire du Christ, Pasteur suprême de l’Église universelle. Nous
reconnaissons en lui ce lien spécial qui unit tout catholique à Rome.
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Donald Wuerl,
archevêque de Washington
Les souvenirs de Donald Wuerl, archevêque de Washington, en marge du
voyage de Benoît XVI aux États-Unis
Un lien spécial avec Rome
C’est vraiment avec une grande joie et avec un grand enthousiasme que nous
avons accueilli le Saint-Père. Il est venu comme successeur de Pierre, vicaire du Christ, Pasteur suprême de
l’Église universelle. Nous reconnaissons en lui ce lien spécial qui unit
tout catholique à Rome. L’évêque de Rome est le successeur de Pierre et par
conséquent, il est notre lien de continuité. Il représente notre point de
jonction avec les apôtres. N’est-ce pas pour cette raison qu’a été fondé, il
y a bien des années, le Collège nord-américain? Il a été institué en tant
que séminaire afin que l’union de chaque prêtre, de chaque catholique et de
chaque fidèle avec Pierre soit justement quelque chose de vécu du fond du
cœur.
L’un de mes souvenirs les plus vifs de mon arrivée à Rome, où j’étais venu
entreprendre mes études, en 1963, c’est le parcours de l’autobus qui nous a
amenés, nous, les étudiants, place Saint-Pierre. Nous avons fait notre
première halte à la tombe de saint Pierre, sur laquelle est édifiée la
grande basilique, qui atteste la place spéciale de Pierre dans le cœur des
fidèles. À droite de la basilique se trouve la résidence du successeur de
Pierre, qui continue aujourd’hui à nous parler du message de l’Évangile.
Oui, aux États-Unis, et particulièrement à Washington, nous sommes vraiment
enthousiastes de la visite du Pape, parce que Pierre est venu parmi nous et
qu’en lui, notre union à l’Évangile de Jésus reçoit sa confirmation.
Mes années au Collège et le Concile Vatican II
Je pense à cette période avec nostalgie. Le Concile a commencé en 1962 et
s’est prolongé jusqu’en 1965. Je suis arrivé à Rome en 1963, j’y suis resté
pendant toute la période du Concile, et j’ai été ordonné prêtre en 1966.
C’est donc en tant qu’étudiant que j’ai vécu les années conciliaires.
L’évêque John Wright, qui m’avait envoyé à Rome – et qui est devenu ensuite
cardinal –, participait très activement aux travaux du Concile et nous, ses
séminaristes, nous nous rendions compte personnellement que quelque chose de
vraiment merveilleux était en train de se produire dans l’Église. Comme nous
suivions un cours de théologie à l’Université Grégorienne, nous pouvions, au
lieu de rentrer au séminaire comme nous aurions dû le faire, écouter à
l’heure du déjeuner les brefs comptes rendus de ce dont les Pères
conciliaires avaient discuté le matin. On avait vraiment, réellement, la
sensation que l’Église s’acheminait vers une saison de renouveau, de
générosité et d’engagement renouvelé, et je crois que cela a eu beaucoup
d’importance dans mes années d’étudiant au Collège nord-américain. On nous
rappelait aussi à l’époque que, si le Concile essayait de rafraîchir et de
renouveler l’Église, il le faisait dans la continuité vivante avec la grande
Tradition apostolique. C’est la raison pour laquelle, pendant ces années
conciliaires, le rôle du pape Paul VI a été pour nous d’une importance
particulière. En d’autres termes, nous étions incités à nous rappeler que
les évêques étaient tous réunis autour de lui comme les apôtres autour de
Pierre et que ce dont étions témoins était à la fois le renouvellement et la
continuité de l’Église.
Un épisode mémorable qui m’a profondément ému
Le changement le plus significatif a probablement eu lieu avec la
promulgation de la Constitution
Sacrosanctum Concilium. Nous devions
commencer à aborder la liturgie de manière différente. Au séminaire, nous
avons appris que l’on pouvait concélébrer l’Eucharistie, et que ceux parmi
nous qui étaient déjà ordonnés ne seraient plus obligés de célébrer la messe
individuellement, chacun devant un petit autel de la crypte. Le Concile
avait établi que nous pouvions concélébrer tous ensemble autour du même
autel. Dans le cadre du renouvellement de la liturgie, cela a probablement
été le changement le plus visible et le plus sensationnel. Il a aussi été
dit que la langue vulgaire pouvait être utilisée dans la liturgie, et, au
séminaire, nous nous sommes mis à réciter les Vêpres solennelles en anglais,
alors que nous l’avions toujours fait en latin. Ces deux exemples montrent
bien la manière dont nous avons expérimenté les tout nouveaux changements du
Concile.
