Homélie de Benoît XVI en la fête de
Notre Dame de Lourdes, journée mondiale des malades |
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Le 11 février 2010 -
(E.S.M.)
- Ceux qui demeurent longtemps auprès des personnes qui souffrent
connaissent
l’angoisse et
les larmes mais
également le
miracle de la
joie, fruit de
l’amour. Le Pape
Benoît XVI l’a
déclaré ce matin
lors de la messe
célébrée pour
les malades dans
la Basilique
Saint Pierre, en
la fête de Notre
Dame de Lourdes,
18ème journée
mondiale des
malades.
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Le pape Benoît XVI
Homélie de Benoît XVI en la fête de Notre Dame de
Lourdes, journée mondiale des malades
Dieu guérit tout l'homme
Le 11 février 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Ceux qui demeurent longtemps auprès des personnes qui souffrent
connaissent l’angoisse et les larmes mais également le miracle de la joie,
fruit de l’amour. Le Pape Benoît XVI l’a déclaré ce matin lors de la messe
célébrée pour les malades dans la Basilique Saint Pierre, en la fête de
Notre Dame de Lourdes, 18ème journée mondiale des malades.
Y ont pris part
les malades convoyés par l'Unitalsi et l'Opera romana pellegrinaggi. Avant
la messe, le reliquaire de Sainte Bernadette Soubirous a été porté en
procession jusqu'à l'autel papal et placé devant une statue de la Vierge de
Lourdes.
Homélie du Saint-Père
Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Chers frères et sœurs !
Les Évangiles, dans les descriptions synthétiques de la brève, mais intense
vie publique de Jésus, attestent qu'il annonce la Parole et accomplit des
guérisons de malades, signe par excellence de la proximité du Royaume de
Dieu. Matthieu écrit par exemple : « Il parcourait toute la Galilée,
enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et
guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple »
(Mt 4, 23 ; cf. 9, 35). L'Église, à laquelle est
confié le devoir de prolonger dans l'espace et dans le temps la mission du
Christ, ne peut manquer d'accomplir ces deux œuvres essentielles :
l'évangélisation et le soin de malades dans le corps et dans l'esprit. En
effet, Dieu veut guérir tout l'homme et dans l'Évangile, la guérison du
corps est le signe de la guérison plus profonde qu'est la rémission des
péchés (cf. Mc 2, 1-12). Il n'est donc pas
surprenant que Marie, mère et modèle de l'Église, soit invoquée et vénérée
comme « Salus infirmorum », « Santé des malades ». En tant que
première et parfaite disciple de son Fils, Elle a toujours manifesté, en
accompagnant le chemin de l'Eglise, une sollicitude particulière pour les
souffrants. C'est ce dont témoignent les milliers de personnes qui se
rendent dans les sanctuaires mariaux pour invoquer la Mère du Christ et qui
trouvent en elle force et soulagement. Le récit évangélique de la Visitation
(cf. Lc 1, 39-56) nous montre que la Vierge,
après l'annonce de l'Ange, ne garda pas pour elle le don reçu, mais partit
immédiatement pour aller aider sa cousine âgée Elisabeth, qui portait depuis
six mois Jean en son sein. Dans le soutien apporté par Marie à cette parente
qui vit, à un âge déjà avancé, une situation délicate comme celle de la
grossesse, nous voyons préfigurée toute l'action de l'Eglise en faveur de la
vie qui a besoin de soins.
