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Du spirituel au temporel

 

Le 10 Juin 2008 - (E.S.M.) - Comment rester chrétien dans ce monde sans Dieu ? m’a demandé, ce matin, ce jeune garçon. Quelle étrange question ! Et comme elle est révélatrice d’un état d’esprit, d’une mentalité, je dirais presque, si je n’avais pas peur de galvauder un beau mot, d’une tradition de défaite.

Sainte Jeanne d’Arc -  Pour agrandir l'image: Cliquez

Du spirituel au temporel

« Entrez, tout est vôtre ! »

Comment rester chrétien dans ce monde sans Dieu ? m’a demandé, ce matin, ce jeune garçon. Quelle étrange question ! Et comme elle est révélatrice d’un état d’esprit, d’une mentalité, je dirais presque, si je n’avais pas peur de galvauder un beau mot, d’une tradition de défaite. Posée ainsi, la question est sans réponse. Je ne sais pas, mon jeune ami. Débrouillez-vous ! Demandez à Dieu qui vous a jeté dans ce monde où Il n’est pas. Moi je n’ai pas de recette pour me sauver tout seul, pour rester comme vous dites, chrétien. Quel est donc ce christianisme auquel vous tenez tant ? Que vous avez si peur de perdre ? Que ce monde sans Dieu pourrait vous enlever ?

Si c’est un lien personnel, exclusif, entre le Christ et vous, comment voulez-vous que le monde, et surtout le monde sans Dieu, vous l’enlève ? Que peut contre Dieu un monde sans Dieu ?

Mais si cette crainte vous habite, n’est-ce pas que ce prétendu lien avec Notre Seigneur n’est en réalité qu’un lien avec une image de vous-même ? Ou avec vos idées, que vous appelez votre doctrine ? Pire encore, avec une morale, une habitude, des réflexes ou quelques rites ? Tout fout le camp, monsieur ! Les conventions mondaines comme la cuisine, la tenue vestimentaire, la coupe de cheveux et le catéchisme. Dans cet écroulement, vous voulez garder votre foi, « rester chrétien », comme si cette foi était conditionnée par ce monde !

- Que m’importe, m’a dit cet excellent ecclésiastique, que m’importe au fond, que s’écroule cette société ? Je ne suis pas de ce monde. Ma patrie est au Ciel. C’est l’Église, et l’Église seule, l’Église universelle qui a les promesses de la Vie éternelle… Tout le reste est poussière. Regardez l’Apocalypse… Les églises jadis florissantes, où sont-elles ? Plaçons donc où il convient notre espérance.

Nous étions au soir du 30 mai, fête de saint Ferdinand, le roi victorieux des Maures, et de sainte Jeanne d’Arc… J’ai senti bouillir en moi une vraie colère, un torrent débordant d’indignation, une de ces « gueulantes mémorables » qui, dans mon jeune temps, me ravissaient en m’assourdissant quand j’entendais, soit à la maison, mon père, soit dans son bureau, Jean Ousset – un autre père, en quelque sorte – tempêter contre ce nihilisme à prétendue couleur chrétienne, et défendre, les larmes aux yeux et le tonnerre dans la voix, « les pauvres honneurs des maisons paternelles ».

J’ai mieux compris, du coup, cette formule volontairement scandaleuse du jeune Maurras, quand il écrit d’Athènes à monseigneur Pénon, son maître et ami, sa « détestation du christianisme ». Je me suis même interrogé pour savoir si le poème mystérieux Optimo sive Pessimo, « Essence pire que le pire / et meilleure que le meilleur », dont certains disent qu’il était adressé à une femme, d’autres à la France, n’était pas, en réalité, un cri d’amour et de colère, en même temps, à cette religion chrétienne avec laquelle il a tant débattu, pour, à la fin, rendre les armes dans l’Église, sous le regard de sa mère, « Charles, tu feras comme moi… »

Ce n’est pas un long fleuve tranquille, la vie chrétienne ! Cet écartèlement entre le rien, le Nada des mystiques, la théologie négative qui habitait Thibon, et le Tout, qui donne au moindre caillou du chemin la lumière du paradis.

