Benoît XVI : Combattre la pauvreté,
construire la paix |
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Cité du Vatican, le 11 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Aujourd'hui a été rendu public le message de Benoît XVI pour la
XLII Journée mondiale de la paix (1 janvier 2009), intitulé "Combattre
la pauvreté, construire la paix". Voici des extraits de sa version
française:
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Benoît XVI : Combattre la pauvreté, construire la paix
Synthèse du Message
Le 11 décembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Aujourd'hui a été rendu public le
Message
de Benoît XVI pour la XLII Journée mondiale de la paix (1 janvier 2009),
intitulé "Combattre la pauvreté, construire la paix". Voici des extraits de
sa version française:
"La pauvreté figure souvent parmi les facteurs qui favorisent ou aggravent
les conflits, y compris armés. A leur tour, ces derniers alimentent de
tragiques situations de pauvreté".
"Combattre la pauvreté implique donc une prise en considération attentive du
phénomène complexe de la mondialisation. La référence à la mondialisation
devrait, également, revêtir un sens spirituel et moral, car elle nous pousse
à considérer les pauvres dans la perspective consciente que nous participons
tous à un unique projet divin, celui de la vocation à construire une unique
famille dans laquelle tous, individus, peuples et nations, règlent leurs
comportements en les basant sur les principes de fraternité et de
responsabilité".
"Nous savons cependant qu'il existe des pauvretés immatérielles, qui ne sont
pas la conséquence directe et automatique de carences matérielles. Par
exemple, dans les sociétés riches et avancées, se trouvent des phénomènes de
marginalisation, de pauvreté relationnelle, morale et spirituelle: il s'agit
de personnes intérieurement désorientées, qui connaissent diverses formes de
malaise malgré le bien-être économique. Je pense, d'une part, à ce qu'on
appelle le sous-développement moral et, de l'autre, aux conséquences
négatives du surdéveloppement. Je n'oublie pas non plus que, dans les
sociétés dites pauvres, la croissance économique est souvent freinée par des
obstacles culturels, qui ne permettent pas une utilisation correcte des
ressources".
"La pauvreté est souvent mise en relation avec la croissance démographique.
L'élimination de millions d'enfants non-nés, au nom de la lutte contre la
pauvreté, constitue en réalité la disparition des plus pauvres parmi les
êtres humains. Face à cela, le fait est qu'en 1981, environ 40% de la
population mondiale vivait au-dessous du seuil de pauvreté absolue, tandis
qu'aujourd'hui ce pourcentage a diminué de moitié et que sont sorties de la
pauvreté des populations que caractérise, entre autres, une forte
augmentation démographique. Cette donnée met en évidence que les ressources
existeraient pour résoudre le problème de la pauvreté, même en présence
d'une croissance de la population".
"Une autre source de préoccupation est constituée par les maladies
pandémiques comme, par exemple, la malaria, la tuberculose et le sida, qui,
dans la mesure où elles frappent les secteurs productifs de la population,
influent grandement sur l'aggravation des conditions générales du pays. Il
arrive, en outre, que les pays victimes de certaines de ces pandémies
doivent subir, pour y faire face, le chantage de ceux qui conditionnent les
aides économiques à la mise en ouvre de politiques contraires à la vie".
"Il est en particulier difficile de combattre le sida, qui est une cause
dramatique de pauvreté, si les problématiques morales liées à la diffusion
du virus ne sont pas affrontées. Il faut en premier lieu mettre en ouvre des
campagnes qui éduquent, surtout les jeunes, à une sexualité qui soit
conforme à la dignité de la personne; des initiatives réalisées en ce sens
ont déjà obtenu des résultats significatifs, en faisant diminuer la
diffusion du VIH. Il faut ensuite mettre à la disposition des peuples
pauvres les médicaments et les soins nécessaires; ce qui suppose un
engagement fort en faveur de la recherche médicale et des innovations
thérapeutiques, ainsi qu'une application souple, quand cela s'avère
nécessaire, des règles internationales qui régissent la propriété
intellectuelle, afin de garantir à tous les soins sanitaires de base
nécessaires". "Presque la moitié des personnes qui vivent dans la pauvreté
absolue est aujourd'hui constituée par des enfants. Quand la famille
s'affaiblit, les préjudices retombent inévitablement sur les enfants. Là où
la dignité de la femme et de la mère n'est pas protégée, ceux qui en
subissent les conséquences, ce sont d'abord et toujours les enfants".
