L'Afrique, « le défi de l’éducation » |
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Le 12 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- Au Rwanda, après le génocide, l’urgence était la reconstruction
physique, mais aussi la reconstruction du tissu social et humain, pour
adoucir les blessures extérieures, mais surtout les blessures
intérieures, des cœurs meurtris. Jean
Paul II, dans ces jours précisément où s’accomplissait cette tragédie, a
lancé des appels répétés à la population catholique ou non, et aux
gouvernants, et parla expressément de génocide.
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Le droit à l'éducation -
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L'Afrique, « le défi de l’éducation »
Introduction
Le 12 janvier 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Alors que le pape Benoît XVI s'apprête à effectuer un voyage pastoral en
Afrique, au Cameroun et en Angola, pour mieux comprendre la situation
sur ce continent, voici un dossier spécial sur "le défi de l'éducation"
en Afrique.
La série de dossiers sur les Universités Catholiques
dans le monde, après un premier panorama général, s’ouvre avec une analyse dans le Continent africain. L’étude
part de la question du droit à la connaissance et du lien que ce droit
instaure et conserve avec la responsabilité culturelle de chaque individu,
thème particulièrement important dans l’émancipation de l’Afrique. Dans ce
but, on examinera la fonction de l’Église Catholique, en vertu surtout de
son engagement concret pour promouvoir une culture consciente, en termes de
valeurs et de contenus, par la création d’universités et d’institutions pour
les études supérieures, des organismes transversaux dans la formation et la
consolidation d’une identité culturel pour l’individu et pour la communauté,
base indispensable pour l’autonomie, la liberté, le progrès.
La notion de responsabilité culturelle, et l’émancipation de l’Afrique
Le défi du millénaire qui vient de commencer est extrêmement complexe, une
question qui requiert attention aux grandes transformations en cours, mais
qui impose aussi ; une pause de réflexion pour s’opposer à la vitesse et à
la violence avec lesquelles ces transformations peuvent bouleverser la vie
culturelle, économique et sociale des individus et des communautés, ou de
Pays et de régions entières. Si un changement global peut être une occasion
propice d’intégration et d’échange avec les réalités locales, il est vrai
aussi qu’il peut entraîner la confrontation au sens négatif de violence,
d’imposition arbitraire, d’abus, là où l’on ne tiendrait pas compte des
circonstances, des exigences ou des facultés spécifiques. Le caractère
ambivalent de toute transformation en révèle sa nature complexe, même avec
des nuances qui échappent facilement à une simple observation des faits, et
il se montre déterminant dans tous ces processus – d’adaptation, et pas
seulement de changement – le rôle que prennent l’infirmation et
l’instruction, ou encore de la circulation et de construction du savoir et
des connaissances, comme facteurs déterminants pour le destin des peuples et
de chaque individu.
La connaissance et le savoir concernent en général des idées et des notions
qui doivent transcender les frontières au sens géographique du mot, de
politique et de religion. Toutefois, la pensée de franchir ou transcender
une frontière, devrait rester toujours distincte de la tentation de ne pas
tenir compte d’elle, en ignorant l’espace et les lieux dans lesquels et à
partir desquels la connaissance et le savoir doivent nécessairement se
former, circuler, exister. Il n’existe pas de formes neutres ou préétablies
de connaissance, qui soient valables pour un endroit et pour tous les
endroits ; la neutralité appliquée au savoir comme à l’Histoire, devient une
caractéristique ambiguë et dangereuse, cette particularité que le philosophe
camerounais Fabien Eboussi Boulaga, professeur émérite de l’Afrique Centrale
définit comme étant un « alibi » : du latin, « alibi » signifie
littéralement ce qui est ailleurs, autre part, montrant en une parole
comment la neutralité intrinsèque à certaines formes et à certains modèles
de connaissance, peut en représenter le lieu – ou le « non-lieu » -
mystifiant et fortuit et accidentel, une manière de vivre dans le monde
selon des modalités fausses et étrangères au territoire, à sa propre
histoire, et même et principalement à soi-même. La connaissance n’est pas un
inventaire, ni une liste impartiale de compétences et d’informations, au
contraire ; la connaissance est une pratique active et dynamique, présente à
la vie, ancrée à la réalité des personnes qui expriment des besoins et
réclament surtout des droits.
