Benoît XVI a mis en garde contre la menace de
la "sécularisation", même au sein de l’Église |
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Rome, le 13 mars 2008 -
(E.S.M.) - Le disciple doit marcher en regardant vers le
Seigneur, pour ne pas se replier vers le bas, prisonnier de ses propres
instincts, comme ceux qui se refusent de lever la tête pour
s’émerveiller du bleu du ciel, pour respirer le parfum de la Pâque.
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Le
"sommeil" des disciples -
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Benoît XVI a mis en garde récemment contre la menace de la « sécularisation
», même au sein de l’Église
Le "sommeil" des disciples
Parmi les épisodes que nous méditerons, durant les jours de la Passion du
Seigneur, il y a celui du sommeil des trois Apôtres, Pierre, Jacques et
Jean, au Jardin des Oliviers, alors que Jésus souffre une agonie des plus
terribles. Le Seigneur leur avait demandé de «
veiller », de lui faire compagnie, mais en vain. Ils étaient
tombés dans un profond sommeil, comme cela arrive quand les instincts de la
« chair » ont le dessus sur les désirs de « l’esprit ». Jésus ne leur fait
pas de reproches, quand il les rappelle à la réalité ; en réveillant Pierre,
il fait seulement une constatation concernant ce sommeil : « Simon, tu
dors ? Tu n’as pu veiller une heure seulement ? Veillez et priez pour ne pas
entrer en tentation ; l’esprit est prompt mais la chair est faible »
(Marc 14, 37b-38).
« Veillez » ! Il ne suffit pas de prier, il faut veiller sur
soi-même, sur ses propres pensées, sur ses propres émotions, sur ses propres
humeurs, sur ses propres désirs, parce que les hommes sont toujours prêts à
« descendre » du plan spirituel au plan purement matériel, en faisant «
glisser » le disciple du Christ dans des attitudes « terre à terre » qui ont
bien peu à voir avec « l’esprit », ou mieux encore, qui n’ont rien à
faire avec lui. On ne peut trop se fier à son propre coeur de chair,
parce que, comme le déclare la Sainte Écriture, « il est difficilement
guérissable » (Jérémie 17, 9). Il faut
maintenir, sans cesse, le difficile équilibre entre l’esprit et la manière,
entre l’âme et le corps, entre les exigences de l’une et de l’autre,
en donnant toujours la préséance à l’esprit,
parce que, comme le dit Jésus, « la chair est faible » et, si elle
n’est pas soumise à l’esprit, elle entraîne vers la terre !
Le disciple doit marcher en regardant vers le Seigneur, pour ne pas se
replier vers le bas, prisonnier de ses propres instincts, comme ceux qui se
refusent de lever la tête pour s’émerveiller du bleu du ciel, pour respirer
le parfum de la Pâque. Le chrétien doit faire un exode continu de soi-même
pour se conformer à Son Rédempteur, en L’imitant.
Dans l’un de ses admirables commentaires sur la Passion du Christ, le Pape
Saint Léon le Grand déclarait : « Le peuple chrétien est invité aux
richesses du Paradis. Pour tous les baptisés, s’ouvre le passage pour le
retour à la patrie perdue, à moins que quelqu’un ne veuille se barrer
lui-même cette voie, qui ouvre pourtant à la foi du Larron. Tâchons que les
activités de la vie présente ne créent pas en nous ou trop d’anxiété, ou
trop de présomption, au point d’annuler l’engagement de nous conformer à
notre Rédempteur, dans l’imitation de ses exemples. Il ne fit rien et il ne
souffrit rien en effet si ce n’est pour notre salut, pour que la vertu, qui
était dans le Chef, soit possédée aussi par le Corps… ».
Les Apôtres, comme nous, se précipitent « vers le bas » parce qu’ils ne sont
pas vigilants, qu’ils se laissent dominer par les instincts de « survie »,
face à ce qui, humainement parlant, était un malheur : La Passion ! Un
malheur, oui, mais relatif ; en effet, elle était le prélude à un triomphe
absolu, lui aussi annoncé d’avance par Jésus ; le
triomphe de la Résurrection ; « Le Fils de l’Homme va être
remis entre les mains des hommes, et ils mettront à mort ; mais, une fois
mort, il ressuscitera trois jours plus tard » (Marc 9,
31).
