La véritable Eglise dont les journaux
ne parlent pas |
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Le 12 janvier 2010 -
(E.S.M.)
- Les missionnaires se rendent dans des lieux désertés pour
apporter la
preuve que Dieu
n'abandonne
personne. Voilà
la véritable
Eglise, celle
dont les
journaux ne
parlent pas, pas
même lorsqu'elle
est présente
dans la rubrique
des faits
divers.
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La véritable Eglise dont les journaux ne parlent pas
Lucetta Scaraffia
Le 12 janvier 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Trente-sept missionnaires tués au cours de l'année qui vient de s'écouler. A
part l'exception louable, mais d'une certaine manière prévisible, des
journaux catholiques - en particulier "Avvenire", qui a consacré une
page entière à la question - les media en Italie n'ont attaché aucune
importance au dossier, diffusé par l'agence
Fides, sur les catholiques morts dans le cadre de leur apostolat. Au
cours de l'année 2009, leur nombre a représenté presque le double de ceux
tués l'année précédente. Un nombre aussi élevé n'avait jamais été atteint au
cours des dix dernières années, et ce chiffre n'est pas définitif, car
d'autres assassinats n'ont probablement pas été rapportés.
La nouvelle n'a pas eu beaucoup d'importance, car elle contredit l'image de
l'Eglise qui domine dans les media. En effet, elle y est représentée comme
une structure riche et puissante, qui veut imposer ses lois également à ceux
qui ne se sentent pas comme faisant partie du monde catholique, une
oligarchie antique et rigide, qui serait incapable de comprendre la façon
dont le monde a changé: en bref, une vieillerie démodée dont il faut se
débarrasser pour la liberté de l'humanité.
Au contraire, on souligne avec beaucoup d'importance les défauts et les
crimes de l'Eglise, commis par certains de ses représentants infidèles,
comme ceux des prêtres pédophiles en Irlande. Une institution que l'on
préfère faire représenter uniquement par les cardinaux, dépeints comme des
stéréotypes d'hommes de pouvoir, ou bien par des prêtres qui font scandale
en raison de leur comportement ou de leur critique envers l'Eglise, plutôt
que par des hommes et des femmes sérieusement engagés dans une mission
difficile et souvent dangereuse, la preuve en est qu'ils perdent la vie en
raison de ce choix de charité courageuse.
Ces témoins du Christ sont présents sur tous les continents car, s'il est
vrai qu'en Europe, un prêtre seulement a été tué (en France), parmi les
autres victimes enregistrées dans d'autres pays on compte huit européens,
tous missionnaires, dix-neuf originaires des Amériques, sept africains et
deux asiatiques.
Mais il n'y a pas de différence entre la mort de missionnaires et celle de
catholiques appartenant aux Eglises locales: tous ont été tués en raison de
leur décision de vivre et d'accomplir leur mission dans des zones
dangereuses du monde, en s'efforçant à travers leur activité et leur exemple
d'apporter à ceux qui vivent dans ces lieux un message différent de la
réalité qu'ils doivent subir tous les jours. Le seul fait de mener cette vie
si différente, et d'apporter confiance et aide là où il n'y a que peur et
violence, les rend dangereux aux yeux de ceux qui, à travers cette violence,
dominent et oppriment. Mais leur témoignage héroïque démontre précisément,
s'il en était encore besoin, combien est utile une présence de ce genre dans
des régions saccagées et détruites par l'injustice. Sans armes, et souvent
avec très peu de moyens, certainement beaucoup moins que ceux des pouvoirs
violents qu'ils combattent, ces catholiques démontrent par leur exemple
qu'un autre monde est possible, un monde de solidarité et de vérité, d'amour
gratuit. Et cela suffit déjà à faire d'eux une cible mortelle.
Pourquoi personne n'a raconté l'histoire de William Quijano, un jeune de la
Communauté de Sant'Egidio? Il animait au Salvador un centre pour la culture
de la paix - ce qui, là bas, n'est pas tellement une question d'utopie
idéologique, mais un enseignement concret contre la violence qui se diffuse
tous les jours - et pour cette raison, il a été tué par l'un de ces gangs
violents et prêts à tout afin que ces pays demeurent un réservoir de jeunes
prêts à tirer et à tuer.
Mais il y a également le cas de dom Révocat Gahimbare, tué dans une
embuscade au Burundi car, ayant appris la nouvelle d'une attaque au
monastère des sœurs "Bene Maria", il s'y rendait pour aller porter
secours aux religieuses. Et encore, les histoires des nombreuses personnes
tuées pour être dérobées, parce qu'elles résidaient et accomplissaient leur
mission au sein de milieux violents, vivant et œuvrant sans aucune
protection. Des lieux désertés par le plus grand nombre, et que l'on
pourrait définir comme abandonnés de Dieu, mais dans lesquels les
missionnaires se rendent pour apporter la preuve que Dieu n'abandonne
personne. Voilà la véritable Eglise, celle dont les journaux ne parlent pas,
pas même lorsqu'elle est présente dans la rubrique des faits divers.
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 12 janvier 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.01.2010 -
T/International
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