Dans la complexité des sociétés africaines qui, avant et après la
colonisation, ont subi les violences et les abus des pouvoir s dominants, il
est intéressant d’observer comment se sont développées les intersections et
les superpositions entre pouvoir et savoir : si, auparavant, le pouvoir
colonial avait exclu arbitrairement de la connaissance une grande partie de
la population, avec des processus explicites et implicites, il est bon de
noter que, par la suite, on peut attribuer précisément au pouvoir colonial
une possibilité d’accès au savoir. Toutefois, il y a une ambivalence dans
l’opération, parce que cet accès fut encore, pendant longtemps restreint,
réservé à l’élite, consacré exclusivement à des couches fermées de la
population. Dans ces circonstances, le savoir et la connaissance restèrent
des dimensions « colonisées » : que l’on pense par exemple que, durant le
siècle écoulé, très peu d’Africains, pour accéder à une instruction
supérieure, pouvaient bénéficier du privilège de fréquenter des institutions
occidentales, et surtout les Universités européennes, ce qui, malgré les
meilleures intentions, limitait et reléguait encore l’individu et sa
formation à une réalité et à une langue étrangères, toujours trop lointaines
de sa propre terre africaine, des propres organisations sociales et
politiques, des exigences et des dimensions particulières et locales de
provenance. Et, en tout cas, le savoir, la science et la technique, et
surtout le vocabulaire, restaient une prérogative de l’Occident, et la
connaissance se profilaient comme une procédure abstraite, comme un
catalogue de notions à apprendre de manière passive tout au plus. Avec cette
pratique, non seulement sélective implicitement, le privilège et l’exclusion
devinrent les formes nouvelles de l’injustice coloniale, et la culture,
comprise de manière erronée comme capacité d’abstraction du contexte de
provenance, ne parvint pas à se transformer définitivement en instrument
universel pour la libération et pour la liberté. Cela se produisait dans la
mesure où la connaissance restait le fruit d’une imposition étrangère,
provenant du haut d’un « savoir » fort, préparé « ailleurs », et la
perspective d’une émancipation pour les femmes et pour les hommes dans le
continent africain restait une option encore bien trop éloignée.
Les alternatives théoriques sont diverses et nombreuses, qui s’opposent à
cette idée complexe d’asservissement du savoir pour l’Afrique et sur
l’Afrique, mais on ressent toujours plus comme évidente la nécessité de
modèles de connaissance et d’instruction qui sachent s’opposer à un discours
culturel complètement étranger aux réalités locales, qui n’est pas né dans
la continent africain, et n’est pas pour le continent africain, mais qui lui
a été adapté, et préparé géographiquement de l’étranger. Le risque que l’on
doit fuit, parce qu’il défigure le sens véritable et ultime de la
connaissance comme croissance et développement de soi, c’est que le fait de
connaître ne se transforme en une expérience lointaine du territoire e de
ceux qui l’habitent, dans l’abîme qui pousse l’individu à la résignation
statique d’une connaissance superficielle fondée sur une accumulation de
notions, ou à ce colonialisme culturel qui impose un savoir instrumental de
pouvoir au lieu de liberté.
