Catéchèse du Saint-Père : Les
enseignements de Paul sur les sacrements |
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Cité du Vatican, le 10 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a accueilli les pèlerins francophones, en
particulier les religieuses du cours de formation de formatrices à la
vie consacrée et le groupe de la République du Congo. Que l’enseignement
de saint Paul vous aide à approfondir votre communion au Christ et à
l’Église, notamment par la vie sacramentelle. Avec ma Bénédiction
apostolique !
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Catéchèse du Saint-Père : Les
enseignements de Paul sur les sacrements
Le 10 décembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- L'Audience générale hebdomadaire du pape Benoît XVI s'est déroulée ans la
salle Paul VI. Comme d'habitude une lecture est faite avant que le
saint-Père ne commence sa catéchèse et aujourd'hui c'est un extrait de la
lettre de saint Paul Romains qui a été lues en différentes langues.
Lettre aux Romains (6, 3-5)
Ne le savez-vous donc pas : Nous tous, qui
avons été baptisés en Jésus Christ, c’est en sa mort que nous avons été
baptisés.
Si, par le baptême en sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est
pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ,
par la gloire du Père, est ressuscité d’entre les morts
Texte intégral de la catéchèse
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse de
mercredi dernier, en suivant saint Paul, nous avons vu
deux choses. La première, que notre histoire humaine, depuis le début, est
contaminée par l'abus de la liberté créée, qui veut
s'émanciper de la
Volonté divine. Et ainsi, elle ne trouve pas la véritable liberté, mais
s'oppose à la vérité et falsifie, par conséquent, nos réalités humaines.
Elle falsifie surtout les relations fondamentales : la relation avec Dieu,
la relation entre l'homme et la femme, entre l'homme et la terre. Nous avons
dit que cette contamination de notre histoire se diffuse dans tout son tissu
et que ce défaut hérité s'est étendu et est maintenant visible partout. Cela
est le premier point. Le deuxième point est celui-ci : nous avons appris de
saint Paul qu'il existe un nouveau début dans l'histoire et de l'histoire en
Jésus Christ, Celui qui est homme et Dieu. Avec Jésus, qui vient de Dieu,
commence une nouvelle histoire formée par son oui au Père, et donc fondée
non pas sur l'orgueil d'une fausse émancipation, mais sur
l'amour et sur la vérité.
Mais à présent se pose la question : comment pouvons-nous entrer dans ce
nouveau début, dans cette nouvelle histoire ? Comment cette nouvelle
histoire arrive-t-elle à moi ? Nous sommes inévitablement liés à la première
histoire contaminée, en vertu de notre descendance biologique, étant donné
que nous appartenons tous à l'unique corps de l'humanité. Mais la communion
avec Jésus, la nouvelle naissance pour faire partie de la nouvelle humanité,
comment se réalise-t-elle ? Comment Jésus arrive-t-il dans ma vie, dans mon
être ? La réponse fondamentale de saint Paul, de tout le nouveau Testament,
est : il arrive au moyen de l'Esprit Saint. Si la première histoire
commence, d'une certaine manière, avec la biologie, la seconde commence dans
l'Esprit Saint, l'Esprit du Corps ressuscité. Cet Esprit a créé à la
Pentecôte le début de la nouvelle humanité, de la nouvelle communauté, l'Église,
le Corps du Christ.
Mais nous devons être encore plus concrets : cet Esprit du Christ, l'Esprit
Saint, comment peut-il devenir mon Esprit ? La réponse est que cela se
produit de trois façons, intimement liées l'une à l'autre. La première est
la suivante : l'Esprit du Christ frappe à la porte de mon cœur, me touche
intérieurement. Mais étant donné que la nouvelle humanité doit être un
véritable corps, étant donné que l'Esprit doit nous réunir et créer
réellement une communauté, étant donné que surmonter les divisions et
rassembler les personnes dispersées, est caractéristique du nouveau
commencement, cet Esprit du Christ se sert de deux éléments de rassemblement
visible : la Parole de l'annonce et les Sacrements, en particulier le
Baptême et l'Eucharistie. Dans la Lettre aux Romains, saint Paul dit : « Si
tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu
l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (10, 9), c'est-à-dire que tu
entreras dans la nouvelle histoire, une histoire de vie et non de mort.