"La relation qui existe entre le désarmement et le développement. Le niveau
global actuel des dépenses militaires des états est préoccupant... Une
croissance excessive des dépenses militaires risque d'accélérer une course
aux armements qui provoque des poches de sous-développement et de désespoir,
se transformant ainsi paradoxalement en facteurs d'instabilité, de tension
et de conflit".
"Les états sont donc appelés à réfléchir sérieusement sur les raisons les
plus profondes des conflits, souvent allumés par l'injustice, et à y
remédier par une autocritique courageuse. Si l'on parvient à une
amélioration des relations, cela devrait permettre une réduction des
dépenses d'armements".
"La crise alimentaire actuelle, qui compromet la satisfaction des besoins
élémentaires. Cette crise n'est pas tant caractérisée par l'insuffisance de
nourriture, mais davantage par les difficultés d'accès à celle-ci et par des
mouvements spéculatifs et, donc, aussi par un déficit de coordination des
institutions politiques et économiques en mesure de faire face aux
nécessités et aux urgences. Ces dernières années, les données sur
l'évolution de la pauvreté relative indiquent toutes un accroissement de
l'écart entre riches et pauvres... Il arrive ainsi que la majeure partie de
la population des pays les plus pauvres souffre d'une double
marginalisation: en termes de revenus plus bas et de prix plus élevés".
"Pour gérer ainsi la mondialisation, il faut une forte solidarité globale
entre pays riches et pays pauvres, de même qu'au sein de chaque pays, même
s'il est riche. Un code éthique commun est nécessaire, dont les normes
n'auraient pas seulement un caractère conventionnel, mais seraient
enracinées dans la loi naturelle inscrite par le Créateur dans la conscience
de tout être humain".
"La marginalisation des pauvres de la planète ne peut trouver de remède
valide dans la mondialisation que si chaque homme se sent personnellement
blessé par les injustices existant dans le monde et par les violations des
droits de l'homme qui y sont liées".
"Une grande partie du commerce mondial concernait les pays
d'industrialisation ancienne, auxquels se sont ajoutés de manière
significative de nombreux pays émergents qui en sont devenus des acteurs
importants. Mais d'autres pays, dont le revenu est bas, demeurent largement
en marge des mouvements d'échanges commerciaux. Leur croissance s'est
trouvée ralentie par la chute rapide, dans les dernières décennies, du cours
des matières premières qui représentent la quasi totalité de leurs
exportations. Dans ces pays, africains pour la plupart, la dépendance par
rapport aux exportations des matières premières continue à représenter un
puissant facteur de risque".
"La fonction objectivement la plus importante de la finance, celle qui
consiste à soutenir à long terme la possibilité d'investissements et donc de
développement, se révèle aujourd'hui tout à fait fragile: elle subit les
contrecoups négatifs d'un système d'échanges financiers, au niveau national
comme mondial, basé sur une logique du très court terme, qui a pour but
l'accroissement de la valeur des activités financières et se concentre sur
la gestion technique des diverses formes de risque. La récente crise
démontre aussi comment l'activité financière est parfois guidée par des
logiques purement auto-référencées et dépourvues de considération, à long
terme, pour le bien commun. Une finance limitée au court terme et au très
court terme devient dangereuse pour tous, même pour ceux qui réussissent à
en tirer profit dans les périodes d'euphorie financière".
"La lutte contre la pauvreté exige une coopération aussi bien sur le plan
économique que sur le plan juridique qui permette à la communauté
internationale et en particulier aux pays pauvres de trouver et de mettre en
ouvre des solutions coordonnées pour affronter ces problèmes en donnant un
cadre juridique efficace à l'activité économique. Elle requiert en outre des
incitations pour créer des institutions efficaces et participatives, ainsi
que des soutiens pour lutter contre la criminalité et promouvoir une culture
de la légalité. On ne peut nier, par ailleurs, que les politiques fondées
sur l'assistance sont à l'origine de nombreux échecs dans l'aide aux pays
pauvres. Investir dans la formation des personnes et développer sur un mode
inclusif une culture spécifique de l'initiative constitue actuellement,
semble-t-il, la démarche appropriée à moyen et long terme. Dans une économie
moderne, en effet, la valeur de la richesse dépend dans une importante
mesure de sa capacité de créer du revenu pour le présent et pour l'avenir.
