Georg Ratzinger, frère du pape
Benoît XVI : ma maison est
là où est mon frère |
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Le 13 février 2011
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(E.S.M.)
- La musique sacrée est aujourd'hui encore l'occasion d'aborder le monde de la musique de manière absolue.
Propos de Mgr Georg Ratzinger, frère du pape Benoît XVI, durant des
décennies directeur du Chœur du Dôme de Ratisbonne. Le 25 Octobre dernier,
il a reçu le Prix "Fondazione pro musica ed arte sacra", lié au
Festival international de musique et d'art sacrés dédié au pape Benoît XVI
dans la cinquième année de mon pontificat.
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Les trois enfants
Ratzinger
Georg Ratzinger, frère du pape
Benoît XVI : ma maison est
là où est mon frère
Une interview de Mgr Georg
Le 13 février 2011 - E.
S. M. -
Propos de Mgr Georg Ratzinger, frère du pape Benoît XVI, durant des
décennies directeur du Chœur du Dôme de Ratisbonne. Le 25 Octobre dernier,
il a reçu le Prix "Fondazione pro musica ed arte sacra", lié au
Festival international de musique et d'art sacrés dédié au pape Benoît XVI
dans la cinquième année de mon pontificat.
Georg Ratzinger vient souvent à Rome. "C'est toujours un moment très festif
et très solennel lorsque je descend de l'avion, dit-il. Et puis il y a
toujours un accueil joyeux de la part des Memores, des secrétaires, de Sœur
Christine, qui rendent l'accueil très beau. Ensuite, je vais rendre visite à
mon frère dans sa chambre. C'est notre première réunion, et c'est pour moi
comme de rentrer à la maison, quand nous nous racontons les dernières
nouvelles. La maison est la rencontre avec mon frère, où qu'il soit. Et je
sens que là, la famille du pape est également devenue ma famille. On parle
de Ratisbonne, des voisins, des gens qu'il connaît depuis longtemps, des
camarades de classe. Tous les matins, ma pensée pour lui est qu'il puisse
avoir la santé et la force, dont il a besoin pour accomplir sa mission."
Ces derniers jours, il a été opéré du genou (après une petite chute dans
l'escalier de sa maison, ndt), et à présent, il affronte avec sa bonne
humeur et sa discipline habituelles les soins de rééducation, se préparant à
retourner à Rome dès que possible pour rejoindre son frère.
Un lien profond, que celui entre les deux frères. Comme le raconte au
magazine américain Inside the Vatican, Mgr Georg Ratzinger lui-même,
lors d'une rencontre personnelle.
- Quel est le premier souvenir du "petit frère"?
- C'est difficile de répondre, et de se souvenir. De la naissance, je
me rappelle peu de choses, nous étions tout petits et même au baptême nous
n'étions pas présents parce qu'il a été baptisé tout de suite, et nous les
aînés n'étions pas là car il faisait très froid. Et puis dans notre vie
quotidienne est arrivé ce bébé si petit, et moi, franchement, je ne savais
pas vraiment quoi faire avec ce petit enfant.
Puis, quand nous avons un peu grandi, nous étions les deux garçons, et nous
avons beaucoup joué ensemble et fait plein de choses ensemble. Certes, au
début j'étais plus lié avec ma sœur parce que nous étions les deux aînés, à
la maison, mais au fil des ans j'ai construit un contact plus intense avec
le petit frère. Tous les deux, nous construisons la crèche ensemble, et puis
parmi les jeux les plus fréquents, il y avait les jeux spirituels, nous
disions "jouer au prêtre" et nous y jouions tous les deux, notre soeur n'y
participait pas. Nous célébrions la messe et nous avions des chasubles
faites pour nous par la couturière de maman. Et à tour de rôle, nous étions
le célébrant, ou l'enfant de chœur.
Ensuite, le séminaire, et la passion pour la liturgie, la musique, l'étude
...
Cela a été une évolution continue. Depuis l'enfance, nous avons vécu avec
l'amour pour la liturgie et cela s'est poursuivi au séminaire, mais la
musique en dehors de la liturgie ne s'est pas ajoutée. C'était un tout.
- Dans ces années, quand vous étiez enfants,
aviez-vous des inquiétudes, ou des craintes, ou des espoirs pour le frère
cadet qui suivait son propre chemin?
- Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Je me suis toujours
intéressé à ce qu'il faisait, à ses projets, mais sereinement.
- Et après la première messe?
- Pendant trois ans, nous avons été séparés, parce qu'en 1947, Joseph
s'est rendu à Munich et en 1950 nous nous sommes retrouvés à Freising. Après
son ordination, de Novembre 1951 à Octobre 1952, nous étions dans des
paroisses voisines, séparées seulement par un parc, à Munich. J'étais à
l'église de Saint-Joseph et lui à celle du Très Précieux Sang.
C'est vrai que, surtout, Joseph a accepté de devenir professeur à Bonn pour
être utile à la famille. En 1955, nos parents ont déménagé à Freising, et en
1956, notre sœur les a rejoints , et moi, quand j'étais libre, je rejoignais
toujours la famille à Freising. Le petit frère était une référence pour
tous, il n'était pas un problème.
- Et quand il est devenu évêque et cardinal?
- D'abord, nous étions séparés, quand Joseph était à Bonn, Münster et
Tübingen. Puis à la fin nous nous sommes retrouvés à Ratisbonne, moi, pour
diriger les Domspatzen et mon frère à l'Université. C'était une période très
belle et intense, nous les trois frères et sœur, nous étions réunis. Bien
sûr, avec la nomination et le transfert à Munich - mais la distance n'était
pas tellement grande - c'est plutôt le manque de temps qui nous a éloignés,
parce que Joseph était très occupé comme évêque et cardinal.
- Et le transfert à Rome?
- En effet, cela a été un peu une perte quand ils ont déménagé à
Rome, parce que je savais que c'était une grande responsabilité pour mon
frère et je savais que nous aurions peu de contacts.
Trois fois par an j'allais à Rome, en particulier l'été, et à Noël, mon
frère et ma sœur venaient chez moi, dans sa maison de Pentling, et il y
tenait beaucoup, c'était leur maison. Mais surtout, il y avait des
rendez-vous fixes, comme l'Ascension, quand mon frère venait en retraite
spirituelle, et puis il restait quelques jours à Pentling. En août, nous
allions en vacances ensemble, à Bad Hofgastein, à Bressanone, à Linz.
- Pendant la période où vous étiez loin, y a-t-il un
épisode particulier que Joseph racontait?
- Le moment le plus beau était toujours l'arrivée du cardinal, qui
était de retour dans son pays. Il atterrissait à Munich, Herr Künel allait
le chercher, et quand je dirigeais encore le chœur, il y avait un repas de
fête. Il marquait le début du séjour et c'était très beau. Et puis après,
quand j'ai pris ma retraite, ce dîner s'est déroulé dans ma maison,
Lutzengasse, où je vis encore. C'était un véritable rite de l'accueil, même
si le chœur ne se produisait plus. Et on mangeait toujours des choses qu'il
aime particulièrement.
- Et maintenant, comment le Pape vous accueille-t-il à
Rome? Y a-t-il un rite?
- C'est toujours un moment très festif et très solennel lorsque je
descend de l'avion. À l'aéroport, on vient me chercher en voiture au pied de
la passerelle, avec les voitures de police. Tout le monde est très gentil,
et je peux monter en voiture et me rendre directement ici. Et alors je pense
à tous ceux qui doivent prendre les transports en commun, et les problèmes
avec les bagages, mais moi, j'arrive solennellement (ndt: j'adore l'humour
et la gentillesse de Mgr Georg!) ...
Et puis il y a toujours l'accueil joyeux de la part des Memores, des
secrétaires, de Sœur Christine, qui rendent l'accueil très beau. Ensuite, je
vais rendre visite à mon frère dans sa chambre. C'est notre première
réunion, et c'est pour moi comme rentrer à la maison, quand nous nous
racontons les dernières nouvelles.
La maison, c'est la rencontre avec mon frère, où qu'il soit. Et je sens que
là, la famille du pape est également devenue ma famille.
- Quelque chose du passé?
- Maria complétait le trio. Depuis qu'elle n'est plus là, il n'y a
plus ce trio. Naturellement, sa présence rappelait aussi la présence de nos
parents. Même s'ils étaient absents, elle était la personne qui nous faisait
penser à eux.