En tout cas, le moment qui, pour moi, a été le plus intense est sans doute
celui où j’ai assisté à la clôture solennelle du Concile célébrée par Paul
VI. Debout dans cette immense foule qui regardait la procession des évêques
se diriger vers la basilique Saint-Pierre, j’écoutais le Pape promulguer une
série de décrets conciliaires et annoncer la clôture du Concile. Ce moment a
été, sur le plan visuel, le plus émouvant.
Nous avons été les témoins de l’“aggiornamento”
Pendant ses visites à Rome, au cours des sessions conciliaires, notre évêque
avait l’habitude d’inviter ses étudiants à déjeuner. Je me souviens
parfaitement qu’il nous a dit très clairement que nous, jeunes séminaristes,
nous étions en train d’assister à quelque chose dont nous allions nous
souvenir toute notre vie: l’Église traversait un processus de
renouvellement, mais le renouvellement était ancré dans son histoire. Nous
avions le privilège de vivre à Rome, dans une période dans laquelle nous
pouvions être les témoins oculaires de cet “aggiornamento”, dans le contexte
de l’histoire bimillénaire de l’Église. Je ne l’ai jamais oublié. Tout ce
développement, tous ces changements doivent être considérés dans la
continuité et dans la liaison avec la grande Tradition que nous avons reçue.
Bien que j’aie toujours eu un goût prononcé pour l’histoire de l’Église, je
crois que mon intérêt pour les écrits des Pères de l’Église remonte
justement à cette expérience romaine.
L’Immaculée Conception et le Collège nord-américain
Ce qui caractérise à nos yeux l’origine du Collège nord-américain, c’est le
désir du Saint-Père comme des évêques américains, d’offrir un lieu de
formation aux futurs prêtres. Ceux-ci devaient retourner aux États-Unis avec
deux avantages particuliers: tout d’abord une excellente formation
théologique, grâce à la possibilité qu’ils auraient eue de fréquenter les
universités romaines, et ensuite, naturellement, une formation dans le
contexte de la présence du Pape Benoît XVI, à Rome. Chaque séminariste aurait ainsi
vécu une expérience personnelle faite d’affection et d’estime pour Pierre.
La fondation du Collège se rattache à la proclamation du dogme de
l’Immaculée Conception. Il a semblé vraiment juste de le placer sous la
protection de la Vierge qui porte le titre d’Immaculée Conception. Celle-ci
continue à jouer son rôle particulier de patronne du Collège nord-américain,
de patronne de l’Église aux États-Unis et de patronne de notre Sanctuaire
national à Washington. Ce lien est très fort et il relie toute l’histoire du
Collège à ses origines.
Cela dit, le but du Collège est de fournir des prêtres bien formés qui
puissent revenir dans leur pays pour servir Jésus-Christ et Son Église.
Lorsqu’un étudiant quitte le Collège à la fin de ses études, dans le
registre qui atteste son séjour est inscrite la formule suivante: Reversus
in patriam ad predicandum Evangelium. L’enregistrement du nom d’un étudiant
s’achève de la sorte pour faire comprendre qu’il a été ordonné prêtre, et
qu’il est ensuite retourné dans son pays pour prêcher l’Évangile. C’est le
but du Collège depuis son origine et cela continue à l’être pour les
étudiants d’aujourd’hui. Cette année, au cours de laquelle nous célébrons le
cent cinquantième anniversaire des apparitions de Lourdes, nous aide à nous
souvenir que tout ceci se déroule sous le regard attentif et bienveillant de
Marie.
1899. Le pape Léon XIII condamne l’“américanisme”
À l’époque, nous vivions en Amérique quelque chose qui avait probablement
été déjà expérimenté ailleurs dans le monde. Il y avait toujours eu, au
cours des siècles, des tensions entre les membres des Églises locales et le
Saint-Siège. Je crois que le Pape a pris la décision [de promulguer la
lettre sur l’“américanisme” Testem benevolentiae, ndr] pour s’assurer de
l’existence d’un lien intellectuel et affectif entre les prêtres, et par
conséquent leur troupeau, et Rome. En effet, la décision de fonder le
Collège était justement née, en partie, de l’idée que l’on peut éviter les
conflits si notre peuple et nos prêtres ont un lien personnel et affectif
avec le Saint-Siège et avec la personne du Pape. Cela nous ramène à la
raison pour laquelle nous sommes si heureux de la visite de Benoît XVI. Son
message, rendu concret par sa présence parmi nous, est le suivant: Pierre
est avec vous, et vous êtes unis à Jésus-Christ à travers Pierre. Telle est
la raison pour laquelle nous avons fondé le Collège, il y a de si nombreuses
années; il s’agissait d’éviter toute possibilité de fragmentation au sein de
l’Église.