La création de valeurs devient donc une obligation incontournable, dont il
faut tenir compte pour lutter de manière efficace et durable contre la
pauvreté matérielle".
"Mettre les pauvres à la première place suppose, enfin, que les acteurs du
marché international construisent un espace où puisse se développer une
juste logique économique, et que les acteurs institutionnels mettent en
ouvre une juste logique politique ainsi qu'une correcte logique de
participation capable de valoriser la société civile, locale et
internationale... En particulier, la société civile a un rôle de premier
plan dans tout processus de développement, parce que le développement est
essentiellement un phénomène culturel et que la culture naît et se développe
dans le domaine civil".
"La mondialisation doit donc être gérée avec une sage vigilance. Cette forme
de sagesse requiert que l'on tienne compte en premier lieu des besoins des
pauvres de la terre, en mettant fin au scandale de la disproportion entre
les problèmes de la pauvreté et les mesures prévues pour les affronter.
Cette disproportion, si elle est d'ordre culturel et politique, est avant
tout d'ordre spirituel et moral... Les problèmes du développement, des aides
et de la coopération internationale sont parfois envisagés sans qu'il y ait
un véritable engagement des personnes, mais simplement comme des questions
techniques face auxquelles on se limite à la mise en place de structures,
d'accords tarifaires et à la concession de financements anonymes. La lutte
contre la pauvreté requiert au contraire des hommes et des femmes qui vivent
en profondeur la fraternité".
"Dans l'encyclique
Centesimus
Annus, Jean-Paul II mettait en garde à propos de la nécessité
d'abandonner la mentalité qui considère les pauvres, personnes et peuples,
presque comme un fardeau, comme d'ennuyeux importuns qui prétendent
consommer ce que d'autres ont produit. Dans la réalité mondialisée actuelle,
il apparaît avec toujours plus d'évidence que la paix ne se construit que si
l'on assure à tous la possibilité d'une croissance raisonnable: tôt ou tard,
en effet, tous doivent payer les conséquences des distorsions de systèmes
injustes. La mondialisation, à elle seule, est
incapable de construire la paix. Elle révèle plutôt un besoin: celui d'être
orientée vers un objectif de solidarité profonde qui veut le bien de chacun
et de tous. Prise dans ce sens, la mondialisation doit être considérée comme
une occasion propice pour réaliser quelque chose d'important dans la lutte
contre la pauvreté et pour mettre à la disposition de la justice et de la
paix des ressources qui semblaient jusqu'alors inimaginables".
"La doctrine sociale de l'Église s'est préoccupée des pauvres. Au temps de
l'encyclique Rerum novarum, il s'agissait principalement des ouvriers de la
nouvelle société industrielle; dans le magistère social de Pie XI, de Pie
XII, de Jean XXIII, de Paul VI et de Jean-Paul II, ont été mises en lumière
de nouvelles pauvretés à mesure que l'horizon de la question sociale se
faisait plus vaste, au point de prendre des dimensions mondiales. Pour cette
raison, l'Église, tandis qu'elle suit avec attention les phénomènes actuels
de la mondialisation et leur influence sur les pauvretés humaines, montre
les nouveaux aspects de la question sociale, non seulement dans leur
extension, mais aussi dans leur profondeur, en ce sens qu'ils concernent
l'identité de l'homme et sa relation avec Dieu".
"Quant à l'Église, jamais elle n'abandonnera, en aucune manière, son ouvre.
La Communauté chrétienne ne manquera jamais de donner à la famille humaine
tout entière son soutien dans les élans de solidarité créative, non
seulement pour donner le superflu mais surtout pour que changent les styles
de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de
pouvoir établies qui régissent aujourd'hui les sociétés".
Texte intégral ►
Message de Benoît XVI pour la Journée Mondiale de la Paix
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Sources : www.vatican.va 081211
(1940) -
E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.12.2008 -
T/Benoît XVI |