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19 Avril 2005
 

Après la Lettre du Pape Benoît XVI, les voies ouvertes du Céleste Empire 

 

Le 09 janvier 2009  - (E.S.M.) - Au Séminaire national de Pékin, le parchemin portant la bénédiction de Benoît XVI est accroché au mur, un peu à l’écart, mais en un point stratégique. Plus d’un an après sa publication, la Lettre du Pape aux catholiques chinois suscite elle aussi des réactions ambivalentes et paradoxales. «Pour nous tous», dit le père Joseph Jinde Lin, l’un des assistants spirituels du séminaire, « le Pape a prononcé des paroles définitives sur beaucoup de questions qui étaient controversées depuis des décennies.

Une procession devant la statue de Matteo Ricci, à Pékin [© Associated Press/LaPresse]

Après la Lettre du Pape Benoît XVI, les voies ouvertes du Céleste Empire

Reportage de Chine

Le 09 janvier 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Voyage dans les églises de Pékin et de Shanghai, où les chrétiens vivent eux aussi dans les nouveaux scénarios d’un pays qui, lancé vers l’avenir, doit compter avec la récession globale. Entre incertitudes, occasions nouvelles et proximités inattendues

par Gianni Valente

Il fait nuit depuis un bon moment déjà, quand, presque insensiblement, les rues et les carrefours autour de Zhengyi Road se remplissent de gardes, d’agents de ville, de voitures de police aux lumières bleues clignotantes, d’hommes en civil qui, sourcils froncés, se déplacent avec des talkies-walkies. À huit heures, c’est l’heure H: la circulation est bloquée pendant quelques minutes. Une petite foule de curieux assiste au rapide rite quotidien du retour chez lui de Wen Jiabao, le premier ministre de la République populaire chinoise et donc, par statut, l’un des hommes les plus puissants de la terre. Tout près de là, la Pékin la plus glamour de Wang Fu Jing Avenue continue tranquillement à célébrer ses fastes post-olympiques. À l’ombre du Beijing Hotel, l’hôtel historique de la nomenklatura maoïste, relooké en hôtel extraluxe, la foule se promène entre des mégastores toujours ouverts et des restaurants où se presse une humanité gaie et satisfaite qui semble à mille lieues du désespoir.

Le père Jean est un voisin de Wen Jiabao: l’église Saint-Michel, dont il est le curé, se trouve à quelques pas du compound où vit le premier ministre. Il lui arrive à lui aussi de se faufiler au milieu des bicyclettes et des vigiles, quand il rentre chez lui, emporté comme les autres par le mouvement de la foule anonyme du soir, perdu au milieu de tant d’autres. Et pourtant, un jour, il y a quelques mois, tous les yeux de la Chine se sont pendant quelques instants fixés sur lui. La flamme olympique était arrivée dans la capitale de l’Empire et il était, lui, l’un des derniers porte-flambeaux, ceux qui sont chargés de porter la flamme olympique sur quelques dizaines de mètres dans les rues de Pékin. Quand cela a été son tour, sans réfléchir, il a saisi l’occasion au vol. Il a élevé la torche devant la ville en fête et avec cet objet-symbole de la nouvelle grandeur chinoise, il a dessiné en l’air, rapidement, sans emphase, le signe de la Croix. Le geste le plus simple qui lui est venu à l’esprit pour exprimer toute sa sympathie à l’immense foule qui se pressait sur le trajet de sa brève course.

Il y a quatre cents ans, le grand jésuite Matteo Ricci avait été impressionné par la grandeur humaine du dessin politique sur lequel reposait le Céleste Empire. Lui aussi avait cherché, en regardant la Chine de son temps, un point d’insertion, une affinité minimale, un écho familier, même lointain, d’où partir pour que la semence chrétienne germe dans cette terre, sans être rejetée immédiatement comme un corps étranger.

Aujourd’hui comme alors, dans la grande transformation qu’est en train de vivre la Chine, l’aventure des chrétiens dispersés dans ce grand pays passe à travers des proximités occasionnelles. Des mouvements de sympathie gratuite que Dieu peut susciter entre les paysans de Sichuan et les managers de Shanghai, entre les étudiants aux vêtements griffés et les pêcheurs de Fuzhou. Et aussi entre ceux qui ont le pouvoir.

