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19 Avril 2005
 

Benoît XVI : L'unique vrai prêtre du monde

Le 13 mars  2023 - (E.S.M.) - Nous ne glorifions pas Dieu en lui apportant soi-disant du nôtre - comme si tout ne lui appartenait pas déjà - mais en acceptant ses dons et en le reconnaissant ainsi comme l'unique Seigneur. Nous l'adorons lorsque nous renonçons à la fiction d'un domaine où nous pourrions nous comporter comme des partenaires indépendants en face de Lui, alors qu'en fait nous ne pouvons exister qu'en Lui et par Lui. Le sacrifice chrétien ne consiste pas à donner à Dieu une chose qu'il ne posséderait pas sans nous, mais à nous rendre totalement réceptifs et à nous laisser saisir totalement par Lui. Laisser Dieu agir en nous, voilà le sacrifice chrétien.

Benoît XVI - Pour agrandir l'image ► Cliquer   

 THEOLOGIE
   
II. «A souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, a été enseveli»
   
a) Justice et Grâce

    Quelle place occupe exactement la croix dans la foi en Jésus reconnu comme Christ ? Tel est le problème auquel nous confronte encore une fois cet article du Credo. Les réflexions précédentes nous ont pratiquement fourni tous les éléments pour une réponse ; il nous faut maintenant essayer de les synthétiser. La conscience chrétienne a été sur ce point très largement marquée, comme nous l'avons déjà constaté, par une présentation extrêmement rudimentaire de la théologie de la satisfaction d'Anselme de Cantorbéry, dont nous avons exposé les grandes lignes dans un autre contexte. Pour un très grand nombre de chrétiens, et surtout pour ceux qui ne connaissent la foi que d'assez loin, la croix se situerait à l'intérieur d'un mécanisme de droit lésé et rétabli. Ce serait la manière dont la justice de Dieu infiniment offensée aurait été à nouveau réconciliée par une satisfaction infinie. Aussi la croix paraît-elle exprimer une attitude de Dieu exigeant une équivalence rigoureuse entre le « Doit » et l' « Avoir »; et en même temps on garde le sentiment que cette équivalence et cette compensation reposent malgré tout sur une fiction. On donne d'abord en secret de la main gauche ce que l'on reprend solennellement de la main droite. La « satisfaction infinie » que Dieu semble exiger prend ainsi un aspect doublement inquiétant. Certains textes de dévotion semblent suggérer que la foi chrétienne en la croix se représente un Dieu dont la justice inexorable a réclamé un sacrifice humain, le sacrifice de son propre Fils. Et l'on se détourne avec horreur d'une justice dont la sombre colère enlève toute crédibilité au message de l'amour.

    Autant cette image est répandue, autant elle est fausse. La Bible ne présente pas la Croix comme partie d'un mécanisme de droit lésé ; la croix y apparaît tout au contraire comme l'expression d'un amour radical qui se donne entièrement ; c'est un événement dans lequel quelqu'un est ce qu'il fait, et fait ce qu'il est ; c'est l'expression d'une vie tout entière pour les autres. Pour celui qui y regarde de plus près, la théologie scripturaire de la croix traduit une véritable révolution par rapport aux idées d'expiation et de rédemption dans l'histoire des religions en dehors du christianisme; il faut cependant reconnaître que dans la conscience chrétienne postérieure, cette révolution a de nouveau été largement neutralisée et a rarement été reconnue dans toute son ampleur. Dans les grandes religions, l'expiation signifie habituellement le rétablissement des rapports avec Dieu, qui ont été troublés, au moyen d'actions expiatoires de la part des hommes. Presque toutes les religions gravitent autour du problème de l'expiation ; elles surgissent de la conscience que l'homme a de sa culpabilité devant Dieu ; elles constituent une tentative pour mettre fin à ce sentiment de culpabilité, pour surmonter la faute par des œuvres d'expiation que l'on offre à Dieu. L'œuvre d'expiation par laquelle les hommes essayent d'apaiser la divinité et de la rendre favorable est au cœur de l'histoire des religions.

    Dans le Nouveau Testament, les choses se présentent de façon plutôt inverse. Ce n'est pas l'homme qui s'approche de Dieu pour lui apporter une offrande compensatrice, c'est Dieu qui vient à l'homme pour lui donner. Par l'initiative de la puissance de son amour, Dieu rétablit le droit lésé, en justifiant l'homme injuste par sa miséricorde créatrice, en revivifiant celui qui était mort. Sa justice est grâce ; elle est justice active, qui «réajuste» l'homme courbé, qui le redresse, le rend droit. Telle est la révolution que le christianisme a apportée dans l'histoire des religions. Le Nouveau Testament ne dit pas que les hommes se réconcilient Dieu, comme nous devrions en fait nous y attendre, puisque ce sont eux qui ont commis la faute et non pas Dieu. Le Nouveau Testament affirme au contraire que c'est « Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde » (5 Co 2, 19). C'est là quelque chose de vraiment inouï et nouveau, le point de départ de l'existence chrétienne et le centre de la théologie néotestamentaire de la croix : Dieu n'attend pas que les coupables viennent d'eux-mêmes pour se réconcilier avec Lui, il va au-devant d'eux et les réconcilie. En cela se manifeste la vraie direction du mouvement de l'incarnation, de la croix.