Pour l’individu qui a été victime de la fragmentation de l’identité,
combattre cette forme de paralysie veut dire avant tout reprendre
consciemment ses propres responsabilités sociales et culturelles, en faisant
en sorte que ces instruments rares et inadéquats – comme la connaissance
superficielle stérile aux mains d’une élite, se transforment en objets, en
modèles et en pratiques dynamiques de connaissance, présents et
contemporains à l’espace et au temps dans lequel ils doivent agir. Et c’est
seulement grâce à la redécouverte d’un espace théorique et physique pour la
connaissance et pour le savoir, que l’on pourra finalement décréter la fin
de la longue errance de l’homme africain : la diaspora, les déportations, la
dispersion avaient été des réalités concrètes et meurtrières, mais plus
grave encore a été leur transformation en facteurs abstraitement cultuels,
opération qui marqua l’échec d’une vie politique active pour l’homme
africain, et de sa nouvelle identité sociale. Pour cela, la question de la
connaissance et d’un savoir pour l’Afrique et sur l’Afrique représente un
point de départ substantiel pour l’émancipation dans le continent : le
travail des interprètes occidentaux, et des analystes africains a toujours
marché sur le fil du rasoir, avec le risque concret d’utiliser des
catégories et des système qui découlent d’un ordre épistémologique
occidental, ou selon des visions du monde qui insistent aujourd’hui encore
sur des modèles de cette colonisation géographique et culturelle dont
l’Afrique aurait dû se libérer depuis longtemps, au plan physique et
culturel.
Même s’il est difficile de faire abstraction de la culture
occidentale, de nombreuses sciences nées dans cette configuration
intellectuelle particulière, c’est là précisément l’effort que l’on réclame
comme opération culturelle indispensable de l’émancipation : définir
concrètement de nouveaux horizons du savoir, et repartir de la nation de
responsabilité culturelle de l’individu, un devoir qui est propédeutique
pour l’autonomie politique et sociale. L’homme africain, tout d’abord objet,
puis sujet passif de la connaissance, doit certainement se transformer en
sujet qui connaît activement, dans l’urgence de construire sa propre
souveraineté scientifique irremplaçable. C’est ainsi que peut naître et se
mettre en mouvement un principe nouveau de responsabilité individuelle, qui
permettra de dépasser une dimension colonisée du savoir, et ouvrira au
développement de modèles et d’itinéraires plus fonctionnels pour la vie
culturelle et sociale, et donc aussi à al croissance globale du continent
africain.
A la lumière de toutes ces motivations fondamentales, on a choisi d’ouvrir
avec l’Afrique la série de dossiers sur les Universités Catholiques dans le
monde, conscients du rôle actif que ces Institutions revêtent aussi pour la
résolution de nombre des urgences sociales et politiques du continent. En
Afrique, l’Église Catholique a construit au cours du temps un important
réseau d’Instituts pour l’instruction scolaire, des écoles primaires aux
institutions universitaires. C’est précisément à leur sujet, que l’opération
est extrêmement importante parce que, comme on disait, la réalisation, la
croissance et le développement des Instituts et des Universités dans les
Pays d’Afrique, équivaut à construire les prémisses et à tracer une voie
pour la connaissance comprise comme responsabilité culturelle, sociale et
politique de l’individu.
Universités et Instituts Catholiques pour l’instruction supérieure dans le
continent africain
D’après les données fournies par « l’INDEX, Édition 2005 » - « Universitates
et alia Instituta Studiorum Superiorum Ecclesiae Catholicae », publication
de la Congrégation pour l’Éducation Catholique, il y a, dans le continent
africain 110 Universités Catholiques (Instituts selon la Constitution
Apostolique « Ex Corde Ecclesiae », Instituts pour Etudes Supérieurs et
Séminaires, et Universités et Facultés Ecclésiastiques (fondées selon la
Constitution Apostolique « Sapientia Christiana »). Concrètement, les
Universités Catholiques sont au nombre de 19, avec 12 Facultés
Ecclésiastiques (Théologie, Philosophie, Droit Canon, et autres) parfois au
sein d’une Université Catholique ; il y a aussi 73 Instituts (affiliés,
agrégés, incorporés, ou autres).
En Afrique, il existe une Association des Universités Catholiques et des
Instituts Supérieurs d’Afrique et de Madagascar (ACUHIAM, Association of Catholic Universities and Higher Institutes of Africa and Madagascar/
ASUNICAM, Association des Universités et Instituts Catholiques d'Afrique et
de Madagascar), organisme qui réunit les Universités et les Instituts
supérieurs catholiques. L’initiative de réunir ces Institutions en un
Association remonte à la première Rencontre des Instituts Catholiques en
Afrique, sui s’est tenue à Abidjan , Capitale de la Côte-d’Ivoire, du 2 au 6
octobre 1989, avec l’aide de l’Institut Missiologique allemand MISSIO-Aachen.