Après la Lettre

Au Séminaire national de Pékin, le parchemin portant la bénédiction de Benoît XVI est accroché au mur, un peu à l’écart, mais en un point stratégique. On ne le voit que si l’on descend l’escalier qui mène de l’église à la crypte, mais tout le monde passe par là, au moins une fois par jour. Les presque quatre-vingt séminaristes, la quarantaine de prêtres et les quinze sœurs mènent là une vie scandée par les horaires et la discipline d’un séminaire modèle: réveil à cinq heures et demie, une heure de prière, messe, petit déjeuner, matinée d’étude, gymnastique, lecture spirituelle durant les repas jusqu’à la méditation commune sur l’Évangile et les Pères, faite en silence, tous les soirs. La vie qui se déroule dans le séminaire est un concentré de tous les paradoxes qui marquent l’histoire anomale de la catholicité chinoise. Dans les dépliants d’information, il est dit et répété que le séminaire est financé par le gouvernement et se trouve sous l’égide de l’Association patriotique des catholiques chinois, l’instrument par lequel le gouvernement veut assurer le total alignement de l’Église à son leadership politique. Le gouvernement, pour ce faire, intervient, entre autres, dans la sélection des évêques. Mais, ensuite, les prêtres et les séminaristes étudient sans aucune censure le Code de Droit canonique, y compris les canons où il est écrit que seul le Pape «nomme librement les évêques ou confirme ceux qui ont été légitimement élus». Et si arrive en visite au séminaire l’un des rares évêques chinois consacrés sans le mandat pontifical, le vide se crée autour de lui et aucun des prêtres ne descend dans la chapelle pour dire la messe avec lui.

Plus d’un an après sa publication, la Lettre du Pape aux catholiques chinois suscite elle aussi des réactions ambivalentes et paradoxales. «Pour nous tous», dit le père Joseph Jinde Lin, l’un des assistants spirituels du séminaire, « le Pape a prononcé des paroles définitives sur beaucoup de questions qui étaient controversées depuis des décennies. La Lettre nous dit qu’il n’est pas nécessaire de nous opposer à ceux qui nous gouvernent: maintenant plus personne ne peut dire que ceux qui dialoguent avec le gouvernement ne sont pas, pour cette raison, de bons chrétiens ». Ils sont déjà une dizaine – et les demandes de ce type augmentent en permanence – les séminaristes venant de communautés non enregistrées auprès des organismes gouvernementaux, qui ont demandé à poursuivre leur formation au Séminaire national de Pékin, sortant ainsi de la situation de clandestinité plus ou moins tolérée dans laquelle avait mûrie leur vocation sacerdotale. C’est là l’un des nombreux signaux de la réconciliation silencieuse qui, à l’intérieur de la catholicité chinoise, est en train de guérir lentement les blessures et de dissiper les rancœurs entre ceux qui avaient déjà accepté de collaborer avec la politique religieuse du gouvernement et ceux qui avaient refusé le contrôle de celui-ci sur la vie de l’Église.

Les réactions les moins enthousiastes devant les indications ou suggestions contenues dans la Lettre du Pape viennent – énième paradoxe – de quelques éléments isolés de l’aire clandestine qui, éventuellement, ont fait pendant des décennies de l’obéissance au pape la bannière de leur fidélité sans compromis au Siège apostolique. Un raidissement qui n’est pas toujours lié à de nobles idéaux. Certains des prêtres dits “clandestins” jouissent paradoxalement de quelques privilèges: ils gèrent sans aucun contrôle les offrandes pour les messes qu’ils reçoivent des fidèles, ils profitent des donations des organisations américaines hostiles au gouvernement chinois, ils circulent dans les diocèses assez librement. Mais il s’agit – dit-on au Séminaire de Pékin – d’exceptions, d’individus isolés qui font beaucoup de bruit parce qu’ils interviennent de façon désordonnée à travers des blogs sur Internet.

