Catéchèse de Benoît XVI : le Christ
est le nouvel Adam |
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Cité du Vatican, le 03 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a salué tous les pèlerins francophones
présents aujourd’hui salle Paul VI. "Puisse ce temps de l’Avent faire
grandir en chacun le désir de voir le visage du Christ, unique Sauveur
du monde, afin d’être prêt lorsque viendra son Jour. Bon et saint temps
de l’Avent à tous !"
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Catéchèse de Benoît XVI : le Christ est le nouvel Adam
Le 03 décembre - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- C'est dans la salle Paul VI que s'est tenue ce matin l'Audience Générale
hebdomadaire du pape Benoît XVI qui a commencé par la lecture d'un extrait
de la lettre de Saint Paul aux Romains.
Lettre de Saint Paul aux Romains
(5, 15-19)
:
Frères, le don gratuit de Dieu
et la faute n'ont pas la même mesure. En effet, si la mort a frappé la
multitude des hommes par la faute d'un seul, combien plus la grâce de Dieu
a-t-elle comblé la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme,
Jésus-Christ. Le don de Dieu et les conséquences du péché d'un seul n'ont
pas la même mesure non plus : d'une part, en effet, pour la faute d'un seul,
le jugement a conduit à la condamnation ; d'autre part, pour une multitude
de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification.
En effet, si à cause d'un seul homme, par la faute d'un seul homme, la mort
a régné, combien plus, à cause de Jésus-Christ et de lui seul, règneront-ils
dans la vie, ceux qui reçoivent en plénitude le don de la grâce qui les rend
justes.
Texte intégral de la catéchèse du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse d'aujourd'hui nous nous arrêterons sur les relations entre
Adam et le Christ, dont parle saint Paul dans la célèbre page de la Lettre
aux Romains (5, 12-21), dans laquelle il remet
à l'Église les lignes essentielles de la doctrine sur le péché originel. En
vérité, déjà dans la première Lettre aux Corinthiens, en traitant de
la foi dans la résurrection, Paul avait présenté la confrontation entre
notre ancêtre et le Christ : « En effet, c'est en Adam que meurent tous les
hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront... Le premier Adam était un
être humain qui avait reçu la vie ; le dernier Adam - le Christ - est devenu
l'être spirituel qui donne la vie » (1 Co 15, 22.45).
Avec Rm 5, 12-21 la confrontation entre le Christ et Adam devient plus
articulée et plus éclairante : Paul parcourt à nouveau l'histoire du salut, d'Adam à
la Loi et de celle-ci au Christ. Ce n'est pas tellement Adam, avec les
conséquences du péché sur l'humanité, qui se trouve au centre de la scène,
mais Jésus Christ et la grâce qui, à travers Lui, a été déversée en
abondance sur l'humanité. La répétition du « beaucoup plus » concernant le
Christ souligne que le don reçu en Lui dépasse, de beaucoup, le péché d'Adam
et les conséquences qu'il produit sur l'humanité, de sorte que Paul peut
parvenir à la conclusion : « Mais là où le péché s'était multiplié, la grâce
a surabondé » (Rm 5, 20). La comparaison que
Paul effectue entre Adam et le Christ met donc en lumière l'infériorité du
premier homme par rapport à la prééminence du deuxième.
D'autre part, c'est précisément pour mettre en évidence l'incommensurable
don de la grâce, dans le Christ, que Paul mentionne le péché d'Adam : on
dirait que si cela n'avait pas été pour démontrer l'aspect central de la
grâce, il ne se serait pas attardé à traiter du péché qui « par un seul
homme... est entré dans le monde, et par le péché est venue la mort »
(Rm 5, 12). Pour cette raison, si dans la foi de
l'Église a mûri la conscience du dogme du péché originel, c'est parce qu'il
est lié de manière indissoluble avec l'autre dogme, celui du salut et de la
liberté dans le Christ. Nous ne devrions donc jamais traiter du péché d'Adam
et de l'humanité en le détachant du contexte du salut, c'est-à-dire sans les
insérer dans le contexte de la justification dans le Christ.
