Propos sur l'encyclique Spe Salvi du pape
Benoît XVI |
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Le 10 janvier 2008 -
(E.S.M.) - Au-delà des différents espoirs dont
l’homme peut être porteur pendant sa vie, la « grande espérance »
chrétienne dont parle le pape Benoît XVI concerne le sens à donner à
cette vie. La foi chrétienne fait naître en nous l’espérance.
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Spe Salvi
Propos sur l'encyclique Spe Salvi du pape Benoît XVI
LA « GRANDE ESPÉRANCE » CHRÉTIENNE
Le pape Benoît XVI a publié, le 30 novembre dernier, une nouvelle encyclique
intitulée
Spe Salvi. Après sa première encyclique sur l’amour : Deus caritas
est (Dieu est amour),
voici sa deuxième consacrée à l’espérance. Le pape nous propose sa
méditation sur ce qu’est l’espérance chrétienne. Il en décrit toutes les
dimensions et en souligne l’originalité.
« Nous avons besoin des espérances - des plus petites et des plus grandes -
qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin. Mais sans la grande
espérance, qui doit dépasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette
grande espérance ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l’univers et qui
peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons atteindre.
» (Spe salvi n° 31)
Au-delà des différents espoirs dont l’homme peut être porteur pendant sa
vie, la « grande espérance » chrétienne dont parle le pape concerne le sens
à donner à cette vie. La foi chrétienne fait naître en nous l’espérance.
Elle vient, en effet, nous dire que la vie de l’homme ne débouche pas sur le
néant mais sur une plénitude de vie qui est un don de Dieu. En effet, le
Dieu, qui se révèle à nous en Jésus Christ et qui nous communique par lui le
salut, est un Dieu qui apporte à l’homme la vraie vie, la vie éternelle.
Jésus ne dit-il pas : « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie et
qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10) et «
La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et
celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jn 17, 3)
? N’imaginons pas la vie éternelle comme la vie actuelle indéfiniment
poursuivie après notre mort, mais comme l’entrée dans cet aujourd’hui
comblant et lumineux de Dieu. Nous avons du mal, nous qui sommes sous la loi
du temps et de l’espace, à imaginer un mode d’existence qui n’y serait plus
soumis. Pourtant, ces moments de joie et de bonheur intenses de notre
existence qui nous ont paru nous faire échapper au temps peuvent nous en
donner comme un lointain et rapide avant-goût.
Notre espérance ne repose pas sur nous-mêmes mais sur Dieu. Elle n’est pas
une affaire de tempérament, d’analyse du futur ou de projet mais de foi et
de confiance. Le pape cite cette confession de foi de Saint Paul qui exprime
bien pour lui le fondement de toute espérance chrétienne : « Oui, j’en ai
l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le
présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles
des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de
l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. »
(Rm 8, 38-39) C’est sur l’amour de Dieu
expérimenté que repose l’espérance des disciples du Christ.
Dans son encyclique, le pape veut répondre à deux
objections souvent exprimées devant certaines représentations de l’espérance
chrétienne :
- Cette espérance n’est-elle pas fondée sur un pur pari concernant l’avenir,
sur un pur imaginaire projetant une vie après la mort ?
- Cette présentation de l’espérance ne renforce-t-elle pas une approche très
individualiste : ce qui semble compter, c’est ma relation personnelle à
Dieu, mon bonheur individuel ? Tant pis pour les autres !
Le pape Benoît XVI prend son temps pour répondre à ces deux objections :
1) Si la foi chrétienne n’est pas un cri, l’espérance chrétienne
n’est pas non plus un simple pari sur l’avenir. En effet, si cette vie
éternelle doit s’épanouir dans toutes ses dimensions après la mort, elle
nous est donnée en avant-goût dès cette vie. Nous vivons aujourd’hui de cet
amour transformant de Dieu : « L’Évangile n’est pas uniquement une
communication d’éléments que l’on peut connaître, mais une communication qui
produit des faits et qui change la vie. La porte obscure du temps, de
l’avenir, a été ouverte toute grande. Celui qui a l’espérance vit
différemment ; une vie nouvelle lui a déjà été donnée. »
(Spe Salvi n° 2) Si nous avons la promesse d’être sauvés, nous en
expérimentons déjà les effets (libération intérieure, confiance, assurance,
engagement pour les autres…), y compris dans les situations de pire
détresse. Et le pape cite l’exemple des martyrs, des premiers chrétiens, de
Sainte Bakhita, du Darfour, et plus près de nous encore du cardinal Nguyên
Van Thuan.
2) L’espérance chrétienne est une bonne nouvelle qui rejoint chacun
dans le cœur de sa propre vie. Mais elle ne se réduit pas au seul bonheur
individuel de chacun, comme si Dieu n’avait pas de projet sur l’ensemble de
l’humanité, comme si les crimes et les atrocités commis par les hommes tout
au long de l’histoire pouvaient être passés simplement en profits et pertes
ou effacés d’un coup d’éponge. C’est là qu’intervient, la référence du
Jugement de Dieu. Avouons que cette référence nous est moins parlante
aujourd’hui qu’autrefois. Elle est pourtant fondamentale, nous dit le pape :
« Je suis convaincu que la question de la justice constitue l’argument
essentiel, en tout cas l’argument le plus fort, en faveur de la foi en la
vie éternelle. Le besoin seulement individuel d’une satisfaction qui dans
cette vie nous est refusée, de l’immortalité de l’amour que nous attendons,
est certainement un motif important pour croire que l’homme est fait pour
l’éternité, mais seulement en liaison avec le fait qu’il est impossible que
l’injustice de l’histoire soit la parole ultime, la nécessité du retour du
Christ et de la vie nouvelle devient to10lement convaincante. »
(Idem. n° 43). L’espérance dans le sens chrétien
est toujours aussi une espérance pour les autres (cf. n° 34). Elle n’appelle
pas à une fuite du monde mais à un engagement, car le Règne de Dieu prend
figure dès aujourd’hui.
Le pape achève sa méditation en revisitant ces « lieux
d’apprentissage et d’exercice de l’espérance » : la prière comme école de
l’espérance, l’action et la souffrance et le Jugement. Au moment, où les
idéologies séculières de l’espérance (le scientisme avec sa la foi dans le
progrès, le marxisme) ont fait faillite et laissent un monde plutôt
désemparé et inquiet par rapport à l’avenir, l’annonce missionnaire de
l’espérance chrétienne est plus urgente que jamais.
N’hésitons pas à lire cette encyclique ! Le pape nous donne là une belle
méditation.
Cardinal Jean-Pierre RICARD
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"Spe Salvi" du pape Benoît XVI
Sources: Éditorial de l'Aquitaine
-
E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.01.2008 - BENOÎT XVI
- T/Sp.S./Card.J.-P. Ricard |