Puis, saint Paul poursuit : « Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en
lui ? Et comment croire sans d'abord l'entendre ? Et comment entendre sans
prédicateur ? Et comment prêcher sans être d'abord envoyés ? »
(Rm 10,
14-15). Dans un passage successif, il dit encore : « La foi naît de la
prédication » (Rm 10, 17). La foi n'est pas le produit de notre pensée, de
notre réflexion, c'est quelque chose de nouveau que nous ne pouvons pas
inventer, mais uniquement recevoir comme un don, comme une nouveauté
produite par Dieu. Et la foi ne vient pas de la lecture, mais de l'écoute.
Il ne s'agit pas uniquement de quelque chose d'intérieur, mais d'une
relation avec Quelqu'un. Elle suppose une rencontre avec l'annonce, elle
suppose l'existence de l'autre qui annonce et crée la communion.
Et enfin l'annonce : celui qui annonce ne parle pas de lui, mais est envoyé.
Il s'inscrit dans une structure de mission qui commence avec Jésus envoyé
par le Père, passe aux apôtres - le terme apôtres signifie « envoyés » - et
continue dans le ministère, dans les missions transmises par les apôtres. Le
nouveau tissu de l'histoire apparaît dans cette structure des missions, dans
laquelle, à la fin, nous entendons parler Dieu lui-même, sa Parole
personnelle. Le Fils parle avec nous, arrive jusqu'à nous. La Parole s'est
faite chair, en Jésus, pour créer réellement une nouvelle humanité. C'est
pourquoi, la parole de l'annonce devient Sacrement dans le baptême, qui est
renaissance de l'eau et de l'Esprit, comme le dira saint Jean. Dans le
sixième chapitre de la Lettre aux Romains, saint Paul parle de façon très
profonde du Baptême. Nous avons entendu le texte. Mais sans doute est-il
utile de le répéter : « Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ
Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? Nous avons donc
été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le
Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous
aussi dans une vie nouvelle » (Rm 6, 3-4).
Évidemment, dans cette catéchèse, je ne peux pas entrer dans une
interprétation détaillée de ce texte qui n'est pas facile. Je voudrais
brièvement souligner trois choses. La première : « nous avons été baptisés »
est une action passive. Personne ne peut se baptiser lui-même, il a besoin
de l'autre. Personne ne peut devenir chrétien de lui-même. Devenir chrétiens
est un processus passif. Nous ne pouvons être faits chrétiens que par
quelqu'un d'autre. Et cet « autre qui fait de nous des chrétiens, qui nous
donne le don de la foi, est avant tout la communauté des croyants, l'Église.
Nous recevons de l'Église la foi, le baptême. Sans nous laisser former par
cette communauté, nous ne devenons pas chrétiens. Un christianisme autonome,
autoproduit, est une contradiction en soi. En premier lieu, cette autre
personne est la communauté des croyants, l'Église, mais en second lieu,
cette communauté n'agit pas non plus d'elle-même, selon ses propres idées et
désirs. La communauté vit elle aussi dans ce même processus passif : seul le
Christ peut constituer l'Église. Le Christ est le véritable donateur des
Sacrements. Tel est le premier point : personne ne se baptise tout seul,
personne ne se fait chrétien. Nous devenons chrétiens.
La deuxième chose est la suivante : le Baptême est plus qu'un lavement. Il
est mort et résurrection. Paul lui-même, en parlant dans la Lettre aux
Galates, du tournant de sa vie qui s'est réalisé avec la rencontre avec le
Christ ressuscité, la décrit en ces termes : je suis mort. A ce moment
commence réellement une nouvelle vie. Devenir chrétiens est plus qu'une
opération cosmétique, qui ajouterait quelque chose de beau à une existence
déjà plus ou moins complète. Il s'agit d'un nouveau début, d'une nouvelle
naissance : mort et résurrection. Bien sûr, dans la résurrection ressort ce
qu'il y avait de bon dans l'existence précédente.
La troisième est : la matière fait partie du Sacrement. Le christianisme
n'est pas une réalité purement spirituelle. Il implique le corps. Il
implique l'univers. Il s'étend vers la nouvelle terre et les nouveaux cieux.
Revenons au dernier mot du texte de saint Paul : ainsi - dit-il - nous
pouvons « marcher dans une vie nouvelle ». Voici un élément pour un examen
de conscience pour nous tous : marcher dans une vie nouvelle. Voilà pour le
Baptême.