Les dons du Pape
Les fruits de la visite du Pape se manifesteront dans de nombreux domaines.
Tout d’abord, les États-Unis sont le théâtre d’un profond renouveau
catéchétique qui se préparait depuis un certain temps déjà. Les évêques des
États-Unis ont vraiment travaillé activement ces dix dernières années pour
préparer et fournir un matériel catéchétique et éducatif qui aide à mieux
informer les fidèles, et spécialement les jeunes. Nous voyons actuellement
refleurir la foi dans l’Église américaine, et cet engagement catéchétique
renouvelé montre, de façon évidente, que le besoin de se sentir membre,
partie de l’Église existe et ne cesse de croître chez de nombreux jeunes
catholiques.
Ensuite, on constate chez les jeunes jeunes américains un intérêt nouveau et
croissant pour la foi. J’ai eu récemment l’occasion de participer à une
initiative appelée “Théologie à la pression”, dans laquelle des jeunes sont
invités dans un bistrot. Ce jour-là, il y avait environ 350 jeunes de l’âge
du college. Nous avons parlé de la foi et de ce qu’elle signifie pour eux.
La visite du Saint-Père renforce ce mouvement qui voit l’Église ouvrir ses
bras aux jeunes de chez nous.
Enfin, le troisième domaine dans lequel se manifesteront les fruits de la
visite de Benoît XVI sera sûrement celui de l’affermissement de nos prêtres dans
l’unité avec lui et avec la Tradition apostolique. Nos prêtres travaillent
vraiment dur! Et comme il y a moins de prêtres qu’avant, ils travaillent
encore plus! Mais on prévoit aujourd’hui un nombre croissant de jeunes
vocations: dans cet archidiocèse, il y a soixante-dix jeunes en formation en
vue du sacerdoce. Le Saint-Père est une source d’inspiration et un guide
pour chacun d’entre eux, et sa visite les encouragera beaucoup.
Voici donc les trois fruits que nous verrons: le renouvellement de notre
engagement dans l’élan catéchétique, le réveil de la foi parmi nos jeunes,
la confirmation de nos prêtres dans leur ministère.
Est-il plus facile d’être séminariste aujourd’hui ou au temps de ma
jeunesse?
Lorsque j’étais au séminaire, notre programme de formation était beaucoup
plus réglé. Nous étions soumis à un régime et à des horaires sévères. Mais
je remercie Dieu d’avoir reçu ce type d’enseignement qui, fortement
structuré, nous a assuré une formation solide et nous a légué le grand
héritage de Tradition. Aujourd’hui, dans notre culture, les choses ont
tellement changé que la formation que l’on donne est très différente, même
si elle reste très exigeante. C’est celle qu’il faut pour le monde
d’aujourd’hui. Je pense que nous ne serions pas capables de répondre à
toutes les questions qui se posent à nous si nous ne disposions pas de
programmes de formation hautement développés. Quoiqu’il en soit, je pense
avec beaucoup de nostalgie et d’amour au Collège nord-américain et
j’apprécie la manière dont nous avons été formés dans ces années-là.
Je ne remettrais pourtant pas les pendules à cette heure-là. La formation
actuelle est bien faite, et j’encourage les jeunes à venir faire aujourd’hui
l’expérience de l’appel à la vocation. Je voudrais inviter tous les jeunes à
venir essayer de répondre à l’appel de Dieu, comme je l’ai fait il y a si
longtemps. J’ai eu la joie de répondre à l’appel de Jésus-Christ et de faire
l’expérience de la formation sacerdotale, couronnée par mon ordination.
J’invite ceux qui sont à la recherche de leur vocation de mener cette
recherche dans le contexte actuel de la formation sacerdotale: vous pouvez
vivre au Collège nord-américain, y discerner votre vocation et être formés
au sacerdoce sous la belle protection de l’Immaculée Conception.
(Conversation avec Giovanni Cubeddu revue par l’auteur)
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Sources : 30 Jours
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.05.2008 -
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