Qu’est-ce qui a changé depuis la
Lettre du Pape Benoît XVI aux catholiques chinois ? |
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Le 12 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- Entretien avec Aloysius Jin Luxian, évêque de Shanghai -
par Gianni Valente.
"La
Lettre du pape Benoît XVI a été et continue d’être pour nous une grande
consolation et un fort encouragement."
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Mgr
Aloysius Jin Luxian, évêque de Shanghai -
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Priez pour l’Église de Chine
Le 12 janvier 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Aloysius Jin Luxian, parle à
voix basse à cause, dit le “Patriarche” de l’Église de Shanghai – il a
désormais 92 ans –, de ses cordes vocales qui, avec l’âge, ont perdu
leur élasticité. Mais le regard du vieux jésuite est toujours vif et
malin. Et il a toujours l’esprit aussi lucide. Aussi est-ce toujours un
réconfort d’aller le trouver, lui qui assiste depuis longtemps à la
course chinoise vers l’avenir et voit comment la vie des chrétiens de
l’ex-Céleste Empire s’en trouve transformée.
Qu’est-ce qui a changé depuis la
Lettre du Pape Benoît XVI aux catholiques chinois ? Quelles sont les
indications qui se sont révélées les plus utiles ?
ALOYSIUS JIN LUXIAN : La
Lettre
a été et continue d’être pour nous une grande consolation et un fort
encouragement. Le Pape Benoît XVI a montré son amour pour nous et nous
sommes très émus. Les églises ouvertes ont reçu la Lettre avec
enthousiasme et cela spécialement parce que le Pape a dit qu’en Chine
existe une seule Église et non deux. Il n’y a pas eu de réaction de la
part des composantes des communautés dites clandestines. Certaines
d’entre elles, si elles acceptent de se réconcilier et de fréquenter les
églises ouvertes, y perdent quelque chose. Le Pape Benoît XVI a dit, par
exemple, dans sa Lettre que tout prêtre doit rester dans son diocèse. Or
les prêtres des communautés non enregistrées circulent librement dans
toute la Chine. Mais il y a aussi des progrès : maintenant, ici, à
Shanghai, l’évêque non reconnu par le gouvernement a dit à ses fidèles
qu’ils pouvaient aller à la messe dans les églises ouvertes. Avant, ils
expliquaient que qui fréquentait les églises ouvertes serait damné.
C’est là un changement très positif.
Quelque chose a-t-il changé du
côté du gouvernement ?
JIN : Au début, la réaction du
gouvernement a été assez modérée. Il n’y a pas eu
de réaction négative. Maintenant, le gouvernement cherche, par
des voies discrètes, un dialogue avec le Vatican, mais il n’y a pas de
grands progrès. Mamberti et Parolin sont très bien. J’espère que ce sont
eux qui continueront à traiter avec le gouvernement chinois.
Hu Jintao a dit que la
religion peut être utile à la société. Une reconnaissance positive ou
une flatterie dangereuse ?
JIN : Les paroles de Hu Jintao
ne sont certainement pas un danger. L’Église veut contribuer à
l’harmonie de la société. Et cela est en accord avec la pensée de Hu
Jintao.
Il y a beaucoup de jeunes qui
demandent le baptême. Un grand nombre d’entre eux ne sait rien du passé
de l’Église en Chine. Si les chrétiens augmentent en Chine le
gouvernement doit-il s’inquiéter ?
JIN : Chez nous, avant le
baptême, tous les catéchumènes doivent suivre le catéchisme au moins
pendant trois mois. Les protestants ne procèdent pas ainsi. Ils font la
course pour obtenir le plus grand nombre de conversions possible. S’il y
a un problème, il concerne les protestants, non les catholiques.
Mais par quoi sont attirés les
jeunes qui s’approchent de l’Église ?
JIN : Ce sont des jeunes
sincères, spontanés, non opportunistes. Ils cherchent la vérité qu’ils
ne trouvent pas dans le confucianisme ni dans le marxisme.
Ils veulent être heureux.