- Et quand vous avez su que votre frère était devenu
pape?
- Pendant le conclave, je n'ai jamais pensé que mon frère pourrait
devenir pape. D'autres personnes me l'ont demandé, mais j'ai toujours été
convaincu que ce n'était pas possible parce qu'il était trop vieux, à
présent. Je me rappelais que le pape Jean XXIII avait un an de moins, mais
le collège des cardinaux était réduit, alors, le pape Pie XII n'avait pas
créé de nouveaux cardinaux, et il y avait un choix limité. Mais en 2005, ce
n'était plus le cas, c'est pourquoi je ne m'y attendais vraiment pas.
Puis, quand la nouvelle est arrivée, la toute première réaction a été la
tristesse, parce que je savais que le Pape serait transporté hors de sa vie
privée et personnelle. Mais je ne savais pas que je pourrais maintenir une
relation très étroite avec le Pape et le rencontrer comme je le fais
maintenant, avec tous les privilèges que j'ai pour arriver et repartir. J'ai
encore toutes les facilités pour rencontrer le Pape comme frère.
- Parlez-vous de la Bavière, a-t-il la nostalgie de la
patrie?
- Il n'y a pas une réelle nostalgie. On grandit et on mûrit. Bien
sûr, il s'intéresse à Ratisbonne, aux voisins, aux gens qu'il connaissait
avant, aux camarades d'études, et ainsi de suite. Il s'y intéresse beaucoup.
- Il y a une curiosité que nous sommes nombreux à
partager, le Pape a-t-il toujours des chats?
- Oui, nous aimons beaucoup les chats, quand nous avons déménagé à la
Hufschlag (ndt: avec ses parents) nous avions nos chats, et d'autres
venaient dans le jardin. Nous aimons les chats, mais maintenant il n'y a que
ceux de Pentling.
- Quelle est votre pensée la plus fréquente, pour
votre frère?
- Tous les matins, ma pensée pour lui est qu'il puisse avoir la santé
et la force, dont il a besoin pour accomplir sa mission.
- Parlons à nouveau de musique: Jouez-vous ensemble, à
présent?
- Pas ensemble, parce que je ne peux plus lire la musique, je peux
seulement jouer de mémoire.
- Et à quatre mains?
- Nous l'avons fait quand nous étions jeune, mais pas beaucoup.
- Et le Pape, quel pianiste est-il?
- Il a certainement un grand talent, qu'il n'a pas beaucoup
développé, parce qu'il a consacré plus de temps aux livres; quand j'étais
là, c'est moi qui jouais, et il était embarrassé, et il ne jouait pas.
À la fin, avec Mgr Ratzinger, on parle toujours de musique, et aussi
d'enseignement de la musique, et comment la musique sacrée aujourd'hui a
encore une valeur non seulement artistique mais aussi éducative.
Avec Mgr Ratzinger, on parle toujours de musique, et aussi d'enseignement de
la musique, et comment la musique sacrée a encore aujourd'hui non seulement
une valeur artistique mais aussi éducative.
"Certes, il est encore très important de parler de « musique sacrée
»
aujourd'hui. Et du reste, c'est aussi une occasion pour ceux qui vivent dans
les zones rurales d'avoir leur premier contact avec la musique en tant que
telle. Souvent, les premières connaissances musicales viennent à travers la
musique sacrée". Le frère du pape explique en effet qu'"il est important
pour ceux qui s'occupent de musique sacrée, de faire découvrir le sens même
de la musique. Et la musique sacrée rend la liturgie plus communicative et
aussi plus joyeuse, et d'autant plus belle et a donc une énorme valeur".
Et puis, un exemple concret: "Je me souviens d'une très grand basse, Walter
Berry, dont la belle voix a été découverte parce qu'il chantait dans la
chorale de son église, et ainsi il a commencé sa carrière"
En dépit de ses presque 87 ans et de ses yeux fatigués, Georg Ratzinger
garde l'enthousiasme intact d'un jeune homme, quand il s'agit de musique, et
quand je lui demande si le pape son frère joue bien, il répond "Certes, il a
beaucoup de talent!"
Et il se désole de ne plus pouvoir jouer avec lui
►
Le frère de Benoît XVI honoré
Sources : Benoit-et-moi.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 13.02.2011 - T/Benoît XVI
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