Ils écrivent entre autres que le Pape Benoît XVI s’est trompé ou a été trompé. « La réconciliation des cœurs, celle qui compte, est déjà commencée », assure le père Jean Tian de l’église Saint-Pierre à Shanghai. « Les clandestins reconnaissent eux-mêmes qu’il y a pleine communion de foi avec les catholiques qui fréquentent les église “ouvertes”. Ces gens-là, pour la plupart, ne vont certainement pas chatter sur Internet pour critiquer le Pape, auquel ils sont très dévoués. Il faut user à leur égard aussi de compréhension et de miséricorde: les problèmes se résoudront avec le temps et de la patience. S’il n’y a pas de pardon, les autres ne peuvent s’apercevoir que, parmi nous, il y a Jésus ». En attendant, la paroisse du père Jean est toute sens dessus dessous en raison de travaux de restauration. Mais, dans la petite pièce qui sert de chapelle, le Saint Sacrement est toujours exposé et il y a toujours quelqu’un qui prie en silence, sans chaussures, devant la petite statue de Marie Rose Mystique, la Vierge qui a trois roses sur la poitrine. Là, dehors, le cœur affairé de Shanghai ne cesse de battre à un rythme précipité.

Un rêve à risque

Les gourous du Fonds monétaire international en visite à Hongkong déclarent, pour rassurer les gens, que la Chine, grâce à ses fortes réserves monétaires, garantira la sécurité du monde entier au sein de la tempête de la récession globale qui va balayer la planète les deux prochaines années. Mais à Pékin, on ne se fie pas trop à ces alchimistes financiers de l’autre côté de l’Océan. Dans le Guangdong a déjà commencé à la fin d’octobre une véritable hécatombe dans les fabriques de jouets. Celles-ci ont fermé par dizaines, l’une après l’autre, et les travailleurs ont été renvoyés chez eux. « Les facteurs allant à l’encontre de la stabilité sociale augmenteront », pronostiquait justement Wen Jiabao, déjà au début de novembre.

La Chine est une locomotive lancée à toute allure vers l’avenir. Dans les dernières années, le taux global de croissance économique du pays était constamment à deux chiffres. Si cette locomotive déraillait maintenant en pleine course – tout le monde le sait – les conséquences seraient désastreuses sur la planète entière. La classe dirigeante chinoise a devant elle des problèmes cyclopéens. C’est ce dont il vaut mieux avoir conscience, même quand on s’intéresse au petit troupeau des catholiques chinois – entre dix et douze millions, une goutte d’eau dans la mer de la population chinoise (un milliard et trois cent mille âmes).

Ces deux dernières années, à la façon graduelle qui les caractérise, les dirigeants chinois avaient opéré, en ce qui concerne la question religieuse, des passages théoriques intéressants. En 2007, au dernier congrès du Parti communiste chinois, le mot “religion” avait été inséré dans la constitution du PCC. Pour la première fois dans l’histoire de la Chine communiste, les sujets religieux pratiquants étaient reconnus, entre autres, dans la planification théorique des stratégies politiques, comme composante sociale compatible avec le modèle de développement du pays, au même titre que les minorités ethniques. Puis, à la fin de 2007, Hu Jintao lui-même avait réhabilité devant les plus hautes autorités l’idée que les religions peuvent redevenir utiles pour construire la société harmonieuse, expression-clef dans le lexique récent du pouvoir chinois: « Nous devons unir solidement les croyants et les figures religieuses présentes dans les masses autour du parti et du gouvernement et lutter ensemble avec eux pour construire tout autour une société prospère, tandis que la marche vers la modernisation du socialisme se fait plus rapide », avait dit le président chinois en conclusion d’une session d’étude du Politburo consacrée à la question religieuse. C’est pourquoi il semblait, avant les Olympiades, que le nouveau scénario théorique élaboré aux niveaux élevés de la nomenklatura chinoise pouvait, par effet domino, faire progresser de quelques pas importants la marche exténuante de la normalisation des rapports complexes entre gouvernement communiste, Église catholique chinoise et Saint-Siège. Puis, une fois passée l’excitation olympique, les signaux venant de l’autre côté de la Grande Muraille se sont faits à nouveau plus rares et énigmatiques (voir l’encadré). Les vieux problèmes non résolus ont refait surface, comme la prétention des organismes gouvernementaux à piloter les nominations des évêques. Mais le contexte a changé et il faut que tout le monde en tienne compte pour comprendre vraiment la situation.