Le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, institué
il y a 25 ans par le vénérable Pape Jean-Paul II, est sans aucun doute une
expression privilégiée de cette sollicitude. J'adresse une pensée
reconnaissante au cardinal Fiorenzo Angelini, premier président du dicastère
et depuis toujours animateur passionné de ce milieu d'activité ecclésiale ;
ainsi qu'au cardinal Javier Lozano Barragán qui, jusqu'à il y a quelques
mois, a poursuivi et approfondi ce service. J'adresse également à l'actuel
président, Mgr Zygmunt Zimowski, qui a repris cet héritage significatif et
important, mon salut le plus cordial, l'étendant à tous les membres et au
personnel qui, au cours de ce quart de siècle, ont collaboré avec un grand
mérite à cette charge du Saint-Siège. Je désire, en outre, saluer les
associations et les organismes qui s'occupent de l'organisation de la
Journée du Malade, en particulier l'unitalsi, et l'Opera Romana
Pellegrinaggi. C'est à vous, chers malades, que je souhaite la bienvenue la
plus affectueuse ! Merci d'être venus et merci surtout pour votre prière,
enrichie par le don de vos difficultés et souffrances. Mon salut s'adresse
également aux malades et aux volontaires en liaison avec nous depuis
Lourdes, Fatima, Czstochowa et d'autres sanctuaires mariaux, à tous ceux qui
nous suivent à travers la radio et la télévision, en particulier des maisons
de repos ou de leur propre maison. Que le Seigneur Dieu, qui veille
constamment sur ses fils, apporte à tous réconfort et consolation.
La Liturgie de la Parole nous présente aujourd'hui deux thèmes principaux :
le premier est à caractère marial et relie l'Évangile et la première
lecture, tirée du chapitre final du Livre d'Isaïe, ainsi que le Psaume
responsorial, tiré du cantique de louange à Judith. L'autre thème, que nous
trouvons dans le passage de la Lettre de Jacques, est celui de la prière de
l'Église pour les malades et, en particulier, du sacrement qui leur est
réservé. Dans la mémoire des apparitions à Lourdes, lieu choisi par Marie
pour manifester sa sollicitude maternelle pour les malades, la liturgie fait
retentir de façon opportune le Magnificat, le cantique de la Vierge qui
exalte les merveilles de Dieu dans l'histoire du salut : les humbles et les
indigents, comme tous ceux qui craignent Dieu, font l'expérience de sa
miséricorde, qui renverse les destins terrestres et qui démontre ainsi la
sainteté du Créateur et Rédempteur. Le Magnificat n'est pas le cantique de
ceux auxquels la fortune sourit qui ont toujours « le vent en poupe »
; c'est plutôt l'action de grâce de ceux qui connaissent les drames de la
vie, mais qui placent leur confiance dans l'œuvre rédemptrice de Dieu. C'est
un chant qui exprime la foi vécue par des générations d'hommes et de femmes
qui ont placé leur espérance en Dieu et qui se sont engagés en première
personne, comme Marie, pour venir en aide à leurs frères dans le besoin.
Dans le Magnificat, nous entendons la voix de nombreux saints et saintes de
la charité, je pense en particulier à ceux qui ont passé leur vie parmi les
malades et les souffrants, comme Camille de Lellis et Jean de Dieu, Damien
de Veuster et Benedetto Menni. Ceux qui demeurent longuement aux côtés des
personnes souffrantes, connaissent l'angoisse et les larmes, mais également
le miracle de la joie, fruit de l'amour.
La maternité de l'Église est le reflet de l'amour bienveillant de Dieu, dont
parle le prophète Isaïe : « Comme celui que sa mère console, moi aussi,
je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés »
(Is 66, 13). Une maternité qui parle sans parole, qui suscite le
réconfort dans les cœurs, une joie intime, une joie qui, paradoxalement,
coexiste avec la douleur, avec la souffrance. L'Église, comme Marie,
conserve en elle les drames de l'homme et le réconfort de Dieu, elle les
garde ensemble, le long du pèlerinage de l'histoire. A travers les siècles,
l'Église manifeste les signes de l'amour de Dieu, qui continue à accomplir
de grandes choses dans les personnes humbles et simples. La souffrance
acceptée et offerte, le partage sincère et gratuit, ne sont-ils pas des
miracles de l'amour ? Le courage d'affronter le mal désarmés - comme Judith
- avec la seule force de la foi et de l'espérance dans le Seigneur, n'est-il
pas un miracle que la grâce de Dieu suscite continuellement chez tant de
personnes qui consacrent leur temps et leurs énergies à aider ceux qui
souffrent ? Pour tout cela, nous vivons une joie qui n'oublie pas la
souffrance, mais qui la comprend même. De cette façon, les malades et toutes
les personnes qui souffrent sont dans l'Église non seulement les
destinataires d'attention et de soins, mais avant tout les protagonistes du
pèlerinage de la foi et de l'espérance, témoins des prodiges de l'amour, de
la joie pascale qui jaillit de la Croix et de la Résurrection du Christ.