    Ainsi, dans le Nouveau Testament, la croix apparaît avant tout comme un mouvement de haut en bas. Elle n'est pas l'œuvre de réconciliation que l'humanité offre au Dieu courroucé, mais
l'expression de l'amour insensé de Dieu qui se livre, qui s'abaisse pour sauver l'homme ; elle est sa venue auprès de nous, et non l'inverse. A partir de cette révolution dans l'idée d'expiation, et donc dans l'axe même de la réalité religieuse, le culte chrétien et toute l'existence chrétienne reçoivent eux aussi une nouvelle orientation. L'adoration dans le christianisme consiste d'abord dans l'accueil reconnaissant de l'action salvifique de Dieu. C'est pourquoi l'expression essentielle du culte chrétien s'appelle à bon droit Eucharistie, action de grâces. Dans ce culte, ce ne sont pas des actions humaines qui sont offertes à Dieu ; il consiste plutôt en ce que l'homme se laisse combler. Nous ne glorifions pas Dieu en lui apportant soi-disant du nôtre - comme si tout ne lui appartenait pas déjà - mais en acceptant ses dons et en le reconnaissant ainsi comme l'unique Seigneur. Nous l'adorons lorsque nous renonçons à la fiction d'un domaine où nous pourrions nous comporter comme des partenaires indépendants en face de Lui, alors qu'en fait nous ne pouvons exister qu'en Lui et par Lui. Le sacrifice chrétien ne consiste pas à donner à Dieu une chose qu'il ne posséderait pas sans nous, mais à nous rendre totalement réceptifs et à nous laisser saisir totalement par Lui. Laisser Dieu agir en nous, voilà le sacrifice chrétien.

b) La croix : adoration et sacrifice

    II est vrai que tout n'est pas encore dit par là. En lisant le Nouveau Testament du commencement à la fin, on est tout de même obligé de se demander si malgré tout il ne décrit pas l'œuvre d'expiation de Jésus comme un sacrifice offert au Père, si la croix n'est pas présentée comme le sacrifice offert par le Christ à son Père dans l'obéissance. Dans toute une série de textes, la croix apparaît bien comme le mouvement ascendant de l'humanité vers Dieu, de sorte que nous voyons resurgir tout ce que nous venons d'écarter. En effet, avec la seule ligne descendante, on ne saurait comprendre toutes les donnée du Nouveau Testament. Mais alors comment concevoir la relation entre les deux lignes ? Faudra-t-il en éliminer une en faveur de l'autre ? Et si nous voulions le faire, quel critère aurions-nous pour justifier notre choix ? Il est évident que nous ne saurions procéder ainsi : ce serait prendre arbitrairement notre propre opinion comme critère de la foi.

    Pour progresser, il nous faut élargir la question et essayer de découvrir le point de départ de l'interprétation néotestamentaire de la croix. Il faut tout d'abord se dire qu'au départ la croix de Jésus est apparue aux disciples comme la fin, l'échec de son entreprise. Ils avaient cru avoir trouvé en lui le roi dont personne ne pourrait jamais triompher et voilà qu'ils étaient devenus, contre leur attente, les compagnons d'un homme exécuté. Certes, la résurrection leur donna l'assurance que Jésus était tout de même roi, mais
il leur fallut beaucoup de temps pour comprendre à quoi servait la croix. La clé de la réponse leur fut fournie par l'Écriture, c'est-à-dire par l'Ancien Testament auquel ils empruntèrent les images et les concepts pour essayer d'expliquer l'événement. Ils recoururent donc aussi aux textes et aux prescriptions liturgiques de l'Ancien Testament, convaincus que tout ce qui était dit là trouvait son accomplissement en Jésus, et même que c'était à partir de Jésus seulement que l'on pouvait réellement comprendre ce dont il s'agissait en réalité dans ces textes. C'est ainsi que nous trouvons entre autres dans le Nouveau Testament une explication de la croix à partir des idées de la théologie cultuelle de l'Ancien Testament. 

