Le regard de Jean-Paul II sur
l'évolution des moeurs |
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Le 12 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Les média ont habitué les différents groupes sociaux à n'entendre que
ce qui "caresse les oreilles". La situation ne fera qu'empirer,
précisait Jean-Paul II, si les théologiens, et surtout les moralistes,
au lieu de se faire les témoins de "l'enseignement solide", se font les
complices des média lesquels, bien entendu, donnent alors une large
diffusion à leurs doctrines nouvelles.
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Le pape
Jean-Paul II -
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Le regard de Jean-Paul II sur l'évolution des moeurs
Vittorio Messori avait demandé au pape Jean-Paul II si
l'Église n'était pas dépassée par l'évolution des moeurs.
Le 12 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Votre allusion à l'intransigeance
de Pierre et de Jean dans les Actes des Apôtres lorsqu'ils déclarent : «
Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et
entendu
(Ac. 4, 20) » nous rappelle que,
malgré le désir de dialogue exprimé par l'Église, les paroles du Pape ne
sont pas toujours bien accueillies et ne font pas l'unanimité. Si Von se fie
au miroir, peut-être déformant, du réseau médiatique international, on
constate qu 'il n 'est pas rare que vos prises de position soient nettement
(voire violemment) contestées,
alors que l'Église ne fait là que confirmer son enseignement, surtout dans
le domaine de la morale.
Vous abordez ici, répond le pape Jean-Paul II, le problème de
l'accueil réservé à l'enseignement de l'Église dans le monde d'aujourd'hui,
surtout dans le domaine de l'éthique et de la morale. Quelqu'un a écrit
qu'en matière de morale, et surtout d'éthique sexuelle, l'Église et le Pape
s'opposent à la tendance qui prévaut dans le monde contemporain,
c'est-à-dire à la libéralisation des mœurs. Et puisque le monde court dans
cette direction, on a l'impression que l'Église recule ou plutôt, que le
monde s'éloigne. Ainsi, le monde d'aujourd'hui s'éloigne du Pape et de
l'Église.
C'est une opinion très largement répandue. Je suis persuadé qu'elle est
totalement injuste. L'encyclique
Veritatis Splendor le montre précisément même si l'objet de l'exposé ne
concerne pas directement l'éthique sexuelle, mais la menace que le
relativisme moral fait peser sur la civilisation occidentale. Paul VI
déjà s'en était rendu compte et il avait conscience que son devoir était de
lutter contre ce relativisme
(théorie basée sur la relativité de la connaissance)
pour le bien essentiel de l'homme. Dans son encyclique
Humanae
Vitae, il a répondu à l'appel de l'apôtre Paul, qui écrivait à son
disciple Timothée : « Proclame la Parole, interviens à temps et à
contretemps. (...) Un temps viendra où l'on ne supportera plus renseignement
solide (2Tm4,2-3). »
L'apôtre n'avait-il pas là parfaitement décrit par avance la situation
contemporaine ?
Les média ont habitué les différents groupes sociaux à n'entendre que
ce qui « caresse les oreilles
(Cf. :2Tm4,3) ». La situation ne
fera qu'empirer si les théologiens, et surtout les moralistes, au lieu de se
faire les témoins de "l'enseignement solide", se font les complices des
média lesquels, bien entendu, donnent alors une large diffusion à leurs
doctrines nouvelles. Lorsque la vraie doctrine est impopulaire, il n'est pas
permis de rechercher la popularité au prix d'accommodements faciles.
L'Église doit faire face en répondant sans se dérober à la question : «
Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle
?
(Mt 19,16) » Le Christ nous en a
averti : le chemin qui mène au salut est étroit et escarpé, ce n'est pas
la voie large et glissante de la facilité
(Cf. : Mt 7,13-14.). Nous
n'avons pas le droit d'abandonner "l'enseignement solide" ni de le modifier.
Le transmettre dans son intégralité est le rôle du Magistère
(La mission d'enseignement du pape et des évêques telle
qu'elle a été confiée par le Christ aux apôtres)
de l'Église. C'est aussi le devoir des théologiens — surtout des moralistes
— qui ont une responsabilité particulière, comme collaborateurs de l'Église
enseignante.
Bien entendu, gardent toute leur valeur les paroles adressées par Jésus aux
légistes qui placent sur les épaules des hommes de lourds fardeaux, alors
qu'eux-mêmes refusent de les porter
(Cf : Lc 11, 46). Mais il faut
tout de même savoir quel est le fardeau le plus lourd : la vérité, même si
ses exigences paraissent difficiles à porter, ou l'apparence de la vérité
qui donne l'illusion de la rectitude morale. L'encyclique
Veritatis Splendor nous conduit à affronter ce dilemme fondamental que
les consciences commencent à mieux discerner aujourd'hui qu'en 1968, lorsque
Paul VI a publié l'encyclique
Humanae
Vitae.