Venons-en à présent au Sacrement de l'Eucharistie. J'ai déjà montré dans
d'autres catéchèses le profond respect avec lequel saint Paul transmet
verbalement la tradition sur l'Eucharistie qu'il a reçue des témoins mêmes
de la dernière nuit. Il transmet ces paroles comme un trésor précieux confié
à sa fidélité. Et ainsi, dans ces paroles, nous entendons réellement les
témoins de la dernière nuit. Nous entendons les paroles de l'Apôtre : « Pour
moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis :
le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir
rendu grâce, le rompit et dit : "Ceci est mon corps, qui est pour vous ;
faites cela en mémoire de moi". De même, après le repas, il prit la coupe en
disant : "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; chaque fois que
vous en boirez, faites cela en mémoire de moi" » 1 (Co 11, 23-25). Il s'agit
d'un texte inépuisable. Ici, dans cette catéchèse, je ne ferai que deux
brèves observations. Paul transmet les paroles du Seigneur sur la coupe de
cette façon : cette coupe est « la nouvelle alliance dans mon sang ». Dans
ces paroles se cache une allusion à deux textes fondamentaux de l'Ancien
Testament. La première allusion concerne la promesse d'une nouvelle alliance
dans le Livre du prophète Jérémie. Jésus dit aux disciples et nous dit :
maintenant, en cette heure, avec moi et par ma mort se réalise la nouvelle
alliance ; à partir de mon sang commence dans le monde cette nouvelle
histoire de l'humanité. Mais dans ces paroles est également présente une
allusion au moment de l'alliance du Sinaï, lorsque Moïse avait dit : « Ceci
est le sang de l'Alliance que le Seigneur a conclue avec vous moyennant
toutes ces clauses » (Ex 24, 8). Il s'agissait là du sang d'animaux. Le sang
des animaux ne pouvait être que l'expression d'un désir, l'attente d'un
véritable sacrifice, du véritable culte. Avec le don de la coupe, le
Seigneur nous donne le véritable sacrifice. L'unique véritable sacrifice est
l'amour du Fils. Avec le don de cet amour, amour éternel, le monde entre
dans la nouvelle alliance. Célébrer l'Eucharistie signifie que le Christ se
donne lui-même, donne son amour, pour nous conformer à lui et pour créer
ainsi le monde nouveau.
Le deuxième aspect important de la doctrine sur l'Eucharistie apparaît dans
la même première Lettre aux Corinthiens, où saint Paul dit : « La coupe de
bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas communion au sang du Christ ?
Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ ? Parce
qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous
nous participons à ce pain unique » (10, 16-17). Dans ces paroles apparaît
également le caractère personnel et le caractère social du Sacrement de
l'Eucharistie. Le Christ s'unit personnellement à chacun de nous, mais le
même Christ s'unit également avec l'homme et la femme à mes côtés. Et le
pain est pour moi, mais également pour l'autre. Ainsi, le Christ nous unit
tous à lui et nous unit tous, l'un avec l'autre. Nous recevons le Christ
dans la communion. Mais le Christ s'unit également avec mon prochain : le
Christ et le prochain sont inséparables dans l'Eucharistie. Et ainsi, nous
ne formons tous qu'un seul pain, un seul corps. Une Eucharistie sans
solidarité avec les autres est une Eucharistie dont on abuse. Et ici, nous
sommes aussi à la racine et en même temps au centre de la doctrine sur l'Église
comme Corps du Christ, du Christ ressuscité.
Nous voyons également tout le réalisme de cette doctrine. Le Christ nous
donne son corps dans l'Eucharistie, il se donne lui-même dans son corps et
il fait de nous son corps, il nous unit à son corps ressuscité. Si l'homme
mange le pain normal, dans le processus de la digestion, ce pain devient
partie de son corps, transformé en substance de vie humaine. Mais dans la
sainte Communion, se réalise le processus inverse. Le Christ, le Seigneur,
nous assimile à lui, nous introduit dans son Corps glorieux et ainsi, tous
ensemble, nous devenons son Corps. Celui qui ne lit que le chapitre 12 de la
première Lettre aux Corinthiens et le chapitre 12 de la Lettre aux Romains,
pourrait penser que la parole sur le Corps du Christ comme organisme des
charismes n'est qu'une sorte de parabole sociologique-théologique. En
réalité, dans la politologie romaine, cette parabole du corps avec plusieurs
membres qui forment une unité, était utilisée par l'État lui-même, pour dire
que l'État est un organisme dans lequel chacun a sa fonction, la
multiplicité et la diversité des fonctions forment un corps et chacun a sa
place. En ne lisant que le chapitre 12 de la première Lettre aux
Corinthiens, on pourrait penser que Paul se limite à transférer uniquement
cela à l'Église, qu'ici aussi, il ne s'agit que d'une sociologie de l'Église.