Actuellement, l’Association travaille dans l’esprit de la Fédération
Internationale des Universités catholiques (FIUC), qui s’inspire des
Constitutions Apostoliques « Sapientia Christiana » pour les Instituts et
les Facultés ecclésiastiques, et de « Ex Corde Ecclesiae » pour les
Universités Catholiques en général. Les Institutions académiques peuvent ou
non comprendre dans une unique structure, des Universités Catholiques
(selon «
Ex Corde Ecclesiae ») et des Facultés ecclésiastiques (selon « Sapientia
Christiana »).
Le Siège social de l’ASUNICAM/ACUHIAM, est l’Université de Présidence en
charge, élue par rotation pour une période de quatre ans ; actuellement, le
Président de tour est le Père Rev. Dr. John Maviiri, de l’Université
Catholique d’Afrique Orientale (CUEA, Catholic University of Eastern Africa),
qui a son siège à Nairobi au Kenya, parmi les membres fondateurs de ASUNICAM
Les objectifs de l’Association sont les suivants :
• Promouvoir une collaboration académique entre les Universités et les
Institutions concernées
• Promouvoir un niveau élevé de formation et de recherche
• Permettre la circulation de la connaissance par des publications, et par
l’échange de programmes et de professeurs
• Aider l’enseignement et la recherche avec le principe de l’inculturation
• Partager les expériences d’autogestion dans les structures administratives
et financières des Universités et des Instituts
• Sensibiliser les Églises locales et les Conférences Épiscopales en vue
d’un engagement plus grand et d’un soutien résolu en faveur des Universités
et des Instituts de formation
• S’employer à ce que la formation universitaire ait un impact sur la vie
concrète de la population en Afrique.
Rwanda
On peut placer le génocide du Rwanda parmi les épisodes les plus sanglants
de l’histoire du XX° siècle : du 6 avril à la mi-juillet de 1994, pendant
100 jours, on a massacré de manière systématique (par des armes à feu, des
machettes et des bâtons cloutés), une quantité de personne dont le nombre va
de 800.000 à 1.071.00. La plus grande partie des victimes étaient de
l’ethnie des Tutsis (Watussi), qui sont, de fait une minorité par rapport
aux Hutus, le groupe ethnique majoritaire qui avaient à leur tête les deux
groupes paramilitaires qui sont les principaux responsables du massacre. Les
massacres n’ont pas épargné les Hutus modérés, en particulier les
personnalités politiques. La perception d’une division ethnique de la part
de la population rwandaise est en grande partie un effet de la domination
coloniale européenne, tout d’abord allemande puis belge, qui commença à
classifier d manière rigide les citoyens en fonction de leur statut social
et des caractéristiques somatiques, en favorisant les Tutsis qui étaient une
classe plus aisée, en élevant en théorie la supériorité raciale. Le génocide
de 1994 s’insère dans ce contexte de rivalités ethniques bilatérales et
d’exterminations de masse, qui bouleversèrent toute la région dès 1962, et
se poursuivirent aussi après 1994. Outre le Rwanda, tous les Pays voisins,
comme l’Ouganda, le Burundi, le Congo et la Tanzanie, ont été le théâtre de
massacres.
