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La paternité universelle de Jean-Paul II

L'EDITORIAL

Une fois apposé le dernier sceau sur les malles contenant la documentation recueillie au cours de l'enquête diocésaine sur la vie, les vertus et la renommée de sainteté du Serviteur de Dieu Jean-Paul II, dans le cœur de tous ceux qui ont été impliqués dans cet intense et fascinant travail a sûrement affleuré un sentiment de joie et de satisfaction: nous n'avons pas perdu de temps. Constamment stimulés par les milliers de lettres qui arrivaient à la Postulation de la Cause et qui répercutaient l'écho tant de fois entendu Place St-Pierre, le jour des funérailles, nous avons vécu deux années riches et édifiantes. Nous avons rencontré tant de témoins des merveilles que la Providence Divine a opérées dans la vie et l'œuvre de notre très aimé Saint-Père.

Les nombreux voyages effectués au cours de ces deux années, en nous portant sur les traces de Jean-Paul II et nous faisant parcourir les étapes les plus significatives de ses pèlerinages apostoliques, nous ont offert la possibilité de saisir les signes de sa présence constante parmi nous: monuments, plaques commémoratives, instituts de recherche et d'étude pour approfondir son enseignement, œuvres de charité telles que hôpitaux, écoles, universités portant son nom... Personnellement ce qui m'a le plus frappé c'est le fait d'avoir constaté sa présence dans la vie de tant de personnes qui s'adressent encore à lui, deux ans après sa mort, avec des appellations affectueuses telles que Père, Oncle, Grand-Père ou simplement Kami. Et il ne s'agit pas d'une présence purement affective, mais d'un sentiment qui pousse à parcourir un itinéraire d'engagement chrétien sérieux, plein de sacrifices, de luttes intérieures, de généreuses propositions menées coûte que coûte à leur pleine réalisation. La devise de son pontificat «N'ayez pas peur!» est entrée dans le vécu de tant et tant de personnes qui ne se contentent pas de la grisaille de la médiocrité, mais qui, fortes de la certitude de l'amour du Christ, chaque jour, malgré les flots contraires, cherchent à mener la barque de leur propre vie «au large» et s'emploient à «vivre leur vie dans une dimension sublime».

Aujourd'hui nous regardons la vie du Serviteur de Dieu, Jean-Paul II, comme un chapitre complet de l'histoire plus récente. Mais ce n'est pas un chapitre clos. Son message est vivant et source d'inspiration. Les fruits spirituels de sa vie se voient encore aujourd'hui non seulement à travers le sentiment diffus d'une nostalgie toute humaine, qui jaillit à l'improviste dans notre existence, comme lorsque vient à disparaître une personne chère et aimée — et c'est le signe patent de sa paternité universelle - mais aussi à travers les multiples projets d'approfondir et de mettre en pratique cet enseignement qu'infatigablement Jean-Paul II annonçait par sa parole et sa vie.

Une fois posé l'ultime sceau sur les documents de l'Enquête diocésaine, un instant j'ai pensé: «maintenant on pourra se reposer un peu». Quelle pensée ingénue! Non seulement parce que le procès n'est pas encore fini et que maintenant m'attend la merveilleuse aventure de relire les actes de la Cause, d'entrer plus intimement dans la vie de cet Athlète de Dieu, mais aussi pour un motif encore plus profond et plus fascinant. Dans l'une de ses œuvres littéraires les plus connues, la Boutique de l'Orfèvre, il écrivait: «L'amour n'est pas une passade. Il a le goût de tout l'être humain, son poids propre et le poids de son destin. Il ne peut pas être un moment. L'éternité passe par lui, il est à la dimension de Dieu, car Dieu seul est éternité». Aujourd'hui nous sentons sa présence tellement vive et actuelle parce que sa vie révèle et cache un désir de l'Éternité dans le don qu'il a fait de lui-même avec amour. Cet amour ne meurt pas, parce que «l'amour est plus fort que la mort». Et c'est précisément le second motif pour lequel on ne doit pas parler de repos: "Caritas Christi urget nos!". L'hérédité spirituelle de Jean-Paul II, cette réalité toute embaumée par l'amour encourage, pousse, laisse sans repos. Ce n'est pas le temps du repos, mais le temps de la recherche laborieuse pour élargir l'horizon de l'amour vécu. Chez les saints, cette même recherche coïncide avec l'Éternité. Nous, nous sommes en chemin...

Je souhaite et espère que bientôt puisse se lever le jour où l'Église, par le ministère du Souverain Pontife, puisse reconnaître que cet amour, qui a pris toute sa saveur dans les vicissitudes de la vie de Karol Wojtyla, et qui a été vécu avec une générosité et une détermination orientées vers sa Source Éternelle, Dieu, je souhaite et espère que ce Dieu sculpté et façonné en l'un de ses chefs-d'oeuvre, puisse être offert au Peuple de Dieu comme lumineux exemple de vie chrétienne, vécue dans sa dimension sublime. Chaque tableau de sainteté, qui émerge d'une enquête menée par le Tribunal ecclésiastique, est seulement une photographie du long processus de conquête personnelle, réalisé avec la mystérieuse, prodigieuse et puissante intervention de la grâce de Dieu. Il est le fruit de l'humble et scrupuleuse recherche des traces que l'eau jaillie de la Source éternelle de l'humanité a laissées en parcourant le terrain de la vie de l'homme, trouvant accueil dans son cœur, dans sa volonté, dans son engagement et dans la générosité de sa réponse. Confions à Marie, Celle à qui Jean-Paul II a dit son humble "Totus Tuus", notre pèlerinage quotidien vers la Source Éternelle à laquelle s'abreuvent les amis de Dieu.

Mgr. Slawomir Oder Postulateur
Cause de béatification de Jean-Paul II
Texte de la prière pour demander des grâces
 

Sources:  TotusTuus- E.S.M.

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Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 10.06.2007 - Jean-Paul II