Dans le passage de la Lettre de Jacques, qui vient d'être proclamé, l'Apôtre
invite à attendre avec constance la venue désormais proche du Seigneur et,
dans ce contexte, adresse une exhortation particulière concernant les
malades. Cette proposition est très intéressante, car elle reflète l'action
de Jésus, qui, en guérissant les malades, manifestait la proximité du
Royaume de Dieu. La maladie est considérée dans la perspective des derniers
temps, avec le réalisme de l'espérance typiquement chrétien. « Quelqu'un
parmi vous souffre-t-il ? Qu'il prie. Quelqu'un est-il joyeux ? Qu'il
entonne un cantique »(Jc 5, 13). On a
l'impression d'entendre des paroles semblables en écoutant saint Paul,
lorsqu'il invite à vivre chaque chose en relation avec la nouveauté radicale
du Christ, avec sa mort et sa résurrection (cf. 1 Co 7,
29-31). « Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle
les prêtres de l'Église et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile
au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient »
(cf. Jc 5, 14-15). Le prolongement du Christ dans
son Église apparaît ici évident : c'est encore Lui qui agit, à travers les
prêtres ; c'est son même esprit qui œuvre à travers le signe sacramentel de
l'huile ; c'est à Lui que s'adresse la foi, exprimée dans la prière ; et,
comme cela avait lieu pour les personnes guéries par Jésus, on peut dire à
chaque malade : ta foi, soutenue par la foi des frères et des sœurs, t'a
sauvé.
Ce texte, qui contient le fondement et la pratique du sacrement de l'Onction
des malades, fait ressortir dans le même temps une vision du rôle des
malades dans l'Église. Un rôle actif pour « provoquer », pour ainsi
dire, la prière faite avec foi. « Quelqu'un parmi vous est-il malade ?
Qu'il appelle les prêtres ». En cette année sacerdotale, il me plaît de
souligner le lien entre les malades et les prêtres, une sorte d'alliance, de
« complicité » évangélique. Tous deux ont un devoir : le malade doit «
appeler » les prêtres, et ceux-là doivent répondre, pour attirer sur
l'expérience de la maladie la présence et l'action du Ressuscité et de son
Esprit. Ici, nous pouvons voir toute l'importance de la pastorale des
malades, dont la valeur est véritablement incommensurable, en vertu du bien
immense qu'elle apporte en premier lieu au malade et au prêtre lui-même,
mais également à la famille, aux proches, à la communauté et, à travers des
voies inconnues et mystérieuses, à toute l'Église et au monde. En effet,
lorsque la Parole de Dieu parle de guérison, de salut, de santé du malade,
elle conçoit ces concepts de façon intégrale en ne séparant jamais l'âme du
corps : un malade guéri par la prière du Christ, à travers l'Église, est une
joie sur la terre et au ciel, les prémisses de vie éternelle.
Chers amis, comme je l'ai écrit dans l'encyclique «
Spe Salvi », « la mesure de l'humanité se détermine essentiellement
dans son rapport à la souffrance et celui qui souffre. Cela vaut pour chacun
comme pour la société » (n. 38). En
instituant un dicastère consacrée à la pastorale de la santé, le Saint-Siège
a voulu offrir sa contribution également pour promouvoir un monde davantage
capable d'accueillir et de soigner les malades comme personnes. En effet, il
a voulu les aider à vivre l'expérience de la maladie de façon humaine, non
pas en la reniant, mais en lui donnant un sens. Je voudrais conclure ces
réflexions par une pensée du vénérable Pape Jean-Paul II, dont il a témoigné
par sa propre vie. Dans la Lettre apostolique Salvifici doloris, il a écrit
: « En même temps le Christ a enseigné à l'homme à faire du bien par la
souffrance et à faire du bien à celui qui souffre. Sous ce double aspect, il
a révélé le sens profond de la souffrance » (n. 30).
Que la Vierge Marie nous aide à vivre pleinement cette mission.
( ZF10021111)
►
Message de Benoît XVI pour la XXVIIIe Journée du malade
Texte original du
discours du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.02.2010 -
T/Benoît XVI
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