Interview de Mgr Pierre d'Ornellas,
sur l'instruction Dignitas personae |
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Le 12 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- J'invite les catholiques, dit Mgr d'Ornellas, à lire l'instruction,
seul ou en groupe. C'est un texte qui s'exprime de façon très sobre,
sans grandes démonstrations. Peut-être est-il intéressant aussi de lire
les textes mis en références dans les notes, ceux de Jean-Paul II et de
Benoît XVI. Ils peuvent expliquer bien des passages de l'instruction.
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Mgr
Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes -
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Interview de Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, sur l'instruction
« Dignitas personae ».
Mgr d'Ornellas : « Éclairer toute conscience qui s'interroge
»
Le 12 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Dans quel contexte la publication de ce texte intervient-elle ?
Ce texte intervient 20 ans après «
Donum Vitae », c'est-à-dire après 20 ans de progrès des sciences
biomédicales, de la découverte de nouvelles techniques et de nouveaux
espoirs thérapeutiques. Tout cela pose de façon plus aiguë les questions
éthiques. Il était donc important de faire une mise à jour pour éclairer
cette réflexion. Ce texte a été mis au point après 4 ans de
consultations, de documentation, de colloques scientifiques
pluridisciplinaires. Il a donc été écrit en contact étroit avec des
scientifiques.
A qui ce texte
s'adresse-t-il ?
«
Dignitas Personae » s'adresse aux
catholiques, aux chrétiens et à tout homme de bonne volonté. Sa mission
spécifique est d'éclairer toute conscience qui s'interroge, réfléchit et
veut avancer dans sa réflexion. C'est un éclairage pour tout le monde,
aussi bien pour ceux qui ont recours aux techniques biomédicales, qui
réfléchissent pour savoir s'ils vont demander ce recours et de quelle
manière, que pour ceux qui sont chargés de les mettre en œuvre. Ce texte
s'adresse aussi aux chercheurs. Car il n'y a pas de techniques
biomédicales sans recherche.
Ce texte
s'inscrit dans la suite de « Donum Vitae ». Concrètement,
qu'apporte-t-il de plus ?
Un point focal apparaît dès le titre : c'est la dignité de la personne
humaine. C'est le principe mis en lumière dans ce texte : le respect dû
à toute personne humaine dès sa conception, car elle est
indissociablement corps et esprit. Il y a cette expression tout à fait
remarquable de « corps embryonnaire ». L'embryon, dans sa première
phase, doit être respecté comme une personne humaine. Un 2ème point
focal, diffus dans tout le texte, c'est le dialogue avec les
scientifiques et les résultats de la science. Quelques expressions
montrent une écoute très attentive et très sérieuse des avancées
scientifiques.
Ce texte pointe
des interdictions et définit ce qui est permis dans le domaine de la
procréation. L'Église ne risque-t-elle pas d'apparaître éloignée de la
souffrance humaine ?
L'interdit existe dans toutes les lois civiles. Les lois civiles
n'apparaissent pourtant pas comme des interdits. On interdit
l'esclavage, la discrimination contre les homosexuels, l'eugénisme.
Toute loi civile interdit l'eugénisme et tout acte eugénique en France
est puni de façon très lourde. Quand l'Église interdit l'eugénisme et
toute pratique d'eugénisme, elle ne le fait pas à la manière d'une loi
civile. Car l'Église éclaire la conscience pour dire qu'une conscience
qui pratique un acte eugénique n'est plus une conscience digne de son
humanité mais une conscience aveuglée. L'eugénisme, c'est non seulement
altérer la dignité de l'autre mais c'est aussi altérer sa propre
dignité.
L'Église place trop haut l'idée de dignité humaine pour ne pas vouloir
protéger la dignité humaine de chacun et en particulier de ceux qui
agissent. Produire un acte d'eugénisme, tôt ou tard, remonte à la
conscience de celui qui a fait cet acte, de façon douloureuse et parfois
dangereuse. L'interdit, au contraire, manifeste un progrès de la
conscience humaine qui comprend qu'elle ne peut agir conformément à sa
dignité que dans une certaine voie et que l'autre voie n'est pas
conforme au respect de la dignité, de sa propre dignité à elle.
Dans l'instruction, il est très précisément, et à plusieurs reprises,
question de la souffrance. On sent une attention à cette souffrance.
Mais comment l'écouter, si ce n'est en demandant, comme le fait
l'instruction, de promouvoir la recherche ? Par exemple, l'instruction
encourage la recherche pour guérir l'infertilité. Et si elle
l'encourage, c'est précisément parce qu'elle entend la souffrance des
couples.
En France
comment ce texte peut-il éclairer le débat sur la révision des lois de
bioéthique ?
Il est très intéressant car il se situe dans la suite de «
Donum Vitae » et de nombreuses prises de paroles de Jean-Paul II et
de Benoît XVI. L'intégration de ce texte sur la dignité de la personne
dans notre réflexion sur la bioéthique est indispensable. C'est un
éclairage très précis, très nuancé, très rationnel, c'est-à-dire très
fondé, qui veut aider à la réflexion ; dans ce sens c'est une aide pour
la participation aux Etats Généraux. L'Église, par cette instruction,
donne des éclairages pour que nous soyons tous vigilants à tout ce qui
peut s'apparenter à un eugénisme diffus et silencieux qui imprègne les
consciences sans qu'on s'en rende compte et qui autorise des actes,
apparemment anodins et normaux, mais qui sont des atteintes à la dignité
humaine. Voilà une instruction qui peut permettre de répondre à la
grande inquiétude du Comité Consultatif National d'Éthique, déjà
formulée par le professeur Didier Sécard, quand il souligne « le nouvel
eugénisme ». Attention à cette mentalité eugénique semble dire ainsi
l'Instruction. Ce texte permet aussi à la conscience humaine de
s'affiner pour être vigilante et attentive au respect de la dignité
humaine face aux soins effectués à partir du patrimoine génétiques :
tout le monde a le droit d'être clairement informé, accompagné, libre
pour refuser ou accepter de tels soins, surtout s'ils sont
disproportionnés. Là aussi le texte est très nuancé.
A l'Assemblée
Plénière, vous avez invité les catholiques à se former et à s'informer
sur le sujet de la bioéthique en vue des Etats Généraux. Est-ce encore
plus d'actualité avec ce texte ?
Oui. Aujourd'hui, étant donné la complexité des techniques biomédicales,
les enjeux des thérapies qui se cachent dans ces techniques
biomédicales, les nouvelles maladies, il est important de prendre du
temps pour se former, pour lire, patiemment, posément, de manière à
essayer de mieux comprendre ce que l'Église dit et surtout pour essayer
de mieux comprendre personnellement ce que signifie le respect de la
dignité de la vie humaine, depuis la conception jusqu'à la mort
naturelle.
J'invite les catholiques à lire l'instruction, seul ou en groupe. C'est
un texte qui s'exprime de façon très sobre, sans grandes démonstrations.
Peut-être est-il intéressant aussi de lire les textes mis en références
dans les notes, ceux de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Ils peuvent
expliquer bien des passages de l'instruction.
Synthèse du document
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Au sujet de l’Instruction DIGNITAS PERSONAE
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Le
document : Dignitas Personae
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Conférence de presse de présentation
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Sources : eglise.catholique
-
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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12.12.2008 -
T/Église
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