Mais nous, aujourd'hui, nous devons nous demander : quel est ce péché
originel ? Qu'est-ce que Paul enseigne, qu'est-ce que l'Église enseigne ?
Est-il possible de soutenir cette doctrine aujourd'hui encore ? Un grand
nombre de personnes pense que, à la lumière de l'histoire de l'évolution, il
n'y a plus de place pour la doctrine d'un premier péché, qui ensuite se
diffuserait dans toute l'histoire de l'humanité. Et, en conséquence, la
question de la Rédemption et du Rédempteur perdrait également son fondement.
Le péché originel existe-il donc ou non ? Pour pouvoir répondre, nous devons
distinguer deux aspects de la doctrine sur le péché originel. Il existe un
aspect empirique, c'est-à-dire une réalité concrète, visible, je dirais
tangible pour tous. Et un aspect mystérique qui concerne le fondement
ontologique de ce fait. La donnée empirique est qu'il existe une
contradiction dans notre être. D'une part, chaque homme sait qu'il doit
faire le bien et intérieurement il veut aussi le faire. Mais, dans le même
temps, il ressent également l'autre impulsion à faire le contraire, à suivre
la voie de l'égoïsme, de la violence, de ne faire que ce qui lui plaît tout
en sachant qu'il agit ainsi contre le bien, contre Dieu et contre son
prochain. Saint Paul, dans sa Lettre aux Romains, a ainsi exprimé
cette contradiction dans notre être : « En effet, ce qui est à ma portée,
c'est d'avoir envie de faire le bien, mais non pas de l'accomplir. Je ne
réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais
pas » (7, 18-19). Cette contradiction
intérieure de notre être n'est pas une théorie. Chacun de nous l'éprouve
chaque jour. Et nous voyons surtout autour de nous la prédominance de cette
deuxième volonté. Il suffit de penser aux nouvelles quotidiennes sur les
injustices, la violence, le mensonge, la luxure. Nous le voyons chaque jour
: c'est un fait.
En conséquence de ce pouvoir du mal dans nos âmes s'est développé dans
l'histoire un fleuve de boue, qui empoisonne la géographie de l'histoire
humaine. Le grand penseur français Blaise Pascal a parlé d'une « seconde
nature », qui se superpose à notre nature originelle, bonne. Cette « seconde
nature » fait apparaître le mal comme normal pour l'homme. Ainsi,
l'expression habituelle : « cela est humain » possède aussi une double
signification. « Cela est humain » peut vouloir signifier : cet homme est
bon, il agit réellement comme devrait agir un homme. Mais « cela est humain
» peut également signifier la fausseté : le mal est normal, est humain. Le
mal semble être devenu une seconde nature. Cette contradiction de l'être
humain, de notre histoire, doit susciter, et suscite aujourd'hui aussi, le
désir de rédemption. Et, en réalité, le désir que le monde soit changé et la
promesse que sera créé un monde de justice, de paix et de bien est présent
partout : dans la politique, par exemple, tous parlent de cette nécessité de
changer le monde, de créer un monde plus juste. Et cela est précisément
l'expression du désir qu'il y ait une libération de la contradiction dont
nous faisons l'expérience en nous-mêmes.
Le fait du pouvoir du mal dans le cœur humain et dans l'histoire humaine est
donc indéniable. La question est : comment ce mal s'explique-t-il ? Dans
l'histoire de la pensée, en faisant abstraction de la foi chrétienne, il
existe un modèle principal d'explication, avec différentes variations. Ce
modèle dit : l'être lui-même est contradictoire, il porte en lui aussi bien
le bien que le mal. Dans l'antiquité, cette idée impliquait l'opinion qu'il
existe deux principes également originels : un principe bon et un principe
mauvais. Ce dualisme serait infranchissable ; les deux principes se trouvent
au même niveau, il y aura donc toujours, dès l'origine de l'être, cette
contradiction. La contradiction de notre être refléterait donc d'une
certaine manière, uniquement la position contraire des deux principes
divins. Cette même vision revient dans la version évolutionniste, athée, du
monde. Même si, dans cette conception, la vision de l'être est moniste, on
suppose que l'être comme tel porte dès le début en lui le mal et le bien.