Est-il vrai que l'Église reste immobile alors que le monde s'éloigne d'elle
? Peut-on affirmer que la course du monde vers une liberté de mœurs toujours
accrue est irréversible ? Ces croyances ne masquent-elles pas, justement, la
conception relativiste de l'existence si néfaste pour l'homme ? Ne nous y
trompons pas, ce qui est enjeu pour l'avortement comme pour la
contraception, c'est en définitive la vérité sur l'homme. Or,
l'éloignement de cette vérité ne constituera jamais un progrès. Il
est impossible de voir dans la libéralisation des mœurs les caractéristiques
du "progrès éthique". Face à de telles tendances, tous les pasteurs de
l'Église, et en particulier le pape, doivent être particulièrement
attentifs, pour ne pas ignorer la ferme injonction de saint Paul dans sa
Deuxième épître à Timothée : « Mais toi, en toute
chose garde ton bon sens, supporte la souffrance, travaille à l'annonce de
l'Évangile, accomplis jusqu'au bout ton ministère
(2Tm4,5). »
La foi dans l'Église aujourd'hui ? Dans le Credo, aussi bien le Symbole des
Apôtres que la confession de foi de Nicée-Constantinople, nous affirmons : «
Je crois en l'Église. » D'une certaine
façon, nous plaçons l'Église au même niveau que les mystères de la
Sainte-Trinité, de l'Incarnation et de la Rédemption. Cependant, comme l'a
montré le père de Lubac, la foi en l'Église n'a pas le même sens que la foi
dans les grands mystères de Dieu Lui-même. En effet, nous ne faisons pas que
croire en l'Église : nous la constituons aussi. D'après le Concile, nous
pouvons dire que nous croyons en l'Église en tant que mystère. Mais, en tant
que Peuple de Dieu, nous avons conscience d'être l'Église. Nous sommes
l'Église en qualité de membres de sa structure hiérarchique, mais surtout
parce que nous participons à la triple mission du Christ : prophétique,
sacerdotale et royale.
Notre foi en l'Église a été renouvelée et approfondie d'une manière
significative par le Concile. Pendant longtemps, on a insisté sur la
dimension institutionnelle et hiérarchique de l'Église, en oubliant un peu
qu'elle ne subsiste que par la grâce, et qu'en tant que peuple de Dieu, elle
est essentiellement charismatique. On peut dire qu'à travers l'enseignement
du Concile, la foi en l'Église nous a été redonnée
comme mission. Le renouveau postconciliaire porte surtout sur la
redécouverte de cet aspect particulièrement fécond de la foi. La foi en
l'Église, telle que l'enseigne Vatican II, nous incite à revoir nos schémas
trop rigides : les anciennes divisions, comme celle qui distinguait l'Église
qui enseigne et l'Église qui écoute, doivent être revues à la lumière du
fait que tout baptisé participe — à la place qui lui est propre — à la
mission prophétique, sacerdotale et royale du Christ. Il ne s'agit donc pas
seulement de changer des notions, mais également d'innover dans la pratique,
comme j'ai tenté de le montrer dans mon étude sur la portée du Concile,
Aux sources du renouveau.
Permettez-moi, tout de même, de revenir un instant sur la situation
religieuse en Europe aujourd'hui. Certains s'attendaient à ce que la chute
du communisme soit suivie d'un retour spontané à la religion dans toutes les
couches de la société. Cela s'est-il produit ? Oui, mais pas de la façon
dont on l'imaginait, bien qu'il soit incontestable que le phénomène s'est
effectivement produit, surtout en Russie. Comment ? Essentiellement, sous la
forme d'un retour aux traditions et aux pratiques de l'Église orthodoxe.
Cependant, la liberté religieuse retrouvée a également permis une
renaissance de l'Église catholique, présente depuis des siècles par
l'intermédiaire des Polonais, des Allemands, des Lituaniens et des
Ukrainiens qui vivent en Russie. De plus, des communautés protestantes et de
nombreuses sectes occidentales, disposant d'importants moyens financiers,
sont en train de s'implanter.
Dans d'autres pays, le processus de retour vers la religion, ou de
persévérance dans l'Église à laquelle on appartient, dépend de la situation
religieuse sous le joug communiste, et des traditions locales antérieures.
On peut le vérifier facilement en observant, par exemple, des sociétés comme
celles de Bohême, de Slovaquie, de Hongrie, et aussi celles de Roumanie ou
de Bulgarie, qui sont majoritairement orthodoxes. Les pays de
l'ex-Yougoslavie et les pays baltes constituent des cas à part.
Cependant, où réside la véritable force de l'Église ? Aujourd'hui comme
hier, la force de l'Église, en Orient comme en
Occident, réside à l'évidence dans le témoignage des saints, ces
hommes et ces femmes qui ont fait leur la vérité du Christ, ces hommes et
ces femmes qui n'ont suivi d'autre chemin que le Christ Lui-même,
qui ont vécu la vie que le Christ donne dans l'Esprit
Saint. Et de nos jours, l'Église ne manque pas de saints, ni en
Orient, ni en Occident !
Les saints de notre siècle sont pour la plupart des martyrs. Les systèmes
totalitaires, qui ont dominé l'Europe au milieu du XXe siècle, en ont
beaucoup offert à l'Église. L'univers concentrationnaire, celui des camps de
la mort, a été le lieu et le moyen du monstrueux holocauste des juifs. Mais
il a aussi donné de véritables saints parmi les catholiques, les orthodoxes
et les protestants. Il s'agit là de véritables martyrs. Il suffit de
rappeler les noms du père Maximilien Kolbe et d'Edith Stein, sans oublier
les martyrs de la guerre civile en Espagne. En Europe de l'Est, ces martyrs
sont foule, surtout parmi les orthodoxes — russes, ukrainiens et
biélorusses, sans oublier ceux qui viennent d'au-delà de l'Oural. On compte
aussi des martyrs catholiques en Russie, en Biélorussie, en Lituanie, dans
les pays baltes, dans les Balkans, en Ukraine, en Galicie, en Roumanie, en
Bulgarie, en Albanie, dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Ils représentent la
multitude de ceux qui, comme le dit l'Apocalypse de saint Jean, « suivent
l'Agneau
(Ap 14,4.)
». Ils complètent dans leur martyre le témoignage rédempteur
du Christ
( Cf. : Col 1, 24), et par là
même, ils rendent simultanément possible un nouveau monde, une nouvelle
Europe, une nouvelle civilisation.
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Béatification de Jean-Paul II - Texte de la prière pour demander des grâces
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Sources : www.vatican.va
-
(E.S.M.)
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
12.10.2008 -
T/Jean-Paul II
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