Dites-moi, plutôt, jeune homme, comment nous pourrions, d’un monde sans Dieu, faire une société chrétienne. Dites-moi, Monsieur l’Abbé, pourquoi le Ciel – la Cour céleste – les puissances surnaturelles, les saints et les anges sont venus s’occuper de rétablir sur son trône et faire sacrer à Reims un roi plutôt qu’un autre… pourquoi elles ont suscité, en France, une vierge politique et militaire, qui fait la guerre et choisit son parti, et qui remporte des victoires militaires, politiques sans délivrer d’autres messages surnaturels que le service du Roi de France, qui est le lieutenant du Roi des Cieux ?

Autant vos premières questions, ou réflexions, « rester chrétien dans un monde sans Dieu »… contempler le néant des cités temporelles… conduisent à la tristesse des impasses, au romantisme du désespoir, et, en définitive, à la pose insupportable de l’ermite gros et gras réfugié dans son fromage, et disant aux malheureux qui viennent lui demander un secours temporel : « Ces choses-là ne me concernent plus », autant saint Ferdinand et sainte Jeanne d’Arc ouvrent l’esprit, le cœur, l’âme à un chemin magnifique… chemin de guerre, de luttes, d’épreuves, mais chemin de joies, de rire, de compagnonnage, une vie de soldat, c’est-à-dire, une vie de jeunes gens, qui risquent leur peau, leur réputation, leur liberté, et, bien sûr, leur pauvre argent, et, donc, sont obligatoirement joyeux.

Tout habités qu’ils sont de leurs amours, ils ne cherchent pas à savoir s’ils vont rester chrétiens, puisqu’ils sont nés « soldats du Christ »… Ils ne se posent pas la question des rapports difficiles du politique et du religieux, du temporel et du spirituel, s’ils vont agir dans le monde « en chrétien », ou « en tant que chrétien » si c’est la société qui doit être chrétienne ou si ce sont eux, qui doivent, dans la société, être chrétiens… puisque tout est à eux.

« Entrez, tout est vôtre ! »

Dans ce cri de guerre et de victoire de Jeanne à Orléans, est contenu l’élan de la vie du vrai chrétien. Tout, absolument tout, Salomon dans son or et sa pourpre et Job sur son fumier, la sagesse de Platon et d’Aristote comme « l’Évangile des quatre Juifs obscurs », la nudité du pauvre d’Assise et la débauche d’or et d’argent de l’Église du Gesú, le dépouillement de saint Bernard et la richesse de Suger, la bourgeoise aisance des époux Martin comme la misère du cachot de Bernadette. Tout, oui, tout, et dans ce tout, on ne voit pas que l’Église ait jamais renié, méprisé, négligé le temporel. « L’Église, disait Jean-Paul II, est toujours l’Église du temps présent. » Ni une secte de purs hors du temps et du lieu, ni une association de nécrophiles refusant de quitter le carré illusoire de leurs morts et de leurs regrets, ni un club de rêveurs habitant la bulle d’un avenir dessiné dans leurs songes, ni une horde d’animaux errants dont le museau ne s’élève pas au-dessus du derrière de celui qui court devant, mais une société d’êtres humains, qui, selon les mots de Benoît XVI, « offre le témoignage de la communion ».

« Cette réalité, disait le Pape, le 18 mai dernier à Savone, ne vient pas d’en bas » mais est un mystère qui a, pour ainsi dire, ses « racines au Ciel » précisément en Dieu un et trois. C’est lui, en lui-même, l’éternel dialogue d’amour qui, en Jésus-Christ, s’est communiqué à nous, qui – et là, c’est moi qui souligne – « est entré dans le tissu de l’humanité et de l’histoire pour le conduire à la plénitude ».

Y a-t-il une plus belle et plus autorisée parole pour nous confirmer que la route de l’histoire des nations et, donc de notre combat temporel, politique, culturel, et s’il le faut, militaire, est notre vrai chemin de paradis ?

Que, si nous sommes, bien sûr, des serviteurs inutiles, nous sommes des serviteurs nécessaires, et qu’il est de notre devoir comme de notre honneur de chrétien, d’écrire, autant qu’il est en nous, cette histoire, l’histoire du royaume de France.

Et que tout le reste est littérature.

JACQUES TREMOLET DE VILLERS, avocat français au Barreau de Paris, écrivain et journaliste.
 

Sources :  chronique de Jacques Trémolet de Villers/Article extrait du n° 6607 - E.S.M.

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Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 10.06.08 - T/Méditations

 

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