L'être n'est pas simplement bon, mais ouvert au bien et au mal. Le mal est
aussi originel, comme le bien. Et l'histoire humaine ne développerait que le
modèle déjà présent dans toute l'évolution précédente. Ce que les chrétiens
appellent le péché originel ne serait en réalité que le caractère mixte de
l'être, un mélange de bien et de mal qui, selon cette théorie,
appartiendrait à l'étoffe même de l'être. C'est une vision qui au fond est
désespérée : s'il en est ainsi, le mal est invincible. A la fin, seul le
propre intérêt compte. Et chaque progrès serait nécessairement à payer par
un fleuve de mal et celui qui voudrait servir le progrès devrait accepter de
payer ce prix. Au fond, la politique est précisément fondée sur ces
prémisses : et nous en voyons les effets. Cette pensée moderne peut, à la
fin, ne créer que la tristesse et le cynisme.
Et ainsi nous nous demandons à nouveau : que dit la foi, témoignée par saint
Paul ? Comme premier point, elle confirme le fait de la compétition entre
les deux natures, le fait de ce mal dont l'ombre pèse sur toute la création.
Nous avons entendu le chapitre 7 de la Lettre aux Romains, nous
pourrions ajouter le chapitre 8. Le mal existe, simplement. Comme
explication, en opposition avec les dualismes et les monismes que nous avons
brièvement considérés et trouvés désolants, la foi nous dit : il existe deux
mystères de lumière et un mystère de nuit, qui est toutefois enveloppé par
les mystères de lumière. Le premier mystère de lumière est celui-ci : la foi
nous dit qu'il n'y a pas deux principes, un bon et un mauvais, mais un seul
principe, le Dieu créateur, et ce principe est bon, seulement bon, sans
ombre de mal. Et ainsi, l'être également n'est pas un mélange de bien et de
mal ; l'être comme tel est bon et c'est pourquoi il est bon d'être, il est
bon de vivre. Telle est la joyeuse annonce de la foi : il n'y a qu'une
source bonne, le Créateur. Et par conséquent, vivre est un bien, c'est une
bonne chose d'être un homme, une femme, la vie est bonne. S'ensuit un
mystère d'obscurité, de nuit. Le mal ne vient pas de la source de l'être
lui-même, il n'est pas également originel. Le mal vient d'une liberté créée,
d'une liberté dont on a abusé.
Comment cela a-t-il été possible, comment cela s'est-il produit ? Les choses
demeurent obscures. Le mal n'est pas logique. Seul Dieu et le bien sont
logiques, sont lumière. Le mal demeure mystérieux. On l'a représenté avec de
grandes images, comme dans le chapitre 3 de la Genèse, avec cette vision des
deux arbres, du serpent, de l'homme pécheur. Une grande image qui nous fait
deviner, mais ne peut pas expliquer parce qu'elle est en elle-même
illogique. Nous pouvons deviner, pas expliquer ; nous ne pouvons pas même le
raconter comme un fait à côté d'un autre, parce que c'est une réalité plus
profonde. Cela demeure un mystère d'obscurité, de nuit. Mais un mystère de
lumière vient immédiatement s'y ajouter. Le mal vient d'une source
subordonnée. Dieu avec sa lumière est plus fort. Et c'est pourquoi le mal
peut être surmonté. C'est pourquoi la créature, l'homme peut être guéri. Les
visions dualistes, même le monisme de l'évolutionnisme, ne peuvent pas dire
que l'homme peut être guéri ; mais si le mal ne vient que d'une source
subordonnée, il reste vrai que l'homme peut être guéri. Et le Livre de la
Sagesse dit : « Les créatures du monde sont salutaires »
(1, 14 ss). Et enfin, dernier point, l'homme non seulement peut
être guéri, mais il est guéri de fait. Dieu a introduit la guérison. Il est
entré en personne dans l'histoire. A la source constante du mal il a opposé
une source de bien pur. Le Christ crucifié et ressuscité, nouvel Adam,
oppose au fleuve sale du mal un fleuve de lumière. Et ce fleuve est présent
dans l'histoire : nous voyons les saints, les grands saints mais aussi les
saints humbles, les simples fidèles. Nous voyons que le fleuve de lumière
qui vient du Christ est présent, il est fort.