    La réalisation la plus systématique de cette tentative se rencontre dans l'épître aux Hébreux, où la mort de Jésus en croix est mise en relation avec le rite et la théologie de la fête juive de la réconciliation, et où elle est présentée comme la véritable fête cosmique de la réconciliation. On pourrait résumer la pensée de l'Épître de la manière suivante : tout l'appareil sacrificiel de l'humanité, tous les efforts dont le monde est rempli, pour se réconcilier Dieu par le culte et les rites, étaient condamnés à rester œuvre humaine inefficace et vaine, car ce que Dieu veut, ce ne sont ni boucs, ni taureaux, ni aucune autre offrande rituelle. On peut sacrifier à Dieu des hécatombes d'animaux sur toute la surface du globe ; Dieu n'en a que faire, car tout cela lui appartient de toute façon, et l'on n'apporte rien au Maître de l'univers en brûlant cela à sa gloire. « Je ne prendrai pas de ta maison un taureau, ni de tes bergeries des brebis. Car tout fauve des forêts est à moi, les animaux sur mes montagnes par milliers ; je connais tous les oiseaux des cieux, toute bête des champs est pour moi. Si j'ai faim, je n'irai pas te le dire, car le monde est à moi et son contenu. Vais-je manger la chair des taureaux, le sang des boucs, vais-je le boire ? Offre à Dieu un sacrifice d'actions de grâces... » (Ps 50 [49], 9-14). L'auteur de la lettre aux Hébreux se place dans la ligne spirituelle de ce texte et d'autres semblables. Il souligne de façon encore plus radicale l'inefficacité de ces tentatives rituelles. Ce ne sont pas des taureaux et des boucs qui intéressent Dieu, mais l'homme ; la seule adoration véritable, ce ne peut être que le « oui » inconditionnel de l'homme. Tout appartient à Dieu, mais il a concédé à l'homme la liberté de dire « oui » ou « non », d'aimer ou de refuser ; l'adhésion libre de l'amour, telle est la seule chose que Dieu doive attendre ; voilà l'adoration et le « sacrifice » qui seuls peuvent avoir un sens. Or, ce « oui » donné à Dieu et par lequel l'homme se restitue lui-même à Dieu, ne peut être remplacé par le sang des boucs et des taureaux. L'Évangile ne dit-il pas : « Et que peut donner l'homme en échange de sa propre vie ? » (Mc 8, 37). Il n'y a qu'une réponse : rien ne saurait être donné en compensation de l'homme lui-même.

    Or comme tout le culte pré-chrétien repose sur l'idée de substitution, de représentation, cherchant à remplacer ce qui est irremplaçable, il devenait nécessairement vain et inefficace. La lettre aux Hébreux peut se risquer, à la lumière de la foi au Christ, à établir ce bilan totalement négatif de l'histoire des religions ; et de le proclamer dans un monde plein de sacrifices devait apparaître comme une impiété monstrueuse. L'Épître peut se permettre de publier sans ménagements l'échec total des religions, parce qu'elle sait que dans le Christ l'idée de substitution, de représentation a reçu un sens nouveau. Lui qui, par sa situation religieuse juridique était un simple laïc et n'avait pas de fonction dans le service cultuel d'Israël, était en fait - ainsi le dit le texte - l'unique vrai prêtre du monde. Sa mort qui, sous l'angle historique, constitue un événement purement profane - l'exécution d'un homme, condamné comme criminel politique - cette mort était en réalité l'unique liturgie de l'histoire du monde, la liturgie cosmique ; ce n'est pas dans le cadre circonscrit du jeu liturgique, dans le Temple, mais publiquement, à la face du monde, que Jésus, passant par le voile de la mort, est entré dans le vrai temple, devant la face de Dieu lui-même, pour lui offrir non des choses, du sang d'animaux ou autres offrandes du même genre, mais sa propre personne (He 9, 13 ss).

    Notons cette inversion fondamentale, qui appartient au thème central de l'épître : ce qui aux yeux des hommes était un pur événement profane, est en fait le véritable culte de l'humanité, car celui qui l'a offert, a brisé le cadre du jeu liturgique et en a fait une réalité : il s'est offert lui-même. Il a enlevé aux hommes leurs offrandes pour y substituer sa propre personne offerte en sacrifice, son propre Moi. Si le texte affirme malgré tout que Jésus a accompli la réconciliation par son sang (9, 12), celui-ci n'est pas à comprendre comme un don matériel, comme un moyen d'expiation mesuré quantitativement; il n'est que l'expression concrète
d'un amour dont il est dit qu'il va jusqu'au bout (Jn 13, 1), l'expression de la radicalité de sa donation et de son service ; il traduit le fait que le Christ n'a apporté ni plus ni moins que lui-même. Le geste d'un amour qui donne tout, voilà ce qui seul constitue, d'après la lettre aux Hébreux, la véritable réconciliation du monde. C'est pourquoi l' heure » de la croix est le jour de la réconciliation cosmique, la vraie et définitive réconciliation. Il n'y a plus d'autre culte, il n'y a plus d'autre prêtre que celui qui offre ce culte : Jésus-Christ.


  

 

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Sources :Texte original des écrits du Saint Père Benoit XVI -  E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 13.03.2023

 

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