Homme libre ou consommateur ? |
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Le 12 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le combat pour le maintien du dimanche comme jour du repos n'est pas
fini. Le projet du gouvernement démontre la révolution anthropologique
qui s'est opérée, transformant l'homme en un simple « individu
consommateur », qui rendrait son culte à la modernité et à la grande
consommation. Il nous faut résister à ces nouvelles idoles comme les
premiers chrétiens et profiter de cette grâce qui nous est faite de
témoigner notre foi.
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L'individu-caddie
- "L'hypermarché
ou la fête obligatoire"
Homme libre ou consommateur ?
"La modernité a entraîné une révolution anthropologique."
Philippe Maxence
Le 12 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Depuis plusieurs mois, des syndicats dénoncent le projet de
loi visant à libéraliser le travail le dimanche. Ici même, nous sommes
revenus à plusieurs reprises sur ce sujet, notamment en donnant la
parole au père Viot qui, dès l'élection de Nicolas Sarkozy, a attiré
notre attention sur cette menace. C'est désormais des députés - une
soixantaine
(à l'heure où nous écrivons) -
qui ont décidé de monter au créneau pour défendre, non pas une faveur,
un bénéfice, un avantage, mais un facteur essentiel de notre
civilisation. À l'initiative de Marc Le Fur, député des Côtes d'Armor et
vice-président de l'Assemblée nationale, ces parlementaires dénoncent
cette terrible régression sociale et économique.
Ils posent d'ailleurs la question fondamentale à ce sujet : quelle
conception de l'homme véhicule cette volonté de libéraliser le travail
le dimanche ? « L'homme contemporain - demande la déclaration
parlementaire - est-il uniquement un "individu consommateur" ou
est-il encore l'animal social que définissait Aristote ? S'il
n'est que consommateur, ouvrons les magasins le dimanche et laissons le
satisfaire son instinct. Si l'homme se construit par les relations qu
'il tisse avec les autres, posons-nous la question de maintenir
chômé un jour dans la semaine durant lequel les relations que nous avons
les uns avec les autres peuvent être facilitées et gratuites. »
(Ndlr : nouveau rebondissement, l'examen du texte,
planifié, puis annulé, serait à nouveau replanifié pour le 16 décembre
2008 !)
Quelle liberté ?
L'autre nœud qui se cache derrière la question du travail du dimanche
concerne notre conception de la liberté. Aujourd'hui, la crise aidant,
le discours officiel déclare que chacun doit pouvoir disposer de la
liberté de choisir ou non de travailler. On affirme d'ailleurs que
seules certaines professions seront concernées. Seuls certains secteurs
devront mettre en place le dispositif du travail du dimanche. Au final,
ce sera donc à la liberté individuelle de trancher. C'est oublier
trop vite qu'un mécanisme une fois enclenché tend à produire toujours
davantage ses effets. De quelques professions, on passera ainsi à
toutes, dans un pays qui vénère l'égalité, comme facteur d'équilibre
social. C'est oublier également que le travail n'est jamais un acte
uniquement individuel. Il implique une relation avec d'autres. Il
nécessite des clients, des collaborateurs, des fournisseurs, etc. Tout
un ensemble de relations sociales ! La liberté individuelle de la
vendeuse, qui veut gagner plus pour vivre mieux - exemple utilisé par le
Président de la République - n'est pas un argument efficace. Car si
cette liberté individuelle est effectivement nécessaire pour aller
travailler, elle se répercute sur toute la société. S'il n'est qu'un «
individu consommateur » ! Ces deux termes résument à eux seuls le
résultat profond de la révolution anthropologique opérée par la
modernité. Ce qui arrive aujourd'hui - crise financière mondiale,
malaise social et individuel, éclatement de la société en autant
d'atomes, violence ethnique, etc. - n'est pas le fruit du hasard. Il ne
s'agit évidemment pas de dénoncer un vaste complot, avec un maître
chanteur tirant les ficelles de ramifications internationales.
Un lent processus
La réalité est à la fois plus simple et plus compliquée. Il s'agit d'un
lent processus qui, peu à peu, a transformé et subverti la conception
traditionnelle de l'homme pour le considérer au final comme un individu
enfermé dans la relation « production-consommation ». Cette mutation
anthropologique s'est imposée par le biais des idées, par celui des
révolutions, puis à travers le champ clos de l'économie, élevée au rang
de science suprême. De ce fait, l'homme contemporain est transformé bien
plus par des pratiques quotidiennes, anodines, nécessaires même, que par
de grands bouleversements. Nous sommes devenus ainsi des consommateurs,
poussant notre chariot, dans la grande cathédrale du monde contemporain
qu'est l'hypermarché. Désormais, nous devrons aller « communier » chaque
dimanche à ce grand bazar. On pourra être choqué de voir employer un tel
vocabulaire. Mais c'est qu'il s'agit bien d'une défiguration du sacré,
auquel l'homme moderne ne peut échapper malgré toutes ses tentatives. Ce
qui nous est proposé, consiste bien à adorer les nouvelles idoles :
l'argent, le marché, la consommation, l'aisance, le mouvement perpétuel,
etc. Nous sommes revenus au temps des premiers chrétiens. D'une certaine
manière, c'est une grâce immense qui nous est faite. À nous d'y répondre
concrètement ( 1 ). Et de chaque jour commencer notre journée en priant
selon l'antique formule : « Dieu venez à mon aide ; Seigneur
hâtez-vous de me secourir ».
(Pour
se mettre les idées claires, il est profitable de relire l'homélie
du pape Benoît XVI : Redécouvrir la «
joie du dimanche chrétien
» :
►
Benoît XVI)
1. Sur le travail du dimanche voir notamment :
www.afc-france.org -
www.travail-dimanche.com
►
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Épiscopat sur "Le dimanche au risque de la société actuelle"
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Sources : Philippe Maxence (HN)
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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12.12.2008 -
T/Jour du Seigneur
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