Toutefois, l’histoire du génocide rwandais est aussi l’histoire de
l’indifférence de l’Occident face à des événements perçus comme lointains de
leurs propres intérêts : l’ONU se désintéressa des demandes urgentes
d’intervention envoyées par la Major Général canadien Romeo Dallaire,
commandant des forces armées de l’ONU (2.500 hommes, réduits à 500 un mois
après le début du génocide) ; et, les Pays occidentaux envoyèrent des
contingents dans le seul but de sauver leurs propres concitoyens. Jean
Paul II, dans ces jours précisément où s’accomplissait cette tragédie, a
lancé des appels répétés à la population catholique ou non, et aux
gouvernants, et parla expressément de génocide. Aujourd’hui, de nombreux
auteurs des massacres sont toujours en liberté, plusieurs sont protégés par
des Pays occidentaux, sous prétexte de l’absence de traités d’extradition
avec le Rwanda. Le processus difficile pour la réconciliation et pour la
démocratie dans le Pays est en cours ; mais l’holocauste demeure vivant dans
la mémoire des citoyens.
Peu de temps après la tragédie, l’Université Catholique de Kabgayi
(UCK) a
été fondée le 21 octobre 2002, grâce au travail du Diocèse de Kabgayi. Ce
diocèse, convaincu de la priorité de l’éducation pour le développement d’une
communauté, avait fondé en 1912 les plus anciennes Institutions scolaires de
la région, et en particulier la première École secondaire du Rwanda. Plus de
35% des écoles secondaires et primaires de la Province de Gitarama
appartiennent au Diocèse, qui travaille aussi à d’autres activités liées à
l’agriculture, à l’artisanat et à la formation pour le développement. Les
calamités de la guerre et du génocide ont encouragé les interventions, étant
donné le besoin urgent de réconciliation nationale, le désir de
reconstruction du Pays, et la nécessité d’un développement socio-économique
à brève échéance.
L’agence Fides a parlé avec le Père Vincent Kagabo, Professeur et Recteur de
l’UCK. Pou le professeur Kagabo, « le Rwanda a connu, ces dernières années,
une véritable et propre explosion dans le domaine de l’instruction, ce qui
ne s’était jamais vu auparavant, avec une augmentation vertigineuse du
nombre des inscriptions dans les Universités publiques et privées ». Le
gouvernement a pris acte de cette tendance nouvelle, et collabore afin
d’obtenir une amélioration qualitative dans le système d’éducation ; « Les
rencontres entre le Ministère de l’Éducation et les Universités sont devenus
une réalité quotidienne, pour discuter des programmes et des règlements. On
a créé un Conseil National de l’Enseignement Supérieur qui travaille avec
les Universités de tout le Pays. C’est un travail important pour nous aussi
les catholiques, pour obtenir la reconnaissance définitive de nos
Universités, et l’homologation de nos diplômes ».
Dans le Pays, le programme « Vision 2020 » a été lancé ; c’est un plan
d’action et de stratégies pour le développement global dans une perspective
d’avenir, très importante pour un peuple qui est douloureusement en conflit
avec sa propre histoire. Au lendemain de la tragédie, on dut admettre
qu’elle fut certainement facilitée par de graves lacunes de caractère
culturel et structurel, comme la carence de personnel technique qualifié,
l’absence d’un cadre formel de formation et de recherche dans le domaine du
développement, le retard dans les technologies de la communication et de
l’information, l’absence d’une presse professionnelle objective et
responsable, le manque d’une éducation aux valeurs et à l’intégration
communautaire. C’est pourquoi l’Évêque de Kabgayi et fondateur de l’UCK, Mgr
Anastase Mutabazi, pensa qu’il devait s’engager au nom de l’Église pour
combler ces graves insuffisances. En effet, poursuit le Recteur de l’UCK, «
après le génocide, l’urgence était la reconstruction physique, mais aussi la
reconstruction du tissu social et humain, pour adoucir les blessures
extérieures, mais surtout les blessures intérieures, des cœurs meurtris
».