Le rapport entre l’Église et le Céleste Empire a toujours eu ses complications spécifiques. Bien avant Mao, ceux qui commandaient en Chine avaient toujours du mal à reconnaître que l’évêque de Rome n’est pas une sorte de monarque spirituel universel et que les évêques dispersés dans le monde ne sont pas ses mandarins. Aujourd’hui, dernier facteur de complication, la “question catholique” est placée par les fonctionnaires chinois dans le cadre du revival religieux multiforme qui traverse le pays: phénomène à plusieurs facettes, contrôlé par le gouvernement qui, ces dernières années, concentre son attention non seulement sur les “zones critiques” traditionnelles – comme la question tibétaine ou celle des Ouigours, l’inquiète population musulmane du Xinjiang – mais aussi sur l’impressionnante expansion de la fluide galaxie de l’évangélisme protestant. Les communautés évangéliques militantes, liées de façon plus ou moins directe avec les Églises libres de type nord-américain, étendent, avec leur flot d’émotions et de miracles, leur réseau d’“églises domestiques” à un rythme et avec des méthodes qu’il est difficile de contrôler. Leur prolifération est telle que le nombre des fidèles a certainement largement dépassé les 16 millions que les statistiques gouvernementales attribuent aux communautés protestantes “historiques” (luthériens, calvinistes, réformés). Une croissance exponentielle célébrée comme une victoire par les centrales d’information actives aux États-Unis comme la China Aid Association, qui avance le chiffre invérifiable de 130 millions de Chinois déjà devenus “chrétiens nés de nouveau” dans les house churches aguerries, et qui les présente tous comme de potentiels meneurs de batailles anti-gouvernementales au nom de la liberté religieuse et des droits de l’homme.

Pour l’heure, le retour du “facteur religieux” comme phénomène sociologiquement important est examiné avec attention dans les hautes sphères du pouvoir chinois. Les organismes culturels pro-gouvernementaux, comme l’Académie des Sciences sociales, ont reçu d’en haut une invitation explicite à étudier ce phénomène. Si le critère-guide du gouvernement est, comme on peut le prévoir, la stabilité politique et la cohésion sociale, les signaux d’alarme sont prêts à se déclencher devant toute réalité religieuse qui vise à produire un effet socio-politique non assimilable aux nouveaux mots d’ordre sur la “société harmonieuse”, et qui est perçue comme une force antagoniste. Et le niveau d’alerte ne peut que s’élever avec la récession globale qui menace aussi le miracle économique chinois.

Ce n’est pas un hasard si, ces derniers temps, le réseau insaisissable des églises domestiques evangelical est entré de façon stable dans le collimateur des contrôles opérés par les appareils policiers. Et les incertitudes du moment pourraient en partie expliquer les difficultés temporaires de communication dans les relations sino-vaticanes, parmi lesquelles le point le plus controversé reste celui de la nomination des évêques, avec des fonctionnaires chinois qui temporisent et évitent d’essayer des solutions de compromis acceptables par le Saint-Siège. « Si le gouvernement ne lâche pas prise », explique à 30Jours un jeune prêtre chinois, « c’est aussi parce qu’il est habitué à considérer l’évêque comme un homme de pouvoir, un homme capable de dicter une ligne politique aux autres baptisés ». Ainsi, dans une situation anomale et complexe comme l’est la situation chinoise, la concentration paroxystique de l’attention sur le problème des nominations épiscopales finit à la longue par déformer les mentalités: de jeunes prêtres contaminés par un carriérisme paradoxal «passent leur temps à passer entre eux des accords et à chercher des soutiens ecclésiaux et politiques pour devenir évêques. Et ils perdent de vue tout le reste».

Ceux du seuil

Joseph Xing doit être fatigué s’il s’endort comme un enfant au cours du bref trajet qui le mène à Jiading, à quarante kilomètres de Shanghai. Le changement de fuseau horaire se fait sentir: il revient tout juste de Terre Sainte, pèlerinage qu’il a fait en compagnie des fonctionnaires du Bureau des Affaires religieuses. Mais dans la petite ville de l’hinterland de Shanghai, on l’attend: il doit célébrer plus de cent confirmations et – tout le monde le sait – pour rien au monde il ne manquerait à un devoir de ce genre. De vieilles femmes voûtées par les ans, des quinquagénaires tirées à quatre épingles et vêtues de leurs plus beaux atours, des mères de famille portant leur enfant dans les bras sont là, en file, pour recevoir l’onction sur le front. Et il y a aussi beaucoup de garçons et de filles qui s’approchent de l’autel, l’air léger et le cœur jeune comme celui de la Chine urbaine et moderne dont ils sont les fils.