La raison de la crise de la foi qui traverse le monde chrétien, est celle de
toujours : le manque de vie intérieure, c’est à dire d’une vie spirituelle
dans laquelle le caractère matériel de l’existence humaine est soumis à la
nette supériorité de l’Esprit. Combien de fois le Seigneur l’avait
recommandé à ses disciples : « Mon Royaume n’est pas de ce monde »
(Jean 18, 36) ; « Vous n’êtes pas de ce monde »
(Jean 15, 19). Le Royaume de Dieu ne peut tirer sa
force de ce qui est terrestre, parce qu’il est éminemment spirituel. Que de
fois le Seigneur avait rappelé la supériorité de l’âme sur le corps, de
l’esprit sur le monde : « A quoi cela sert-il en effet à l’homme de
gagner le monde entier, s’il en vient à perdre sa propre âme ? »
(Marc 8, 36). ndlr : Dans son livre Jésus de Nazareth, Benoît
XVI consacre tout un chapitre sur le Royaume :
L'Évangile du Royaume de Dieu. (vous avez en
tête de ce texte les trois liens des pages précédentes)
Rester vigilants veut dire maintenir la priorité absolue de la relation de
l’âme avec Dieu, parce que « Dieu est Esprit »
(Jean 4, 24), il n’est pas matière ! « Dieu s’est fait homme
comme nous, pour nous faire devenir comme Lui », si nous le voulons, si nous
accueillons ses Commandements : « Je vous ai dit cela pour que ma joie
soit en vous, et que votre joie soit complète » (Jean
15, 11). Jésus parle d’une joie spirituelle, qui pénètre l’âme et
la remplit de sens, une joie que les sens de la chair, appesantis par le
péché, ne sont pas capables de comprendre ni même de percevoir ; voilà
pourquoi il faut les renier, en les soumettant à l’Esprit.
Notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI a mis en garde récemment contre la
menace de la « sécularisation », même au sein
de l’Église : « Cette sécularisation n’est pas seulement une menace
extérieure pour les croyants, mais elle se manifeste déjà depuis longtemps
au sein de l’Église elle-même. Elle dénature de l’intérieur et en profondeur
la foi chrétienne, et, en conséquence, le style de vie et le comportement
quotidien des croyants. Ils vivent dans le monde et sont souvent marqués,
voire même conditionnés par la culture de l’image qui impose des modèles et
des impulsions contradictoires, dans la négation pratique de Dieu : Il n’y a
plus besoin de Dieu, de penser à Lui, et de retourner à Lui. En outre, la
mentalité hédoniste et la mentalité de consommation prédominante, favorise,
chez les fidèles mais aussi chez les pasteurs, une dérive vers une
superficialité et un égocentrisme qui nuit à la vie ecclésiale » (Benoît
XVI, Discours à la Plénière du Conseil Pontifical pour la culture, 8 mars
2008).
On s’endort, au lieu de faire compagnie à Jésus, quand on se laisse
conditionner par le monde, en mettant en lui le bonheur, au dépens de
l’esprit, comme le dit Saint Paul : « Le désir de la chair, c’est la
mort, tandis que le désir de l’esprit, c’est la vie et la paix… Ceux qui
sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. Vous, vous n’êtes pas dans la
chair mais dans l’esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous »
(Romains 8, 6-9, pss.). La Passion de Notre
Seigneur serait vaine si nous ne nous décidions pas de vivre « selon
l’Esprit ». Puisse la Mère de Dieu avoir la joie, lors de la Pâque qui est
proche, d’accompagner vers le Seigneur de nombreux disciples qui se sont
convertis à Lui !
par Mgr Luciano Alimandi
Sources : www.vatican.va
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.03.2008 -
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