Ce travail a été a différents niveaux, et concerne aujourd’hui et demain,
rappelle le Père Kagabo, « parce que le désastre a laissé un abîme profond
partout où il est passé ». On a dû reconstruire les maisons démolies, les
infrastructures administratives et socio-économiques, et, pour cela, il faut
remercier aussi l’intervention internationale, mais il y a encore beaucoup à
faire : « Beaucoup n’ont toujours pas de toit, et les services et les
infrastructures de base sont insuffisantes. La partie la plus délicate est
la reconstruction du tissu humain et social. Le Rwanda compte des milliers
de veuves, et d’orphelins abandonnés à eux-mêmes. Qui plus est, s’est posé
aussi le problème de cohabitation et de la proximité entre les familles des
bourreaux et des victimes, avec un appareil judiciaire insuffisant pur
rendre la justice, des prisons bondées, des réfugiés partout et à
l’étranger, et peu de ressources humaines, étant donné la quantité de
personnes assassinées, ou qui se trouvent en exil ». A tous ces
problèmes d’ordre matériel et social, s’ajoute celui « d’une communauté
marquée par un traumatisme profond, où chacun a vécu et vit ses cauchemars
nocturnes ».
L’Église Catholique a eu elle aussi son deuil après le génocide, comme toute
mère éprouvée par la mort de ses propres enfants. Mais sa tâche était
d’offrir un message d’espérance, et les Évêques qui avaient survécu, ainsi
que les prêtres et les laïcs catholiques, ont repris avec courage et à grand
peine leur travail pastoral. Les paroisses et les communautés religieuses
ont pris des initiatives pour accompagner la population touchée ; les
commissions de justice et de paix ont été renforcées au plan paroissial,
diocésain et national. « Les trois premiers mois ont été les plus durs, mais
la préparation pour le Jubilé de l’An 2000 coïncidait, pour le Rwanda, avec
le premier Centenaire de l’évangélisation, et l’on a travaillé avec
enthousiasme ». Le travail, explique le Père rwandais, concerne le rapport
avec la réconciliation, le pardon et la justice, et il a été mené à bien à
l’échelle nationale, dans les écoles, dans les prisons ; c’est une œuvre
absolument providentielle qui s’ajoute aux initiatives caritatives
intensifiées par l’Église pour des personnes dans des conditions
particulièrement précaires. La Caritas et d’autres organisations catholiques
ont apporté leur précieuse contribution dans ce domaine.
L’UCK est un des fruits du synode diocésain, rappelle le Père Kagabo ; elle
est née dans le but de contribuer aux efforts du Pays dans l’engagement
social et dans le travail de formation professionnelle. Les intellectuels
chrétiens « sont appelés à leur fonction de construire un Pays nouveau, où
règnent les valeurs chrétiennes de vérité, justice, tolérance, pour une paix
durable, pour une participation active à la reconstruction du Pays ». Cette
orientation est manifeste dans les programmes de trois Facultés créées par
l’UCK, et par les activités du Centre Universitaire de Recherche et de
Professionnalisation. Les Facultés sont les suivantes :
- Sciences et techniques de développement (STD, Faculté de sciences et
techniques de développement), pour la définition des cadres de
développement, et de professionnelles capables de créer et de susciter des
dynamiques de développement, dans le contexte rural (exploitations
agricoles, associations, coopératives, ONG, etc.), et dans le contexte
urbain (industries, urbanisation civile, transports, etc.).
- Sciences sociales et économiques (SSE, Faculté de sciences sociales et
économiques), qui se propose de former des professionnels capables
d’analyser les transformations et le devenir de l’homme et de la société
dans le monde : nouvelles révolutions scientifiques et technologiques,
modifications des structures économiques, sociales, culturelles,
démographiques et politiques.
- Communications sociales (CS, Faculté de communications sociales), qui se
propose de former des techniciens, et toutes les catégories de
professionnels de la communication (journalistes, publicistes, cinéastes,
scénographes, experts en bibliothéconomie, secrétaires de direction,
employés de presse, etc.)
Le Recteur de l’UCKL en déclarant : « Le projet de l’Université Catholique
de Kabgayi se situe dans le contexte des besoins actuels de notre Pays, et
dans la mission d’évangélisation de l’Église. Étant une Université jeune,
elle doit faire fac, bien sûr, à de nombreuses difficultés, comme
l’insuffisance des infrastructures et de professeurs qualifiés ; pourvoir à
ces lacunes représente notre objectif. Il faut réaliser un Plan Stratégique
1008-1012, et de nombreux contacts avec des partenaires intéressés par le
projet : notre lutte et notre espérance, c’est de réussir à surmonter tous
les problèmes et toutes les difficultés ».