Personne ne prend au sérieux ici les théories fantaisistes de quelques intellectuels nord-américains qui voient à l’horizon la conversion accélérée au christianisme de la moitié du peuple chinois par voie “culturelle”. Mais c’est un fait qu’à Pékin, Shanghai et dans quelques autres mégapoles chinoises, sont célébrés tous les ans, dans les églises catholiques, des milliers de baptêmes de jeunes et d’adultes. Il y en a parmi eux qui entrent dans la vie chrétienne par hasard, attirés parfois par les aspects les plus fortuits ou les plus extérieurs: les luminaires qui décorent les églises à Noël, la musique de l’orgue et les chants liturgiques entendus en passant, par hasard, devant une paroisse; ou même la curiosité de comprendre qui peut bien être ce saint Valentin que les amoureux du monde entier fêtent le 14 février.
Il ne font pas de grands discours, ils n’arrivent pas à expliquer ce qui les attire. Pour beaucoup, au début, c’est seulement l’émotion d’avoir entendu des paroles de promesse et d’espoir qui ont touché leur cœur, l’émotion précisément sur laquelle comptent les evangelicals d’importation. «Une fois entrés dans l’église», ajoute le père Jean, « il y a d’autres choses qui opèrent mystérieusement: la liturgie, les histoires de Jésus écoutées pendant la messe, la vue des gens qui prient en silence, dans le calme ». Ils ne savent rien de la grande histoire de témoignage et de martyre qui a conservé en terre chinoise le don de la foi. Ce don qui pourrait arriver jusqu’à eux sans effort de leur part et sans tension. C’est pourquoi il est temps, pour ne pas scandaliser leur sympathie inconsciente de débutants – ils le répètent tous – de mettre de côté les scories toxiques des conflits ecclésiaux du passé et le carriérisme nouvelle mouture qui les alimente encore.

Pour le reste, l’équipe de prêtres et d’évêques quadragénaires qui sont en train d’assumer les responsabilités dans l’Église de Chine, ne sait pas très bien sur quel pied danser. Et les conditions auxquelles continue à être soumis le lien de communion avec le Pape ne sont qu’une partie du rébus devant lequel ils se trouvent. « Tôt ou tard, d’une façon ou de l’autre », dit encore le père Jean, « la normalisation des rapports entre Pékin et le Vatican se fera. Mais en attendant, ici, tout change trop vite. Les vieux témoins s’en vont peu à peu, nous, nous nous trouvons devant un monde en perpétuel mouvement. Nous ne savons pas bien quoi faire ». L’assimilation chinoise de la post-modernité globale est en train de changer tous les paradigmes sociaux et culturels du passé. Et les prêtres ont pour tâche d’apporter le nom du Christ dans l’immense chantier chinois, au moment même où le grand dragon est en train de changer de peau. Et cela, avec la tentation d’être à la hauteur, d’imaginer des stratégies qui soient adaptées au moment. Et avec le risque de ne pas s’apercevoir que, même maintenant, il suffit comme toujours, pour saisir l’occasion qui passe, que l’Église soit elle-même.

C’est, à sa manière, ce que le vieux vicaire général Ai Zuzhang voudrait suggérer aux jeunes prêtres de Shanghai. Il le fait avec délicatesse, se référant à sa propre histoire, pendant qu’il célèbre avec eux une messe pour fêter les quatre cents ans du diocèse de Shanghai: « J’étais riche », dit-il, « si riche que ma famille payait encore les domestiques pour s’occuper de moi, alors que j’étais déjà devenu prêtre. J’avais des problèmes de santé, je ne savais rien faire, je ne savais pas ce qu’était le travail. Quand je me suis retrouvé dans un camp de rééducation, je me suis demandé comment j’allais pouvoir résister. Mais, ensuite, c’est le don de Dieu qui a tout fait pour moi. Ma santé elle-même s’est améliorée… La même chose pourrait vous arriver maintenant devant la tâche qui vous attend. Le Seigneur mettra la main à l’avenir que vous avez devant vous ».
 

Sources : 30giorni.it
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 09.01.2009 - T/International

 

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