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On évoque souvent Parolin comme candidat, mais c’est un canard
boiteux
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Le 10 avril 2025 -
E.S.M.
- La santé précaire
du Pape François alimente les conjectures sur la
proximité d’un conclave. Entretemps, le fait que le
cardinal Pietro Parolin, 70 ans, fasse fonction dans
l’intérim, semble faire de lui la personne toute
désignée pour assurer la transition et la succession,
fort de cet équilibre prudent dont il fait preuve en ce
moment difficile.
S. M.
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Cardinal Parolin -
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On évoque souvent Parolin comme candidat, mais c’est un canard
boiteux
Le 10 avril 2025 -
E.S.M. -
La santé précaire du Pape François alimente les conjectures sur la
proximité d’un conclave. Entretemps, le fait que le cardinal
Pietro Parolin, 70 ans, fasse fonction dans l’intérim, semble faire
de lui la personne toute désignée pour assurer la transition et la
succession, fort de cet équilibre prudent dont il fait preuve en ce
moment difficile.
Rien n’est plus illusoire. François n’a jamais
totalement compté sur Parolin, et ce dernier ne semble pas non plus en
mesure de faire en sorte que les cardinaux lui accordent la large
confiance nécessaire en vue d’une élection.
Entre Parolin et le Pape François, les contacts sont bien plus rares
et froids que ce qu’on pourrait penser, même en ce moment où leur
collaboration semble plus nécessaire qu’auparavant. En réponse à la
question des journalistes quelques jours après le retour du Pape de
l’hôpital, le cardinal
a répondu qu’il ne savait rien, ou pas grand-chose : « À ce que je
sache, pour le moment le Pape ne voit personne, il ne reçoit pas et je
n’ai pas d’autres informations ».
Mais Parolin a subi bien pire que cela pendant l’hospitalisation du
Pape à la Polyclinique Gemelli.
La première visite du Secrétaire d’État au Pape François avait été
fixée au 19 février. Mais plutôt que lui, le Pape a préféré recevoir la
première ministre italienne Giorgia Meloni, à laquelle il a
affirmé être au courant « que certains prient pour ma mort » mais
qu’en attendant « le Seigneur de la moisson a préféré me laisser ici ».
Il aura fallu attendre le 24 février pour que le Pape accorde une
visite à Parolin, à la condition qu’il soit accompagné de son
« substitut » Edgar Peña Parra, qui est dans les bonnes grâces du Pape
bien plus que lui.
Idem le 2 mars, deux jours après la pire crise respiratoire qu’ai
connu le Pape. Ce dernier a cependant laissé Parolin poireauter derrière
la porte en n’autorisant que Peña Parra à entrer.
Le 9 mars, ils ont tous deux ont autorisés à le rencontrer. Ensuite,
plus aucune rencontre avec Parolin jusqu’au
7 avril, quinze jours après le retour de de François au Vatican, le
23 mars.
Un peu avant son mois passé à l’hôpital, le Pape avait infligé une
autre humiliation à Parolin le 6 février, en
prolongeant à durée interminée en tant que doyen du collège des
cardinaux le nonagénaire Giovanni Battista Re, pourtant arrivé en fin de
mandat. Le doyen est chargé de diriger le pré-conclave et le conclave et
Parolin avait toutes les cartes en mains pour être élu comme nouveau
doyen par le cercle restreint des « cardinaux évêques » qui ont la
faculté de faire ce choix, et dont il fait également partie. Mais de
toute évidence, le Pape François ne souhaitait pas que Parolin prenne en
charge sa succession.
Et en effet, Parolin aura davantage subi le pontificat de François
qu’il ne l’aura soutenu. D’abord exclu du comité restreint, appelé C9,
des cardinaux appelés par le Pape à le conseiller dans le gouvernement
de l’Église universelle, il aura vu les pouvoirs de la Secrétairerie
d’État fondre comme neige au soleil, année après année, jusqu’à ce qu’on
lui coupe tous ses budgets. Sans parler de la piètre réputation que lui
a valu le procès au Vatican portant sur l’acquisition malheureuse d’un
immeuble à Londres situé Sloane Avenue : un procès où Parolin n’était
pas assis au banc des accusés mais qui aura cependant démontré son
incapacité à gouverner la machiner de la Secrétairerie d’État placée
sous sa direction.
Quant à la politique internationale, qui est censée être le premier
domaine d’action de la Secrétairerie d’État, là encore le Pape François
a toujours préféré s’en charger personnellement, tout au plus en
s’appuyant sur la Communauté de
Sant’Egidio, sans que ni Parolin ni son ministre des Affaires
étrangères Paul R. Gallagher ne réussissent à canaliser – pour autant
qu’ils aient essayé de le faire – des décisions papales dont ils
n’étaient souvent même pas informés au préalable.
Le seul succès au crédit de la diplomatie vaticane de ces douze
dernières années est l’accord entre les États-Unis et Cuba, conclu en
2014 mais qui avait été négocié par l’entremise du Saint-Siège avant que
Parolin ne devienne Secrétaire d’Etat. Un succès par ailleurs contredit
par le
voyage du Pape à Cuba qui a eu lieu ensuite et pendant lequel ce
dernier s’est soigneusement abstenu du moindre geste et de la moindre
déclaration pour soutenir le martyre des opposants au régime castriste.