Dossier réalisé par F.M. - Agence Fides; Directeur Luca de Mata
Le défi de l’éducation : LES UNIVERSITES CATHOLIQUES EN AFRIQUE, pour lire
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Bibliographie et Liste des Liens
1 L’invenzione dell’Africa, di Valentin Y. Mudimbe – Meltemi, Roma 2007
2 La crisi del Muntu: Intelligenza, responsabilità, liberazione, di Fabien
Eboussi Boulaga – Christian Marinotti Edizioni, Milano 2007
3 Il diritto alla filosofia dal punto di vista cosmopolitico, Conferenza di
Jacques Derida all’UNESCO, 1997 – Pubblicata e tradotta per l’Italia da Il
nuovo melangolo, Genova 2003
4 L’ambigua avventura, di Cheikh Amidou Kane – Jaca Book, Milano 1979
5 Hutu-Tutsi. Alle radici del genocidio rwandese, di Michela Fusaschi -
Bollati Boringhieri, 2000
6 Giovanni Paolo II per la pace in Ruanda, di Giovanni Paolo II – I libri di
30 giorni
7 INDEX– Universitates et alia instituta studiorum superiorum Ecclesiae
Catholicae – Congregatio Insitutione Cattolica, 2005
8 Federazione internazionale delle Università Cattoliche (FIUC, Fédération
Internationale des Universités Catholiques) -
www.fiuc.org
9 Associazione delle Università Cattoliche e degli Istituti Superiori
dell’Africa e del Madagascar (ACUHIAM, Association of Catholic Universities
and Higher Institutes of Africa and Madagascar/ ASUNICAM, Association des
Universiés et Instituts Catholiques d'Afrique et de Madagascar) -
www.fiuc.org/asunicam
10 Constitution Apostolique “Ex corde Ecclesiae” de Jean Paul II sulle
Università Cattoliche
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_constitutions/documents/hf_jp-ii_apc_15081990_ex-corde-ecclesiae_it.html
11 Costituzione Apostolica “Sapientia Christiana” del Sommo Pontefice
Giovanni Paolo II sulle Università e le facoltà ecclesiastiche
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_constitutions/documents/hf_jp-ii_apc_15041979_sapientia-christiana_it.html
12 Dichiarazione sull’educazione cristiana “Gravissimus Educationis”, di
Paolo VI, 28 ottobre 1965
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651028_gravissimum-educationis_it.html
13 L'Université Catholique dans le monde moderne». Document final du II°
Congrès des délégués des Universités catholiques, Rome, 20-29 novembre 1972,
§ 1
14 Les Facultés Catholiques de Kinshasa (F.C.K) -
www.facakin.org
15 L’Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire
d’Abidjan (UCAO/UUA) -
http://membres.lycos.fr/ucao
16 The Catholic University of Eastern Africa (CUEA) -
www.cuea.edu
17 L’Université Catholique de l’Afrique Centrale (UCAC) -
www.fiuc.org/ucac
18 Uganda Martyrs University -
http://www.fiuc.org/umu
19 Institut Catholique de Madagscar -
http://takelaka.dts.mg/ucm
20 L'Université Catholique de Bukavu (UCB) -
http://www.ucbukavu.org
21 L’Université Catholique du Graben (UCG) -
http://www.ucgraben.org
22 L’Université Notre-Dame du Kasayi (UKA) -
www.ukardc.org
23 St Augustine College of South Africa -
http://www.staugustine.ac.za
24 St Augustine College of Tanzania (SAUT) -
http://www.saut.ac.tz
25 Universidade Católica de Angola (UCAN) -
http://www.ucan.edu
26 Catholic University College of Ghana (CUCG) -
http://www.fiuc.org/CUCG
27 Universidade Católica de Moçambique (UCM) -
http://www.ucm.ac.mz/cms/index.php
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.01.2009 -
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