Les conflits qui se perpétuent
risquent d’être un poids pour la mission que l’Église est appelée à
accomplir.
JIN : C’est vraiment
scandaleux. Quel dommage! Si un jeune s’approche de l’Église, il sent
l’amour de Jésus dans son cœur et puis, il voit que les chrétiens se
disputent pour des motifs futiles. C’est vraiment dommage.
La Chine est immense. Et
l’Église, à l’intérieur de cette immensité, est une petite chose. À se
voir si petits et sans défense n’éprouve-t-on pas comme un frisson de
peur ?
JIN : Le Seigneur dit de ne
pas avoir peur. Jean-Paul II répétait toujours : « N’ayez pas peur
». Et nous, nous n’avons pas peur.
Devant l’immense tâche qu’elle
a devant elle, que doit faire l’Église ? Doit-elle inventer une
stratégie particulière ?
JIN : Nous devons saisir les
occasions qui se présentent et aller de l’avant. Cette année, nous
célébrons ici le quatre centième anniversaire de l’arrivée du
christianisme à Shanghai. J’ai écrit une lettre pastorale sur ce thème.
On dit que le gouvernement
continue à ne pas respecter les droits de l’Église.
JIN : Dans notre diocèse, nous
n’avons pas cette impression. Au contraire, le gouvernement nous aide.
Par exemple, le diocèse de Shanghai est maintenant économiquement
autonome, parce que le gouvernement lui a donné la possibilité de
récupérer ses propriétés ecclésiastiques. Et si l’on compare avec l’Inde
ou l’Irak où les chrétiens sont assassinés… On voit qu’il y a plus de
liberté en Chine que dans d’autres régions du monde. Nous, nous pouvons
publier des revues et nous avons un catalogue de plus de quatre cents
livres catholiques, sans que cela ait créé le moindre problème.
En Occident, il y a des gens
qui soutiennent l’idée de christianiser toute la Chine à travers des
processus d’“invasion” culturelle. Qu’en pensez-vous ?
JIN : C’est une méthode
ancienne, celle de la colonisation. Moi, j’ai fait mes études il y a
quatre-vingts ans dans un collège de jésuites. Dans les premières années
du Secondaire tout était enseigné en français. J’ai appris la géographie
chinoise d’un professeur français sur un manuel français. C’est le
système de la colonisation. Et cela ne fonctionne pas. La Chine ne peut
être envahie culturellement. J’espère que Matteo Ricci sera canonisé. La
méthode d’inculturation de Matteo Ricci est un exemple pour tous les
missionnaires et pour nous tous. Pas seulement en Chine mais en Inde, au
Vietnam, au Pakistan. L’anniversaire de sa mort tombe en 2010. Il y aura
des célébrations importantes.
Vous avez connu aussi Celso
Costantini, qui a été le premier délégué apostolique en Chine.
JIN : C’était un homme
admirable. Je l’ai très bien connu parce que, au moment où, revenu à
Rome, il était secrétaire de Propaganda Fide, moi je faisais mes études
à Rome et j’allais le trouver tous les mois. Il était aimable, il
comprenait la situation, c’était un prophète. Sa vision était
prophétique.
Vous avez 92 ans. Quels sont
vos espoirs pour l’Église de Chine ?
JIN :
D’abord, j’espère que la communion qui, ici, en Chine, nous unit au
Saint-Siège pourra bientôt se manifester dans sa plénitude. J’espère que
je pourrai voir ce jour. Deuxièmement, j’espère qu’aura lieu rapidement
une réconciliation complète entre l’aire clandestine de l’Église
chinoise et celle qui est reconnue par le gouvernement. Troisièmement,
j’espère qu’en Chine il y aura un témoignage chrétien toujours plus
important. Je confie tout cela aux prières des hommes. Je demande de
prier pour l’Église de Chine.
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Après la Lettre du Pape Benoît XVI, les voies ouvertes du Céleste Empire
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Sources : par Gianni Valente
-
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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12.01.2009 -
T/Église/Chine
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