Mais c’est la Chine qui reste le point le plus douloureux. Parolin
travaillait depuis 1995 sur la question cruciale de la nomination des
évêques pour parvenir à un accord
avec le Vietnam, où désormais le choix de chaque nouvel évêque
revient au Pape, avec la faculté pour les autorités vietnamiennes
d’accepter ou de refuser sa nomination. Mais
en ce qui concerne la Chine, l’accord signé en 2018 a inversé les
rôles, en laissant Pékin choisir chaque nouvel évêque, un choix que le
Pape est appelé à ratifier en seconde instance, voire à digérer en
silence quand celui-ci lui est imposé de façon péremptoire et sans
préavis, comme cela s’est produit avec l’installation en 2023 d’un pion
du régime à la tête du diocèse de Shanghai.
Le cardinal Parolin a reconnu, en janvier dernier, que « parfois, il
y a l’un ou l’autre pas en arrière » dans la mise en œuvre de l’accord.
Rien d’étonnant donc, à ce que le principal et irréductible critique du
régime oppresseur chinois, le cardinal de Hong Kong Joseph Zen Zekiun,
93 ans, arrêté le 11 mai 2022 avant d’être relâché sous caution, mis à
l’amende et toujours inculpé pour violation de la sécurité nationale,
considère le Secrétaire d’État comme le responsable de la mise en œuvre
de ce pacte léonin, en obéissance au Pape qui, en septembre 2020, était
allé jusqu’à refuser de rencontrer le cardinal Zen, accouru en vain à
Rome pour lui faire part de son désarroi et de celui de tous les
catholiques chinois.
En Amérique latine, un autre exemple de l’échec cuisant de la
diplomatie vaticane concerne le Nicaragua. Depuis que le tyrannique
président Daniel Ortega a ordonné que le nonce soit chassé en 2022, on a
assisté à un concert d’abus, d’expulsions, de séquestrations,
d’arrestations qui ont culminé avec la condamnation à 26 ans de prison
de l’héroïque évêque de Matagalpa, ensuite commuée en une peine d’exil
sans que Rome ne bouge le petit doigt.
Sans parler de l’agression Russe contre l’Ukraine, à propos laquelle
le Pape François, la secrétairerie d’État et la sempiternelle Communauté
de Saint’Egidio jouent depuis longtemps des partitions différentes et
souvent dissonantes, avec pour résultat de rendre l’action de l’Église
confuse et inefficace. À l’instar de l’insignifiance du Saint-Siège
vis-à-vis des conflits du passés et présents au Moyen-Orient : une
marginalité qui plus est gâchée par une
proximité mal avisée avec des compagnons de routes pour le moins
douteux tels que la Russie de Poutine et l’Iran.
Bref, le cardinal Parolin ne restera pas dans l’histoire comme
l’artisan d’une grande géopolitique de l’Église. Tout au plus se
rappellera-t-on de lui comme ayant été le dernier émule suranné de cette
« Ostpolitik » prônée par le cardinal Agostino Casaroli dans les années
Soixante et Soixante-dix.
On a fait l’éloge du « martyre de la patience » de la politique
d’ « appeasement » de Casaroli envers l’empire soviétique. Alors que le
véritable héros de l’effondrement de cet empire, ce n’était pas lui mais
bien Jean-Paul II, qui avait une vision politique très différente, et
dont Parolin a paradoxalement dû célébrer la messe d’anniversaire de sa
mort le 2 avril dernier à la basilique Saint-Pierre.
Benoît XVI non plus ne mâchait pas ses mots au sujet de
l’ « Ostpolitik ». Dans son dernier livre-entretien, après sa démission,
il a déclaré que « la politique de Casaroli, bien que pétrie de bonnes
intentions, avait substantiellement été un échec ».
Au sein du collège des cardinaux, une critique virulente et explicite
de cette méthode diplomatique si chère à Parolin a été récemment
exprimée par
Dominik Duka, 81 ans, dominicain, théologien de valeur et archevêque
de Prague de 2010 à 2022, qui a également payé en prison le prix de
l’oppression communiste.
De plus, dans le curriculum d’un candidat évêque de Rome, on s’attend
à trouver l’étoffe d’un pasteur d’âmes, un domaine dans lequel Parolin
n’a jamais fait ses preuves, puisqu’il n’a pas la moindre expérience à
la tête d’un diocèse, dans une vie entièrement consacrée au service de
la diplomatie vaticane.
Lors du double synode sur la famille en 2014 et 2015, le plus
âprement controversé de tous les synodes convoqués par François, le
cardinal Parolin s’est rangé dans le camp des novateurs et s’est ensuite
efforcé de conférer des atours canoniquement plus solides à la communion
aux divorcés remariés, initialement autorisée par le pape – dans
l’exhortation post-synodale – uniquement dans une note de bas de page
ambiguë dont il déclarera plus tard ne même
plus se souvenir lors d’une de ses conférences de presse dans
l’avion.
À d’autres occasions, Parolin n’a même pas exclu que l’on puisse un
jour arriver à avoir un clergé marié dans l’Église latine également. Ce
qui lui a valu une certaine sympathie de la part de l’aile progressiste
du collège cardinalice.
Mais aux cardinaux qui, l’ayant approché, ont manifesté leur intérêt
à le soutenir parmi les « papabile », il a toujours répondu que non, il
n’y pense même pas et qu’il ne veut même pas accepter une telle fonction
parce que son seul rêve et de se retirer pour mener une vie de simple
curé de campagne dans sa Vénétie natale.
Et il n’y a aucune raison de penser qu’il ne soit pas sincère.
Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.04.2025
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