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Le cardinal Martino évoque le pardon de Jean-Paul II à Ali Agça
«
Pas de paix sans justice, pas de justice sans pardon
»
Vatican, Mardi 10 janvier 2006
– A propos de la libération, prévue jeudi prochain, à Istanbul, de Mehmet Ali Agça, auteur de l’attentat contre Jean-Paul II le 13 mai 1981, place Saint-Pierre, le cardinal Martino rappelle que Jean-Paul II a « pardonné à son agresseur » et cite le Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002 : « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon ».
Le cardinal Renato Raffaele Martino a en effet déclaré, le 9 janvier, à la télévision de l’Associated Press: « Nous avons entendu à nouveau ces jours-ci Isaïe qui dit du Rédempteur: « Il est venu proclamer la libération des prisonniers; il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint pas la mèche qui fume » (cf. Lc 4,18; Mt 12,20; Is 42,3).
Il ajoutait: « Jean-Paul II qui a tout de suite pardonné à son agresseur, a intitulé l’un de ses messages pour la Journée mondiale de la paix : « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon (2002) ».
Mais il précisait également: « De la part de notre dicastère, on ne veut pas entrer dans la question de la décision de l’autorité judiciaire turque, qui a considéré que Ali Agca a payé son compte avec la justice ».
Pour sa part, le porte-parole du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls a cité, dimanche 8 janvier, cette parole du pape Jean-Paul II, cinq jours après l'attentat, dans un message enregistré depuis son lit d’hôpital au Gemelli, lors de l’angélus du dimanche 17 mai 1981: « Je prie pour le frère qui m'a frappé et auquel j'ai sincèrement pardonné ».
Le pape reprenait aussi à son compte un proverbe polonais et disant: « Une main a tiré. Une autre a dévié la balle ». Il a attribué cette protection à la Vierge Marie. Dans le même message, il a confié l'humanité au Cœur Immaculé de Marie.
Le pape avait été atteint par 3 des balles tirées par le Browning d’Agça et blessé au ventre, au coude droit et à l\'index de la main gauche. Le 23 mai, les médecins signaient un communiqué disant que la vie du pape n'était plus en danger. Sorti de l’hôpital, il sera une nouvelle fois au bord de la mort au mois d’août, du fait d’un virus contracté lors de la transfusion sanguine nécessaire lors de son opération, comme l’a raconté Mgr Dziwisz (cf. Zenit, 13 mai 2001).
Le pape sortait de l'hôpital le 3 juin pour y retourner le 20 pour de nouveaux examens, qui allaient confirmer la présence d'un virus, cause de la fièvre et de différents symptômes. Un point de pleurésie allait compliquer les choses. Mais le 5 août, une opération d'une heure devait libérer le pape du système de dérivation mis en place lors de la première opération, et il allait pouvoir rentrer au Vatican le 14 août. Le lendemain, il célébrait l'Assomption devant une foule de cinquante mille personnes. Le soir, à 17 h 30, il s'envolait en hélicoptère pour Castelgandolfo.
L’ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II, Mgr Stanislas Dziwisz, actuellement archevêque de Cracovie, rappelait également que le défunt pape a pardonné à Ali Agça, qu’il a rencontré en prison en 1983. Il avait révélé, en juillet dernier, l'existence d'une lettre de Jean Paul II adressée à Ali Agça, jamais envoyée et gardée secrète.
Condamné à perpétuité en Italie, Ali Agça, âgé de 23 ans au moment de l’attentat, avait été libéré au cours du Grand Jubilé, en juin 2000, à l’issue de la grâce signée non par le président italien Oscar Luigi Scalfaro, mais par son successeur Carlo Azeglio Ciampi, avec l’avis favorable du Vatican, après avoir purgé une peine de 19 ans.
Lors de l'annonce de la grâce présidentielle, M. Navarro Valls, avait fait savoir la « satisfaction personnelle » du pape pour cette mesure (qui s'accompagnait de l'extradition vers la Turquie), en particulier du fait qu'elle survenait dans le cadre du Jubilé. Le pape avait reçu la mère de Mehmet Ali Agça en 1994 et en 1996, et son frère Adnan, en 1997. Le 26 février 1999, Agça avait lui-même écrit au pape lui demandant de bien vouloir intervenir favorablement auprès des autorités italiennes. Déjà, en 1997, le Vatican avait fait savoir qu'il n'y avait pas d'objection à la grâce.
La justice italienne a alors remis l’ancien terroriste des « Loups gris » aux autorités turques : il y avait été condamné pour l’attaque d’une banque, dans les années 1970, et pour le meurtre d'un journaliste turc en 1979, mais s’était évadé. Après son extradition, sa peine à perpétuité a été transformée par les juges turcs à 10 ans, puis elle a été réduite à 5 ans pour « bonne conduite ».
Mais sa vie est en danger, indiquait lundi, à la télévision italienne, le juge italien Ferdinando Imposimato : Agça, qui a déclaré vouloir se rendre à Fatima, « en sait trop », disait-il.
Pour sa part, l’avocat Nicolo Amato y voit un « précurseur » du « court circuit » actuel « entre religion et terrorisme ».
On se souviendra peut-être qu’en France, dans son « Enquête sur le Pardon », le « Nouvel Observateur », alors en partenariat avec l’émission de télévision « La Marche du siècle » (FR3), avait mentionné ce pardon de Jean-Paul II, publiant les photos de l’attentat et de la visite du pape à la prison romaine de Rebibbia, le 27 décembre 1983, avec un commentaire d’Elisabeth Schemla (NO, 23-29 avril 1992).
ZF06011004 (ZENIT.org)
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 11.01.2006 -
JEAN-PAUL II
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