Mais en tenant compte de ce dixième chapitre, nous voyons que le réalisme de
l'Église se situe bien ailleurs, il est beaucoup plus profond et vrai que
celui d'un État-organisme. Parce que le Christ nous donne réellement son
corps et fait de nous son corps. Nous devenons réellement unis au corps
ressuscité du Christ, et ainsi, unis l'un à l'autre. L'Église n'est pas
seulement une corporation comme l'État, c'est un corps. Ce n'est pas
simplement une organisation, mais un véritable organisme.
Enfin, quelques très brèves réflexions sur le Sacrement du mariage. Dans la
Lettre aux Corinthiens on ne trouve que quelques allusions, tandis que la
Lettre aux Éphésiens a vraiment développé une profonde théologie du mariage.
Paul définit ici le mariage comme un « mystère de grande portée ». Il dit
qu' « il s'applique au Christ et à l'Église » (5, 32). Il faut souligner
dans ce passage une réciprocité qui se configure dans une dimension
verticale. La soumission respective doit adopter le langage de l'amour, qui
trouve son modèle dans l'amour du Christ envers l'Église. Ce rapport entre
le Christ et l'Église, rend premier l'aspect théologal de l'amour
matrimonial, il exalte la relation affective entre les époux. Un authentique
mariage sera bien vécu si, dans la constante croissance humaine et
affective, il s'efforcera de rester toujours lié à l'efficacité de la parole
et au sens du baptême : le Christ a sanctifié l'Église, en la purifiant à
travers le lavement de l'eau, accompagné par la Parole. La participation au
corps et au sang du Seigneur ne fait que cimenter, et rendre visible, une
union rendue indissoluble par la grâce.
Écoutons enfin les paroles de saint Paul aux Philippiens : « le Seigneur est
proche » (Ph 4, 5). Il me semble que nous avons compris que, au moyen de la
Parole et à travers les Sacrements, dans toute notre vie le Seigneur est
proche. Prions-le afin que nous puissions toujours être touchés au plus
profond de notre être par sa proximité, afin que naisse la joie - cette joie
qui naît lorsque Jésus est réellement proche. (ZF08121105)
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Chers Frères et Sœurs,
L’enseignement de saint Paul nous présente une riche doctrine sur la
‘nouvelle créature’ et ‘l’homme nouveau’ que nous sommes appelés à devenir,
notamment par les sacrements. Ainsi, le baptême est-il sacrement de la
participation à la mort et à la résurrection du Christ. Il est commencement
et germe de vie nouvelle. Il nous insère dans le Corps mystique du Christ.
Dans le lien qu’il reconnaît entre le Baptême et l’Esprit, Paul laisse
entrevoir le sens de ce qui sera ensuite le sacrement de Confirmation.
L’homme nouveau, le baptisé, vit de l’Esprit.
Rappelant aux Corinthiens la dernière Cène, Paul souligne que le baptisé est
appelé à vivre la communion avec le Christ et à travers lui, avec son corps
qui est l’Église, dans le sacrement de l’Eucharistie. La doctrine de Paul
concerne aussi le sacrement du mariage qu’il considère à travers l’image de
la communion entre le Christ et son Église. Pour l’Apôtre, l’acte conjugal
exprime le fait que l’homme et la femme s’appartiennent l’un à l’autre. Le
mariage est un don de Dieu. Il a son modèle dans l’amour du Christ envers
l’Église.
Le pape Benoît XVI conclut : Je suis heureux d’accueillir les pèlerins
francophones, en particulier les religieuses du cours de formation de
formatrices à la vie consacrée et le groupe de la République du Congo. Que
l’enseignement de saint Paul vous aide à approfondir votre communion au
Christ et à l’Église, notamment par la vie sacramentelle. Avec ma
Bénédiction apostolique !
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Catéchèse de Benoît XVI : Paul et les sacrements
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Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.12.2008 -
T/Benoît XVI |