Frères et sœurs, c'est le temps de l'Avent. Dans le langage de l'Église, le
mot Avent a deux significations : présence et attente. Présence : la lumière
est présente, le Christ est le nouvel Adam, il est avec nous et au milieu de
nous. La lumière resplendit déjà et nous devons ouvrir les yeux du cœur pour
voir la lumière et pour nous introduire dans le fleuve de la lumière. Et
surtout être reconnaissants du fait que Dieu lui-même est entré dans
l'histoire comme nouvelle source de bien. Mais Avent veut aussi dire
attente. La nuit obscure du mal est encore forte. C'est pourquoi nous prions
dans l'Avent avec l'antique peuple de Dieu : « Rorate caeli desuper
». Et nous prions avec insistance : viens Jésus ; viens, donne force à la
lumière et au bien ; viens où domine le mensonge, l'ignorance de Dieu, la
violence, l'injustice ; viens, Seigneur Jésus, donne force au bien du monde
et aide-nous à être porteurs de ta lumière, artisans de paix, témoins de la
vérité. Viens Seigneur Jésus ! (ZF08120305)
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Chers Frères et Sœurs,
La catéchèse de ce jour porte sur le lien que saint Paul établit entre le
premier Adam et le Christ, le nouvel Adam, dont l’Apôtre parle aussi bien
dans la Lettre aux romains que dans la première Épître aux Corinthiens.
Lorsqu’il évoque la chute de l’humanité en Adam, c’est toujours pour
souligner la surabondance de grâce qu’elle a reçue dans le Christ. Le péché
d’Adam ne peut donc jamais être présenté autrement que sur l’horizon de la
justification que l’humanité trouve dans le Christ.
La doctrine de saint Paul, à partir de laquelle l’Église a mis en forme le
dogme du péché originel, synthétise la réflexion juive de son temps sur le
drame du péché, tel qu’en parlent les trois premiers chapitres du livre de
la Genèse. Elle reconnaît à la fois les conséquences funestes du péché
d’Adam dans lesquelles l’humanité tout entière est retenue prisonnière et la
responsabilité personnelle des hommes vis-à-vis des péchés qu’ils
commettent.
Le Christ, le second Adam, libère l’humanité de l’esclavage du péché et de
la corruption. Cela nous est donné dans le baptême qui nous fait entrer dans
une nouvelle relation vis-à-vis de Dieu en nous introduisant dans la
glorieuse liberté des enfants de Dieu. Cette liberté nouvelle s’exprime dans
le service du Seigneur à travers nos frères et nous rend activement
responsables de tous ceux qui ne vivent pas encore dans le Christ afin de
leur faire découvrir l’espérance qui jaillit, non des efforts de l’homme,
mais de l’amour gratuit de Dieu.
Le pape Benoît XVI conclut : Je salue tous les pèlerins francophones
présents aujourd’hui. Puisse ce temps de l’Avent faire grandir en chacun le
désir de voir le visage du Christ, unique Sauveur du monde, afin d’être prêt
lorsque viendra son Jour. Bon et saint temps de l’Avent à tous !
Texte original du
discours du Saint Père
►UDIENZA
GENERALE
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Sources : www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2008 du texte original - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.12.2008 -
T/Benoît XVI |